Anciens combattants et anxiété. Différences individuelles entre les émotions positives et leur reflet au niveau biologique

Le 21 juillet, le psychologue et neuroscientifique américain Richard J. Davidson, professeur à l'Université du Wisconsin à Madison, est venu à Moscou avec un programme de conférences et de séminaires organisés par le Centre Tergar. Le domaine principal de son activité scientifique concerne les mécanismes de la bonne humeur et leur influence sur la neuroplasticité - la capacité du cerveau à modifier sa structure et à construire de nouvelles connexions neuronales sous l'influence de l'expérience. Nous avons discuté avec le professeur de ses recherches, du fait que le bonheur vient avec l'expérience et de la manière dont la pratique ancienne de la méditation affecte le fonctionnement et la structure du cerveau.

Ridard Davidson à l'Institut psychologique de l'Académie russe de l'éducation (PI RAO)

Tergar Moscou

N+1 : Professeur Davidson, vous avez débuté votre carrière scientifique en tant que psychologue et neuroscientifique étudiant les émotions et leur influence sur le cerveau humain. Comment vous est venue l’idée d’étudier les mécanismes de la bonne humeur ? Pour autant que je sache, la plupart des scientifiques qui se tournent vers le domaine des émotions étudient les troubles mentaux et les affections affectives telles que la dépression et l'anxiété.

Richard Davidson : L’intérêt pour l’étude de la bonne humeur vient du fait que l’on comprend que les gens réagissent émotionnellement différemment lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés ou à des obstacles. Nous nous intéressons aux stratégies possibles qui peuvent aider un individu à survivre à la souffrance et à développer sa résilience face à celle-ci. En fait, l’étude de la bonne humeur est étroitement liée à la psychopathologie : c’est, si je puis me permettre, son autre facette. En étudiant la bonne humeur, nous pourrons peut-être identifier des caractéristiques psychologiques spécifiques qui peuvent être calculées et expliquer comment elle se forme et de quelle manière elle peut être favorisée.

Quelles méthodes de neurocartographie, de neurostimulation (je sais que vous utilisez activement l'oculographie dans des études impliquant de jeunes enfants) utilisez-vous dans vos travaux scientifiques ? Et selon vous, lequel vous a permis de mieux comprendre comment les émotions affectent le cerveau humain ?

Nous utilisons de nombreuses méthodes différentes et l'un des principes importants de notre laboratoire est d'utiliser les technologies qui permettront le mieux de répondre à la question posée. Par conséquent, au lieu d’adhérer strictement à des méthodes spécifiques, nous invitons, dans la mesure du possible, les chercheurs à décider eux-mêmes de ce qu’ils utiliseront dans leur travail. Parfois, il s'agit d'IRM, d'EEG, ou de méthodes d'étude de la biologie moléculaire - pour étudier les caractéristiques épigénétiques, bien souvent - de techniques comportementales ordinaires. Cela dépend aussi du lieu de l’expérience. Aujourd'hui, nous effectuons beaucoup de recherches, non pas en laboratoire, mais sur place, dans le monde réel. Disons que nous étudions le comportement des enfants dans les écoles - là, nos possibilités sont limitées, nous utilisons donc ce qui est le mieux adapté.

Vous avez consacré une partie importante de votre carrière scientifique à l’étude de la neuroplasticité du cerveau humain. Comment la compassion et la gentillesse peuvent-elles changer le cerveau humain ? Et quel est le rapport avec la bonne humeur ?

Permettez-moi d'abord de répondre à la deuxième partie de la question. Faire preuve de gentillesse et de générosité, comme nous l’avons constaté, active les connexions neuronales chargées d’assurer la bonne humeur. À notre connaissance, c’est le moyen le plus rapide d’induire des changements dans le cerveau qui favorisent un état de satisfaction intérieure. Il existe de nombreuses recherches sur la générosité, l’altruisme et d’autres phénomènes connexes. Lorsque nous adoptons un comportement prosocial destiné à bénéficier aux autres, deux choses se produisent : certaines voies neuronales sont activées dans le cerveau et l'humeur de la personne s'élève beaucoup plus haut que si elle se comportait de manière égoïste. Ceci est cohérent avec l’expérience des pratiques contemplatives et nous apprend à considérer le bien-être des autres pour cultiver la compassion.

Les corrélats neuronaux dont l’activité peut être observée sont très divers et impliquent de nombreuses régions cérébrales. Nous constatons des changements dans les connexions entre le cortex préfrontal et le striatum, une zone chargée de recevoir le renforcement positif ainsi que de traduire nos intentions en actions. Nous pensons que la compassion prépare une personne à l'action : en voyant les autres souffrir, elle éprouve un désir spontané d'aider. Nous observons également des changements dans d'autres départements responsables de l'exécution des actions - dans les zones motrices, dans le lobe insulaire, responsable de l'homéostasie - contrôle de l'état interne du corps.

La compassion peut être un stimulus qui déclenche une réponse significative dans tout le corps. Par exemple, nous constatons des changements dans l’activité du cœur, et en particulier nous voyons comment les liens entre l’activité du cerveau et le cœur se renforcent lors d’activités visant à développer la compassion.

Une étude réalisée en 2013 par Davidson et ses collègues a examiné les mécanismes de l'altruisme. Les participants à l'expérience ont suivi un entraînement cognitif pendant deux semaines, au cours duquel ils ont appris à faire preuve de compassion envers diverses personnes (proches ou inconnues). La capacité accrue de compassion qui s'est développée après la formation a entraîné des changements dans l'activité des zones du cerveau responsables de la régulation des émotions et du comportement social : les images de personnes souffrantes ont provoqué une plus grande activité chez les participants ayant suivi la formation, une plus grande activité dans le zone pariétale supérieure, la partie dorsolatérale du cortex préfrontal, et a également renforcé la connexion entre le cortex préfrontal et le noyau accumbens.

J'ai assisté à votre conférence hier [la conférence a eu lieu le 21 juillet au centre de méditation Tergar - env. N + 1], et les auditeurs y méditaient. D’ailleurs, vous êtes venus dans le but de leur faire découvrir les bienfaits de la méditation d’un point de vue scientifique. Est-il vrai que la méditation est une partie très importante de vos recherches, et si oui, pourquoi ?

Oui, bien sûr, la méditation est une partie très importante de ma carrière scientifique, surtout récemment. Pourquoi? Parce que je crois que les pratiques de méditation peuvent apporter une grande variété de bénéfices à notre société. Ils peuvent avoir un effet bénéfique dans des domaines tels que l’éducation, l’ergonomie et les soins de santé. Plus les gens découvriront les bienfaits de la méditation, plus vite elle fera partie de notre culture. Je pense que la plupart des gens, dans n'importe quel pays, conviendraient que nous pourrions faire preuve d'un peu plus de gentillesse et de compassion envers les autres, et la méditation y contribue.

De plus, puisque les états émotionnels et physiques du corps, comme nous le savons, sont étroitement liés, la méditation contribue également à améliorer la santé. Partant de là, je crois qu’une approche scientifique de l’étude des pratiques méditatives permet de mieux les comprendre et de contribuer à leur diffusion dans la société.

Activité cérébrale pendant la méditation (à droite) et au repos (à gauche)

Lutz et coll. /PNAS 2004

Vous déclarez également qu'un chercheur souhaitant étudier les effets de la méditation sur l'état émotionnel d'une personne doit s'entraîner activement. Comment expliquez-vous cela et cela affectera-t-il l’objectivité de la recherche scientifique ?

Je crois que l’expérience personnelle de la méditation est très importante pour quiconque souhaite l’étudier. Cela aidera le chercheur à poser les bonnes questions. J'ai rencontré des scientifiques qui n'avaient aucune expérience en méditation mais qui faisaient des recherches dans ce domaine. Ils ont traité de questions qui, de mon point de vue, étaient loin d'être les plus importantes et ont donc dépensé beaucoup d'argent et de temps sans obtenir de résultats satisfaisants.

Quant aux préjugés, ils menacent tout scientifique. Les chercheurs sont attachés à leurs théories, qu’ils pratiquent ou non la méditation. Il n’y a pas de scientifiques objectifs. C’est pourquoi il existe diverses méthodes pour lutter contre les préjugés au sein de la communauté scientifique. Par exemple, la reproductibilité des résultats : aucune découverte scientifique ne sera reconnue tant que d’autres scientifiques ne pourront pas la répéter.

Nos travaux dans des revues à comité de lecture sont soumis à un examen très strict. Les résultats négatifs sont également très importants : si nous émettons l’hypothèse d’un certain bénéfice de la méditation et que nous nous trompons, nous devons quand même publier un tel résultat. Les chercheurs de notre laboratoire adhèrent à cette règle : nous avons déjà publié trois articles avec des résultats négatifs.

Par conséquent, je crois qu’un scientifique qui pratique la méditation est tout à fait capable de mener des recherches de qualité dans ce domaine s’il prend son travail au sérieux et avec rigueur, de manière à éliminer tout parti pris. Notre laboratoire emploie des personnes qui ne pratiquent pas la méditation et qui sont assez sceptiques à son sujet : elles n'ont pas peur de remettre en question nos résultats et de me poser des questions difficiles. Nous apprécions et soutenons cette approche, car sans elle, il est possible que nous nous retrouvions piégés dans nos propres illusions.

L'un de vos articles scientifiques les plus cités, publié en 2004, examine l'activité cérébrale des moines tibétains pendant la méditation. En le lisant, je me posais deux questions sur cette étude. L’un d’eux concerne un très petit échantillon. Je comprends que lorsque le domaine étudié est très jeune, cela est acceptable, mais la question demeure. La deuxième question concerne les rythmes gamma qui apparaissent sur l'électroencéphalogramme : parfois, en raison de leur fréquence élevée, ils sont considérés comme des artefacts des mouvements des yeux ou des muscles du visage. Que pensez-vous de tels doutes ?

Nous parlons d'une étude dans laquelle le professeur Davidson et ses collègues ont étudié l'activité cérébrale de personnes pratiquant activement la méditation - les bouddhistes tibétains. Huit bouddhistes et dix non-méditants ont participé à une expérience utilisant l'électroencéphalographie (EEG), qui permet d'enregistrer l'activité de groupes individuels de neurones. Les résultats de l'EEG ont montré que l'activité enregistrée par les électrodes dans les lobes frontotemporaux du cerveau des bouddhistes pendant la méditation était significativement différente de l'activité cérébrale des non-méditants. Les scientifiques ont notamment découvert de potentielles fluctuations du rythme gamma (allant de 30 à 120 hertz) chez les méditants. Les rythmes gamma sont un phénomène controversé : leur fréquence peut rarement être distinguée des mouvements musculaires, dont les artefacts apparaissent souvent sur l'encéphalogramme, mais certains chercheurs pensent que les rythmes gamma résultent d'un certain nombre de processus cognitifs, notamment ceux associés à l'attention, à la pensée. , et l'apprentissage.

Je pense que ce sont des préoccupations importantes et je tiens à dire que nous les partageons. En travaillant sur cet article, nous avons accordé une grande attention au contrôle des conditions expérimentales et au traitement des données afin d’éliminer tous les artefacts possibles. De plus, nous avons ensuite mené une autre étude qui a montré la présence d’oscillations gamma pendant le sommeil, ce qui nous donne raison.

Cependant, aucune étude scientifique n’est parfaite et, bien que nos travaux constituent un bon début pour l’étude de la méditation, nous ne pouvons pas prétendre que nos résultats répondent à toutes les questions.

Je sais que certains membres de la communauté scientifique sont très sceptiques quant à l’étude de la méditation. Pourquoi pensez-vous qu'il en est ainsi ?

Cela me semble pour plusieurs raisons. Premièrement, la qualité de certaines études laisse beaucoup à désirer. Cela est dû en partie au fait que le domaine de la recherche sur la méditation est limité en termes de financement et que mener des recherches de haute qualité coûte cher. Deuxièmement, le scepticisme peut être provoqué par des stéréotypes. Les gens ne savent pas ce qu’est la méditation et sont basés sur l’ignorance. Les stéréotypes dans ce domaine sont très forts : beaucoup de gens pensent que la méditation est de la magie vaudou, un passe-temps favori des hippies, etc. C'est complètement irrationnel, mais je pense que cela vient d'un manque d'information.

Je pense aussi que le scepticisme est utile dans le domaine scientifique, il permet d’orienter la recherche dans la bonne direction. Par ailleurs, nombre de mes collègues qui étaient sceptiques au début des années 2000 voient désormais l’étude de la méditation comme un domaine prometteur.

Si vous prenez des études qui examinent ce qui arrive, disons, à un groupe de 30 personnes étudiant la méditation, vous verrez que certaines montrent une amélioration significative de leur état émotionnel, d'autres seulement une légère amélioration, et il y a toujours ceux qui terminent l'expérience. sans aucun changement.

Est-ce que cela a quelque chose à voir avec leur type inhérent de pensée émotionnelle ?

Il n’y a pas encore de réponse à cette question. Il nous semble qu’une telle possibilité existe, mais tout cela reste à confirmer. Il existe des centaines de types de méditation différents, et si une personne n'obtient rien de l'une d'entre elles, cela ne signifie pas qu'elle n'obtiendra rien de l'autre. C’est l’une des raisons pour lesquelles vous devriez étudier différents types de pratiques de méditation.

Comprenez-vous déjà généralement le mécanisme de la corrélation entre méditation et bonne humeur, ou en êtes-vous encore au début du voyage ?

Nous n’avons pas encore parcouru ce chemin jusqu’au bout. Du point de vue du développement d'une discipline scientifique, notre domaine de recherche est encore très jeune : quinze ans, c'est un temps très court pour la science. Les méthodes de recherche changent chaque année, surtout aujourd’hui avec le développement de la technologie. De manière générale, je pense qu’il est important de comprendre et d’accepter qu’aujourd’hui la quantité d’informations inconnues dépasse largement tout ce que nous savons déjà. Et nous en savons assez pour dire : ce domaine a du potentiel et mérite des recherches sérieuses. Mais bien entendu, nous n’avons pas encore résolu tous les problèmes.

La méditation aide-t-elle à prévenir la dépression ?

Il existe des preuves suggérant que certains types de méditation, en particulier lorsqu'elles sont associées à d'autres traitements tels que la thérapie cognitive, peuvent être utiles. Il existe une technique appelée thérapie cognitive de pleine conscience qui s'est avérée efficace pour prévenir la dépression et réduire le risque de rechute. La dépression a tendance à réapparaître : si une personne a présenté au moins une fois des symptômes de dépression clinique, la probabilité qu'ils réapparaissent est très élevée. Mais si vous pratiquez une thérapie cognitive de pleine conscience pendant la rémission, le risque de rechute diminue. Nous pouvons dire qu’il s’agit aujourd’hui de la preuve la plus importante des bienfaits des pratiques de méditation pour la prévention des maladies mentales.

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience est une méthode conçue pour prévenir les rechutes de dépression clinique. Elle amène le patient à comprendre les mécanismes qui sont à l'origine de l'apparition de la dépression et les raisons qui y conduisent. La pratique de la méditation s’ajoute également à l’entraînement cognitif.

Et enfin, la dernière question la plus importante. Pensez-vous savoir comment rendre quelqu'un heureux ?

Je pense que oui. Sans aucun doute. Il existe de nombreux exercices mentaux simples que les gens peuvent faire pour se sentir plus heureux. Par conséquent, il est préférable de considérer le bonheur et la bonne humeur comme une compétence ordinaire : si vous les entraînez, le succès viendra sûrement.

Interviewé par Elizaveta Ivtushok

Les algorithmes du cerveau sont uniques et influencent notre façon de penser et de ressentir. Bonne nouvelle : on peut les changer !

RICHARD J. DAVIDSON

Traduit de l'anglais Yu. Kojemyakina

ISBN 978-1594630897 Anglais

ISBN978-5-4461-0515-1

© Hudson Street Press, 2012

© Traduction en russe LLC Maison d'édition "Piter", 2017

© Édition en russe, conçue par Peter Publishing House LLC, 2017

© Série « Votre propre psychologue », 2017

Si vous croyez à la plupart des livres de développement personnel, des articles de psychologie populaires et des médecins télévisés, vous supposez probablement que les réactions des gens aux événements majeurs de la vie sont assez prévisibles. La plupart d’entre nous, selon les « experts », agissent à peu près de la même manière face à n’importe quelle expérience : il y a le même chagrin que tout le monde éprouve ; il y a une certaine séquence d'événements qui se produisent lorsque nous tombons amoureux ; il existe une réaction standard à la trahison ; Il existe des manières typiques pour presque toutes les personnes normales de réagir d'une certaine manière à la naissance d'un enfant, au fait d'être sous-estimé au travail ou à des charges de travail insupportables, au comportement provocant des adolescents, ainsi qu'aux changements inévitables qui nous arrivent. au fil des années. Les « experts » mentionnés ci-dessus recommandent avec confiance les mesures que nous pouvons tous prendre pour redevenir résilients émotionnellement, résister aux échecs dans la vie ou en amour, devenir plus (ou moins) sensibles, gérer nos peurs sans douter de nos capacités… et devenir plus résilients. de toutes les manières ce que nous aimerions.

Mais mes recherches menées depuis plus de trente ans ont montré que ces hypothèses « universelles » sont encore moins valables dans la sphère émotionnelle qu’en médecine. Par exemple, les scientifiques mènent des recherches sur la façon dont les échantillons d’ADN humain réagiront (entre autres) aux médicaments prescrits. Ces études ont marqué le début de l’ère de la médecine personnalisée, dans laquelle le traitement qu’un patient reçoit pour une certaine maladie sera différent de celui reçu par un autre patient atteint de la même maladie. Cela se produit pour la raison essentielle que les gènes de deux patients ne peuvent pas être identiques. (Un exemple important pour étayer cela : la quantité sûre de warfarine, un anticoagulant, qu'un patient peut prendre pour prévenir la formation de caillots sanguins dépend de la rapidité avec laquelle ses gènes métabolisent le médicament.) Lorsqu'il s'agit de la façon dont les gens réagissent à tout ce qui leur donne la vie sur la manière dont ils peuvent développer et entretenir la capacité d’éprouver de la joie, de créer des relations amoureuses, de faire face à l’échec et, de manière générale, de vivre pleinement leur vie, les prescriptions doivent être individualisées. Dans ce cas, il ne s'agit pas seulement du fait que notre ADN est différent - même si c'est vrai, et l'ADN influence certainement nos caractéristiques émotionnelles - mais aussi de nos schémas d'activité cérébrale. Tout comme la médecine de demain pourrait être motivée par le déchiffrement de l’ADN d’un patient, la psychologie d’aujourd’hui pourrait être motivée par l’objectif de comprendre les schémas caractéristiques de l’activité cérébrale qui sous-tendent les traits et les états émotionnels qui définissent chacun de nous.

Tout au long de ma carrière de neurologue, j’ai vu des milliers de personnes qui avaient des réactions de même origine, mais qui en même temps réagissaient de manière complètement différente aux mêmes événements de la vie. Par exemple, certains sont restés joyeux face au stress, tandis que d’autres sont devenus anxieux, déprimés et incapables de réagir aux événements indésirables. Les personnes joyeuses, d'une manière ou d'une autre, peuvent non seulement résister à diverses situations stressantes, mais également en profiter, transformant l'échec en avantage. C’est ce mystère qui me motive encore aujourd’hui à mener des recherches dans ce domaine. Je voulais savoir comment différentes personnes réagissent au divorce, au décès d'un être cher, à la perte d'un emploi ou à toute autre adversité. Je m'intéressais également à ce qui détermine la réaction des gens face au triomphe dans leur carrière, à la conquête d'un être cher, à la prise de conscience que pour eux un ami traversera même des charbons ardents, vers diverses raisons de bonheur. Comment et pourquoi les gens diffèrent-ils tant dans leurs réactions émotionnelles face aux succès et aux échecs de la vie ?

La réponse qui ressort de mon travail est que différentes personnes ont des comportements différents. types émotionnels , qui sont un ensemble de réactions et d’expériences émotionnelles dont le type, l’intensité et la durée varient. Tout comme chaque personne possède des empreintes digitales et des traits du visage uniques, chacun de nous possède un ensemble unique de paramètres émotionnels qui font partie de qui nous sommes. Ceux qui nous connaissent bien peuvent souvent prédire comment nous réagirons face à un défi émotionnel particulier. Par exemple, de par mon type émotionnel, je suis une personne assez optimiste et vive, j'accepte les défis du destin, je me remets rapidement d'événements malheureux, mais j'ai parfois tendance à m'inquiéter de choses qui échappent à mon contrôle. (Ma mère, émerveillée par ma nature joyeuse, m'appelait son « garçon amusant ».) Le type émotif est la raison pour laquelle certains d'entre nous se remettent assez rapidement d'un divorce douloureux, tandis que d'autres plongent dans l'autoflagellation et le désespoir. C'est pourquoi un demi-frère rebondit rapidement après avoir perdu son emploi, tandis que l'autre demi-frère se sent comme un échec pendant des années. Le type émotionnel est la raison pour laquelle une amie agit comme le gilet dans lequel tout le monde pleure, tandis que l'autre reste à l'écart - émotionnellement et littéralement - chaque fois que ses amis ou sa famille ont besoin de sympathie et de soutien. C'est pourquoi certaines personnes peuvent lire le langage corporel et l'intonation de la voix comme un panneau d'affichage, tandis que pour d'autres, ces signaux non verbaux sont comme une langue étrangère. Et c’est pourquoi certaines personnes peuvent avoir un aperçu d’états d’esprit, de cœur et de corps dont d’autres n’ont aucune idée. Chaque jour nous offre d’innombrables occasions d’observer les types émotionnels en action. J'ai passé beaucoup de temps dans différents aéroports et je peux dire qu'il y a rarement des vols qui ne permettent pas de « recherche sur le terrain ». Comme nous le savons tous, je pense, il y a plus de raisons de modifier les horaires de vol qu'il n'y a d'avions quittant l'aéroport O'Hare vendredi soir. Cela inclut le mauvais temps, l'attente de l'équipage lors d'un transfert, des difficultés techniques et même des lumières de secours dans le cockpit que personne ne peut comprendre... la liste est longue. Ainsi, j'ai eu de nombreuses occasions d'observer les réactions des passagers (ainsi que la mienne) qui, en attendant de décoller, entendent une annonce indiquant que le vol est retardé d'une heure, deux heures, indéfiniment ou carrément annulé. Un gémissement général se fait entendre. Mais si vous regardez attentivement chaque passager individuellement, vous constaterez un large éventail de réactions émotionnelles. Voici un étudiant en sweat à capuche, secouant la tête au rythme de la musique qui coule dans ses oreilles de ses écouteurs, regardant à peine autour de lui avant de se concentrer sur son iPad. Voici une jeune maman voyageant avec un petit enfant qui ne cesse de s'agiter en marmonnant : « Oh, c'est tout simplement merveilleux ! », après quoi elle l'attrape et se dirige vers l'aire de restauration. Il y a aussi une femme en costume d'affaires : elle s'approche rapidement de l'employé qui se tient près de la porte d'embarquement et lui demande calmement mais résolument de lui trouver un autre vol - emmenez-la simplement aux négociations ! Alors, un homme aux cheveux gris en costume sur mesure s'est précipité vers une employée de l'aéroport et, assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre, lui a demandé si elle comprenait à quel point il était important pour lui d'arriver à destination ? Il insiste pour que la jeune fille appelle son patron, et à ce moment-là, le visage rougi, il crie que la situation actuelle est absolument inacceptable.

Richard Davidson est un neuroscientifique émotionnel et l'une des personnes à qui l'on doit la découverte du phénomène de neuroplasticité. Dans cette interview, il parle de son nouveau livre « La vie émotionnelle de votre cerveau » (en traduction russe « Comment les émotions gouvernent le cerveau »), de la manière dont nos styles émotionnels affectent nos vies et de la manière dont cela peut être modifié grâce à la méditation.

Pourriez-vous formuler brièvement ce que vous faites actuellement ?

Je fais des recherches que je résume dans mon livre, La vie émotionnelle de votre cerveau, sur les styles émotionnels des gens : comment ils réagissent différemment aux défis émotionnels. Le fait est que très tôt dans ma carrière, j'ai fait deux observations qui ont eu une influence décisive sur mon travail et ont constitué le cœur de mes futurs intérêts scientifiques.

La première observation était que la marque de toutes les émotions humaines est la façon dont chaque personne réagit différemment aux problèmes de la vie.

Chacun de nous a une structure émotionnelle tout à fait unique, et cette individualité est responsable du fait que certains d'entre nous sont facilement bouleversés, et certains ont une grande flexibilité émotionnelle, certains se sentent bien malgré l'adversité objective, et certains tombent rapidement dans le désespoir en réponse à la moindre ennui.

Le deuxième constat, c'est que j'ai eu beaucoup de chance : au début de ma carrière, j'ai eu la chance de travailler avec plusieurs personnes exceptionnelles. Ils se distinguaient non pas parce qu'ils possédaient des diplômes universitaires ou avaient obtenu de grands succès professionnels, mais parce qu'ils se distinguaient par un style émotionnel très particulier, une manière particulière de se comporter. C'étaient des gens extrêmement gentils et généreux. Ils étaient très attentifs et lorsque j’étais en leur présence, j’avais l’impression que toute leur attention était concentrée sur moi. Je voulais passer le plus de temps possible avec ces gens. Et j'ai découvert que tous ces gens avaient Une chose qu’ils avaient en commun était qu’ils méditaient régulièrement.

Ensuite, j'ai commencé à leur demander s'ils avaient toujours été comme ça, et ils m'ont assuré que non : ces traits de caractère s'étaient développés en eux à la suite de la pratique méditative.

Ce n’est que plusieurs années plus tard que j’ai découvert le phénomène de la neuroplasticité et que j’ai réalisé que ce sont les mécanismes de la neuroplasticité qui pouvaient expliquer comment se forme notre style émotionnel et comment il peut être modifié.

Bien que la plupart des adultes aient un style émotionnel assez stable, il peut être modifié grâce à des exercices mentaux systématiques. En transformant notre esprit, nous pouvons changer notre cerveau de manière très claire et concrète. Et c’est la sphère émotionnelle qui est la plus importante dans ces changements. Parce que ce sont nos styles émotionnels qui jouent un rôle extrêmement important et déterminant lorsqu’il s’agit de savoir qui sera le plus vulnérable à la psychopathologie et qui ne le sera pas. Les styles émotionnels ont également un impact crucial sur notre santé physique.

Notre bien-être mental et physique sont inextricablement liés.

De quoi parle votre nouveau livre ?

Dans mon livre, je décris six styles émotionnels que j'ai identifiés grâce à des recherches neuroscientifiques.

Les six styles sont : 1. Flexibilité :

À quelle vitesse ou lentement vous remettez-vous de l’adversité ? Combien de temps ressentez-vous des émotions positives après un événement joyeux ?

3. Intuition sociale : Avec quelle précision êtes-vous capable de détecter les signaux sociaux non verbaux d’autres personnes ?

4. Contexte : Reliez-vous vos émotions au contexte qui vous entoure ?

5. Conscience de soi : Dans quelle mesure êtes-vous conscient de vos propres signaux corporels qui composent chaque émotion ?

6. Attention : Dans quelle mesure votre attention est-elle concentrée ou floue ?

Et ce n'est pas comme si je m'étais assis un jour et que j'avais décidé de déterminer combien de styles émotionnels il existe et quels styles ont du sens pour les gens. Chacun de ces styles a émergé à part entière à la suite d’un ensemble important de recherches que mes collègues et moi avons menées au cours des 30 dernières années en utilisant des techniques neuroscientifiques rigoureuses.

Ces styles ne semblent pas évidents et ne peuvent pas être clairement liés à des typologies bien connues, comme la division entre extravertis et introvertis. Mais comme je l’explique dans mon livre, ces styles peuvent expliquer les composantes des types psychologiques courants.

Et le fait que ces styles soient essentiellement déterminés par nos systèmes neuronaux nous donne des indices importants pour comprendre comment chacun de ces styles affecte notre comportement émotionnel et comment ces styles affectent les systèmes subordonnés du corps physique qui sont importants pour notre santé physique.

Dans quelle mesure le style émotionnel d’une personne est-il conscient ?

De nombreux aspects du style émotionnel sont inconscients. Ils constituent nos habitudes émotionnelles, dont la plupart se développent en l’absence de conscience. Par exemple, la plupart d’entre nous ignorent complètement combien de temps après un événement difficile nous continuons à ressentir des émotions négatives.

Le style de conscience de soi met l'accent sur le fait que bon nombre de nos processus corporels impliqués dans la formation des émotions ne sont tout simplement pas conscients de nous. Je voulais que les gens prennent conscience de leurs habitudes mentales qui n’étaient pas conscientes auparavant, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre.

Ma passion est qu'en décrivant la nature des styles émotionnels et leur lien avec la structure et l'activité du cerveau, je peux aider les autres à commencer à reconnaître leurs styles et schémas émotionnels - et cette prise de conscience est toujours la première et souvent la plus importante étape vers le changement.

Donc, si vous souhaitez modifier certains aspects de votre style émotionnel, vous devez d’abord déterminer quelles composantes de votre esprit seront essentielles à la réalisation de ces changements.

Dans mon livre, je propose des tests simples par questionnaire pour déterminer la gravité de chacun des six styles émotionnels en vous - afin que vous puissiez déterminer lesquels d'entre eux sont plus ou moins exprimés en vous. Et je propose également des stratégies simples pour changer vos styles émotionnels, si vous êtes un ami prêt à le faire. Ces stratégies sont dérivées d’anciennes pratiques de méditation et s’appuient sur la recherche scientifique moderne. Et ensemble, ils constituent ce que j’appelle des « interventions comportementales d’inspiration neuronale ».

Ces interventions naissent d’une certaine compréhension du cerveau et utilisent des techniques mentales ou comportementales simples qui peuvent vous aider à transformer votre esprit et, par conséquent, à changer votre cerveau. Dans le livre, je montre également que nous pouvons tous assumer beaucoup plus de responsabilités à l’égard de notre propre cerveau et le façonner intentionnellement de manière plus positive.

D’après mon expérience, le sujet de la méditation suscite encore beaucoup de scepticisme parmi les scientifiques et ceux qui se considèrent athées. Pourriez-vous décrire ce que vous entendez par « méditation » et pourquoi vous pensez que cette pratique est si importante pour comprendre le cerveau humain ?

L’une des définitions du mot « méditation » en sanskrit est « conscience ». Et si l’on garde cela à l’esprit, la famille de pratiques mentales qui composent la méditation peut être considérée comme un ensemble de stratégies visant à familiariser une personne avec son propre esprit. En ce sens, la méditation peut nous aider à éclaircir nos perceptions intérieures de manière à nous permettre de voir notre propre esprit avec plus de clarté.

Pour ceux qui étudient l’esprit humain, cette pratique peut être extrêmement informative et fournir une vision phénoménologique interne de notre esprit qui diffère de la vision objective des approches scientifiques.

De plus, la méditation nous renvoie à des pratiques mentales permettant de développer l’attention et la régulation émotionnelle. Par exemple, certaines pratiques consistent à concentrer l’attention sur la respiration et à y revenir chaque fois qu’une personne se rend compte qu’elle est distraite et que son esprit vagabonde. Grâce à cela, au fil du temps, vous pourrez développer une attention sélective.

Terme « méditation de pleine conscience » fait référence à un type de méditation dans lequel les praticiens apprennent à diriger leur attention intentionnellement et sans jugement. Et ici « pas de jugement » est une partie très importante du processus - car apprendre à ne pas juger modifie progressivement nos réponses émotionnelles aux stimuli : nous apprenons simplement à observer l'activité de notre esprit et la façon dont il réagit aux stimuli qui peuvent provoquer des réactions négatives ou positives. émotions, sans que ces émotions nous consument.

Biographie

Recherche scientifique

Davidson étudie le lien entre l'activité cérébrale et l'émotion.

Vulgarisation de la science

Davidson est connu comme un spécialiste de la méditation et un promoteur de la méditation en tant que pratique de santé, comparant les bienfaits de la méditation pour la santé à ceux de l'exercice. En 2012, avec la journaliste scientifique Sharon Bigley ( Anglais) a écrit le livre La vie émotionnelle de votre cerveau : comment ses schémas uniques affectent la façon dont vous pensez, ressentez et vivez - et comment vous pouvez les modifier.

Prix ​​et récompenses

Travaux majeurs

Articles de revues :

Livres :

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Remarques

Links

Passage caractérisant Davidson, Richard

Lorsque Boris et Anna Pavlovna revinrent dans le cercle général, le prince Hippolyte reprit la conversation.
Il s'avança sur sa chaise et dit : Le Roi de Prusse ! [Le roi de Prusse !] et ayant dit cela, il rit. Tout le monde se tourna vers lui : Le Roi de Prusse ? - demanda Hippolyte, riant encore et encore calmement et sérieusement s'asseyant au fond de sa chaise. Anna Pavlovna l'attendit un peu, mais comme Hippolyte ne semblait décidément plus vouloir parler, elle commença un discours sur la façon dont l'impie Bonaparte avait volé l'épée de Frédéric le Grand à Potsdam.
«C"est l"épée de Frédéric le Grand, que je... [C'est l'épée de Frédéric le Grand, que je...] - commença-t-elle, mais Hippolyte l'interrompit avec les mots :
« Le Roi de Prusse... » et encore une fois, aussitôt qu'on lui adressa la parole, il s'excusa et se tut. Anna Pavlovna grimaça. MorteMariet, amie d'Hippolyte, se tourna résolument vers lui :
– Voyons a qui en avez vous avec votre Roi de Prusse ? [Et le roi de Prusse ?]
Hippolyte rit, comme s'il avait honte de son rire.
- Non, ce n "est rien, je voulais dire seulement... mettre toute la soirée.) Je voulais dire seulement, que nous avons tort de faire la guerre pour le roi de Prusse.
Boris sourit avec précaution, de sorte que son sourire pouvait être qualifié de moquerie ou d'approbation de la plaisanterie, selon la manière dont elle était reçue. Tout le monde a ri.
« Il est très mauvais, votre jeu de mot, très spirituel, mais injuste », dit Anna Pavlovna en secouant son doigt ridé. – Nous ne faisons pas la guerre pour le Roi de Prusse, mais pour les bons principes. Ah, le marchand, ce prince Hippolytel [Votre jeu de mots n'est pas bon, bien habile, mais injuste ; nous ne nous battons pas pour le roi de Prusse (c'est-à-dire pour des bagatelles), mais pour un bon départ. Oh, comme il est méchant, ce prince Hippolyte !] », dit-elle.
La conversation s'est poursuivie tout au long de la soirée, portant principalement sur l'actualité politique. En fin de soirée, il s'est montré particulièrement animé à l'occasion des récompenses décernées par le souverain.
"Après tout, l'année dernière, NN a reçu une tabatière avec un portrait", a déclaré l'homme à l'esprit profond, "pourquoi SS ne peut-il pas recevoir la même récompense ?"
« Je vous demande pardon, une tabatière avec le portrait de l'Empereur est une récompense, mais point une distinction », dit le diplomate, un cadeau plutot. une distinction; plutôt un cadeau.]
– Il y a eu plutot des antécédents, je vous citerai Schwarzenberg. [Il y avait des exemples - Schwarzenberg.]
"C"est impossible, [C'est impossible", objecta l'autre.
- Pari. Le grand cordon, c"est différent... [La bande, c'est une autre affaire...]
Quand tout le monde se leva pour partir, Hélène, qui avait très peu parlé toute la soirée, se tourna de nouveau vers Boris pour lui demander et lui donner l'ordre doux et significatif qu'il soit avec elle mardi.
"J'en ai vraiment besoin", dit-elle avec un sourire en regardant Anna Pavlovna, et Anna Pavlovna, avec le sourire triste qui accompagnait ses paroles en parlant de sa haute patronne, confirma le désir d'Hélène. Il sembla que ce soir-là, à la suite de quelques paroles prononcées par Boris à propos de l'armée prussienne, Hélène découvrit soudain le besoin de le voir. Elle semblait lui promettre qu'à son arrivée mardi, elle lui expliquerait ce besoin.
En arrivant mardi soir dans le magnifique salon d'Hélène, Boris n'a pas reçu d'explication claire sur les raisons pour lesquelles il devait venir. Il y avait d'autres invités, la comtesse lui parlait peu, et seulement en lui disant au revoir, quand il lui baisa la main, elle, avec un étrange manque de sourire, à l'improviste, dans un murmure, lui dit : Venez demain diner... le soir. Il faut que vous veniez… Venez. [Viens dîner demain... soir. J'ai besoin que tu viennes... Viens.]
Lors de cette visite à Saint-Pétersbourg, Boris est devenu un proche de la maison de la comtesse Bezukhova.

La guerre éclatait et son théâtre se rapprochait des frontières russes. Partout on entendait des malédictions contre l'ennemi du genre humain, Bonaparte ; Guerriers et recrues se rassemblaient dans les villages et des nouvelles contradictoires arrivaient du théâtre de la guerre, fausses comme toujours et donc interprétées différemment.
La vie du vieux prince Bolkonsky, du prince Andrei et de la princesse Marya a changé à bien des égards depuis 1805.
En 1806, le vieux prince fut nommé l'un des huit commandants en chef de la milice, puis nommé dans toute la Russie. Le vieux prince, malgré sa faiblesse sénile, devenue particulièrement visible à l'époque où il considérait son fils tué, ne se considérait pas en droit de refuser le poste auquel il avait été nommé par le souverain lui-même, et cette activité nouvellement découverte l'excitait et le fortifiait. Il voyageait constamment à travers les trois provinces qui lui étaient confiées ; Il était pédant dans ses fonctions, strict jusqu'à la cruauté avec ses subordonnés, et il descendait lui-même dans les moindres détails de l'affaire. La princesse Marya avait déjà cessé de suivre des cours de mathématiques avec son père et ce n'est que le matin, accompagnée de sa nourrice et du petit prince Nikolaï (comme l'appelait son grand-père), qu'elle entrait dans le bureau de son père lorsqu'il était à la maison. Le bébé prince Nikolai vivait avec sa nourrice et sa nounou Savishna dans la moitié de la défunte princesse, et la princesse Marya passait la majeure partie de la journée dans la crèche, remplaçant, du mieux qu'elle pouvait, la mère de son petit neveu. M lle Bourienne aussi semblait passionnément amoureuse du garçon, et la princesse Marya, se privant souvent, cédait à son amie le plaisir de nourrir le petit ange (comme elle appelait son neveu) et de jouer avec lui.
Sur l'autel de l'église de Lysogorsk, il y avait une chapelle sur la tombe de la petite princesse, et dans la chapelle un monument en marbre apporté d'Italie a été érigé, représentant un ange déployant ses ailes et se préparant à monter au ciel. La lèvre supérieure de l'ange était légèrement relevée, comme s'il était sur le point de sourire, et un jour le prince Andrei et la princesse Marya, sortant de la chapelle, s'avouèrent que c'était étrange, le visage de cet ange leur rappelait le visage d'un femme décédée. Mais ce qui était encore plus étrange, et ce que le prince Andrei n'a pas dit à sa sœur, c'est que dans l'expression que l'artiste a accidentellement donnée au visage de l'ange, le prince Andrei a lu les mêmes mots de doux reproche qu'il a ensuite lu sur le visage de sa femme décédée : "Oh, pourquoi m'as-tu fait ça ?..."

Richard Davidson, neuroscientifique de renommée mondiale, souhaite que vous sachiez trois choses : 1. Vous pouvez entraîner votre cerveau à le modifier. 2. Ces changements peuvent être mesurés. 3. De nouvelles façons de penser peuvent améliorer votre cerveau. Récemment encore, cela ressemblait à de la science-fiction. Aujourd'hui, le chercheur sur la pleine conscience le plus cité au monde et ses collègues tiennent cela pour acquis et poursuivent leurs expériences de pointe à l'Université du Wisconsin-Madison.

Votre cerveau est différent du reste de votre corps dans le sens où il est conçu pour changer constamment. « Le cerveau n’est pas quelque chose de statique. Cela change tout le temps », explique Richard Davidson, professeur de psychologie et de psychiatrie à l'Université du Wisconsin-Madison. « Que nous apprenions à jouer au tennis ou que nous jouions à Words avec des amis sur nos téléphones, nous changeons notre cerveau », s'enthousiasme-t-il. - Le cerveau n'est pas une voiture qui sort de la chaîne de montage et reste inchangée (sauf lorsqu'elle est en panne). Le cerveau continue de changer tout au long de notre vie. Et Davidson pense que c'est une très bonne nouvelle.

Pourquoi la « neuroplasticité » est-elle une si bonne nouvelle ? Citons une raison très impérieuse. Les recherches de Davidson montrent que passer seulement 30 minutes par jour à apprendre à notre cerveau à faire quelque chose différemment donne de vrais résultats - et ces changements peuvent non seulement être observés dans les scanners cérébraux, mais également mesurés. Ces études sont réalisées par 60 à 65 scientifiques, docteurs en sciences médicales, assistants de recherche et étudiants en master du « Centre d'étude des esprits sains » ( Сenter for Investigating Healthy Minds, ci-après - Centre) au Weisman Center de l'Université du Wisconsin-Madison, que Davidson a fondé en 2008 et en est devenu le directeur.

"Nous pouvons consciemment définir la direction dans laquelle les changements plastiques se produiront dans notre cerveau", explique Davidson, assis dans son bureau ensoleillé de février à Madison.

« Par exemple, lorsque nous nous concentrons sur des pensées bonnes et saines et définissons nos intentions en conséquence, nous pouvons potentiellement influencer la plasticité de notre cerveau et la modifier efficacement de manière à conduire à de réelles améliorations dans nos vies. Et il en résulte inévitablement que des qualités telles que la chaleur et le bien-être doivent être reconnues comme des compétences qui peuvent être développées.»

À l'extérieur des larges fenêtres de son bureau sur le campus universitaire, des couches de neige froides coulent, couvertes d'ombres géométriques du Weissman Center, relié au Center for Healthy Thinking Research et situé à côté de l'hôpital et des cliniques de l'Université du Wisconsin à Madison.

Il fait très froid en plein hiver ici à Madison, ce qui contraste avec la chaleur des habitants. Une fois que vous aurez appelé un taxi, on vous demandera certainement : « Cela vous dérange-t-il s'il y a un autre passager dans la voiture et que vous partagez le paiement ? Pendant les sessions, l'université semble littéralement pleine à craquer, mais en même temps elle parvient à préserver l'esprit américain chaleureux. Il n'est pas surprenant que ce soit ici que se trouve le Centre qui étudie la pratique de la méditation, ainsi que des recherches sur des qualités de notre esprit telles que la gentillesse, la compassion et la capacité de pardonner.

Quelques minutes passées par un méditant dans une chambre IRMf fourniront une énorme quantité de données qui nécessiteront des mois de travail pour être analysées et interprétées.

L'ouverture de ce centre a marqué un triomphe personnel et personnel pour Davidson. Lorsqu'il était étudiant diplômé au milieu des années 1970, il a choqué ses professeurs en se rendant en Inde pour faire des recherches sur les pratiques méditatives et les enseignements bouddhistes. Après trois mois passés en Inde et au Sri Lanka. Davidson est rentré chez lui avec la certitude qu'il étudierait la méditation.

Mais ses professeurs l’ont rapidement désabusé, l’avertissant que s’il avait le moindre espoir de poursuivre une carrière scientifique, il ferait mieux d’abandonner les pensées méditatives et de suivre une voie plus traditionnelle. Davidson est donc devenu un praticien secret et un neuroscientifique dédié à l'étude approfondie des émotions humaines.

Selon Davidson, dans ces premières années, la recherche sur la méditation n'était pas convaincante - il s'agissait d'une tentative extravagante pour obtenir des résultats magiques qui ne suivaient pas les protocoles standards et ne s'appuyaient pas sur la méthodologie d'études antérieures dans des domaines similaires.

Par exemple, une étude qui aurait établi un lien entre les pics de criminalité et l’activité des praticiens de la méditation transcendantale dans une ville a longtemps terni la recherche sur la méditation en général et a contribué à garder tout cela secret.

Il dit également que « la science et les méthodes de cette époque n'étaient pas adaptées à l'étude de l'expérience intérieure subtile ». Il leur manquait des technologies modernes telles que l’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), qui fournit une image animée de l’activité cérébrale.

Ils n’avaient aucune compréhension de l’épigénétique, le processus par lequel la structure de nos gènes peut changer tout au long de notre vie. «Mais surtout», ajoute Davidson, «nous manquions de compréhension de la neuroplasticité. Il est désormais généralement admis que le cerveau est un organe qui change en réponse à l’expérience et, surtout pour notre recherche, en réponse à l’entraînement. »

Le personnel du Centre pratique ensemble dans la salle de méditation. L'expérience personnelle de la méditation aide les chercheurs à mieux comprendre ce qu'ils étudient.

Des vies plus saines et plus heureuses

Fondamentalement, le Centre est engagé dans ce que la médecine moderne appelle la « recherche translationnelle », c'est-à-dire qu'il teste immédiatement toutes les découvertes scientifiques dans la pratique clinique, sur des personnes réelles vivant une vie ordinaire. Cela aide à la fois ces personnes et les scientifiques qui voient immédiatement des applications pratiques à leurs découvertes. Il crée également un circuit pédagogique à travers lequel le public peut voir et apprécier les bienfaits de la méditation d'un point de vue scientifique. Davidson a consacré sa vie aux découvertes scientifiques démontrant que l’entraînement de l’esprit peut aider les gens à devenir plus heureux et en meilleure santé.

Pour de nombreux méditants, parler du « cerveau » semble matérialiste, comme si tout ce que nous étions était un morceau de chair chargée électriquement. De la même manière, de nombreux scientifiques se sentent mal à l’aise lorsqu’ils parlent de quelque chose d’aussi intangible que la conscience. Où se trouve-t-il ? Comment peut-on le mesurer ?

Davidson est à l’aise et habitué à parler de ces deux sujets – tout comme de nombreux autres chercheurs modernes. Bien sûr, définir et décrire la conscience n’est pas aussi simple que décrire le cerveau, mais le Centre utilise le terme « esprits sains » parce que ces esprits – différents types d’esprits – peuvent être entraînés efficacement de diverses manières. Et un tel entraînement « laisse littéralement ses marques » sur le cerveau - elles peuvent être détectées et mesurées.

Ces résultats mesurables sont extrêmement importants : non seulement ils aident la science occidentale à mieux comprendre la nature du cerveau et ses capacités, mais ils fournissent également des preuves convaincantes des bienfaits de la méditation aux agences gouvernementales des États-Unis telles que le ministère de l'Éducation, le National Instituts de la Santé, ministère de la Défense et même ministère de l'Énergie.

En tant que neuroscientifique et auteur à succès du New York Times, Davidson a été largement présenté dans les médias populaires, du Time à la Harvard Business Review. Les travaux de recherche et la rédaction de livres occupent tout son temps. Bien qu'il soit lui-même méditant depuis plus de 20 ans, Davidson sait à quel point il peut être difficile d'intégrer une autre « habitude » dans un horaire de travail chargé du 21e siècle, malgré les preuves scientifiques selon lesquelles cela conduit à un plus grand bonheur et à une meilleure qualité de vie. .

"Les neurosciences ont montré que de courtes pratiques effectuées plusieurs fois au cours de la journée constituent un moyen très puissant de créer des changements durables dans le cerveau", explique Davidson. - Bien sûr, nous avons encore beaucoup de recherches à faire. Et l'une des questions est : qu'est-ce qui est mieux : méditer une fois pendant 30 minutes par jour ou faire trois pauses de pratique de 10 minutes pendant la journée ? Nous ne le savons pas encore."

Mais Davidson est extrêmement passionné par cette question. À tel point que cette année, il participe à une nouvelle initiative : le développement de programmes d'entreprise. « Nous souhaitons développer un ensemble de courtes pratiques qui seront distribuées tout au long de votre journée et que vous pourrez suivre sur votre ordinateur et obtenir un retour immédiat. C'est comme un Fitbit pour l'esprit."

Tout orateur expérimenté – et Davidson en fait partie – comprend le pouvoir d’une phrase précise et concise. Pourtant, il est impressionnant de voir avec quelle habileté il passe de la discussion de concepts neuroscientifiques très complexes à la discussion de préoccupations humaines très simples, comme la manière d'améliorer réellement votre vie.

Notre conversation prend une nouvelle direction. Ce que nous disons, c'est que parfois, l'apprentissage de la pleine conscience peut, à tort, devenir un simple entraînement à l'efficacité personnelle - via une concentration accrue, un entraînement par cœur de l'attention et de la conscience. Davidson note : « Nous devons toujours nous rappeler que toutes nos actions doivent également profiter aux autres. Cela fait toute la différence.

Les recherches et les opinions de Davidson intéressent le monde entier et ont déjà eu un impact significatif sur les communautés politiques et commerciales. Quelques semaines avant notre réunion, il a assisté au Forum économique mondial de Davos, en Suisse (2014), où il a parlé aux dirigeants et PDG du monde entier de ces qualités mentales saines et de la raison pour laquelle il est si important pour nous de les développer.

Enseigner le bien-être comme compétence

Il a fallu des décennies de recherche scientifique rigoureuse à Davidson pour affirmer avec certitude que le bien-être est une compétence qui peut être apprise et développée. Et au cours de ces études, la principale découverte a été la neuroplasticité, qui est désormais un concept généralement accepté.

« L’étude de la neuroplasticité nous a fourni un large cadre conceptuel pour l’étude de la méditation. Et nous avons constaté que même une courte période de pratique produisait des changements mesurables dans le cerveau.

« Notre cerveau change constamment, consciemment ou non – souvent inconsciemment. Nous avons tendance à être des pions dans le jeu des forces qui nous entourent. Notre recherche, au contraire, invite chacun à assumer davantage de responsabilité envers son esprit et son cerveau.

Alors, que peut-on mesurer et comment ? Heureusement, la technologie propose constamment de nouveaux instruments et techniques non invasives pour surveiller le fonctionnement du cerveau humain. Le centre utilise les meilleurs d'entre eux : l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positons (scanner TEP-CT), qui créent des numérisations tridimensionnelles des processus fonctionnels du corps et du cerveau.

A la fois massifs et élégants, ces appareils trônent dans les salles sombres et fraîches du Centre. Le plafond au-dessus de l'IRM est amovible : un manipulateur spécial peut soulever n'importe lequel d'entre eux et le déplacer vers un autre endroit ou le remplacer par un autre appareil selon les besoins. Il a fallu collecter des millions de dollars auprès de sponsors pour rendre possibles des solutions aussi constructives.

Le centre développe des jeux vidéo qui entraînent le cerveau des enfants à devenir plus gentils et plus empathiques.

L'un des principaux domaines de recherche du Centre, qui nécessite tous ces appareils, est la manière dont notre cerveau affecte notre corps et vice versa. Davidson souligne que "c'est un voyage à double sens". En changeant notre cerveau, nous changeons notre corps, et changer notre corps peut changer notre cerveau.

Le centre développe de courtes pratiques à utiliser sur le lieu de travail. Des fenêtres contextuelles apparaissent sur l'écran de votre ordinateur ou de votre téléphone toute la journée. Les utilisateurs disent souvent dans leurs commentaires que c'est comme un Fitbit pour l'esprit.

«L'un des axes importants de nos recherches est l'inflammation, qui est associée à de nombreuses maladies chroniques», explique Davidson. "Nous avons de plus en plus de preuves qu'au niveau biologique le plus élémentaire, certains types de pratiques de méditation peuvent réguler le fonctionnement des systèmes inflammatoires." Ils réduisent l’intensité de molécules spéciales – nous les appelons « cytokines anti-inflammatoires » – qui sont directement associées à l’inflammation.

Il mentionne les recherches du Centre, publiées en février 2014 dans la revue Psychoneuroendocrinology : « Nous avons étudié l'expression des gènes dans les lymphocytes du sang périphérique, avec un accent particulier sur les gènes associés à l'inflammation. »

Pour ce faire, Davidson et d’autres scientifiques, dont Melissa Rosenkranz, ont étudié les participants à un cours intensif de méditation d’une journée. Selon la description de Davidson, il s'agissait de « gens comme vous et moi – ils ont un travail » et mènent une vie ordinaire. D’une part, ils connaissaient bien la méditation et pratiquer pendant une journée entière en laboratoire était pour eux une tâche gérable. D’un autre côté, ils n’étaient pas des méditants de longue date comme les moines tibétains dont Davidson étudiait le cerveau dans les années 2000 en attachant des électrodes à leur cerveau pendant et après la méditation.

Les participants à une étude génétique sont venus au laboratoire et ont médité pendant huit heures. Ils ont prélevé des échantillons de sang avant et après la pratique, puis Davidson et son équipe ont observé des changements dans l'expression des gènes après avoir suivi un cours de méditation en laboratoire. Les résultats de ce groupe de méditants ont été comparés à un groupe témoin de non-méditants, dont les participants sont venus au laboratoire pour une « journée de repos » - ils ont regardé des vidéos calmes, lu et se sont promenés tranquillement.

Ce qui s'est passé? Les participants du groupe témoin n'ont pas montré les mêmes changements dans l'expression des gènes, a déclaré Davidson. Il s’agit de la première étude suggérant que « nous pouvons réellement constater des changements dans l’expression des gènes après une très courte période de pratique de la méditation ».

Comme tout scientifique pratique, Davidson place ces découvertes dans un contexte plus large : « Ce n’est en réalité que le début. Cette étude soulève un certain nombre de questions auxquelles nous n’avons pas encore pu répondre. »

Davidson avait déjà compris que l’expression des gènes n’est pas quelque chose de « donné et prédéterminé ». Dans son livre The Emotional Life of Your Brain, écrit avec Sharon Begley, il a déclaré aux lecteurs :

« Notre ADN ressemble davantage à une vaste collection de CD de musique. Ce n'est pas parce que vous possédez un disque que vous allez le lire. De même, ce n’est pas parce que vous possédez certains gènes qu’ils deviendront actifs (ou, comme le disent les généticiens, que ces gènes ne seront pas exprimés). Au contraire, l’expression des gènes est fortement influencée par notre environnement. Ainsi, même si nous pouvons avoir, par exemple, une prédisposition génétique à l’anxiété, si nous grandissons dans une atmosphère calme, cela pourrait calmer notre « DD anxieuse » et l’empêcher d’affecter le cerveau et, par conséquent, notre comportement ou notre tempérament. C'est comme si on ne mettait jamais ce disque dans le lecteur."

Davidson nous invite à imaginer comment nos vies changeraient si les pratiques contemplatives devenaient une partie habituelle et répandue de nos vies, ce qui nous encouragerait à développer des habitudes d'esprit saines. Il crée également un environnement social dans lequel les pratiques contemplatives deviennent habituelles - et il peut alors, avec d'autres scientifiques, étudier directement l'effet que la méditation a sur les gens ordinaires dans la vie ordinaire.

À ce jour, le Centre mène plus de 20 études. Certains étudient la santé mentale et physique et les facteurs conduisant à la maladie. D'autres s'intéressent aux effets de la méditation et de l'entraînement à l'empathie. D'autres encore s'intéressent aux processus de développement et d'apprentissage de l'enfant.

Il n’est pas étonnant que les agences de financement, l’université et toute une génération de jeunes neuroscientifiques aient autant confiance en Davidson et en ses recherches – celles-ci peuvent aider tant de personnes. Et ça aide déjà.