Qui a fait la traversée des Alpes. Poursuite du mouvement de l'armée russe

Lorsqu'on entend parler de la traversée des Alpes, on se souvient immédiatement de l'exploit de l'invincible Alexandre Souvorov et de ses guerriers. L’intrépide armée russe est inscrite à jamais dans l’histoire, mais a-t-elle été la première armée parmi plusieurs milliers d’autres à traverser les Alpes ? En fait, nous oublions souvent à tort le légendaire commandant punien Hannibal, dont l’histoire a inspiré et continue d’inspirer les descendants.

Si, à l'aide d'une machine à remonter le temps, nous revenons à l'époque de l'Empire romain, alors à la question « Qui était le principal ennemi de Rome ? n'importe quel Romain, sans hésitation, répondrait : « Hannibal ». Le commandant carthaginois rusé a infligé des défaites écrasantes aux Romains tant de fois que la peur de lui est restée pendant plusieurs siècles plus tard, et les enfants avaient peur d'Hannibal pour sa désobéissance. Un jour, le commandant carthaginois était sur le point de capturer la Ville éternelle, mais quelque chose l'empêcha d'ordonner un assaut. Qui sait à quoi aurait ressemblé l’histoire du monde entier si Rome était tombée ?

En tant que jeune homme, Hannibal Barca (traduit par « Barca » signifie « Foudre ») a juré de détruire la République romaine détestée. Il était clair pour Rome et Carthage qu’il serait impossible d’éviter une nouvelle guerre : les deux superpuissances étaient trop peuplées en Méditerranée. C’est pourquoi les chefs militaires des deux camps se sont préparés à une longue guerre.

L'année était 217 avant JC. Lorsqu'une armée impressionnante se rassembla sous le commandement d'Hannibal, il fut confronté à la question : faire la guerre sur le territoire de Carthage ou tenter d'envahir la péninsule des Apennins et ramener la guerre chez l'ennemi ? Et si vous combattez sur le territoire de Rome, alors comment y arriver : une route éprouvée à travers la Sicile ou essayer de surprendre l'ennemi d'une manière ou d'une autre et de lui imposer vos conditions ? Dans une situation difficile, Hannibal prend une brillante décision stratégique : se rendre à Rome via l'Espagne. Une idée absurde à première vue donnait aux Punes de nombreux avantages : la possibilité de reconstituer leur armée avec des guerriers issus de tribus amies gauloises et espagnoles ; l'armée se protégeait de la flotte ennemie qui l'attendait aux portes de Rome ; facteur de surprise.

S'étant fixé un objectif, Hannibal s'y dirigea pas à pas jusqu'à ce que des armadas de sommets enneigés se dressent devant son armée. Les guerres africaines, qui n'avaient rien vu de tel, furent étonnées, et les Gaulois locaux ne firent que lever les mains, confus. Dans la situation actuelle, la seule issue était d’avancer, en conservant l’élément de surprise. Et Hannibal et son armée se sont lancés dans l'assaut le plus risqué de sa vie : l'assaut des sommets alpins.

Sans cartes ni routes, sans vêtements chauds, dans la neige jusqu'aux genoux, avec des bêtes de somme et des éléphants de guerre, l'armée carthaginoise avançait de plus en plus loin.

Les plus grands problèmes étaient causés par les tribus guerrières des montagnards, qui se battaient toujours contre tous ceux qui venaient sur leurs terres. Ils tendent des embuscades dans les endroits les plus inattendus, attaquant les Carthaginois de loin, profitant du terrain montagneux. Mais leur technique préférée était le grand cri qu'ils émettaient près des guerriers passant sur des sentiers étroits. Non, leur cri n’a pas provoqué d’avalanche, comme on pourrait le penser. Les animaux et les éléphants de guerre, qui se frayaient un chemin dans la neige avec les gens, avaient peur des sons aigus. Effrayés, ils ont couru dans toutes les directions, sans prêter attention aux ordres, mutilant les gens et tombant des falaises avec leurs provisions. Un autre ennemi - la faim et le froid - n'a pas enlevé moins de monde à l'armée que les animaux enragés et les alpinistes sauvages. Les guides gaulois, qui connaissaient mal la région, perdirent à plusieurs reprises leurs traces, entraînant l'armée dans des impasses. Les guerriers et les animaux souffraient de la faim et il n'était possible de reconstituer les maigres réserves alimentaires qu'en détruisant de rares colonies de montagne.

Les gens étaient à bout lorsque la descente tant convoitée dans la vallée est enfin apparue. L'état des troupes était attesté de manière éloquente par le nombre de pertes, plus importantes lors de la descente que lors de la montée.

Hannibal a perdu presque tous ses animaux. Seul un éléphant sur vingt a survécu. Un tiers de l'armée resta à jamais dans les vallées alpines. Mais l'apparition inattendue des troupes carthaginoises en Italie a affecté les Romains comme un coup de tonnerre, et pendant encore plusieurs années, ils n'ont pas pu reprendre leurs esprits et ont subi défaite après défaite.

Hannibal Barca était le commandant préféré d'Alexandre Souvorov. Le futur généralissime a lu très jeune tous les livres qu'il pouvait trouver sur son idole. Il passa des heures à examiner les cartes de bataille, à étudier les tactiques et les manœuvres stratégiques d'Hannibal. À l'avenir, Suvorov a eu recours à plusieurs reprises aux conseils de l'ancien commandant. Les techniques tactiques qui ont fonctionné avant notre ère ont fait la gloire des armes russes au XVIIIe siècle ! L'Histoire sait surprendre ! Suvorov, comme son idole Hannibal, avait pour défi de diriger une armée à travers les Alpes. Qui sait, Suvorov n'a pas conduit ses héros miracles sur les mêmes routes sur lesquelles Hannibal Barca conduisait ses troupes il y a deux millénaires ?

Depuis l'enfance, nous savons qu'au cours d'une année lointaine, l'armée russe a traversé les Alpes pour une raison quelconque. L'armée était commandée par le grand Souvorov, qui n'a subi aucune défaite dans sa carrière militaire et qui, après cette campagne, a reçu le grade de généralissime. Cependant, tout le monde ne sait pas comment notre armée s'est retrouvée là-bas, pourquoi elle est passée de l'Italie à la Suisse et quels ont été les résultats (ou l'absence de résultats) de toute cette campagne.

Pendant très longtemps, j'ai voulu me rendre dans ces endroits précis où les soldats russes franchissaient les cols sans aucun moyen, battaient les Français et inscrivaient à jamais leurs noms dans l'histoire militaire mondiale. Et pendant les vacances d'été, j'ai réussi - sur le chemin de Grindelwald, nous avons traversé le col du Saint-Gothard, Andermatt et le pont du Diable, qui sont aujourd'hui inextricablement liés au nom du grand commandant russe.

Comme vous le savez, au cours de la guerre dite de la Deuxième Coalition (Autriche, Angleterre et Russie contre la France) en 1799, l'armée russe a réussi à libérer le nord de l'Italie des troupes françaises, à la suite de quoi Souvorov a reçu le titre de « Prince de Italie." Après cela, un autre corps russe débarqua en Hollande, des troupes autrichiennes de Suisse allèrent le rejoindre, et à leur place Suvorov était censé venir d'Italie : officiellement pour chasser enfin les Français de ce beau pays montagneux. Mais les Autrichiens ont violé l'accord et sont partis Suisse plus tôt, laissant les Russes seuls avec cinq fois la force des Français - Souvorov écrivit alors que cela avait été fait pour l'empêcher de prendre Paris, car ses victoires rapides en Italie effrayaient non seulement les Français, mais aussi les « alliés ». Cependant, malgré un tel avantage, l'armée russe a pu non seulement conserver l'essentiel de ses forces, mais également remporter plusieurs brillantes victoires.

Suvorov a traversé le col du Saint-Gothard, qui était à l'époque l'un des rares liens entre Italie et la Suisse. Selon les normes locales, le trajet jusqu'au Saint-Gothard depuis Lausanne est long - environ trois heures. Sur le chemin, il y aura quelques autres cols qui étonnent par leurs vues magnifiques et sur lesquels la voiture refuse obstinément de gravir une montagne escarpée.

Des images similaires ont été observées par de simples garçons de paysans que leur patrie a jetés au secours de pays lointains.

Le parcours à travers le Saint-Gothard était le plus difficile possible, mais aussi le plus rapide. Aujourd'hui, l'un des plus longs tunnels du monde a été creusé ici, mais à l'époque il n'y avait qu'une route taillée dans la pierre. Naturellement, nous avons roulé jusqu’au sommet et la vue depuis là est incroyable.

Les premiers combats eurent déjà lieu aux abords du Saint-Gothard. Le laissez-passer n'a été pris qu'à la troisième tentative et les résidents locaux ont accueilli les Russes avec joie. Ce tableau représente une rencontre avec les moines d'un monastère local.

L'un des habitants du quartier (un Italien, semble-t-il) a même accepté de servir de guide aux troupes russes. C'est pour cela qu'il a eu l'honneur de rejoindre Suvorov au monument érigé au col il y a plusieurs années.

Le monument est réalisé dans un style moderne de réalité déformée.

Avec des yeux d'enfant tristes, Alexandre Vassilievitch a regardé la réunion du club de piston local, qui s'est tenue ce jour-là à Saint-Gothard.

Juste au niveau du col se trouvent un lac et un musée où vous pourrez découvrir toute l'histoire de cette route depuis ses débuts.

Juste à l’entrée d’une des salles du musée se trouve un diable dans une pose provocante.

Cependant, outre le diable, le musée présente de nombreuses expositions intéressantes. Une grande partie, bien entendu, est consacrée à Souvorov et à sa campagne.

Une autre photo d'une rencontre avec les moines du Saint-Gothard (ci-dessus).

Mais il existe plusieurs autres expositions intéressantes. Si vous suivez mes histoires dans les musées suisses, vous savez déjà qu'il doit y avoir une sorte de diablerie en eux.

Et une autre image très intéressante intitulée « Matin des voyageurs ». Le meilleur homme ressemble beaucoup à A.S. Pouchkine.

Mais revenons à Souvorov. Depuis le Saint-Gothard, le chemin de Souvorov se trouvait à Andermatt, une petite ville de la vallée du Reis. En chemin, nos soldats ont vu les mêmes belles vues suisses.

À Andermatt, Souvorov a séjourné dans cette maison, où l'on peut encore voir le mobilier de sa chambre.

C'était à peu près la vue depuis la fenêtre de la suite Souvorov.

Après Andermatt, l'armée russe a dû surmonter l'un des obstacles les plus difficiles sur son chemin : le soi-disant « Pont du Diable ». Selon la légende, les habitants locaux n'ont pas pu construire un pont sur les gorges de la Reisa, et cela n'a été possible qu'avec l'aide du diable. Il a construit un beau pont en arc de vingt mètres de long, sans garde-corps ni clôture, et cette mince route était en fait le seul fil reliant l'Italie à la Suisse.

Le diable a construit le pont pour une raison : il a exigé le sacrifice de la première personne qui le traverserait. Les habitants ont déjoué le diable et ont envoyé un enfant sur le pont. Désormais, le diable et la petite chèvre sont peints à côté du nouveau viaduc routier.

Une autre difficulté pour traverser le pont du Diable était qu'à côté se trouvait ce qu'on appelle le « trou d'Urzern » - un passage étroit dans les rochers de 65 mètres de long et pas plus de trois mètres de large.

Les Français placèrent un canon au passage et se défendirent solidement.

Mais Suvorov les a déjoués - les troupes russes ont contourné le trou au fond de la gorge et ont attaqué par l'arrière, et en même temps une attaque rapide a été menée sur le pont du Diable. Les Français ont tenté de le détruire, et ils y ont partiellement réussi, mais les artisans russes ont démantelé la grange qui se trouvait à proximité, ont attaché les bûches avec des foulards d'officier et se sont précipités de l'autre côté.

Suisse. "Le pont du diable"

C'est ainsi que l'artiste Kotzebue l'a représenté à son époque...

Et voilà à quoi ressemble le pont aujourd'hui. Le pont supérieur est un pont automobile et celui du bas est un pont piétonnier. Mais ce n'est pas celui que Suvorov a traversé, mais un plus récent, c'est-à-dire qu'en théorie, il devrait déjà y en avoir trois. Si vous regardez bien, vous pourrez voir les supports du pont le plus ancien, depuis lequel des soldats russes et français sont tombés dans les eaux tumultueuses.

Et c'est haut de tomber ici.

La fuite en ce lieu est bouillonnante et descend jusqu'au Pont du Diable dans une cascade de cascades rugissantes.

Le pouvoir de Suvorov sur l'armée était si grand que les soldats n'avaient peur ni du foutu pont ni des éléments.

Le look moderne de cet endroit.

Et d'un autre côté

Un monument a été érigé juste au-dessus des gorges de Reisa en 1899, là où flotte encore aujourd'hui le drapeau russe. Ce terrain a été transféré à la Russie en souvenir de ces glorieuses victoires.

Une immense croix est gravée dans la roche, et en dessous se trouve une inscription en russe : « Aux vaillants compagnons du généralissime maréchal comte Souvorov, prince d'Italie Rymnik, décédé en traversant les Alpes en 1799 ».

Le monument dispose d'un restaurant et d'une boutique de souvenirs qui réussissent à monétiser le souvenir de cette transition.

Il est même difficile d'imaginer quelle a dû être la force et la volonté de Souvorov, à quel point son pouvoir sur l'armée était illimité, pour que vingt mille soldats russes, qui ont vu les montagnes pour la première fois, puissent traverser les Alpes dans des conditions inhumaines et résister. les quatre-vingt mille hommes de Masséna, l'un des meilleurs généraux napoléoniens. Et bien que cette campagne n'ait apporté aucun dividende politique à la Russie, Souvorov est rapidement tombé en disgrâce et est mort, et 12 ans plus tard, la Russie est de nouveau entrée en guerre avec Napoléon, les victoires de Souvorov en Suisse resteront à jamais l'une des pages les plus brillantes. dans l'histoire militaire russe.

Après le Pont du Diable, nous nous sommes dirigés vers Grindelwald pour passer toute la journée suivante à marcher à travers les montagnes. Mais nous en reparlerons dans le prochain épisode.

Je donnerais toutes mes victoires pour une campagne suisse de Souvorov.
Maréchal Masséna

La campagne suisse des troupes russes sous le commandement d'Alexandre Vasilyevich Suvorov (10 (21) septembre - 27 septembre (8 octobre 1799) est devenue une transition militaire exceptionnelle à travers les Alpes. Il s’agit d’un exemple classique de guerre en montagne et de la couronne de gloire du grand commandant russe.

Contexte de la campagne

La campagne à travers les Alpes est devenue une continuation de la campagne d'Italie : fin août 1799, à la suite des actions de l'armée d'A. Suvorov en Italie, nos troupes étaient soutenues depuis la mer par l'escadron du vice-amiral F. F. Ouchakov ( campagne méditerranéenne), la quasi-totalité de la péninsule est libérée de la force française Reste de l'armée française forte de 35 000 hommes du général Jean Moreau (environ 18 000 personnes), elle fut vaincue à Novi et se retira à Gênes. La région génoise reste la dernière région d'Italie sous contrôle français. Par conséquent, l'opération visant à vaincre le groupe génois des Français par l'armée russo-autrichienne sous le commandement d'Alexandre Souvorov (environ 43 000 personnes), qui conduirait au contrôle total de l'Italie, semblait être une prochaine étape naturelle.

Après cela, Suvorov envisageait de mener une campagne contre Paris. Et Napoléon, un autre génie militaire de l'époque, était en Égypte à cette époque ; il n'y avait personne pour arrêter le commandant russe, qui n'avait pas encore perdu une seule bataille.

Mais les brillantes victoires russes ont alarmé Vienne et Londres, parmi nos « alliés » dans cette guerre. Après la libération complète de l'Italie et la prise de Paris, les positions russes en Europe sont devenues trop fortes et la Russie a pu laisser ses forces militaires sur la péninsule des Apennins de manière permanente. Pour Londres, le renforcement de la position de l’Empire russe dans la région méditerranéenne était comme un coup de couteau dans la poitrine.

C’est pourquoi les « alliés » ont commencé à exiger que la Russie se rende en Suisse pour la libérer des forces françaises. Même s'il est clair qu'une frappe sur Paris a automatiquement résolu ce problème. Il est désormais clair que l’Autriche et l’Angleterre voulaient détruire non pas les Français en Suisse, mais l’armée russe des « héros miracles » Souvorov et notre génie militaire. Souvorov lui-même l'a compris et a déclaré ceci : « Ils m'ont conduit en Suisse pour m'y détruire. » Malheureusement, l'empereur russe, le chevalier romantique Paul Ier, ne l'a pas compris à ce moment-là, et ne l'a compris que plus tard, rompant les relations avec les « alliés », concluant une alliance avec Napoléon et commençant les préparatifs d'une attaque contre l'Angleterre - une campagne en Inde.

André Masséna, titres : duc de Rivoli, prince d'Esslingen (6 mai 1758, Nice - 4 avril 1817) - chef militaire des guerres républicaines françaises, puis de l'empire de Napoléon Ier.

Les Autrichiens prévoyaient de retirer toutes leurs forces (58 mille personnes) de Suisse et de les envoyer au secours du débarquement anglo-russe prévu en Hollande (30 mille). Ils voulaient remplacer les troupes autrichiennes par l'armée de Souvorov (environ 21 mille) et le corps russe d'Alexandre Rimski-Korsakov (24 mille) situés en Suisse. Paul accepta, mais exigea que Vienne, avant le retrait des forces autrichiennes, débarrasse la Suisse des troupes françaises. Les Autrichiens en ont fait la promesse, mais ne l'ont pas tenue et ont commencé à retirer leurs troupes. Le corps russe resta seul face à l'armée française sous le commandement de Masséna (84 mille). Certes, il convient de noter que l'archiduc Karl, le 18 (29) août 1799, ayant commencé le retrait des forces autrichiennes, se rendant compte qu'après le départ de l'armée autrichienne, les troupes russes se retrouveraient dans une situation désespérée, temporairement laissées sous sa responsabilité personnelle, jusqu'à l'arrivée de l'armée de Souvorov, sur le front suisse 22 mille soldats sous le commandement du général Friedrich von Hotze.

L'armée russe sous le commandement de Souvorov partit vers la Suisse à 7 heures du matin le 31 août (10 septembre 1799), après la capitulation de la garnison française de Tortona. Le 10 septembre, la campagne suisse elle-même a commencé, qui a abouti à une série de grandes et petites batailles, d'escarmouches et d'héroïsme constant des soldats russes.

Événements principaux

Des problèmes sont survenus dès le début : les Autrichiens ont dû préparer des bêtes de somme, des provisions et du fourrage. Mais lorsque l'armée russe s'est approchée des montagnes, il n'y avait rien, elle a dû passer plusieurs jours à récupérer la nourriture et les munitions manquantes. Considérant que la campagne entière a duré 17 jours, la perte de ce temps a été très importante.

Le 12 septembre, les forces russes attaquent les troupes françaises de droite, qui défendent le Saint-Gothard et la vallée de la Reuss, elles sont commandées par C. J. Lecourbe. La bataille directe contre les troupes russes a été menée par la brigade Guden (4,3 mille personnes) et la brigade Loison qui la soutenait (de même taille). Nos forces ont occupé le Saint-Gothard. A cette époque, Andrei Grigorievich Rosenberg (il commandait la colonne avancée), ayant commencé à se déplacer à l'aube du 13 septembre depuis Tavecch, marcha le long de la vallée de Reyskaya, repoussant les troupes françaises et, le soir, les conduisit au village d'Urzern.

Le 14 (25) septembre, après avoir rejoint la colonne de Rosenberg à Ursern, Alexandre Souvorov envoya un régiment sous le commandement du général Kamensky sur la rive gauche de la rivière Reus (Roys), sa tâche était de passer derrière les lignes ennemies au Pont du Diable. . Le commandant a mené ses forces le long de la rive droite vers le nord, mais a rencontré des obstacles naturels - ce qu'on appelle le trou d'Urzern et le pont du diable. Le trou d'Ursern était une galerie étroite et basse, creusée dans les rochers encadrant Reus, longue de 64 mètres et large, qui ne permettait le passage qu'à une seule personne avec un sac. Ensuite, la route descendait abruptement jusqu'au pont - une arche de pierre étroite sans garde-corps, longue de 20 mètres, enjambant la rivière Reuss à une altitude de 22-23 mètres. Mais les « héros miracles » de Souvorov, sous le commandement du colonel Trubnikov, ont réussi à contourner le tunnel gardé par les Français à travers les montagnes et les gorges de la rivière et, d'un coup soudain, ont vaincu le détachement français. Ensuite, les Français, qui se trouvaient sur la rive opposée, ont commencé à détruire le pont, mais n’ont pas eu le temps de le briser complètement, car les soldats de Kamensky sont apparus à l’arrière. Les soldats russes ont démantelé une grange voisine et ont recouvert le trou de bûches. Le premier à entrer dans ce passage fut l'officier Meshchersky III, il fut touché par le feu français, mais les Français ne purent arrêter les soldats russes, ils franchirent la barrière sous le feu ennemi et repoussèrent l'ennemi. Ensuite, le pont du Diable fut réparé de manière plus approfondie en quelques heures et les principales forces de Souvorov commencèrent à le traverser.

Le problème de la poursuite du mouvement

Le 15 septembre, comme prévu, des unités russes fatiguées, gelées et affamées sont arrivées dans la ville d'Altdorf. Une nouvelle « surprise » désagréable les y attendait. Il s’est avéré qu’il n’y avait tout simplement plus de route à partir d’ici ! Elle n'a pas été détruite par les Français ni par des catastrophes naturelles - la route n'a jamais existé, les alliés autrichiens ont simplement « oublié » d'en informer Suvorov. Schwytz, où se dirigeait l'armée, ne pouvait être atteinte que par le lac des Quatre-Cantons, mais les Français s'emparèrent de toutes les installations de passage. Il n'y avait que deux routes depuis Altdorf : de la vallée de Schachen au cours supérieur de la Linth et de la vallée de Maderan au Rhin supérieur. Mais ni l’une ni l’autre route ne menaient à Schwytz et à la jonction avec le corps de Rimski-Korsakov.

La situation était critique. Suvorov apprend qu'il existe actuellement deux sentiers de montagne qui peuvent être parcourus avec du matériel d'escalade. Ils traversaient les cols de Rose-Alp-Kulm (2172 mètres) et de Kinzig-Kulm (2073 mètres), traversaient la crête enneigée de Rostock jusqu'au village de Muten, et de là, une route se dirigeait vers l'ouest jusqu'à Schwyz. C'était un choix difficile : les réserves de nourriture étaient déjà épuisées, les chaussures étaient usées, les troupes étaient fatiguées par une marche d'une semaine et des combats dans les montagnes. Ce qu’il fallait, c’était une volonté de fer et une confiance en ses propres forces et en son peuple ; Alexandre Souvorov possédait tout cela. Le commandant décide de suivre le chemin le plus court - 18 km, par le col Kinzig-Kulm.

A l'aube du 16 (27 septembre), l'armée russe se met en route. Bagration marchait à l'avant-garde, suivi des unités des généraux Derfelden et Aufenberg, puis des meutes. Rosenberg resta pour couvrir l'arrière. Et ce n’est pas en vain que les unités de Rosenberg, lors de la transition des forces principales de Souvorov, repoussèrent deux attaques du corps français de Lecourbe. Les unités de Rosenberg sont parties en deux colonnes les 17 et 18 septembre, et Lecourbe n'a réalisé où était passée l'armée de Souvorov et n'a envoyé des messages à Masséna et à d'autres chefs militaires français que dans la matinée du 18. Ce fut une transition sans précédent, un véritable exploit de l’esprit russe. C'est pourquoi les Suisses locaux ont alors érigé des monuments à l'armée russe. Au bout de 12 heures, l'avant-garde atteint le village de Mutin et s'empare du poste français (150 personnes) sans combat. Le 17 au soir, la queue de l'armée arrive.

Les dernières parties de l'arrière-garde de Rosenberg arrivèrent dans la vallée de Muten le 18 septembre. Le même jour, Alexandre Suvorov a reçu un rapport écrit du général Linken sur la défaite du corps Rimski-Korsakov (14-15 septembre) et du détachement autrichien Hotze (14 septembre).

Sortir de l'encerclement

Il s'est avéré qu'après avoir accompli un exploit sans précédent, l'armée s'est retrouvée au bord de la mort ou d'une reddition honteuse. Le corps de Rimski-Korsakov fut vaincu au cours d'une bataille désespérée de deux jours contre des forces ennemies supérieures. Souvorov écrivit alors à l'archiduc Charles : « Vous répondrez devant Dieu du sang versé près de Zurich. »

Il était inutile de se rendre à Schwytz, occupée par les principales forces françaises. L'armée russe était encerclée dans la vallée de Muten, face à face avec des forces ennemies supérieures, avec une quantité limitée de munitions et de nourriture, épuisée par une transition difficile à travers les montagnes. Suvorov a tenu un conseil militaire au réfectoire du couvent franciscain Saint-Joseph. Des paroles y furent prononcées, largement en accord avec les discours du prince Sviatoslav avant la bataille décisive (voir annexe), et la décision fut prise de sortir de l'encerclement jusqu'à la ville de Glaris.

Le 18, l'armée bouge : la brigade autrichienne Aufenberg gravit le Bragelberg, abat les unités de la garde française et descend dans la vallée du Klental, suivie par les unités de Bagration, la division Chveikovsky et les forces principales. Rosenberg avec 4 000 hommes se tenait à Muten et couvrait l'arrière.

Les Français étaient inspirés par leurs succès et une ambiance victorieuse régnait dans l'armée française, mais ils devraient bientôt se laver avec du sang et oublier la victoire sur le grand Souvorov et ses « héros miracles ». Masséna prévoyait d'enfermer fermement l'armée russe dans la vallée. Et puis forcez-la à se rendre. Une partie des forces françaises est envoyée à la sortie de la vallée du Klental. Le commandant lui-même avec 18 mille. Le corps se dirigea vers Schwyz pour frapper à Muten, à l’arrière de l’armée de Souvorov.

Le 19 (30) septembre, la brigade autrichienne d'Aufenberg entre en bataille avec la brigade française du général Gabriel Molitor et est au bord de la défaite. Mais Bagration l'a sauvée : les Français ont été vaincus, ils ont fui et plus de 200 personnes se sont noyées dans le lac Ruten. Le 20 septembre, une contre-bataille a eu lieu avec des forces à peu près égales (5 à 6 000 personnes), les Français ont été vaincus, ont subi de lourdes pertes et la voie vers Glaris était ouverte. Mais bientôt la situation changea : la division Gazan s’approcha de Molitor vaincu. Désormais, les Français avaient la supériorité en force, la bataille reprit avec une vigueur renouvelée, le village de Nefels changea de mains 5 à 6 fois, mais il resta finalement avec Bagration.

Souvorov, afin d'éviter de lourdes pertes, ordonna à Bagration de se retirer à Netzstal. Dans la soirée du 20, les principales forces de l'armée russe étaient concentrées à Glaris.

Bataille dans la vallée de Muten

Au même moment, à l'arrière se déroulait une bataille entre les forces d'A. Rosenberg et les troupes d'André Masséna. 19 septembre 10 mille Les forces de Masséna ont attaqué 4 000 Rosenberg. La première ligne russe sous le commandement de Maxim Rebinder (Suvorov, en signe de grand respect, l'appelait par son nom) arrêta l'ennemi ; à l'approche de la deuxième ligne - sous le commandement de Mikhaïl Miloradovitch, les troupes russes lancèrent une contre-attaque. Les Français ont été renversés et conduits sur 5 kilomètres jusqu'à Schwytz, où ils s'y sont arrêtés sur ordre de Miloradovich.

La nuit, les derniers ravitaillements furent descendus du col jusqu'à Muten et trois régiments arrivèrent. Les forces de Rosenberg s'élevèrent à 7 000 baïonnettes. Le 20, Masséna décide de porter un nouveau coup décisif et jette au combat environ 15 000 personnes ; elles marchent en trois colonnes, avec une épaisse chaîne de fusiliers en tête. Le détachement avancé russe sous le commandement de Miloradovich a échangé des tirs avec l'ennemi et s'est retiré. Soudain, le détachement russe se dispersa sur les côtés, et les forces principales se retrouvèrent devant les Français ; elles furent construites sur deux lignes à trois rangs à une distance de 300 mètres l'une de l'autre ; Il y avait deux régiments en réserve. Et puis les Russes ont attaqué les Français stupéfaits. Ils ont rapidement réduit l'écart et le combat au corps à corps a commencé. Ils attaquèrent si violemment et désespérément que certains bataillons de la deuxième ligne devancèrent la première ligne. Les Français n'ont pas pu résister à l'assaut, ils ont été pris de panique et bientôt la bataille a dégénéré en l'extermination des troupes françaises. Masséna lui-même a failli être capturé : le sous-officier Ivan Makhotine l'a fait descendre de cheval et l'a attrapé par le collier. Il fut sauvé par le fait que Makhotin fut attaqué par un officier français et, pendant que Makhotin le poignardait, Masséna s'enfuit, ne laissant que son épaulette d'or entre les mains du héros de Souvorov.

Ce fut une défaite totale, les soldats français, poursuivis par les Cosaques, se rendirent en masse : seulement 3 à 6 000 personnes furent tuées, plus d'un millier furent capturées, nos pertes totales étaient d'environ 700 personnes. Choqué, Masséna n'ose pas organiser une nouvelle attaque.

Rosenberg a également induit Masséna en erreur : le commandant a donné l'ordre à la population de Schwyz de préparer des provisions pendant deux jours pour l'entrée de 12 000 soldats russes. Masséna était au courant de la prise de Glaris, mais décida qu'il s'agissait d'une frappe auxiliaire et que la frappe principale se ferait via Schwyz jusqu'à Zurich. Il transféra donc le commandement de Schwytz à Soult et se rendit à Zurich pour organiser la défense contre l'attaque du corps restauré Rimski-Korsakov. En conséquence, Masséna, qui disposait d'une supériorité numérique significative, abandonna l'action active. Rosenberg a pu se connecter avec Suvorov pendant 3 jours, sans opposition ennemie.

Andrei Grigorievich Rosenberg (21.1.1739, Riga - 25.8.181, Chernoye, province de Podolsk) - général d'infanterie russe.

Poursuite du mouvement de l'armée russe

En arrivant à Glaris, Alexandre Souvorov a constaté que le dernier espoir d'aide et d'assistance des forces autrichiennes avait disparu. Le général autrichien Linken et son détachement quittent sans raison la vallée de Linta et se replient dans les Grisons. Le 21 septembre (2 octobre), la brigade Aufenberg se sépare des forces de Souvorov et se replie derrière Linken. Puis, afin de sauver ses troupes, Souvorov décida de se diriger vers le sud et de se rendre à la ville d'Ilanz (via Schwanden, Elm, Ringenkopf, dans la vallée du Rhin). Cette décision a finalement été prise lors du conseil militaire du 23 septembre.
L'armée part dans la nuit du 23 au 24 septembre, la formation est modifiée : les forces avancées sont dirigées par Mikhaïl Miloradovitch, suivi des unités d'Andrei Rosenberg et Wilhelm Derfelden, et l'arrière est couvert par Peter Bagration, qui se distingue comme un excellent commandant d'arrière-garde, repoussant à plusieurs reprises l'ennemi attaquant par l'arrière.

Le 25 septembre (6 octobre) après minuit, les forces russes, qui n'étaient plus poursuivies par l'ennemi, se sont lancées dans le col du Ringenkopf (2 400 mètres d'altitude). Ce fut une transition très difficile : il était possible de marcher seul sur le chemin, il y avait un épais brouillard, nous marchions dans des chutes de neige et des vents forts, la couverture neigeuse atteignait un demi-mètre. Pendant la transition, jusqu'à 200 soldats russes sont morts ; les pertes sont encore plus importantes parmi les prisonniers français - jusqu'à 1 400 personnes. J'ai dû abandonner toutes mes armes. Nous avons dû passer la nuit au col, le 26 il y a eu une descente, le soir de ce jour les troupes russes ont atteint Ilanets et le 27 septembre - la ville de Kur. Là, les gens pouvaient se reposer et manger normalement ; l'armée est restée à Kura pendant 2 jours. Cela a mis fin à la campagne suisse.

Résultats

Alexandre Souvorov a prouvé une fois de plus son génie militaire, resté intact, et les soldats russes leurs magnifiques qualités de combattant.

La Russie a appris une autre leçon sur la confiance en ses « alliés ».

Les objectifs de l'opération - la défaite complète de l'armée française et le nettoyage des Français de la Suisse - n'ont pas été atteints en raison de la trahison ou de la stupidité des Autrichiens. Bien que les troupes d'Alexandre Souvorov aient vaincu à elles seules d'abord l'aile droite des Français sous le commandement de J. Lecourbe, qui défendait des positions presque imprenables, puis le centre ennemi sous le commandement d'André Masséna.

Le plus grand chercheur de la campagne suisse, D. Milyutin, a estimé les pertes totales de l'armée de A. Suvorov dans la campagne suisse à 5,1 mille personnes, dont 1,6 mille sont mortes, y compris celles tuées non pas au combat, mais gelées, écrasées lors du franchissement des cols. , et environ 1 mille blessés. C'est sur 21 mille. armée qui part en campagne. Ainsi, Souvorov a retiré plus des 3/4 de ses troupes de l'encerclement. Les pertes totales subies par les forces françaises ne sont pas connues avec précision, mais il est clair qu'elles étaient nettement supérieures aux pertes russes. Ainsi, seuls leurs dégâts lors de la bataille dans la vallée de Muten étaient comparables aux pertes totales de l’ensemble de l’armée de Souvorov. Le commandant russe lui-même estimait que les Français avaient subi 4 fois plus de pertes que son armée. 2,8 mille Français ont été capturés - la moitié d'entre eux sont morts en traversant le col du Ringenkopf. Et ceci malgré le fait que, descendu dans la vallée de Muten, Suvorov ne s'est pas efforcé de détruire l'armée française, mais de sortir l'armée de l'encerclement.

La campagne suisse de l'armée de Souvorov était l'un des plus grands exemples d'opérations militaires sur le théâtre de montagne de l'époque.

Cette campagne est devenue la véritable couronne de gloire militaire du commandant russe, le point culminant des victoires des armes russes au XVIIIe siècle. Pavel a hautement apprécié les activités de Suvorov - "En battant les ennemis de la patrie partout et tout au long de votre vie, il vous manquait une chose: vaincre la nature elle-même, mais vous avez maintenant pris le dessus sur elle aussi." Le commandant a reçu le grade militaire le plus élevé de l'Empire russe - généralissime. Les troupes étaient censées accorder à Souvorov des honneurs égaux à ceux impériaux, même en présence du tsar.

Paul Ier était furieux de la méchanceté des « alliés », rappela l'ambassadeur de Vienne et mit fin à l'alliance avec l'Autriche. La même année, l'ambassadeur fut rappelé d'Angleterre ; le corps russe en Hollande, qui était sous le commandement des Britanniques, « disparut » littéralement à cause de la faim et de la maladie. Paul change radicalement les orientations de sa politique étrangère, entame un rapprochement avec la France et défie l'Empire britannique.

Malheureusement, Alexandre Vassilievitch Suvorov n'a pas pu profiter des récompenses et des honneurs bien mérités, apporter de nouvelles victoires à la Russie, le 6 (18) mai, il est entré dans l'escouade céleste... Mémoire éternelle au plus grand chef militaire russe et à ses héros miracles ! Nous devons nous rappeler que nos ancêtres ont dû verser des rivières de sang et de sueur, corrigeant les erreurs des autres et la trahison de leurs « alliés ».

Application. Discours de Souvorov, enregistré à partir des paroles de Bagration au conseil militaire du monastère Saint-Joseph.

« Nous sommes entourés de montagnes... entourés d'un ennemi puissant, fier de la victoire... Depuis l'incident du Prut, sous le règne de l'empereur souverain Pierre le Grand, les troupes russes ne se sont jamais trouvées dans une situation aussi menaçante. la mort... Non, ce n'est plus une trahison, mais une trahison évidente... une trahison raisonnable et calculée, nous qui avons versé tant de notre sang pour le salut de l'Autriche. Maintenant, il n'y a plus personne de qui attendre de l'aide, un espoir est en Dieu, l'autre est dans le plus grand courage et le plus grand sacrifice de soi des troupes que vous dirigez... Nous avons devant nous le plus grand travail, sans précédent dans le monde. ! Nous sommes au bord du gouffre ! Mais nous sommes russes ! Dieu est avec nous! Sauvez, sauvez l'honneur et l'héritage de la Russie et de son autocrate !... Sauvez son fils... » L'aîné après Souvorov, le général Derfelden, au nom de toute l'armée, a assuré Souvorov que chacun remplirait son devoir : « Nous supporterons tout et ne déshonorera pas les armes russes, et si nous tombons, alors nous mourrons avec gloire ! Conduis-nous là où tu penses, fais ce que tu sais, nous sommes à toi, père, nous sommes russes ! "Merci", a répondu Suvorov, "je l'espère!" Content! Dieu ait pitié, nous sommes russes ! Merci, merci, vainquons l'ennemi ! Et la victoire sur lui, et la victoire sur la tromperie seront la victoire ! »

Les Alpes sont le système montagneux le plus élevé d'Europe occidentale, et le passage de troupes à travers elles était considéré comme impossible, car le passage d'une personne est un événement, et le passage d'une armée avec des animaux et des convois, des armes est déjà un événement historique. Cet impossible n'a été accompli que par deux armées dans toute l'histoire de l'humanité : Hannibal à la tête de l'armée carthaginoise et Souvorov à la tête de l'armée russe. De plus, Suvorov avait 69 ans et Hannibal n'avait que 29 ans.

Ces grands généraux connaissaient-ils les difficultés auxquelles leurs armées seraient confrontées lors de la traversée des montagnes ? Avez-vous eu une expérience de conduite d’opérations militaires en montagne ? Il y a 2017 ans entre ces campagnes, mais les commandants ont-ils conduit leurs soldats sur le même chemin ? Les réponses à ces questions sont devenues le sujet de mes recherches.

L'objet de la recherche était la littérature pédagogique et de référence, dans laquelle j'ai reçu des informations sur les raisons, les événements et les résultats des traversées des troupes d'Hannibal et de Suvorov à travers les Alpes.

La littérature décrit très bien les raisons, les principaux événements et les résultats de la Seconde Guerre punique, mais seuls Titus Livius et Polybe ont des détails sur l’armée d’Hannibal traversant les Alpes. Les auteurs qui décrivent la guerre entre Carthage et Rome donnent des informations différentes sur le nombre de guerriers, de cavalerie et d'éléphants qui ont commencé à traverser les Alpes et qui sont entrés en Italie après avoir traversé les Alpes. Seul Titus Livius écrit honnêtement que « personne ne sait exactement combien de troupes Hannibal a amenées en Italie ». Les auteurs indiquent même différentes périodes de l’année où l’armée d’Hannibal traverse les Alpes : à l’automne et au printemps 218 av. e. et différentes durées du trek : 33 jours ou 15 jours.

On trouve moins de contradictions dans la littérature lors de la description de la campagne suisse de Souvorov en 1799, même si elles existent toujours - il s'agit de contradictions sur la durée de la campagne : 14 jours ou 16 jours et sur le nombre de troupes russes entrées dans les Alpes : 20 000 ou 21 mille fantassins.

De nombreuses cartes ont été compilées sur lesquelles on peut retracer le passage de Souvorov à travers les Alpes, mais pas une seule carte où l'on puisse voir la marche d'Hannibal à travers les montagnes alpines. Il existe de nombreuses cartes montrant les actions militaires de la Seconde Guerre punique, mais elles ne montrent toutes que le déroulement général de la guerre. Dans mon travail, j’ai essayé, sur la base de la description des auteurs de la transition des troupes d’Hannibal à travers les montagnes alpines, de dresser une carte du mouvement des troupes.

Personne n'a jamais comparé les campagnes de deux armées dirigées par des commandants exceptionnels, et c'est là la nouveauté scientifique de mes recherches.

La traversée des Alpes par les armées carthaginoise et russe était dictée par des nécessités militaires. Rome déclare la guerre à Carthage et, devant les Romains, Hannibal décide d'envahir l'Italie. Pour envahir la péninsule des Apennins par le sud, il fallait des navires, qu'Hannibal n'avait pas, et il était impossible de créer une flotte capable de transporter 10 000 chevaux pour l'armée. Et puis, lors du transport de l'armée par flotte, il était possible de rencontrer en chemin une forte flotte romaine, et une bataille navale infructueuse pour les Carthaginois pourrait entraîner la mort d'une partie importante, voire de la totalité de l'armée de Carthage. Hannibal décide donc de se déplacer par voie terrestre, mais pour se rendre en Italie, il fallait passer soit par les montagnes des Alpes, soit par la seule route côtière le long de la mer Méditerranée. La route ne convenait pas à Hannibal, car elle était trop étroite pour sa nombreuse infanterie et il était possible d'y rencontrer une armée romaine, et Hannibal voulait se rendre en Italie inaperçu des Romains et préférait donc une traversée risquée à travers les Alpes.

Souvorov a traversé les Alpes pendant la guerre avec la France. La Russie rejoint la deuxième coalition de pays (Grande-Bretagne, Autriche, Russie, Turquie, Royaume des Deux-Siciles, etc.) et agissant dans le cadre de cette coalition, les troupes russes sous le commandement de Souvorov arrivent en Italie pour la libérer de Troupes françaises. Après la libération de l'Italie, les troupes russes furent transférées d'Italie vers la Suisse, où il fallut s'unir au corps russe du général A. M. Rimsky-Korsakov et au corps d'émigrés français du prince L. J. Condé. Souvorov était censé devenir le chef de ces troupes et les conduire en France pour envahir ce pays, et le commandant des troupes russes a choisi la route la plus courte, bien que la plus difficile, pour rejoindre Rimski-Korsakov - à travers les Alpes.

Si le passage des troupes carthaginoises à travers les Alpes se terminait dans la vallée du Pô, alors le chemin des troupes russes commençait à partir de là. L'itinéraire de la marche des troupes russes d'Italie vers la Suisse passait par le col du Saint-Gothard, les gorges étroites de la rivière Reuss, la crête de Rostock et la vallée de Muoten. Dans la vallée de Muoten, Suvorov apprend que le mont Schwytz était occupé par les Français et comprend que son armée était encerclée dans la vallée de Muoten. Au conseil militaire, il fut décidé de nous frayer un chemin jusqu'à Glaris. Depuis Glaris, afin de sauver les troupes, Suvorov décide de se retirer à Ilanz. Après une traversée difficile de la crête du Ringenkopf (Panix), les troupes russes atteignirent Ilanz, puis la région de Coire, après quoi elles se retirèrent à Augsbourg pour leurs quartiers d'hiver.

L'armée carthaginoise a commencé sa transition à travers les montagnes alpines dans la zone moderne. Col de Cremont ou Col de Cabres, et commence à se déplacer de la vallée de l'Isar vers le cours supérieur de la rivière. Druentsy, passe le col du Mont Cenis ou du Mont Genèvre et atteint la vallée du fleuve. .

Hannibal n'avait pas de carte de la région). Le commandement autrichien a fourni à Souvorov une carte, mais lors de la traversée des Alpes, il s'est avéré qu'elle comportait de nombreuses erreurs et donnait une idée incorrecte de la région. Les deux commandants devaient compter sur des guides locaux.

Les guerriers carthaginois et russes n’avaient jamais traversé les montagnes auparavant. De plus, les soldats de l'armée carthaginoise n'avaient jamais vu de montagnes auparavant, mais, faisant confiance à Hannibal, ils étaient prêts à traverser les Alpes. Cependant, comme le rapporte Titus Tite-Live, « après avoir vu le sommet des montagnes, la neige perdue dans les nuages, les misérables cabanes accrochées aux rochers, le bétail maigre desséché par le froid, les gens sales envahis par les cheveux et la barbe, voyant cela avec leur propres yeux, ils étaient horrifiés.

Lors de la traversée des montagnes, les guerriers carthaginois et russes devaient emprunter des sentiers de montagne étroits et impraticables. Tout chemin était raide, étroit, glissant et passait très souvent au bord d'un précipice. Les gens grimpaient en file indienne le long des rochers dénudés, gravissant la montagne à quatre pattes. Carthaginois, et après 2017, les soldats russes ont perdu l'équilibre et sont tombés dans l'abîme.

Le chemin des deux armées traversait les sommets enneigés des cols, et si les soldats russes savaient ce qu'était la neige, alors les soldats d'Hannibal étaient des sudistes et ont vu de la neige pour la première fois de leur vie. Se trouvant dans des conditions climatiques inhabituelles, de nombreux soldats carthaginois se sont figés sur les sommets enneigés des montagnes. Cependant, les soldats russes se sont également figés au col du sommet du mont Panikser en raison de l'incapacité d'allumer un feu. La neige a également ajouté des problèmes lors du déplacement des armées. Ainsi, lors de la descente de l'armée carthaginoise du col du Mont Cenis par une route étroite et escarpée, « de la neige nouvelle est tombée cette année par-dessus la vieille neige laissée par l'hiver dernier ; Il était facile de percer cette neige avec les pieds, car elle était tombée récemment, elle était molle et de plus peu profonde. Mais, après avoir percé la couche supérieure et marché sur la couche inférieure durcie, les soldats ne percèrent plus la couche inférieure et avancèrent, glissant avec les deux pieds en s'appuyant sur leurs genoux ou leurs mains, ils glissèrent encore plus, de tous leurs membres. tout de suite, car les endroits étaient très escarpés. Glissaient également, uniquement sur de l'argile molle, des soldats russes avec des bottes trempées et en ruine, car il neigeait et pleuvait lors de l'ascension de l'armée russe vers le mont Panikser. Et sur la montagne elle-même, dont la hauteur était de 2 400 m, les soldats devaient marcher dans la neige jusqu'à la taille.

L'armée d'Hannibal et l'armée de Souvorov étaient composées d'infanterie et de cavalerie. Les Russes étaient armés de canons qui étaient traînés jusqu'à la chaîne de montagnes Panikser, mais en raison du manque de mulets en nombre suffisant, de la fatigue des soldats et de la difficulté de l'ascension, Souvorov ordonna d'enterrer les canons, plaçant un croix en haut. Cette astuce a été découverte par les résidents locaux et les canons ont été offerts par les Français comme trophée. La nourriture et les uniformes étaient transportés sur des chevaux et des mulets, et dans l'armée carthaginoise également sur des éléphants. Si la transition des gens était difficile, alors on peut imaginer à quel point il était difficile pour les chevaux et les mulets de se déplacer dans les montagnes, qui perdaient leurs sabots, « à la moindre hésitation et confusion », ils tombaient dans l'abîme et emportaient les conducteurs. avec eux. Le déplacement des éléphants dans les montagnes était encore plus difficile, il n'est donc pas surprenant que de nombreux auteurs affirment que tous les éléphants sont morts en traversant les montagnes alpines. Cependant, Hannibal a réussi à sauver une partie de la cavalerie et à la faire sortir des Alpes, mais pas Suvorov - lors de la descente de l'armée russe du mont Panikser, les derniers chevaux et mulets sont morts.

En plus des difficultés naturelles, les soldats carthaginois et russes devaient également combattre dans les montagnes, et aucune des deux armées n'avait d'expérience dans la guerre en montagne. Les soldats carthaginois combattirent contre la tribu gauloise des Allobroges, qui leur tendaient constamment des embuscades. Les soldats russes se sont battus contre les Français, qui cherchaient constamment à encercler l'armée. Cependant, Suvorov a non seulement réussi à sortir l'armée de l'encerclement, mais a également capturé un millier et demi de Français.

La campagne suisse révéla à Paul Ier la double politique de l'Autriche et, le 11 octobre, il dissout l'alliance avec elle, ordonnant à Suvorov de retourner avec l'armée en Russie. Pour avoir sauvé l'armée russe et l'avoir retirée de l'encerclement, Suvorov a reçu le titre de généralissime des forces russes.

Si la traversée des Alpes pour la Russie signifiait la fin de la guerre avec la France, alors pour Carthage, la guerre avec Rome ne faisait que commencer. Descendant des montagnes alpines vers l'Italie, jusqu'à la vallée du Pô, Hannibal donna du repos à son armée épuisée et la reconstitua avec des troupes des tribus gauloises locales. L'apparition soudaine de l'armée d'Hannibal dans le nord de l'Italie lui permet de vaincre les troupes romaines dans les batailles des rivières Ticina et Trebbia. Au printemps 217, l'armée carthaginoise envahit l'Italie centrale et en vainquit 40 000. Armée romaine au lac Trasimène. Il y aurait d'autres victoires militaires à venir, mais les Romains rassembleraient leurs forces et Carthage perdrait la guerre avec Rome.

Les deux transitions ont laissé leurs souvenirs dans les Alpes. Selon l'historien Appien, la route construite par les soldats d'Hannibal continuait d'exister au IIe siècle. n. e. et portait le nom du commandant. Sur de nombreuses cartes de la Suisse au 19ème siècle. la route d’Altorf au village de Muoten a été désignée comme « chemin de Souvorov en 1799 ». Près de la ville suisse d'Andermatt, un monument a été érigé : une croix de 12 mètres creusée dans la roche, dominant la dédicace : « Aux vaillants compagnons du généralissime maréchal comte Souvorov-Rymnikski, prince d'Italie, décédé en traversant la frontière. Alpes en 1799. » Les représentants de la Suisse et des pays de la CEI célèbrent à Andermatt et au col du Saint-Gothard l'anniversaire de la traversée des Alpes de l'armée d'Alexandre Souvorov avec le dépôt de gerbes et la cérémonie commémorative pour les personnes tuées au monument -croix. En juin 1999, un monument à Souvorov, œuvre du sculpteur russe Dmitri Tugarinov, a été érigé au col du Saint-Gothard.

Toute l’histoire de l’humanité, depuis les premières civilisations de l’Orient ancien jusqu’à nos jours, a été accompagnée de guerres. Les guerres se déroulèrent dans des zones montagneuses et plates. Les plus difficiles sont les opérations de combat menées dans les zones montagneuses, auxquelles ont participé les deux armées d'Hannibal et de Souvorov lors de la traversée des Alpes. Ni Hannibal ni Suvorov n'avaient d'expérience dans la guerre en montagne, mais malgré cela, Hannibal et Suvorov ont montré des exemples d'opérations militaires dans les montagnes dans des conditions défavorables, des méthodes de capture des sommets et des cols en combinant des attaques du front avec des détours, apportant une contribution précieuse. à la théorie de l'art militaire.

Deux armées, carthaginoise et russe, ont franchi une montagne, un record dans l'histoire militaire mondiale, pour laquelle les troupes n'étaient absolument pas préparées, ni matériellement ni moralement. Pourquoi alors deux armées ont-elles pu accomplir l’impossible ?

Cela a été rendu possible par la relation entre les commandants et les soldats. Les deux commandants ont compris que l'action est plus expressive que les mots et ont montré des exemples de la manière de remonter le moral des soldats en faisant appel à leurs sentiments. Ils appréciaient tous les deux les soldats, renforçant leur estime de soi et montrant leur conscience de tous leurs actes héroïques. En conséquence, ils ont veillé à ce que les soldats adorent leurs commandants et soient prêts à les suivre jusqu'au bout du monde. Dans ces campagnes de montagne, les soldats des deux armées ont démontré les mêmes qualités : capacité d'endurer et d'endurer les difficultés, soumission au destin, humilité, foi en leur leadership, mépris du danger. "La plus grande victoire de l'esprit sur la matière", a appelé l'un des historiens militaires la campagne alpine de l'armée russe.

Les Russes ont accompli un exploit sans précédent en franchissant des montagnes infranchissables. Mais ce n'est pas le seul exemple dans l'histoire de la Russie où des soldats russes ont accompli l'impossible : par exemple, sous le commandement du même Souvorov, des soldats russes ont pris la forteresse turque d'Izmail, considérée comme imprenable. Et la guerre patriotique de 1812 et les guerres mondiales du XXe siècle sont encore à venir. Souvorov avait raison lorsqu'il disait : « La nature n'a produit qu'une seule Russie, elle n'a pas de rivales. Nous sommes Russes, nous surmonterons tout !

Campagne suisse de Suvorov(10 septembre - 27 septembre [8 octobre] 1799) - opération militaire entreprise par les troupes russes et autrichiennes sous le commandement du maréchal Alexandre Vassilievitch Suvorov pendant la guerre de la Deuxième Coalition dans le but de vaincre et d'expulser les forces révolutionnaires françaises. sous le commandement du général André Masséna des républiques helvétiques Le plan de campagne prévoyait la traversée des Alpes suisses depuis l'Italie du Nord pour rejoindre le corps russo-autrichien sous le commandement du lieutenant-général Alexandre Mikhaïlovitch Rimski-Korsakov et du maréchal lieutenant Friedrich von Gotze, qui se trouvait à Zurich, ainsi que d'autres actions avec des forces conjointes contre le Français.

Dans les conditions les plus difficiles d'une campagne de montagne, sous l'assaut continu des unités du général français Claude Jacques Lecourbe, l'armée de Souvorov combattit par le col du Saint-Gothard et le pont du Diable jusqu'à la vallée de la Reuss, d'où elle descendit dans la vallée par un col enneigé. Ici, il a été verrouillé par les troupes de Masséna, qui avaient auparavant vaincu les corps de Rimski-Korsakov et de von Gotze près de Zurich. Cependant, Souvorov réussit à s'échapper, infligeant une défaite écrasante à Masséna (le général français lui-même échappa de justesse à la capture). Cependant, le nombre total de troupes ennemies en Suisse dépassait désormais largement le corps russo-autrichien de Souvorov, de sorte que l'objectif principal de la campagne - expulser les Français - devint inaccessible, et le grand commandant russe commença à se retirer vers l'Autriche afin de préserver les restes. de son armée épuisée. Après avoir traversé le col de Panix, enneigé et inaccessible, les troupes russes, ne rencontrant pratiquement aucune résistance, atteignirent la ville de Coire, après quoi elles quittèrent le territoire suisse et se dirigèrent vers la Russie.

Le résultat de moins d'un mois de marches épuisantes et d'opérations militaires héroïques dans des conditions montagneuses inhabituelles pour l'armée russe fut la perte d'environ 5 000 personnes et de toute l'artillerie. Les pertes de l'ennemi sont inconnues, mais Suvorov a ramené vivants environ 1 400 prisonniers français lors de sa dernière campagne militaire. Dans le même temps, la France conservait son plein contrôle sur la République helvétique, comme c'était le cas avant le début de la campagne suisse.

Informations historiques et géographiques[ | ]

Il convient de garder à l’esprit que dans la littérature historique consacrée à la campagne suisse de Souvorov, de nombreux toponymes sont utilisés sous une forme archaïque ou déformée (en raison d’une transcription inexacte lors de la traduction en russe), très différente des noms géographiques modernes :

• Vallée de Muten(Allemand : Muttenthal) - un nom obsolète pour la zone désormais appelée Muotatal Avec Allemand  -  « Vallée de la rivière Muota (Allemand)» ;
• Village de Muthen(Allemand : Mutten) - maintenant connue sous le nom de commune Muotatal(Allemand : Muotathal) ;
• Col Ruose-Alp-Kulm- maintenant connu sous le nom de passe Ruozalper Hulem(2178 m; cadran sw. Ruosalper Chulm) ;
• Col Kinzig-Kulm(Allemand : Kinzig Kulm) - maintenant connu sous le nom de Col du Kinzig Avec Allemand  -  « Col de Kinzig » (Allemand)", ou Hinzig Hulem(2073 m; cadran sw. Chinzig Chulm) ;
• Crête de Roshtok- nom déformé du sommet Rosstock (Allemand) (2461 m ; allemand : Rossstock). Souvorov a profité du col sur sa pente, aujourd'hui connu sous le nom de Rosstoklyuk(2193 m ; allemand : Rossstocklücke) ;
• Mont Bragelberg(Allemand : Bragelberg) - Forme germanisée d'un nom de lieu romanche obsolète Bragel(roman Bragell). Aujourd'hui - Col du Pragel Avec Allemand  - « Col du Pragel » (1548 m).

Situation militaire en Italie et en Suisse avant le début de la campagne[ | ]

À la fin du mois d'août 1799, à la suite de la campagne italienne de Souvorov et de la campagne méditerranéenne d'Ouchakov, la quasi-totalité de l'Italie fut libérée des troupes françaises. Les restes de l'armée de 35 000 hommes du général Jean Moreau (environ 18 000 personnes) vaincus à Novi se retirèrent à Gênes, qui resta la dernière région d'Italie sous contrôle français. L'offensive de l'armée russo-autrichienne sous le commandement de Souvorov (environ 43 000 personnes) sur Gênes, suivie du déplacement complet de l'armée française d'Italie, semblait être une prochaine étape naturelle.

Cependant, dans le cadre du débarquement prévu du corps de débarquement anglo-russe de 30 000 hommes en Hollande, le commandement autrichien a décidé d'envoyer toutes les troupes autrichiennes situées en Suisse (58 000 personnes sous le commandement de l'archiduc Charles) pour rejoindre l'armée anglo-russe. corps en Hollande. En échange des troupes autrichiennes qui ont quitté la Suisse, il était prévu d'y transférer des troupes russes d'Italie (environ 21 000) et de les relier aux 24 000 corps russes situés en Suisse sous le commandement du lieutenant-général Rimski-Korsakov. L'empereur russe Paul Ier a accepté ce plan, mais a posé comme condition pour le transfert des troupes russes en Suisse qu'il soit d'abord débarrassé des Français. Le cabinet autrichien n'a cependant pas rempli cette condition et a donné l'ordre de retirer ses troupes de Suisse, ce qui a menacé de laisser les 24 000 hommes russes en Suisse sous le seul commandement de Rimski-Korsakov avec les 84 000 hommes de l'armée française sous les ordres de Rimski-Korsakov. le commandement de Masséna.

Les 18 (29) août 1799, l'armée autrichienne entame son retrait de Suisse. Conscient de la situation désespérée que son départ placerait les troupes russes, l'archiduc, sous sa propre responsabilité, laissa temporairement, jusqu'à l'arrivée de Souvorov, un détachement autrichien de 22 000 hommes en Suisse sous le commandement du maréchal-lieutenant von Gotze. Cependant, les Français en Suisse restaient environ une fois et demie supérieurs en nombre, et étant donné que Masséna (le futur maréchal de France) se distinguait généralement par sa détermination et son énergie, une attaque française n'était qu'une question de temps. Dans le même temps, l’arrivée opportune (avant l’attaque de Masséna) de l’armée de Souvorov en Suisse aurait considérablement compliqué la tâche des Français consistant à chasser les troupes de la coalition de Suisse.

Suvorov resta cependant en Italie jusqu'à la capitulation de la garnison française de Tortona assiégée par son armée - selon la convention conclue le 11 (22) août 1799, le commandant de la forteresse s'engageait à capituler si la forteresse n'était pas libérée par Troupes françaises avant le 31 août (10 septembre). Après avoir empêché deux tentatives de l'armée française sous le commandement de Moreau pour lever le blocus de Tortona, Souvorov attendit que la garnison se rende. Le 31 août (10 septembre) à 7 heures du matin, les troupes russes se dirigent vers la Suisse.

Début de la randonnée. Batailles pour le Saint-Gothard et le Pont du Diable[ | ]

Le 10 (21) septembre, les troupes de Souvorov se lancent dans la campagne de Suisse. Les troupes avancèrent en deux colonnes jusqu'à la base du Saint-Gothard. Le 12 (23) septembre, la colonne de gauche - le corps de Vilim Khristoforovich Derfelden avec la brigade autrichienne du colonel Gottfried von Strauch (allemand : Gottfried von Strauch) - s'installe à Dazio. Cette dernière était occupée par la brigade Gudin (4 300 hommes) dont trois bataillons étaient stationnés au sommet et dans le village d'Airolo. (Anglais), 1er bataillon - sur la route de Wallis, près de la montagne, 2e bataillon - près du lac, au col entre les vallées et. La brigade Loison (de même taille) occupait des positions d'Ursern à Altdorf. Pendant la bataille, une partie de ses forces est venue en aide à Guden. Toutes les troupes françaises de droite défendant le Saint-Gothard et la vallée de la Reuss étaient commandées par le général Claude Jacques Lecourbe. Les Russes occupent le Saint-Gothard. Pendant ce temps, Andrei Grigoryevich Rosenberg, parti à l'aube du 13 septembre de Tawech, se déplaça le long de la vallée du Rhin, repoussant les troupes ennemies et, le soir, les repoussa jusqu'au village d'Urzern.

Le 14 (25) septembre, après avoir rejoint Rosenberg à Ursern, Suvorov envoya un régiment sous le commandement du général Nikolaï Mikhaïlovitch Kamensky sur la rive gauche de la Reuss pour atteindre l'arrière des positions ennemies au Pont du Diable. Le régiment s'est déplacé après les troupes de Lekurbe passant par Betzberg, détruisant les unités ennemies qui étaient à la traîne pendant la marche nocturne. Suvorov a conduit l'armée le long de la rive droite vers le nord, mais a rencontré un obstacle - le soi-disant trou d'Urzern, une galerie étroite et basse percée dans les rochers encadrant le Roys, longue de 64 mètres et large, ne permettant le passage qu'à une seule personne avec un pack (plus tard, il a été étendu à environ 3 mètres). Derrière lui, la route contournait le rocher en forme de corniche et descendait abruptement jusqu'au Pont du Diable, à l'endroit où la Reuss est un ruisseau turbulent avec des cascades de plus de 60 mètres de haut. Le pont lui-même consistait en une arche de pierre étroite sans garde-corps, longue de 20 mètres, enjambant la Reus à une hauteur de 22 à 23 mètres. Puis le chemin, appuyé contre le rocher à pic de la rive gauche, tournait brusquement vers la droite et descendait le long d'une rampe en pierre artificielle jusqu'à un autre pont, le long duquel il traversait de nouveau vers la rive droite. Après avoir contourné à cet endroit un rocher escarpé, la route débouchait à nouveau sur la rive gauche de la rivière et enfin, près du village de Göshenen, elle débouchait de la gorge. Entre le trou d'Urzern et le pont du diable, il y a environ 300 mètres et la totalité de la gorge jusqu'à Göschenen est à environ 2,5 kilomètres. Lorsque le colonel Trubnikov apparut au-dessus de la sortie du trou d'Urzern, le détachement avancé des Français abandonna sa position. Le bataillon de Mansurov a franchi le passage et s'est précipité sur les Français en retraite avec des baïonnettes.

Les Français, debout sur la rive opposée, entreprirent de démonter la rampe. Mais à ce moment-là, la colonne du général Kamensky arrivait sur le champ de bataille depuis la crête du Betzberg. Les Français ont commencé à se retirer du Pont du Diable, après avoir réussi à le détruire partiellement. Pour supprimer cet obstacle, les soldats russes ont démonté une grange située à proximité, ont traîné des rondins, les ont attachés avec des foulards d'officier et les ont jetés par-dessus la brèche résultante. Le premier à franchir cette barre transversale fut le major-prince Meshchersky III, qui fut immédiatement mortellement blessé. Les soldats de Trevogin et de Svishchov le suivirent.

A l'aube du 16 (27 septembre), l'armée se met en route. L'avant-garde était dirigée par Piotr Ivanovitch Bagration, suivi des troupes des généraux Derfelden et Aufenberg. (Allemand), et derrière eux se trouvent des meutes. Andrei Grigoryevich Rosenberg a reçu l'ordre de couvrir l'arrière des attaques de Lekurbe et de suivre les meutes. La transition de l'armée présentait d'énormes difficultés. De nombreuses personnes, chevaux et meutes sont mortes après être tombées dans l'abîme. Après 12 heures de voyage, l'avant-garde atteint le village de Muotatal et prend par surprise le poste français (150 personnes) qui s'y trouve - l'ennemi n'a pas eu le temps de tirer un seul coup de feu. Les troupes restantes se sont réparties sur tout le parcours et ont passé la nuit sur un col enneigé. Ce n'est que le lendemain soir que la queue de la colonne atteignit Muottal. Puis, pendant encore deux jours, les meutes ont continué sur la même route.

L'arrière-garde, après avoir repoussé avec succès deux attaques de Lekurbe pendant cette période, dans la nuit du 17 au 18 septembre (du 28 au 29), s'est déplacée en deux colonnes à plusieurs heures d'intervalle après les forces principales.

« Comment le courageux et énergique Lekurbe n’a-t-il pas réussi à entreprendre quelque chose de plus significatif contre l’arrière-garde de Souvorov ?<…>nous ne comprenons pas très bien. S'il s'agit là d'une conséquence d'une offensive russe très bien organisée, nous ne devrions que regretter de ne pas avoir pu prendre connaissance de son organisation, car des informations détaillées sur cette organisation et le déroulement de cette campagne seraient de toute façon , sois très instructif.»

Lekurbe supposait que Suvorov passerait par Ruozalper Hulem, tout en considérant le passage par Kinzig impossible. C'est pourquoi, ce n'est que le matin du 17 (29) septembre, après avoir découvert la route empruntée par l'armée russe, qu'il en informa Masséna, Molitor, Mortier et Loison. Le même jour, les dernières parties de l'arrière-garde de Rosenberg arrivèrent à Muotatal, où Suvorov reçut un rapport écrit du général Linken sur la défaite de Rimski-Korsakov et de Gotze près de Zurich les 14 et 15 septembre (25-26).

Sortie de l'armée russe de l'encerclement. Bataille dans la vallée de Muten le 20 septembre[ | ]

Ayant appris la défaite du corps russo-autrichien près de Zurich, Souvorov se rendit compte qu'il était inutile de continuer à avancer vers Schwytz, occupée par les principales forces ennemies. Les patrouilles cosaques envoyées dans la partie orientale de la vallée y trouvèrent les Français à la place des Autrichiens. Après la défaite de Gotze, il se retira, permettant aux Français de bloquer la sortie de la vallée. L’armée russe s’est retrouvée dans une poche de pierre, encerclée par des forces ennemies supérieures, sans nourriture et avec une quantité limitée de munitions.

Le 18 (29) septembre, un conseil militaire se réunit au réfectoire du couvent franciscain Saint-Joseph. Le discours de Souvorov, enregistré à partir des paroles de Bagration, a fait une énorme impression sur tout le monde :

« Nous sommes entourés de montagnes... entourés d'un ennemi puissant, fier de la victoire... Depuis l'incident du Prut, sous le souverain empereur Pierre le Grand, les troupes russes ne se sont jamais trouvées dans une telle situation de menace de mort. ... Non, il ne s'agit plus d'une trahison, mais d'une trahison évidente... d'une trahison raisonnable et calculée envers nous qui avons versé tant de sang pour le salut de l'Autriche. Maintenant, il n'y a plus personne de qui attendre de l'aide, un espoir est en Dieu, l'autre est dans le plus grand courage et le plus grand sacrifice de soi des troupes que vous dirigez... Nous avons devant nous le plus grand travail, sans précédent dans le monde. ! Nous sommes au bord du gouffre ! Mais nous sommes russes ! Dieu est avec nous! Sauvez, sauvez l'honneur et les biens de la Russie et de son autocrate !.. sauvez son fils...« L'aîné après Souvorov, le général Derfelden, au nom de toute l'armée, a assuré à Souvorov que chacun remplirait son devoir : « Nous supporterons tout et ne déshonorerons pas les armes russes, et si nous tombons, nous mourrons avec gloire ! Conduis-nous où tu penses, fais ce que tu sais, nous sommes à toi, père, nous sommes Russes !» - « "Merci", a répondu Suvorov, "je l'espère!" content! Dieu ait pitié, nous sommes russes ! Merci, merci, vainquons l'ennemi ! Et la victoire sur lui, et la victoire sur la tromperie sera la victoire !»

Au conseil militaire, il fut décidé de nous diriger vers l'est, à travers la vallée du Klental (séparée de la vallée du Muten par un col) jusqu'à Glaris.

Le même jour, la brigade autrichienne Aufenberg (Allemand) gravit le Bragelberg, abattit les postes français et descendit dans la vallée du Klental. Elle était suivie par l'avant-garde de Bagration et la division Chveikovsky (6 mille). Ils étaient suivis par les troupes dirigées par Suvorov. La retraite s'est effectuée sous le couvert de l'arrière-garde de Rosenberg (effectif initial d'environ 4 000 hommes), qui se tenait à Muten, gardant les arrières de Suvorov et attendant la fin de la descente dans la vallée des meutes. Dans le but d'enfermer plus fermement l'armée russe, Masséna envoya une partie de ses troupes à la sortie de la vallée du Klental, et lui-même, à la tête d'un groupe de 18 000 hommes, se dirigea vers Schwyz dans le but de frapper à Muthen, dans le arrière de l'armée russe. En lien avec les succès obtenus, une ambiance victorieuse régnait dans l'armée française. Le plan visant à vaincre les Français en Suisse par les forces de 3 groupes de forces alliées fut contrecarré.

Le 19 (30) septembre, la brigade Aufenberg est attaquée par la brigade française du général Gabriel Molitor et se retrouve dans une position dangereuse. Aufenberg entame des négociations pour la capitulation, mais l'avant-garde de Bagration arrive pour aider les Autrichiens. Dans la soirée du 19 septembre, les unités avancées des troupes russes mettent en fuite les Français qui attaquent Aufenberg. En essayant de traverser à la nage le petit lac Ruten à la recherche de salut, plus de 200 personnes se sont noyées, beaucoup, dispersées dans les montagnes, sont tombées des pentes abruptes dans l'obscurité, échappant à la persécution, 168 soldats et officiers, dirigés par le commandant du régiment, ont été capturés ; . Le 20 septembre (1er octobre), des combats acharnés ont eu lieu entre les troupes russes et françaises, initialement de force égale (environ 5 à 6 000 personnes). Elles se soldèrent par la défaite totale de ces derniers, qui subirent de lourdes pertes et furent d'abord refoulés de 6 kilomètres jusqu'au village de Netshtal. Ainsi, la voie vers Glaris était ouverte à l'armée russe. Après une bataille acharnée, Bagration en assomma les Français, capturant immédiatement le village de Nefels sur les rives de la rivière Linth. Cependant, à ce moment-là, une nouvelle division de Gazan s'approchait de Molitor, déjà complètement vaincu. Les Français, ayant reçu une supériorité significative en forces, occupèrent Näfels. La contre-attaque de Bagration les chassa de nouveau. Näfels changea de mains cinq ou six fois et resta avec les Russes lorsque Suvorov donna l'ordre à Bagration de se retirer vers Nötzstal pour éviter des pertes inutiles. Dans la soirée du 20 septembre, les principales forces de l'armée russe se concentrent à Glaris. Tandis que Bagration ouvrait la voie aux principales forces de l'armée russe, des combats éclatèrent sur ses arrières entre l'arrière-garde d'A. Rosenberg et les troupes d'André Masséna. La plus grande bataille de la campagne suisse a eu lieu ici.

Le 19 septembre, 10 000 soldats français attaquent l'arrière-garde russe composée de 4 000 hommes. Les Français sont stoppés par les troupes de première ligne sous le commandement de Maxime Rebinder. Avec l'arrivée de trois régiments de deuxième ligne sous le commandement de Mikhaïl Miloradovitch, les troupes russes lancent une contre-attaque, renversent les Français et les poursuivent sur plus de 5 km jusqu'à Schwytz, où la poursuite est stoppée sur ordre de Miloradovitch. La nuit, les dernières meutes et 3 régiments d'infanterie qui les suivaient descendirent dans la vallée. Les forces de Rosenberg sont passées à 7 000 personnes. Avec ces forces, Rosenberg se retira sur 3 kilomètres dans la partie orientale de la vallée, se préparant à livrer à l'ennemi une bataille décisive. Le lendemain, Masséna, à son tour, décida de porter un coup décisif, dans lequel il entendait utiliser toutes les forces dont il disposait - environ 15 000 personnes. Le 20 septembre, les Français, plaçant en avant une épaisse chaîne de tirailleurs, lancent une offensive en trois colonnes le long des deux rives de la rivière Muten. Un échange de tirs a commencé entre les unités avancées des troupes russes et françaises. Les unités russes commencèrent à battre en retraite. Le gros des troupes françaises les suivit. De manière inattendue pour les Français, Miloradovich dispersa le détachement avancé dans les deux sens le long des pentes et les colonnes françaises se retrouvèrent devant les forces principales de Rosenberg, cachées dans les vignes sur toute la largeur de la vallée. Les troupes russes étaient formées en deux lignes de trois rangs, espacées d'environ 300 mètres, avec de la cavalerie sur les flancs. Les régiments de Förster et Velitsky étaient en réserve.

Une attaque des troupes russes s'ensuit. Selon des témoins oculaires, les Français, stupéfaits, n'ont rien fait pendant une minute, puis ont ouvert le feu avec leur fusil. Cependant, les troupes russes s'approchaient rapidement de l'ennemi. Des combats au corps à corps acharnés ont commencé dans la vallée de Muten. Les troupes russes avancèrent si violemment que certains bataillons de la deuxième ligne devinrent les premiers pour atteindre l'ennemi. La bataille dégénère en l'extermination des troupes françaises. Le sous-officier Ivan Makhotin a atteint André Masséna, l'a attrapé par le col et l'a fait descendre de cheval. Un officier français se précipite au secours du commandant. Tandis que Makhotine, se tournant vers l'attaquant, le frappait avec une baïonnette, Masséna réussit à s'échapper, laissant entre les mains du guerrier de Souvorov une épaulette en or, identifiée par le général La Courque capturé et présentée à Souvorov. La panique s'empare des troupes françaises et elles s'enfuient. Poursuivis par les Cosaques, des foules entières se rendirent. Les Français subissent une défaite écrasante. De 3 à 6 000 morts, 1 200 personnes ont été capturées, dont le général La Courque, une bannière et 7 canons ont été capturés. Les troupes russes ont perdu environ 700 personnes tuées et blessées. La victoire de Rosenberg fut décisive pour la réussite de la campagne. Choqué par la défaite et survivant de justesse, Masséna n'ose pas lancer une nouvelle offensive depuis Schwytz.

Extrait de « L'histoire de l'armée russe » :

Le 69e régiment d'infanterie de Riazan, qui a pris la bannière dans la vallée de Muten, n'a pas reçu d'inscription sur ses bannières pour une raison quelconque. Ce régiment était dirigé par un brillant commandant de 23 ans, le général de division Kamensky 2e, qui était en même temps chef (inspecteur) du régiment de mousquetaires d'Arkhangelsk. Cette campagne fut une excellente école de combat pour le jeune Kamensky. Souvorov a écrit à son père, le maréchal (son compagnon d'armes à Kozludzha) : « Votre jeune fils est un vieux général. »

A cette époque, les principales forces de l'armée russe se reposaient, rassemblant leurs forces pour une nouvelle campagne. À son arrivée à Glaris, Suvorov a constaté que le dernier espoir d'aide et d'assistance de la part des Autrichiens avait disparu. Le général quitte la vallée de Lintha sans aucune raison et se retire dans les Grisons. Le 21 septembre (2 octobre), Aufenberg se sépare de Suvorov et se retire derrière Linken. Suvorov, laissé à ses propres forces, décida de se tourner vers le sud et de retirer ses troupes libres de l'ennemi, mais par une route difficile passant par Schwanden, Elm (Panix), dans la vallée du Rhin. Cette décision a été prise le 23 septembre lors d'un nouveau conseil militaire à Glaris. Deux possibilités y étaient envisagées : attaquer Näfels et se déplacer vers Ilanz. Cependant, même la veille du conseil militaire, Suvorov a envoyé la garnison autrichienne à Ilanz pour préparer des provisions pour 2 jours, ce qui indique une décision prise à l'avance. Du 22 au 23 septembre (4 octobre), Rosenberg rejoint Souvorov avec des prisonniers et des trophées.

Déplacement de l'armée russe de Glaris vers Ilanz-Coire et sortie de Suisse. Retour de l'armée en Russie[ | ]

L'armée est partie dans la nuit du 23 au 24 septembre (5 octobre). L'avant-garde était dirigée par M. Miloradovich, suivi des troupes de A. Rosenberg et W. Derfelden, à l'arrière-garde se trouvait P. Bagration, qui repoussa à plusieurs reprises l'ennemi qui tentait d'attaquer par l'arrière. La marche s'est poursuivie jusqu'au crépuscule. Le 25 septembre (6 octobre), après minuit, les troupes russes, qui n'étaient plus poursuivies par l'ennemi, repartirent par le col du Ringenkopf (Panix, 2 407 mètres). Ce fut la dernière traversée de montagne, la plus difficile. Les blessés graves ont dû être abandonnés. Les troupes se déplaçaient le long d'un chemin sinueux qui ne permettait de se déplacer que seules, dans un épais brouillard, des chutes de neige et des vents violents qui leur renversaient les pieds. La couverture neigeuse atteignait un demi-mètre de profondeur. Le nombre de soldats russes morts au cours de cette transition atteint deux cents. 300 paquets ont été perdus. Les prisonniers français se sont retrouvés dans la situation la plus tragique. Plus d'un millier de prisonniers faits par les troupes de Rosenberg, à partir du 20 septembre, marchaient sans bottes, prises par les Russes, dont les bottes étaient complètement usées après avoir traversé la crête de Rosstock. Environ 1 400 prisonniers atteignirent Kur ; le même nombre s'écrasa en chemin, gela et mourut d'épuisement. Toutes les armes devaient être jetées dans l’abîme. Toute l'armée a passé la nuit au col. La descente du 26 septembre (7 octobre) fut encore plus difficile que la montée. Mais même dans ces conditions, l'idée même de se débarrasser des prisonniers français semblait blasphématoire à Souvorov. Dans la soirée du 26 septembre, les troupes russes ont atteint Ilanets et le 27 septembre (8 octobre) - la ville de Kur, où toute l'armée a reçu de la chaleur, du pain, de la viande et des portions de vodka pour la première fois depuis le début de la traversée de Panix.

Avec l'arrivée à Coire, la campagne suisse de Souvorov prit fin.

À Kura, l'armée s'est reposée pendant deux jours pour récupérer. Le 1er (12) octobre, les troupes campèrent près du village d'Altenstadt (Allemand), près de Feldkirch. De là, le 3 (14) octobre, Souvorov écrivit à Paul Ier un rapport sur la campagne suisse. À Feldkirch, l'armée russe acquiert à nouveau de l'artillerie de campagne, qui est envoyée par un détour depuis l'Italie via l'Autriche. Le 5 (16) octobre, Suvorov arrive à Lindau. Le 8 (19) octobre, les troupes de Souvorov et d'A. Rimski-Korsakov se sont réunies ici (ce dernier rassemblait la moitié des forces de son corps, 10 000 fantassins et 3 000 cavaliers). Le même jour, Souvorov transféra ses troupes en Bavière et les plaça dans leurs quartiers d'hiver entre les rivières Iller et Lech, en attendant les ordres de l'empereur russe en réponse aux rapports qui lui étaient envoyés sur la campagne en Suisse. Les tentatives de la partie autrichienne pour empêcher la Russie de quitter la coalition, y compris l'attribution tardive de l'Ordre de Marie-Thérèse, 1re classe, à Suvorov, n'ont eu aucune influence sur Suvorov. A l'archiduc Charles, qui a rappelé à Souvorov les devoirs d'un « allié sincère et fidèle » et a tenté de le convaincre de poursuivre les opérations militaires conjointes, Souvorov a répondu : « J'ai envoyé un courrier à Saint-Pétersbourg, j'ai mis mon armée au repos et je ne ferai rien sans l'ordre de mon souverain« Les événements en Suisse ont convaincu Paul Ier de l'impossibilité d'actions communes avec les Autrichiens. Le 11 (22) octobre, il envoie deux rescrits à Souvorov, dans lesquels il l'informe de la rupture de l'alliance avec les Autrichiens et lui ordonne de préparer l'armée au retour en Russie. Aux rescrits était jointe une copie d'une lettre de Paul Ier à l'empereur François Ier :

« Voyant par là que Mes troupes ont été abandonnées au sacrifice à l'ennemi par cet allié sur lequel Je comptais plus que sur tous les autres, voyant que sa politique est complètement opposée à Mes vues et que le salut de l'Europe a été sacrifié au désir d'étendre Votre Monarchie, ayant, en outre, de nombreuses raisons d'être insatisfait du comportement fourbe et insidieux de votre ministère... Je... vous annonce maintenant que désormais je cesserai de me soucier de vos prestations et m'occuperai de mes propres prestations et de celles des autres alliés. Je cesse d'agir de concert avec Votre Majesté Impériale.»

Le 15 (26) novembre, l'armée russe s'est déplacée d'Augsbourg vers la Russie. A cette époque, Paul Ier, sous l'influence de l'Angleterre, était enclin à reconsidérer la rupture avec les Autrichiens, à condition que l'Autriche réponde à un certain nombre d'exigences politiques de la Russie. Par rescrit du 20 novembre (1er décembre), Paul Ier ordonna à Suvorov d'installer son camp dans la zone où il recevrait cet ordre. Suvorov, ayant reçu l'ordre de Paul Ier en Bavière, poursuivit cependant son mouvement et s'arrêta début décembre en Bohême en raison de difficultés d'approvisionnement en nourriture de l'armée en Bavière. Finalement, le 14 (25) janvier 1800, l'armée russe. partit pour la Russie. Le 3 (15) février, à Cracovie, Souvorov a cédé le commandement de l'armée à Rosenberg et s'est rendu à Kobryn. L’armée russe rentre en Russie en mars 1800.

Raisons qui ont empêché d'atteindre l'objectif[ | ]

La campagne suisse de Souvorov, qui visait à vaincre l'armée française en Suisse avec les troupes d'Alexandre Rimski-Korsakov et de Friedrich von Gotze, n'a pas atteint son objectif en raison de circonstances indépendantes de la volonté de Souvorov.

Non seulement les militaires de l'époque, mais aussi le grand public européen ont vu dans les actions des Autrichiens la raison de l'échec de la campagne suisse. Stendhal écrit : « Le grand Suvorov est arrivé en Italie seulement 4 ans plus tard[après que l'archiduc Charles y ait combattu en 1795] et de petites querelles des Autrichiens l'empêchèrent d'entrer en France". Napoléon fit une remarque similaire : « la perte de la Suisse et la défaite de Korsakov étaient le résultat d'une manœuvre erronée de l'archiduc«Même avec le départ de l’armée de Charles de Suisse, les Français se trouvaient dans une situation très difficile. Napoléon l’a clairement dit : « Il(c'est-à-dire André Masséna]) a sauvé la république en remportant la bataille de Zurich". Ainsi, dans la situation actuelle des Français, le seul moyen de sauver l'armée (et en même temps, comme le croyait Napoléon, la France entière) était d'empêcher Souvorov de s'unir à Rimski-Korsakov, ce qui pourrait être suivi par le défaite des principales forces françaises en Suisse. Cependant, Masséna, qui a attaqué Rimski-Korsakov le 14 (25) septembre, n'a rien pu faire 6 jours plus tôt, lorsque Suvorov, selon son plan initial, était censé interagir avec Rimski-Korsakov, puisque : les préparatifs pour la difficile traversée de la rivière Limmat a pris beaucoup de temps et a été achevée avant la bataille elle-même ; Masséna ne put commencer plus tôt les préparatifs de la bataille, car l'arrivée de l'armée de Souvorov en Suisse par le Saint-Gothard n'était pas attendue par l'ennemi et fut pour lui une surprise totale ; En planifiant l’offensive contre Rimski-Korsakov, Masséna se guidait uniquement sur les instructions du Directoire, qui voulait expulser les alliés de Suisse et renforcer l’armée du Rhin avec une partie des troupes de Masséna.

Souvorov, qui n'avait pas l'intention de combattre en Suisse et ne connaissait pas la topographie du nouveau théâtre d'opérations militaires, alors qu'il préparait un plan de campagne à Asti, a convoqué des officiers de l'état-major autrichien. "Il a dit que l'ensemble du dispositif avait été rédigé par un officier autrichien qui se trouvait avec lui...". « Parmi les neuf officiers autrichiens arrivés à Souvorov, l'aîné était lieutenant-colonel dans le nord de l'Italie (Weyrother occupait le poste de quartier-maître général de l'état-major, c'est-à-dire chef d'état-major de l'armée) ; 1800 - Le plan offensif de l'armée de l'archiduc Johann, élaboré par son chef d'état-major, le colonel Weyrother, conduit à la défaite des Autrichiens à Hohenlinden ; 1805 - les manœuvres complexes de l'armée russo-autrichienne près d'Austerlitz se terminent par un désastre. Le plan de ce mouvement a été imposé au commandant en chef Koutouzov par l'intermédiaire d'Alexandre Ier, qui était dans l'armée. L'auteur du plan était le général de division Weyrother. Selon V. Lopatin, cette série de désastres « ne peut s'expliquer par le pédantisme d'un stratège de fauteuil qui n'a pas compris l'essence de l'art de la guerre. Un chercheur impartial a le droit de soulever la question de la complicité directe de Weyrother avec l’ennemi. Le détail suivant conforte l’hypothèse du double jeu de Weyrother : « c’est Weyrother qui a négocié la fourniture de mulets à la Taverne ». Cependant, il n'existe aucune preuve documentaire directe de la trahison de Weyrother.

Ainsi, en raison des actions médiocres (et éventuellement de la trahison) des Autrichiens, la campagne suisse de Souvorov n’a pas atteint son objectif et a subi des changements majeurs par rapport au plan initial. Bien que Souvorov ait vaincu à lui seul d'abord l'aile droite de l'ennemi sous le commandement de J. Lecourbe, qui défendait des positions pratiquement imprenables, puis le centre ennemi sous le commandement d'André Masséna, la défaite des 70 000 hommes de l'armée française et de la le nettoyage de la Suisse des troupes françaises n'a pas été réalisé.

Résultats et évaluation [ | ]

La campagne suisse a été très appréciée tant par les contemporains que par les chercheurs ultérieurs. Selon F. Engels, il l'évaluait ainsi : « Avant sa retraite, l'archiduc aurait dû utiliser sa nette supériorité de forces pour vaincre complètement Masséna. Le fait qu’il ne l’ait pas fait est plus qu’une simple prudence, c’est une lâcheté ! . Cependant, des études russes notent qu'en décrivant la bataille de la vallée de Muten, il a mentionné un millier de prisonniers français, sans dire que les Français ont subi la plupart des pertes dans la bataille et sans dire qu'un général français a été capturé.

Le plus grand chercheur de la campagne suisse, D. Milyutin, estime les pertes totales de Souvorov dans la campagne suisse à 5 100 personnes, dont 1 600 sont mortes, y compris celles qui se sont écrasées lors des transitions, et 980 blessés, restés en Suisse, sur 21 000. qui se lancent en campagne. Ainsi, plus des 3/4 des troupes ont quitté l'encerclement. Les pertes subies par l'armée française ne sont pas déterminées avec précision, mais elles étaient évidemment nettement supérieures aux pertes de Souvorov. Seules leurs pertes lors de la bataille de la vallée de Muten étaient comparables aux pertes totales de Souvorov. Suvorov lui-même pensait que les Français avaient subi quatre fois plus de pertes. 2818 soldats et officiers de l'armée française sont capturés. À partir du moment où l’armée russe, descendue dans la vallée de Muten, s’est retrouvée dans une situation critique, les actions de Suvorov visaient principalement à retirer l’armée de l’encerclement et non à vaincre l’ennemi. Conformément à son ordre donné au conseil de la vallée de Muten, la poursuite des troupes vaincues de Masséna le 20 septembre ne se poursuivit que jusqu'à Schwyz. Suvorov ne voulait pas étendre l'armée pour que Rosenberg passe moins de temps à rejoindre les forces principales.

La campagne suisse de Souvorov a été l'un des événements militaires les plus importants de son époque sur le théâtre d'opérations de montagne, en termes d'ampleur et de durée d'action. «La campagne suisse de l'armée russe est un exemple classique d'opérations militaires sur un théâtre d'opérations militaires en montagne. Il est devenu la couronne de gloire militaire du commandant, l'apothéose des victoires des armes russes.

Pour la campagne de Suisse, Souvorov a été élevé au rang de généralissime le 28 octobre (8 novembre) et il a été ordonné d'ériger un monument en son honneur à Saint-Pétersbourg.

« En battant les ennemis de la patrie partout et tout au long de notre vie », a écrit Paul Ier, « il vous manquait une sorte de gloire : vaincre la nature elle-même. Mais maintenant, vous avez également pris le dessus sur elle... En vous récompensant selon Ma gratitude et en vous plaçant au plus haut niveau d'honneur et d'héroïsme, Je suis sûr d'élever à ce rang le commandant le plus célèbre de ce siècle et d'autres. » Il y a un bloc de pierre (« Pierre de Souvorov »), sur lequel porte l'inscription latine « 1806 Suvorowii victoriis » (« La victoire de Souvorov »). On pense qu'elle a été fouettée par des résidents locaux, qui ont pris en charge toutes les dépenses. L'initiative initiale du prince de créer un monument à Souvorov a été rejetée par les autorités suisses au motif que le monument au commandant russe perpétuerait le fait du passage de troupes étrangères à travers le territoire suisse. Cependant, le gouvernement suisse ne s'est pas opposé à la création d'un monument à la mémoire des soldats russes morts pendant la campagne suisse. Dans le même temps, la communauté, sans en avertir les autorités suisses, a décidé de céder gratuitement le terrain à la Russie pour la construction du monument. Depuis lors, la roche dans laquelle le monument est sculpté, la petite zone qui se trouve devant et le chemin menant au monument appartiennent au territoire russe. La construction du monument a duré 3 ans. S'exprimant lors de l'ouverture, un colonel de l'armée suisse a déclaré que les Suisses « préserveraient sacrément cette croix et que personne ne violerait son sanctuaire, car personne ne repasserait par le Saint-Gothard ».

Le séjour de l'armée alliée sous le commandement de Souvorov et la bataille avec les Français constituent à ce jour l'un des événements les plus marquants de l'histoire de Muotathal. En sa mémoire, diverses manifestations sont organisées à destination des touristes (randonnées, conférences, etc.). L'une des salles du restaurant « Poststübli » de l'hôtel local « Gasthaus Post » porte le nom de Suvorov, où les clients se voient proposer des « déjeuners russes » à trois plats.]

Brève historiographie[ | ]

Les sources initiales pour étudier la campagne suisse sont les ordres, rapports, rapports et lettres de Souvorov, dont la publication scientifique a commencé dans la seconde moitié du XIXe siècle et s'est achevée dans les années 1950 avec la publication d'un recueil en quatre volumes de Souvorov. documents édités par G. P. Meshcheryakov. Le 4ème volume de cette collection est consacré aux documents de 1799, dans lesquels s'est déroulée la campagne. Les documents français liés à la campagne de Suisse ont commencé à être publiés bien plus tard, déjà au début du XXe siècle. Napoléon, dans une brève description de la campagne suisse, a suggéré que A. Masséna, connaissant les plans des alliés, les devançait (plus tard ministre de la guerre et réformateur de l'armée russe) « Histoire de la guerre de 1799 entre . Cet ouvrage est souvent utilisé pour une description moderne de la campagne suisse dans d'autres publications scientifiques russes, notamment dans le Dictionnaire encyclopédique de Brockhaus et Efron (articles : Campagne suisse de Souvorov ; Saint-Gothard ; Vallée de Mutten"), les travaux de A. F. Petrushevsky, I. I. Rostunova et d'autres.