Il a déclenché les deux guerres mondiales : l’histoire du premier milliardaire en dollars.

Sur Internet, on trouve souvent la déclaration « L’Amérique est devenue plus riche à cause de la Seconde Guerre mondiale ». Dans un passé récent, la même thèse était souvent exposée dans les pages des livres des apologistes du marxisme-léninisme.

L'évolution moyenne du bien-être économique des États-Unis au cours de la deuxième décennie du 20e siècle a été bien meilleure que celle des pays qui ont été les principaux combattants de la Seconde Guerre mondiale - la France, l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie, etc. logique, compte tenu des énormes pertes financières et humaines que les pays répertoriés ont subies pendant le conflit mondial.

Bien entendu, personne ne tient les États-Unis pour responsables du déclenchement de la Première Guerre mondiale (du moins donc D’une manière ou d’une autre, je n’ai rencontré aucun théoricien du complot obstiné). En substance, « l’accusation » se résume au fait que, même si les Européens ont commis un terrible massacre, les États-Unis ont eu l’audace de gagner de l’argent grâce à ce massacre. Pour être honnête, je ne comprends même pas cette affirmation - peut-être que les États-Unis ne devraient pas commercer avec des pays en guerre et avec des pays neutres qui peuvent vendre quelque chose à des pays en guerre (et le lecteur est conscient que le refus de commercer en vertu du droit international a été considéré comme un incident belli depuis plusieurs années maintenant des siècles ?) Ou même se noyer dans un océan de marchandises valant des dizaines de milliards de dollars, et quelques millions d'Américains par tas, afin de faire preuve de solidarité avec les pays belliqueux « de l'autre côté de l'Atlantique » ? Mais le point ici est autre chose, à savoir que la thèse originale, « Les États-Unis se sont levés dans la guerre », est incorrecte.

La source de la plupart des chiffres est un excellent article de Rockoff : U.S. L'économie pendant la Première Guerre mondiale. La source des chiffres sur les dépenses d’avant-guerre consacrées à l’armée et à la marine (et bien d’autres chiffres si vous le souhaitez) est l’ouvrage Historical Statistics of the United States: From Colonial Times to 1970 du Census Bureau. Source du graphique du PIB -- Oliver Branchald, Macroéconomie, 3e éd. La source du tableau de la dette est Thomas Bailey, Diplomatic History of the American People.

Dépenses militaires américaines

Selon les calculs de l'économiste John Clark, la Seconde Guerre mondiale a coûté aux États-Unis 32 milliards de dollars. Ce chiffre a été obtenu en additionnant les dépenses fédérales consacrées à l'armée et à la marine, les obligations étrangères et la différence entre les salaires des secteurs public et privé ; Ce chiffre n’inclut pas les paiements d’intérêts sur la dette fédérale ni les subventions de l’administration ferroviaire américaine. Pour comprendre l'ampleur, 32 milliards, c'est plus de la moitié du PNB de l'ensemble du pays en 1917, et plus précisément 58 %.

Malheureusement, je n’ai pas les calculs de Clark eux-mêmes, seulement la mention de Rockoff. Supposons que Clark n'ait pas pris en compte les prétendues dépenses « de paix » consacrées à la marine et à l'armée (ce qui me semble une erreur d'amateur qu'un économiste et un historien professionnel ne devrait pas commettre). En 1910-1916. la dépense annuelle moyenne pour l'armée était de 195 millions par an ; pour la flotte - 135 millions par an. Si l’on extrapole ce chiffre sur trois ans, on obtient environ un milliard de dépenses « paisibles » – ce qui ne change pas grand-chose au bilan final. Aujourd'hui, j'ai commandé le livre de Clark « Les coûts de la guerre mondiale pour le peuple américain (réimpressions de classiques économiques) », on dit qu'il arrivera dans deux semaines. Ensuite, j'écrirai plus en détail sur quoi et comment.

Eh bien, à propos des morts et des blessés. 48 909 Américains sont morts au combat, 63 523 militaires sont morts de maladie et 230 074 autres ont été blessés. Il convient de noter que 40 000 décès dus à la maladie sont dus à la grippe, et bien sûr, une partie de ces personnes en mourrait dans la vie civile - mais une plus petite partie ; l'armée et les tranchées sont très propices à la propagation des maladies.

Ces chiffres, bien entendu, sont bien inférieurs aux pertes des autres grands combattants de l’Entente et des puissances centrales ; cependant, les États-Unis ont encore subi des dommages financiers importants sous la forme d’une perte de productivité du nombre de tués et de blessés, du paiement de pensions/prestations, etc. Malheureusement, je n’ai pas pu trouver le chiffre exact ; jetez-le vous-même à la ferraille. N’oubliez pas que cela existe aussi.

Fournitures/prêts militaires aux pays de l’Entente

Une partie du mythe des « profiteurs de guerre » découle des chiffres des exportations américaines vers l’Europe pendant la guerre. Les exportations américaines vers l'Europe sont passées de 1,479 milliard de dollars en 1913. à 4,062 milliards de dollars en 1917 Cependant, à la lumière du paragraphe précédent, tout devient beaucoup moins trouble. Imaginons le pire scénario en matière de commerce : les États-Unis ne participent pas à la guerre et refusent catégoriquement de commercer avec les pays en guerre en Europe. Supposons que le commerce européen disparaisse en tant que classe. Supposons en outre qu’en redirigeant les ressources destinées à la fabrication de biens destinés à l’Europe vers les marchés nationaux et non européens, nous n’ayons pu obtenir que 50 % du coût « européen ». Perte de production en 1917 dans ce cas, cela représenterait environ deux milliards de dollars, soit 6,3 % du coût de la guerre pour les États-Unis.

Eh bien, quelques chiffres supplémentaires. Avant la Seconde Guerre mondiale, les investissements des étrangers (c'est-à-dire des Européens) aux États-Unis s'élevaient à 7,2 milliards de dollars ; Américains vers les pays étrangers – 5 milliards de dollars. Total moins 2,2 milliards de dollars. La raison en était un déficit commercial chronique avec les États-Unis : les étrangers devaient importer des capitaux aux États-Unis afin de l'atténuer d'une manière ou d'une autre ; enfin, sans compter le sous-développement général du système financier américain (par exemple, la majorité du commerce extérieur américain se faisait en livres sterling). Après la Seconde Guerre mondiale, respectivement 9,7 milliards de dollars et 3,3 milliards de dollars ; total plus 6,4 yards - les Européens ont dû chercher un moyen de payer les fournitures américaines.

Depuis 1917, les États-Unis ont accordé environ 10 milliards de dollars de prêts à divers pays pour des achats militaires et la reconstruction d’après-guerre.

Naturellement, 10,3 milliards ne peuvent pas être inscrits dans la colonne « profit militaire » (même si, même dans ce cas, ils représenteront moins d’un tiers du coût de la guerre américaine) ; Le profit en accordant un prêt ne peut être obtenu que grâce aux intérêts lors du remboursement de la dette. Dans ce cas, certains pays ont complètement refusé de payer leurs dettes (la Russie, par exemple), d'autres ont payé d'une manière ou d'une autre et ont tout le temps essayé de convaincre les États-Unis d'annuler leurs dettes. De plus, en raison d’une inflation très élevée, le dollar a perdu la moitié de sa valeur au cours de la période 1913-1920. Je n’ai pas de chiffres précis sur le paiement de ces dettes, mais je serais très surpris s’il y avait un quelconque bénéfice. Aujourd'hui, j'ai commandé le livre de Bailey "Une histoire diplomatique du peuple américain", on dit qu'il arrivera dans deux semaines. S'il existe des données sur le paiement des dettes, j'écrirai quoi et comment.

Dynamique du PIB et du marché boursier

Tout d'abord, regardons le graphique du PIB américain (en dollars de 1992)

Comme on le voit, au début de la guerre, le PIB américain diminue légèrement, en raison du blocus naval des puissances centrales et des neutres européens voisins de l'Angleterre et de la France et, par conséquent, d'une baisse des exportations. Après le trou, la croissance reprend, en partie grâce aux exportations de produits militaires vers les pays de l'Entente, mais cette croissance semble tout à fait ordinaire dans le contexte des années 1890-1910. Puis une forte hausse en 1917-1918, due à l’entrée en guerre des États-Unis et à une augmentation significative des commandes militaires. Puis un déclin tout aussi marqué après la guerre, dû, entre autres choses, à la réaffectation/à la réduction des capacités militaires. En 1921 Le PIB du pays était presque au niveau de 1911. -- un niveau de croissance économique sans précédent pour les États-Unis à cette époque.

Examinons maintenant le comportement du marché boursier pendant la guerre. Si les partisans de la thèse selon laquelle « les États-Unis ont grandement profité de la guerre » ont raison, alors nous devrions assister à une croissance continue pendant les années de guerre.

Il faut regarder la courbe en pointillés (prix réels). La bourse a augmenté au cours de la première année de la guerre. Puis une stagnation pendant encore un an, puis un déclin presque continu, s’arrêtant seulement six mois après l’entrée des États-Unis dans le conflit militaire. Dans la période qui a suivi, bien sûr, il n’y a aucun doute – juste un plateau. Une légère augmentation n'est apparue qu'après la conclusion de la paix, mais elle n'a pas duré longtemps, puis une nouvelle période de déclin a commencé - jusqu'au début des années vingt.

Grande puissance et tout ça

Il semble que nous ayons compris que la Seconde Guerre mondiale n’a apporté aucun avantage financier direct aux États-Unis. Cependant, les sceptiques pourraient se poser la question suivante : qu’en est-il de l’influence du pays sur la scène mondiale, puisqu’elle s’est considérablement accrue aux États-Unis après la Première Guerre mondiale ? Malheureusement, il ne sera pas possible de donner ici une réponse précise, car « l’impact » est extrêmement difficile à mesurer, à exprimer en termes monétaires et à comparer aux coûts de la guerre. Je vais juste donner quelques réflexions sur le sujet :

1) Les États-Unis auraient exercé une influence tôt ou tard, même sans la guerre mondiale. Il s’agit tout simplement d’une loi de la vie : les pays dotés d’une économie puissante commencent tôt ou tard à influencer la politique mondiale, comme c’est le cas aujourd’hui de la Chine. Cette influence peut être exercée par des mesures économiques, car ces pays ont des exportations et des importations très importantes, une forte influence sur les finances mondiales, etc. ; et peut-être par des mesures militaires - car une économie forte permet, si on le souhaite, de créer une armée forte.

En Russie, on ne réalise souvent pas pleinement à quel point les États-Unis étaient déjà un géant économique au début du XXe siècle. Voici quelques faits sur la taille de l’économie américaine en 1913 :
- La part relative de la production industrielle mondiale est de 32% (plus que l'Allemagne et l'Angleterre réunies)
- Production d'acier - 31,8 millions de tonnes (plus que l'Allemagne, l'Angleterre et la Russie réunies)
- Consommation d'électricité - 541 tonnes d'équivalent charbon (presque la même chose que l'Allemagne, l'Angleterre, la Russie, la France et l'Autriche-Hongrie réunies)

Il est évident que le pays existait déjà en 1913. une grande puissance, même si elle ne faisait pas encore formellement partie de l’équilibre des forces mondial.

2) En réponse à l'un des commentaires. Même des investissements considérables dans la flotte pendant la Seconde Guerre mondiale n’ont pratiquement pas abouti à des résultats significatifs à long terme, en comparaison avec le monde « alternatif » où il n’y avait pas de guerre. Dans ce monde, les lois du Congrès de 1914 et 1915 sur la construction de « deux cuirassés de première classe » auraient été certaines, car voir le premier point sur l'économie. Autrement dit, même si soudainement, après 1915, les Américains arrêtaient complètement de commander de gros navires jusqu'aux années trente, alors au début de la Seconde Guerre mondiale, nous serions à court de trois LC (BB-45, BB-46, BB-48) et d'avions. transporteurs Sarah + Lex. Avec parcimonie, avec parcimonie. L'accord de Washington aurait été sous une forme ou une autre, les Européens étant trop dévastés par la guerre.

3) Ce qui est en partie drôle ici, c'est qu'à court terme, la Seconde Guerre mondiale a eu exactement l'effet inverse de celui que lui attribuent les « sceptiques » : après avoir participé à la guerre, la société américaine a décidé que le prix de la participation aux querelles européennes était trop élevé ; que des dizaines de milliers de vies américaines ont été perdues à cause d’objectifs totalement étrangers au pays ; que les industriels américains ont entraîné le pays dans la guerre uniquement pour le profit – oui, oui, les bases de toute théorie du complot décente se développent en Occident ; et que les États-Unis doivent tout faire pour exclure à l’avenir la possibilité d’une participation à des guerres majeures à l’étranger.

En fait, la Première Guerre mondiale a conduit à augmenter le degré d'isolationnisme américain : le pays refuse de devenir membre de la Société des Nations ; Les coûts de l’armée et de la marine sont d’abord revenus au niveau relatif auquel ils se trouvaient avant la Première Guerre mondiale, puis sont tombés en dessous de ce niveau. Autrement dit, la Seconde Guerre mondiale a essentiellement ralenti l’entrée des États-Unis sur la scène mondiale pendant encore 20 ans – jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est qu’après cela que les Américains ont compris que l’isolationnisme ne les empêcherait pas de participer à des guerres mondiales majeures, car il n’est tout simplement pas possible de rester en sécurité à l’étranger dans le monde moderne.

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Le principal intérêt de la guerre aujourd’hui est le même qu’il y a cent ans.

« Cherchez qui en profite. » Alors, permettez-moi de vous le rappeler, les avocats romains conseillaient d'identifier les auteurs des crimes lorsqu'il y avait un manque de preuves directes. Plus encore que dans la jurisprudence, cette approche est applicable au domaine politique, dans lequel les décisions prises, ainsi que les facteurs de leur adoption, ne sont pas de nature publique.

Les crimes politiques font un nombre disproportionnellement plus élevé de victimes que les crimes. Ces crimes évidents – contre l’humanité – incluent le déclenchement d’une guerre, surtout si nous parlons d’une guerre à l’échelle mondiale. Mais un crime organisé doit évidemment avoir un client. D’où la question : qui a ordonné la Première Guerre mondiale ? Cherchez à qui profite...

Le fait que la guerre n'était pas le résultat de circonstances aléatoires est démontré par sa clairvoyance avec une description précise du scénario mis en œuvre avant même l'incident de Sarajevo. Une telle prévoyance, jusque dans les détails, était une note adressée au tsar en février 1914 par l'ancien ministre des Affaires étrangères Piotr Durnovo. Un livre a même été récemment publié dans lequel il est qualifié de « Nostradamus russe ».

Durnovo a attribué le rôle d'initiateur dans le déclenchement du conflit mondial à venir à la Grande-Bretagne, qui perdait son hégémonie économique et militaire dans le monde et tentait de l'empêcher. Les principales thèses de la note se résumaient aux dispositions suivantes : « Même la victoire sur l'Allemagne promet des perspectives extrêmement défavorables pour la Russie... Cette guerre nécessitera des dépenses si énormes qu'elles dépasseront plusieurs fois les bénéfices plus que douteux... Nous tomberons dans l'esclavage financier et économique de nos créanciers... La Russie sera sans aucun doute plongée dans l'anarchie qu'elle a connue pendant la période de troubles toujours mémorable de 1905-1906... En cas d'échec, dont la possibilité dans la lutte contre de tels troubles un ennemi comme l'Allemagne est inévitable, une révolution sociale dans ses manifestations les plus extrêmes est inévitable dans notre pays... L'Allemagne en cas de défaite, elle n'aura pas moins à subir de bouleversements sociaux que la Russie... »

Bien entendu, si les conséquences sous forme de pertes géopolitiques et économiques, d’anarchie et de révolution sociale pour la Russie en cas de guerre étaient évidentes pour l’ancien ministre russe, elles l’étaient également pour son homologue russe. De ces éléments de preuve, il s’ensuit que les dirigeants de la guerre s’attendaient à une issue catastrophique correspondante tant pour l’Allemagne que pour la Russie. En conséquence, la Russie n’était en aucun cas une partie intéressée dans le conflit militaire mondial.

Le principal stratagème des États-Unis (comme avant l’Empire britannique) était d’empêcher toute possibilité que quiconque puisse poser un défi géostratégique à l’hégémonie mondiale américaine. Un tel défi a été formulé par l’Allemagne et la Russie (URSS) au XXe siècle. Sur le plan économique, cela s'est traduit par l'atteinte de la deuxième position en termes de part du PIB mondial et par la réduction de l'écart avec les États-Unis. Après cela, un coup géopolitique a été porté aux pays concurrents. Les résultats de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide ont été le renversement de l’ennemi américain. En fait, c’est apparemment pour cela qu’ils ont commencé.

Aujourd’hui, la Chine lance un nouveau défi à l’hégémonie américaine. Considérer la Chine comme le principal rival des États-Unis dans la lutte pour l’hégémonie mondiale est aujourd’hui un lieu commun dans le discours futurologique. Selon les sondages, la majorité de la population de plusieurs pays occidentaux estime que la Chine remportera la compétition mondiale. Près d’un tiers des Américains eux-mêmes estiment que ce ne sont pas les États-Unis, mais la Chine, qui joueront à l’avenir le rôle d’hégémon mondial.

Comment les États-Unis vont-ils répondre à ce défi ? Il ne fait aucun doute qu’ils ne permettront pas à la Chine d’avancer. La gravité du défi implique la gravité de la réponse. Sur la base de l’expérience historique, la méthode de contre-attaque est évidente : une guerre à grande échelle.

Aux contradictions liées au défi allemand se sont ajoutées des contradictions internes au monde anglo-saxon. Aujourd’hui, les États-Unis et la Grande-Bretagne sont considérés dans la politique mondiale presque comme un tout, mais cela n’a pas toujours été le cas.

L’alliance américano-britannique qui existe encore aujourd’hui s’est formée à la fin de la Première Guerre mondiale. Avant la guerre, les relations entre les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient conflictuelles. Le sentiment anti-britannique aux États-Unis en 1914 était encore plus fort que le sentiment anti-allemand. Il y a eu un changement de leader économique et financier mondial. La Grande-Bretagne perdait sa position de leader. Les États-Unis occupent la première place dans l’économie mondiale. Le choc de l'ancien dirigeant - la Grande-Bretagne - avec un autre concurrent potentiel dans la lutte pour le leadership - l'Allemagne - et un troisième concurrent dans un avenir plus lointain - la Russie - a bien sûr été bénéfique pour le capital américain. La Première Guerre mondiale résume l’inversion globale qui s’est produite.

Les deux guerres mondiales ont été associées au processus de modification des mécanismes du système financier mondial. Comme nous le savons, la Réserve fédérale américaine a été créée six mois seulement avant le meurtre de Sarajevo. Après la victoire de l’Entente lors de la Première Guerre mondiale, au lieu de l’ancienne parité-or, un régime de taux de change flottants a été instauré. Le dollar et la livre sterling sont devenus les monnaies de réserve universelles. L’hégémonie financière de facto du monde anglo-saxon était établie. Cependant, la crise mondiale et l’émergence de facteurs géopolitiques remettant en cause l’hégémonie anglo-saxonne ont conduit dans les années 1930 à l’effondrement du système établi. Et puis - la Seconde Guerre mondiale, Bretton Woods et l'instauration du principe « dollar-or » comme base de la circulation monétaire internationale.

La nouvelle transition financière sera-t-elle associée à des troubles géopolitiques comparables ? La probabilité d’un tel scénario, comme le montrent les événements actuels, augmente.

Le système financier jamaïcain est plein à craquer. Les défis s’articulent autour de l’hégémonie mondiale du dollar. Pour les États-Unis, une telle révision aurait évidemment le caractère d’un effondrement systémique, ils feront donc tout leur possible pour l’empêcher. Et l’arsenal de ces possibilités est bien connu.

La Première Guerre mondiale a conduit à l’effondrement de l’ancien système mondial polycentrique, fondé sur l’équilibre des pouvoirs entre plusieurs puissances coloniales occidentales en concurrence les unes avec les autres. Cela a clairement posé la logique de la transition vers un monde unipolaire. Après la guerre, les États-Unis sont devenus la première puissance économique et financière. Mais la révolution survenue dans la phase finale de la guerre en Russie crée la perspective de proposer un paradigme alternatif de construction du monde.

La prochaine étape de cette chaîne logique est associée à la Seconde Guerre mondiale. Son résultat fut l’établissement d’un modèle de monde bipolaire.

La défaite de l’URSS pendant la guerre froide conduit à l’établissement d’un système unipolaire centré sur les États-Unis. Pour sa mise en place définitive, avec une institutionnalisation appropriée (« gouvernement mondial »), une demande pour un nouveau conflit militaire mondial pourrait surgir. Le principal intérêt de la guerre s’avère en fait le même qu’il y a cent ans.

En 1913, la balance commerciale extérieure des États-Unis était négative et les investissements de l’État nord-américain dans les économies des autres pays, principalement des pays d’Amérique latine, étaient inférieurs à la dette publique extérieure. À la fin de 1913, des capitaux nord-américains d'une valeur de 2,065 milliards de dollars étaient placés à l'étranger et les États eux-mêmes devaient 5 milliards de dollars. Il faut dire que les dollars de cette époque – le modèle de 1873 – étaient une véritable unité monétaire, chaque dollar était égal à 1,50463 grammes. de l'or pur. Mais avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la situation change radicalement. Les États-Unis sont passés du statut d’État débiteur à celui de créancier des principales puissances mondiales.

La Première Guerre mondiale a coûté des millions de vies, a balayé les territoires de la France, de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de la Russie comme une tornade destructrice et est devenue une véritable manne tombée du ciel pour le gouvernement américain. Du 1er août 1914 au 1er janvier 1917, les États-Unis ont accordé 1,9 milliard de dollars de prêts aux puissances belligérantes. Déjà en avril 1915, l'un des propriétaires de l'empire financier Morgan, Thomas Lamont, s'adressant aux représentants de la presse, soulignait que les États-Unis devaient aider autant que possible leurs alliés européens, car cela conduirait à un rachat par les Américains. leurs dettes envers la Grande-Bretagne et la France. Les prêts aux pays européens ont été encore plus nombreux lorsque les États-Unis eux-mêmes sont entrés en guerre. Jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, le volume total des prêts s'élevait à plus de 10 milliards de dollars. Environ 7 milliards de dollars ont été consacrés à l'achat de munitions, de munitions et de divers matériels militaires. De plus, tout cela a été acheté aux États-Unis même. L’argent est resté aux États-Unis et a stimulé son économie. Il est clair que d’énormes profits ont été réalisés par les magnats de la finance et les industriels. L'un des résultats de la Première Guerre mondiale a été la transformation des États-Unis, du plus grand débiteur du monde, au plus grand créancier. La France et la Grande-Bretagne, au contraire, sont passées du statut de plus grand créancier du monde à celui de débiteurs.

Dans le cas de la France, la transformation de ce pays en un grand débiteur a été facilitée par le fait que des opérations militaires prolongées se déroulaient sur son territoire, des millions de travailleurs étaient coupés de l'économie nationale et les régions du nord-est, où un important Une partie de l'industrie lourde était concentrée et était sous occupation allemande. Les réserves d'or françaises au début de la guerre étaient estimées à 845 millions de dollars et elles furent déjà dépensées dans les premiers mois de la Première Guerre mondiale.

Un fait intéressant est que, lors de conversations informelles avec leurs partenaires britanniques, les hommes d’État américains ont assuré tout au long de la guerre et pour la première fois après celle-ci qu’après la fin de la guerre, les États-Unis annuleraient une partie de leurs dettes et en transféreraient une partie aux pays vaincus. Il a été proposé de lier le calendrier de paiement des pays débiteurs au calendrier de réception des réparations des puissances vaincues. La situation des pays débiteurs n'est devenue claire qu'en mars 1920, lorsque le département financier américain, en réponse à un message du secrétaire au Trésor britannique, a déclaré que les États-Unis ne se souciaient pas du retard des paiements de l'Allemagne, l'Angleterre devait payer les États-Unis à temps. Dans une lettre datée du 3 novembre 1920, le Premier ministre britannique David Lloyd George demande au président américain Woodrow Wilson de reconsidérer les modalités de paiement. Cependant, la réponse du président américain a été à peu près dans le même esprit que le message du département financier. En conséquence, la question des dettes de guerre fut portée devant la Conférence de Gênes. Il a été décidé que les 4,6 milliards de dollars que la Grande-Bretagne devait aux États-Unis seraient payés sur 62 ans. De plus, jusqu'en 1932, les Britanniques devaient payer 3 % par an, et de 1933 jusqu'à la fin des paiements, 3,5 %. En conséquence, le montant des intérêts est devenu supérieur au montant de la dette elle-même. L'Angleterre a dû payer 11 milliards 105 millions de dollars. Ceci malgré le fait que la France a reçu la plupart des réparations allemandes - 54,4 % et l'Angleterre 23 %.

Berlin était obligé de verser aux équipes gagnantes 650 millions de dollars par an, dont 149 millions 760 000 dollars étaient dus à l'Angleterre. Jusqu’en 1933, Londres devait transférer 138 millions de dollars par an aux Américains. Ainsi, la quasi-totalité des réparations de l'Allemagne, dues à l'Angleterre, furent absorbées par les États-Unis. Cependant, dès 1923, l’Allemagne n’était pas en mesure de payer un seul mark. La France a répondu en occupant la Ruhr. Les Britanniques convoquèrent la Conférence de Londres, au cours de laquelle un nouveau plan de réparations pour l'Allemagne fut approuvé en août 1924. Il a été élaboré par un comité international d’experts dirigé par le banquier américain Charles Gate Dawes.

Le plan a été adopté sous la pression américaine. Pour démarrer le mécanisme de l'économie allemande, selon le plan Dawes, Berlin a non seulement payé des réparations, mais a en même temps reçu un prêt international. Dans un premier temps, l'Allemagne a bénéficié d'un prêt de 200 millions de dollars (dont 110 millions ont été fournis par des banques américaines) pour stabiliser le mark. Jusqu'en 1929, l'Allemagne recevait des prêts d'un montant de 21 milliards de marks, principalement de la part des États-Unis. Par conséquent, au cours de la première année de mise en œuvre du plan Dawes, Berlin n'a dû payer que 200 millions de marks-or. Le plan Dawes prévoyait qu'en 1924 les Allemands paieraient des réparations d'un montant de 1 milliard de marks-or (soit alors environ 238 millions de dollars), que dans les premières années le montant s'élevait à 1,75 milliard de marks-or et qu'en 1928 il devait augmenter à 2,5 milliards de marks. Ainsi, les paiements annuels à l'Allemagne ont été considérablement réduits et les Britanniques ont désormais dû payer la majeure partie du paiement annuel aux États-Unis de leurs propres poches. En outre, Berlin payait ces sommes de manière irrégulière et, à partir du début des années 1930, elle cessa complètement de les payer.

À la Conférence des Réparations de La Haye 1929-1930. Le deuxième plan de réparation de l'Allemagne (le plan Young) a été adopté. Les États-Unis n'ont pas officiellement participé à la conférence, mais sont en fait devenus les initiateurs du Plan Young. Le plan a été préparé par un groupe d’experts financiers dirigé par l’Américain Owen Jung et reflétait les intérêts des créanciers privés de l’Allemagne, principalement américains. Les États-Unis ont fait pression sur les participants à la conférence pour que le plan soit adopté. Le plan de Young prévoyait une légère réduction du montant des paiements annuels - à une moyenne de 2 milliards de marks, l'abolition de la taxe de réparation sur l'industrie et une réduction des taxes sur les transports, ainsi que la destruction des organismes de contrôle étrangers. Il prévoyait également une réduction du montant total des paiements allemands à 113,9 milliards de marks-or avec une échéance de 37 ans (éventuellement révisée dans le futur). Cependant, ce plan n'a duré qu'un an. En 1931, le chancelier du Reich Heinrich Brüning réussit à imposer un moratoire sur le paiement des réparations et les Allemands ne payèrent plus rien. Un autre coup porté aux finances de la Grande-Bretagne a été porté par l'URSS, qui a refusé de reconnaître les dettes des gouvernements tsaristes et provisoires - 13,2 milliards de roubles-or (et en tenant compte des dettes des gouvernements de Kolchak, Wrangel, Miller et d'autres « gouvernements » de Russie - 18,5 milliards de roubles-or). À la suite de la Première Guerre mondiale, les principales puissances mondiales – l’Angleterre, la France, l’Allemagne et l’Italie – sont devenues débitrices envers les États-Unis.

Les États-Unis ont gagné encore plus d’argent grâce à la Seconde Guerre mondiale. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne attaqua la Pologne ; le 16 septembre, le gouvernement et le haut commandement polonais fuirent le pays vers la Roumanie. Avec eux, les réserves d'or du pays ont également été retirées de la Pologne. Bientôt, il vint de Roumanie en France. La France a également trouvé l'or face à la Belgique vaincue. Après la défaite de la France, l'or polonais, belge, une partie de l'or des Pays-Bas et, surtout, les réserves d'or de la Banque nationale française, qui s'élevaient fin mai 1940 à 2 milliards 477 millions de dollars, furent exportés vers l'Afrique française. . En novembre 1942, les Américains débarquent à Dakar ; en 1943, l'or est transporté aux États-Unis et transféré dans les caveaux de Fort Knox. Encore plus tôt, les Américains exportaient de l’or norvégien. Il est vrai qu’il n’y en avait pas tellement ; avant l’occupation allemande, le pays possédait de l’or valant 84 millions de dollars.

Par ailleurs, il faut savoir que l’or, l’argent et divers bijoux en provenance d’Europe semblaient affluer vers les États-Unis. Leurs propriétaires, particuliers, entreprises, transféraient leurs économies vers un endroit sûr : les États-Unis, car la guerre faisait rage en Europe. Ainsi, si en octobre 1939 la Réserve fédérale américaine stockait de l'or pour une valeur de 17 milliards de dollars, alors en février 1940, ce montant avait déjà augmenté d'un milliard entier (le dollar d'alors valait environ 25 à 26 dollars modernes). Avec le déclenchement des hostilités actives en Europe, l'afflux d'or vers les États-Unis a encore augmenté. Ainsi, rien qu’entre le 10 et le 14 mai 1940, les États-Unis ont reçu de l’or d’une valeur de 46 millions de dollars. Lorsqu'il est devenu évident que la France était condamnée, le flux a encore augmenté : les 3 et 4 juin, de l'or d'une valeur de 500 millions de dollars est arrivé aux États-Unis.

Il faut aussi que les entreprises américaines profitent du financement du Troisième Reich. Pendant la guerre, les États-Unis se sont enrichis en fournissant des armes et du matériel de guerre aux alliés. À la fin de la guerre, les États-Unis ont accordé des prêts aux pays européens dévastés par la guerre. Les Européens ont utilisé des prêts pour acheter des produits américains. L'économie américaine s'est développée, l'argent a été restitué et remis aux partenaires juniors. Ainsi, le 6 décembre 1945, un accord de prêt est signé entre les États-Unis et l'Angleterre, qui entre en vigueur le 15 juillet 1946. Selon lui, les Britanniques auraient reçu 3 milliards 750 millions de dollars. L'article 6 de cet accord interdisait à l'Angleterre, jusqu'en 1951, de contracter des emprunts auprès d'autres pays et d'utiliser l'argent pour rembourser d'autres emprunts. L'article 9 interdisait l'utilisation de ce prêt pour l'achat de biens non américains. Les États-Unis, immédiatement après l'entrée en vigueur de ce traité, ont augmenté les prix de leurs produits. L'Angleterre a perdu jusqu'à 28 % du montant du prêt en raison de la hausse des prix des matières premières. Une partie du montant a été perdue en raison de l'échange de dollars contre des livres (plus de 6 % du montant).

En 1947, le secrétaire d’État américain George C. Marshall propose le « Programme de relance européen » (Plan Marshall). Le plan est entré en vigueur en 1948 et couvrait 17 États européens. En fait, les États-Unis les ont placés sous leur contrôle financier et économique.

Ainsi, les États-Unis sont devenus le pays le plus riche du monde après la Seconde Guerre mondiale, après avoir volé, volé et asservi une partie importante du monde. Il faut également tenir compte du fait que, pour cela, les groupes financiers et industriels américains ont activement participé à la préparation et à l’allumage des incendies de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Deux guerres mondiales ont permis aux États-Unis d’établir un contrôle financier sur la planète.

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux États, y compris les pays vainqueurs, ont subi de lourdes pertes. Les seuls gagnants furent les sociétés financières et industrielles, pour qui la guerre la plus destructrice de l’histoire s’est avérée être une véritable mine d’or.

"Friedrich Krupp"

La dynastie allemande Krupp a toujours joué un rôle vital dans l’économie du militarisme allemand. Ainsi, le Traité de Versailles, conclu après la Première Guerre mondiale, devient une véritable tragédie pour Gustav Krupp. L’arrivée au pouvoir des nazis a non seulement restauré les opportunités perdues par Krupp, mais a également ravivé l’espoir d’établir un pouvoir monopolistique illimité.
Au cours des années de formation de la machine militaire allemande, les revenus de la société Friedrich Krupp ont augmenté à pas de géant. L'accélération de l'industrie militaire sous le Troisième Reich a donné à l'Allemagne un puissant élan, grâce auquel elle se classe aujourd'hui au deuxième rang mondial après les États-Unis pour la production d'acier.
Alfred, fils du vieillissant Gustav Krupp, ayant appris à la fin des années 1930 les projets de Himmler de créer des camps de concentration, a investi d’énormes sommes d’argent dans ce projet. Pour lui, les camps n’étaient pas avant tout des usines de mort, mais des sources de profit, qui finissaient dans ses poches grâce au travail pénitentiaire. Alfred Krupp était propriétaire de 10 camps de concentration, et c’était à la caisse de Krupp que les gardiens et gardiens du camp recevaient leurs salaires.
Au moment de la capitulation de l'Allemagne, Alfred Krupp est arrivé complètement armé : d'énormes sommes d'argent en devises étrangères étaient en sécurité dans les banques suisses, les documents l'incriminant de liens avec les nazis ont été détruits et les usines ont été transférées sous la protection de l'armée américaine. police.

Siemens

Le boom militaro-industriel n’a pas épargné la maison Siemens, à la tête de laquelle se trouvait le troisième fils du fondateur de la célèbre entreprise. Les usines qui produisaient des équipements électriques, notamment des systèmes radar à balayage, fournissaient leurs produits à l'armée, à la marine et à la flotte marchande allemandes. Outre les ouvriers salariés, les prisonniers des camps de concentration, les prisonniers de guerre et les ostarbeiters travaillaient dans les usines Siemens, rendant l'entreprise familiale aussi rentable que possible.

Huile standard

L'une des plus grandes entreprises allemandes, IG Farbenindustrie, qui fut le principal sponsor de la campagne électorale d'Hitler, était contrôlée par la compagnie pétrolière américaine Standard Oil, propriété des Rockefeller. Même lorsque les États-Unis sont entrés dans la Seconde Guerre mondiale, Standard Oil a continué à coopérer avec les nazis, en leur fournissant régulièrement du carburant et en continuant à percevoir des dividendes. Les investissements à eux seuls se sont élevés à 120 millions de dollars dans l'économie allemande.

Électricité générale

Une autre entreprise américaine qui a réussi à tirer profit de la guerre, dirigée par le clan Morgan, a été condamnée à une amende par le gouvernement américain en 1946 pour comportement inapproprié. En collaboration avec Krupp Corporation, General Electric a délibérément gonflé le prix du carbure de tungstène, matériau vital pour le traitement mécanique des métaux nécessaire aux besoins du front. L'amende de 36 000 $ était insignifiante comparée au 1,5 million de dollars reçu à la suite de la fraude.

Banques américaines

Dans les années 1990, une commission gouvernementale française enquêtant sur la saisie d'objets de valeur et de comptes juifs pendant la Seconde Guerre mondiale a déclaré que cinq banques américaines étaient impliquées dans le vol : Chase Manhattan, J.P. Morgan, Guaranty Trust Co. de New York, Banque de la Ville de New York et American Express.
La banque Chase a été particulièrement active, ce qui a considérablement amélioré ses affaires après la Nuit de Cristal, le pogrom des Juifs d'Autriche et d'Allemagne survenu en 1938. La banque a ensuite gelé les comptes des Juifs français en France occupée.
L’un des principaux actionnaires de la Chase Bank, John Rockefeller, a directement financé les expériences eugénistes nazies. Entre 1936 et 1941, Chase, avec d’autres banques américaines, a aidé les Allemands à obtenir plus de 20 millions de dollars. Les banques ont gagné plus de 1,2 million de dollars grâce à cette transaction, dont Chase a empoché un demi-million.

Banques suisses

Les projets ambitieux d'Hitler ont été généreusement financés par des banquiers américains et britanniques, et les banques suisses ont servi d'intermédiaires à cet égard. C'est cette circonstance qui a permis à la petite Suisse de rester à l'écart du drame qui se jouait sur les fronts européens.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants du Reich ont investi 15 milliards de Reichsmarks en or dans les banques suisses, soit plus de 40 milliards de dollars au taux de change actuel. Il s'agissait avant tout des réserves d'or des pays occupés, ainsi que des biens confisqués. Une autre source d'or était les camps de concentration, d'où étaient fournis des centaines de kilogrammes de couronnes d'or.
En outre, les nazis vendirent à la Suisse des tableaux qui n’intéressaient pas le Reich d’un point de vue artistique. Au marchand suisse Hans Wendland, ils vendirent par exemple 28 tableaux impressionnistes, recevant en retour un tableau de Rembrandt et deux tapisseries du XVIe siècle. Les Suisses vendirent avec beaucoup de profit les tableaux reçus des autorités allemandes, notamment des œuvres de Van Gogh, Renoir et Corot.

Se nicher

En 2000, la société suisse Nestlé a été condamnée à verser près de 15 millions de dollars d'indemnisation à des organisations juives. C’est une somme dérisoire comparée au capital que l’entreprise a amassé pendant les années de guerre. Nestlé a vendu avec profit des tonnes de café instantané à l'armée américaine, en raison de la surproduction dont souffrait le Brésil.
Cette entreprise populaire a récemment admis avoir acquis en 1947 une entreprise qui avait eu recours au travail forcé pendant la guerre. "Il ne fait aucun doute, ou on peut supposer, que certaines sociétés du groupe Nestlé, opérant dans des pays contrôlés par le régime national-socialiste, ont exploité du travail forcé", a déclaré l'entreprise.
On sait qu'en 1939, en Suisse, Nestlé a fourni une aide financière au parti nazi, grâce à laquelle elle a remporté un contrat lucratif pour fournir du chocolat pour répondre aux besoins de l'ensemble de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Fantaisie

La marque Fanta, mondialement connue, doit sa naissance à l’Allemagne nazie. Lorsque des problèmes sont survenus avec l'importation d'ingrédients de cola en Europe après le déclenchement de la guerre, le directeur de Coca-Cola en Allemagne, Max Keit, a pu rapidement se réorienter. Ses technologues ont réussi à créer une formule pour une boisson chimique savoureuse qui pourrait être produite pour les Allemands sur la base des matériaux disponibles.
1941 marque les débuts de Fanta sur le marché allemand. Les efforts de Kite pour maintenir le bon fonctionnement de la division Coca-Cola tout au long de la guerre ont permis à l'entreprise de générer des bénéfices importants et, après la fin de la guerre, la filiale allemande de la société américaine a recommencé à distribuer du Coca-Cola aux soldats américains stationnés en Europe.

USA

Selon de nombreux experts, malgré les coûts énormes encourus pendant la guerre, les États-Unis en ont grandement profité. Ainsi, les bénéfices des sociétés américaines sont passés de 6,4 milliards de dollars en 1940 à 10,8 milliards de dollars en 1944. Le président de General Motors, Charles Wilson, a dit un jour : « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour les États-Unis, et vice versa. »
Grâce aux revenus des sociétés militaro-industrielles, l’économie américaine d’après-guerre a connu un véritable boom.
Mais les États-Unis se sont enrichis d’une autre manière. Ainsi, après la défaite de la Pologne face à l'Allemagne, le gouvernement du pays a exporté des réserves d'or et de devises, qui ont finalement abouti en France. De France, l'or polonais, ainsi que les réserves d'or belges, néerlandaises, norvégiennes et françaises, ont migré vers Dakar, où il a été exproprié par les Américains qui y ont débarqué.
On sait que les réserves d'or de la Banque nationale française s'élevaient à 2 milliards 477 millions de dollars, les réserves norvégiennes étant estimées à 84 millions de dollars.
En outre, les propriétaires d’entreprises et les particuliers européens préféraient transférer leur épargne vers les banques américaines, car elles constituent l’endroit le plus sûr. Si en octobre 1939 la Réserve fédérale américaine stockait de l'or pour une valeur de 17 milliards de dollars, alors en février 1940, ce montant avait augmenté d'un milliard (1 dollar en 1940 équivaut à environ 25 dollars modernes).
Avec le début de la phase active de la guerre en Europe, l'afflux d'or a sensiblement augmenté. Entre le 10 et le 14 mai 1940 seulement, 46 millions de dollars d’or sont arrivés aux États-Unis, et après la condamnation de la France, 500 millions de dollars supplémentaires sont arrivés dans les banques américaines.

Suède

Pendant les années de guerre, la Suède a pu augmenter ses réserves d'or grâce au commerce du fer avec l'Allemagne. Par exemple, en 1939, 70 pour cent du fer suédois et 50 pour cent du minerai de fer étaient destinés à l’Allemagne. Avec le déclenchement de la guerre, la part de la Suède dans les importations allemandes n'a fait qu'augmenter.
De plus, l'Allemagne ne pouvait pas se passer des produits de la société suédoise SKF, qui produisait des roulements pour équipements militaires.
La valeur totale des bénéfices que la Suède tire du commerce avec le Reich peut être estimée à 10 milliards de dollars modernes. Par la suite, ces capitaux sont devenus la base matérielle des réformes qui ont conduit à la construction du socialisme suédois.

Portugal

Cet État pyrénéen occupait une position géographique très avantageuse, qui lui permettait de contacter aussi bien la Grande-Bretagne que les pays de l'Europe continentale. En fournissant des services commerciaux aux alliés de la coalition anti-hitlérienne et aux pays de l'Axe, le Portugal a réussi à augmenter ses réserves d'or de 63 millions de dollars en 1938 à 438 millions de dollars en 1946.
La république possédait d'énormes réserves de tungstène, sans lesquelles la production d'acier de haute qualité était impensable. Il n’est pas surprenant que les Allemands et les Britanniques aient tenté d’en acheter autant que possible, ce qui a entraîné une hausse constante du prix du métal.

Une Europe occidentale économiquement développée, qui respecte la liberté et la démocratie. La France, avec ses célèbres géants de l'automobile Renault et Peugeot. La Suisse avec le meilleur système bancaire et des montres chères. La Suède a un niveau de vie qui fait l’envie de nous tous et de la moitié du monde. L’Espagne, même paralysée par la crise, reste forte et économiquement développée. Que pouvons-nous dire des États-Unis... Et nous sommes la Russie, et anciennement l'Union soviétique ? Pourquoi n'est-ce pas comme ça chez nous ? Pourquoi, après la fin de la Grande Guerre patriotique, contrairement à eux, nous ne faisons que survivre et rattraper notre retard ? Pourquoi était-il chaleureux et satisfaisant pour eux, alors que le nôtre était soit moyen, soit pas bon du tout ? Sont-ils plus intelligents que nous, plus travailleurs, plus talentueux ? Non. Nous avons à peu près le même talent, la même intelligence et le même travail acharné.

C’est difficile à croire, mais la principale raison du développement économique et du niveau de vie élevés de l’Europe occidentale et des États-Unis après la guerre réside dans les revenus colossaux, inimaginables et apparemment incroyables de ces pays. Et ils ont gagné leur richesse actuelle pendant la guerre - la plus terrible, la plus monstrueuse et la plus destructrice. A une époque où des centaines de milliers de personnes sont mortes près de Moscou et de Koursk, près de Kiev et de Stalingrad. Quand ils mouraient de faim dans Leningrad assiégé. Quand des milliers et des milliers de personnes sans défense ont été conduites dans les chambres à gaz des camps de concentration.

C’est précisément à cette époque que l’Amérique et l’Europe occidentale, c’est-à-dire neutres, antifascistes et même occupées, gagnaient énormément d’argent. Comment? Très simple. Elle a accordé des prêts à l'Allemagne nazie à des taux d'intérêt énormes, elle lui a produit du matériel et des munitions à des prix fabuleux. Elle lui pompait de l'essence et découpait de magnifiques uniformes SS, et l'ampleur de cette affaire sanglante était colossale.

Comment l'Espagne a gagné de l'argent

"Je serai votre allié dans la guerre, mais pour cela vous me donnerez plusieurs colonies françaises." Ce marchandage a eu lieu entre le chef de l'État espagnol Franco et Hitler. C’est ainsi que des pays qui ne faisaient initialement partie d’aucune coalition ont décidé s’ils se rangeraient du côté de quelqu’un d’autre pendant la Seconde Guerre mondiale ou choisiraient une position de neutralité. Même si leur neutralité s’avérera finalement être une fiction complète.

Pour sa participation à la guerre contre l'Union soviétique, Franco a demandé à Hitler le Cameroun français, une partie de l'Algérie, le Maroc et une énorme quantité de matières premières. Plus 200 chars - mais c'est déjà une bagatelle par rapport aux revendications territoriales.

Hitler a refusé le dictateur espagnol entreprenant. L'Espagne se déclare alors pays neutre. C’est-à-dire qu’aucun camp ne participe à la guerre. Certes, sa neutralité n’apparaissait que sur le papier. L’Espagne a commencé à faire des affaires incroyablement rentables avec l’Allemagne nazie. Le moment est venu de réaliser de gros gains.

La guerre n'est pas seulement un grand exploit, pas seulement du sang, des catastrophes, des catastrophes mondiales, des sacrifices... C'est aussi beaucoup d'argent.

À la suite de ces négociations, l’Espagne devient un intermédiaire financier pour l’Allemagne nazie dans l’approvisionnement en pétrole, nécessaire aux combats en Russie. On ne peut acheter du pétrole de manière rentable qu’aux États-Unis. Il est impossible de le faire directement : les Américains sont officiellement des opposants à l’Allemagne.

C’est alors qu’une chaîne d’approvisionnement astucieuse est inventée. Le pétrole de l’Amérique « apparemment antifasciste » est acheté par l’Espagne « apparemment neutre », puis, après avoir accru son intérêt, le revend à l’Allemagne fasciste. L’Allemagne alimente ses chars, qui prennent d’assaut les villes soviétiques, avec de l’essence produite à partir de ce pétrole.

L'économiste Andrey Podoynitsyn commente :

« Les Allemands payaient pour l’approvisionnement en pétrole américain qui passait par l’Espagne. Formellement, on aurait dit qu'ils payaient les Espagnols ; en fait, les Espagnols jouaient ici le rôle d'un lien de transit, et tout le monde comprenait parfaitement ce qui se passait.

Les entreprises américaines avaient une bonne idée de la destination de ce pétrole – pour l’équipement militaire de la Wehrmacht. Cela ne dérangeait personne aux USA, mais cela permettait de doubler le prix. Il était évident pour eux que l'armée allemande ne pouvait pas se passer de pétrole et que les Espagnols gagnaient beaucoup grâce aux intermédiaires - et cette chaîne ne serait pas interrompue, les acheteurs n'iraient nulle part et achèteraient à tout prix.

La guerre en Europe a été bénéfique pour la grande entreprise américaine, le capital, qui, avant tout, espérait recevoir d'énormes profits non seulement à la suite de la guerre, mais aussi directement pendant la guerre elle-même en Europe. Il était possible d'en tirer profit en fournissant aux belligérants des matières premières, des équipements et des armes, des matériaux et en accordant des prêts. Donc, en fait, c'est arrivé. Les Américains eux-mêmes ou les historiens américains sont heureux de dire que ce fut une bonne guerre pour l’Amérique, car le niveau de vie aux États-Unis a augmenté.

Comment l'Amérique a gagné de l'argent

Fait intéressant. La Seconde Guerre mondiale marque l’apogée des achats de bijoux et de fourrures aux États-Unis.

Dans le même temps, l'Amérique, membre de la coalition anti-hitlérienne et, par conséquent, alliée de l'URSS, expliquait sa longue non-entrée en guerre par le fait que le pays était en déclin après la Grande Dépression - le problème économique crise des années 30. On disait qu’ils n’avaient produit qu’une douzaine de chars au cours de la décennie entière. Ils ont également évoqué les difficultés de livraison sur le territoire de l'Union soviétique. Dans le même temps, l'Allemagne et même le Japon - immédiatement avant et au début de la guerre - déchargeaient inlassablement des produits, notamment du matériel militaire, en provenance des États-Unis !

Mikhaïl Myagkov, directeur scientifique de la Société historique militaire russe, affirme :

« Il y a déjà une guerre mondiale, les États-Unis n'y participent pas encore, mais environ 20 % des moteurs allemands sont fabriqués à l'aide de licences, de technologies et d'équipements fournis par les États-Unis d'Amérique. Autrement dit, les États-Unis d'Amérique, leader de la coalition anti-hitlérienne, ont fourni du pétrole au Japon jusqu'en 1941 et à l'Allemagne des moteurs d'avion et d'autres matériaux.»

Par exemple, le groupe automobile américain General Motors a produit avec succès des chars, des véhicules blindés et des moteurs de bombardiers tout au long de la guerre contre Hitler.

Les États-Unis sont un participant indispensable à de nombreux projets visant à fournir une assistance directe ou indirecte à l’Allemagne nazie. Depuis le début de la guerre, d’énormes sommes d’argent ont circulé à travers le monde. Les banques américaines opèrent par l’intermédiaire de pays européens neutres. Grâce à ce statut, ils ont la possibilité de bénéficier de prêts des Etats-Unis.

Il existe des études qui montrent que les banques américaines ont participé à ces importants flux financiers destinés à approvisionner les armées en guerre. Il s'agissait d'un immense réseau de trafic financier d'or et de devises, à travers lequel des achats colossaux avaient lieu et des capitaux étaient augmentés.

Des comptes dits purement commerciaux ont été créés et les banques ont fourni des sommes importantes en garantie - et il s'agissait de l'or allemand. A quoi est allé cet argent ? Tout ce dont l’Allemagne avait besoin pour la guerre a été acheté ! Autrement dit, c'était le soutien financier du Troisième Reich et de son armée qui, au moment du pic de toutes ces transactions financières en 1943, avait détruit presque toute l'Europe. Cet argent a également été versé aux soldats nazis qui ont tué environ 500 000 personnes rien qu'à Stalingrad.

Selon Olga Pavlenko, professeure agrégée au Département de politique mondiale et de relations internationales de l'Université d'État des sciences humaines de Russie :

« C’est une histoire de guerre complètement différente, où des sommes d’argent colossales sont impliquées. C'est le point culminant des batailles sur tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale. 609 millions de francs suisses d’or nazi ont été transférés aux banques suisses pour diverses transactions financières.»

Comment la Suisse a gagné de l'argent

Les banques suisses deviennent le principal point de collecte de l'or nazi. Quel était cet or ? Ce ne sont pas seulement des lingots ordinaires provenant des réserves de l'État, ce sont des bijoux - toutes les petites chaînes et bagues prises par les nazis aux victimes de l'Holocauste, c'est de l'or provenant des territoires pillés. Tout affluait dans les banques suisses. Bien sûr, sous une forme déjà fondue.

Utilisant l’or allemand, les banques suisses servaient d’intermédiaires et le vendaient sur les marchés étrangers, puis achetaient des équipements, des biens industriels, des hautes technologies, etc. L'achat de tungstène a par exemple été particulièrement important. Il était extrait dans les colonies portugaises et transporté à travers le Portugal jusqu'en Espagne et plus loin jusqu'à Berlin.

Il est difficile de surestimer l’ampleur de l’aide suisse à l’armée du Führer et il n’existe toujours aucune information sur tous les flux de trésorerie. Ce qui est récemment devenu connu est une information absolument sensationnelle publiée par la Banque nationale suisse. Mais les banques privées, qui étaient également, et peut-être plus encore, impliquées dans l’aide financière à l’armée hitlérienne, conservent toujours soigneusement ces informations, préservant le secret du client, en l’occurrence l’Allemagne nazie.

C’est alors, pendant la Seconde Guerre mondiale, que la Suisse, grâce à sa position particulière, devient de fait le régulateur mondial du système bancaire. Cet autre aspect de la guerre est particulièrement intéressant.

Jean Marais (au centre) sur la place Manezhnaya

Étonnamment, même la France a profité des résultats de la guerre. Elle comprenait les terres allemandes d'Alsace et de Lorraine, qu'elle possède encore aujourd'hui. Et cela malgré le fait que la France a travaillé pendant presque toute la Seconde Guerre mondiale pour l’armée hitlérienne, mais qu’elle était officiellement en guerre avec l’Allemagne depuis 1939 et faisait partie de la coalition anti-hitlérienne ! Certes, elle n’a mené aucune guerre. En 1940, la France avait demandé aux Allemands d’accepter leur capitulation. Et elle fut sous leur occupation jusqu’en 1944, jusqu’à l’arrivée des troupes soviétiques.

Peu de gens en parlent aujourd'hui et savent même que des cafés fonctionnaient en France, des entreprises fonctionnaient à Paris, des films étaient tournés - 240 longs métrages à eux seuls ont été tournés en France pendant l'occupation. Jean Marais et Gérard Philippe ont également débuté leur carrière sous le régime d'occupation nazie. Les bordels fonctionnaient plutôt bien, même mieux qu’avant-guerre.

Comment la France gagne-t-elle de l’argent ?

L'histoire connaît bien la Normandie-Niemen, une escadre française qui combattit aux côtés des pilotes soviétiques. Mais en même temps, la France était le principal fournisseur de moteurs, de pièces détachées et d’électronique pour l’industrie aéronautique allemande, et les nazis parcouraient tous les territoires conquis à bord de voitures françaises. Des dizaines de milliers de véhicules des usines françaises ont été transférés vers les zones de première ligne, ils ont livré des soldats allemands à Moscou, à Stalingrad... L'Allemagne aurait-elle pu mener une guerre contre l'Union soviétique sans une telle aide ?!

Monument détruit aux enfants jouant sur la place de la gare de Stalingrad

On parle beaucoup du prêt-bail, de l’importance qu’il a eu pour l’Union soviétique, mais on passe complètement sous silence le rôle que d’autres pays ont joué pour la puissance économique de l’Allemagne. Dans le cadre du prêt-bail, l'Union soviétique a reçu 900 locomotives à vapeur des États-Unis et de l'Angleterre, mais rien qu'en France, le Führer a reçu 5 000 locomotives à vapeur pour ses forces armées et des centaines de milliers de voitures.

En 1944, Renault Louis, célèbre constructeur automobile, est arrêté en France et accusé de complicité avec le fascisme. Ses usines produisaient des équipements pour les troupes allemandes, notamment des chars. Ensuite, de nombreux dirigeants d'entreprises qui travaillaient pour l'Allemagne ont été traduits en justice, mais ont finalement été libérés avec la formule suivante : « La culpabilité n'a pas été prouvée. Il a collaboré de manière involontaire.

Aujourd’hui, en Europe, on dit : « Ils ne savaient pratiquement rien de ces camps de la mort. » Ils savaient. Des résistants ont déployé des tracts et des rumeurs ont circulé sur ce qu'étaient Auschwitz et Buchenwald. Peut-être qu’ils n’en connaissaient pas l’ampleur, mais le fait que les Juifs autour d’eux étaient parqués dans des ghettos puis exterminés était connu de la plupart des gens à cette époque.

La France servait également de territoire pour la réparation du matériel militaire des troupes allemandes. Les unités vaincues sur le front de l'Est y furent retirées pour être restaurées. Ici, la célèbre Sixième Division blindée fut réparée et préparée au combat, qui, en décembre 1942, tenta de briser l'anneau d'encerclement près de Stalingrad et tua plusieurs milliers de soldats soviétiques.

On sait que plusieurs unités de l'armée hitlérienne étaient directement composées de Français.

Grigori Popov, candidat en sciences économiques, pense ceci : "Quant aux Français, il y a eu un appel à des volontaires sur le territoire français pour servir dans la Wehrmacht, puis les troupes de la CSU, soit environ deux mille volontaires français, ont même participé à la bataille de Moscou."

Comment l'Europe s'est battue au sein de la Wehrmacht

De nombreux habitants des pays neutres et occupés ont défilé sous la bannière allemande. Selon les chercheurs, environ un million de soldats originaires de pays ne faisant pas partie du bloc nazi ont combattu contre l'Union soviétique.

Norvège, selon diverses sources - de six à huit mille membres de la Légion norvégienne. France - 10 mille. Pays-Bas – 40 mille. Les pays baltes formèrent non seulement des légions, mais aussi des divisions SS. Il y avait en Lettonie deux divisions nazies qui combattirent sur le front germano-soviétique et prirent part au siège de Leningrad.

Dans un cimetière près de Leningrad, 900 personnes parmi les 14 000 volontaires scandinaves qui ont combattu sur le front de l'Est sont enterrées. Et au total, plusieurs fois plus d’entre eux sont morts, car l’une des unités militaires de l’armée hitlérienne, composée de Norvégiens et de Danois, la division Norland, a déjà été vaincue près de Berlin.

Dmitry Surzhik, candidat aux sciences historiques, témoigne :

"Une partie importante des Européens a rejoint les rangs de la Wehrmacht et des divisions SS, poussés par un sentiment élémentaire de profit - profiter de quelque chose dans les pays de l'Est."

L'un des combats les plus féroces aux côtés d'Hitler fut la brigade d'assaut SS « Wallonie », qui reçut plus tard le statut de division à part entière. Et il s'est formé sur le territoire de la Belgique, qui n'était pas un allié officiel de l'Allemagne ! C'est d'ailleurs cette division, sous le commandement du nationaliste belge Léon Degrelle, qui apporta une aide sérieuse à l'armée allemande dans le sud de la Russie et près de Koursk. Pour de tels mérites, Hitler a appelé Degrelle son frère et, bien sûr, lui a confié des ordres. Degrel a d’ailleurs vécu heureux jusqu’en 1994 en Espagne. Le criminel nazi menait une vie assez active, écrivant même des lettres au pape.

C’était déjà dans les années 1960, lorsque Degrel se sentait assez confiant. Aucune demande d'extradition vers l'Espagne n'a été accordée et il s'est mis à justifier le nazisme. Il n'y a eu aucune réaction à ce moment-là, et cette lettre n'est restée qu'un appel ; elle n'a reçu aucune réponse officielle.

Outre les divisions telles que la « Wallonie », qui combattaient directement au front, les services de police étaient recrutés parmi les Européens. Par exemple, au Danemark, plus de 10 000 policiers et gendarmes ont aidé les Allemands, aux Pays-Bas, la police comptait 19 000 personnes et en France, il y avait plus de 60 000 personnes dans la Gestapo et la police volontaire !

Mais la plupart des Européens ont été emmenés dans les SS, l’unité la plus impitoyable de l’armée hitlérienne, qui comprenait également des camps de la mort.

À propos, l'uniforme militaire des hommes SS a été créé par le célèbre créateur de vêtements pour hommes Hugo Boss. Il a gagné son premier argent en habillant les troupes d'élite nazies. Pour une entreprise plus prospère, il a également rejoint le Parti national-socialiste d’Hitler. Et puis il y avait beaucoup de travail pour le designer : notamment la création d'uniformes pour les troupes d'assaut et les Jeunesses hitlériennes. Mais ce n’est clairement pas grâce à l’uniforme de créateur que les troupes SS ont été massivement reconstituées par des résidents des pays neutres et occupés. Les Allemands ont spécialement créé des formations SS pour que les gens n'aient nulle part où aller.

Et bien sûr, une aide militaire importante a été fournie à l’Allemagne par ses alliés européens officiels : la Hongrie, la Finlande, l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie et la Croatie. Et cela représente plusieurs millions de soldats supplémentaires du côté de l’armée hitlérienne !

Ils semblaient unir une Europe unie sous la croix gammée nazie. L’Allemagne n’aurait pas pu poursuivre la guerre si elle n’avait pas uni toute l’Europe sous sa direction. Aujourd’hui, nous parlons d’une Europe unie, de l’Union européenne, mais en réalité la première Union européenne sous le signe nazi est apparue en 1940-1941.

Du Reich à l'Union européenne

Cela semble incroyable, mais l'Union européenne d'aujourd'hui, composée de 28 pays dirigés par l'Allemagne moderne, est géographiquement et économiquement presque une copie exacte de l'Europe même qui, dans le cadre des troupes de l'Allemagne nazie en 1941, a décidé de diviser l'espace vital de l'Union Soviétique. La seule différence est qu’aujourd’hui, l’Europe et l’Allemagne – le leader économique et politique de l’Europe – représentent en réalité un autre État américain, dépendant à la fois financièrement et militairement de Washington.

Alexey Kochetkov, politologue, président de la Fondation pour le développement des institutions de la société civile « Démocratie populaire » reflète :

« Dans le monde d’après-guerre, l’Europe a cessé d’être un sujet. Elle a perdu sa souveraineté et est entièrement soumise à la volonté d'autrui. Il y a des troupes étrangères en Europe. Les Européens se voient imposer une politique d’information via le contrôle des médias.»

Le président américain, comme le montrent facilement les reportages, est la compagnie la plus fréquente de la chancelière allemande Angela Merkel. Sur une photo du récent sommet du G7 en Bavière, Merkel a tendu les bras devant Barack Obama assis sur un banc. La photo a provoqué une vive réaction dans la société, notamment sur les réseaux sociaux. Merkel a été qualifiée de « dansant devant le président américain ». Bien sûr, la chancelière allemande ne danse pas, mais dit seulement quelque chose à Obama de manière expressive. Néanmoins, cette photographie contient tout le sens de la politique mondiale d'aujourd'hui.

Et cela n’aurait que peu d’intérêt, et une photographie de Merkel en train de danser ne paraîtrait drôle que si elle ne concernait pas directement notre pays.

La relation étroite entre le président américain et le chancelier allemand est très similaire à la relation entre des personnes en position de supérieur et de subordonné. Et en fait c'est le cas ! L’Allemagne n’a pas le droit de prendre des décisions militaro-politiques extérieures sans consulter les Américains et les organismes de l’OTAN. Peu de gens savent qu'à partir du premier chancelier allemand d'après-guerre, Konrad Adenauer, chacun d'eux a signé un document secret appelé Loi sur le chancelier. Il ne s'agit là que d'une déclaration du gouvernement allemand sur ses obligations envers ses alliés, en particulier envers les États-Unis. En d’autres termes, conformément à ce Chancellor Act, la politique allemande ne doit jamais contredire la politique américaine. Par conséquent, jusqu’à présent, l’Allemagne est légalement un pays à souveraineté limitée, occupé par des troupes étrangères, c’est-à-dire contrôlé par les États-Unis. Comme on le sait, le bloc militaro-politique, qui comprend aujourd'hui environ 30 pays du monde, a été fondé aux États-Unis dans le but, comme cela sonnait littéralement, de « protéger l'Europe de l'influence soviétique ». Maintenant, il s'avère que du russe...

Les Américains, immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, ont commencé à élaborer l'un après l'autre des plans pour détruire notre pays, depuis la doctrine du chef de la CIA Allen Dulles jusqu'aux événements d'aujourd'hui, y compris l'isolement. Et ce sont les États-Unis qui ont contribué à l’effondrement de l’URSS. Tout a commencé avec le fait qu'en 1982, le président Ronald Reagan a signé une directive de sécurité nationale, qui fixait l'objectif de nuire à l'économie soviétique. Ils n'étaient pas du tout satisfaits du fait que les revenus de l'URSS provenant des exportations pétrolières n'ont cessé d'augmenter ces dernières années. Le gouvernement américain commence à chercher de toute urgence des moyens de redresser la situation.

Déjà à cette époque, les Américains faisaient des efforts considérables pour démanteler l’industrie et l’économie soviétiques afin de transformer la Russie en un simple appendice de matière première.

Les États-Unis parviennent, à travers de longues négociations, à convaincre les cheikhs arabes de mettre sur le marché du pétrole à bas prix. En conséquence, les matières premières soviétiques ne peuvent résister à la concurrence ; leurs prix sont divisés par trois. En quelques mois seulement, l'URSS perd 13 milliards de dollars – un désastre pour le pays et son budget ! C’était en 1986, quand une véritable dévastation a commencé dans notre pays, qui, en quelques années difficiles, a conduit à l’effondrement de l’Union soviétique.

Nous n’avons jamais été considérés comme des partenaires à part entière ; nous avons toujours été considérés soit comme un adversaire sérieux capable de résister, soit comme une source de nourriture. L'ennemi doit être écrasé, détruit, brisé et simplement transformé en nourriture - engloutissez les ressources, saisissez l'économie, l'industrie et utilisez des ressources naturelles essentiellement illimitées comme vous le souhaitez.

Comparez maintenant ces objectifs occidentaux avec ceux d’Hitler. Le plan directeur fasciste Ost, élaboré à la veille de la Seconde Guerre mondiale, prévoyait la colonisation complète de l’Union soviétique et d’autres pays d’Europe de l’Est. Confiscation et exportation de nourriture vers l'Allemagne, utilisation de toutes les ressources des territoires occupés, expulsion des habitants des villes vers les villages pour travailler pour les nazis.

Yuri Nikiforov, professeur et chercheur principal à l'Institut d'histoire générale de l'Académie des sciences de Russie, partage ses réflexions :

« Pour les Allemands, affaiblir la force biologique du peuple russe était l’un des objectifs de leur politique à l’Est et, bien entendu, cet affaiblissement pouvait être obtenu, entre autres, en exterminant des millions de personnes. De plus, les Allemands comprenaient parfaitement qu’il s’agissait d’un vol économique qui entraînerait la famine pour des millions de personnes supplémentaires. Goering, par exemple, a écrit directement dans l'un des documents de son siège économique que s'ils retirent une certaine quantité de nourriture de Russie, au moins 30 millions de personnes mourront de faim dans ce pays.»

Et voici les mots d'une politicienne moderne, la secrétaire d'État américaine jusqu'en 2009 Condoleezza Rice : "La Sibérie est trop grande pour être gouvernée par un seul pays." De plus, selon elle, les Russes possèdent illégalement de telles ressources et doivent être transférées à la gestion d’une sorte de communauté mondiale. En d’autres termes, ce serait bien de prendre possession de ce territoire de la Russie et de tout ce qui s’y trouve et y est exploité.

Dans ce cas, les citoyens russes se transforment en personnes superflues, pour lesquelles il n’y a plus assez de gaz, de pétrole ou de produits agricoles, qui doivent simplement partir et céder la place aux plus forts. En ce sens, il n’y a aucune différence entre le plan Ost et ce que de nombreux représentants de l’élite occidentale voudraient désormais faire avec la Russie.