On peut dire que la vie culturelle de l'époque de la Russie kiévienne s'est déroulée sous le signe du paganisme. Cela signifie que le paganisme a été préservé en tant que tel, continuant à se développer sous ses formes antérieures. Les monuments écrits parlent de la force du paganisme à cette époque, et les données archéologiques en témoignent. Mais le paganisme est également à la base de cette culture syncrétique qui a commencé à prendre forme dès la période de la Russie kiévienne et qui a ensuite dominé la conscience populaire aux époques suivantes. Nous parlons d'un processus assez complexe de mélange et d'influence mutuelle du paganisme slave oriental traditionnel, de l'orthodoxie officielle et des apocryphes, c'est-à-dire monuments interdits dans la religion officielle. La diffusion et l'influence de cette dernière dans la littérature sont associées à la « troisième » culture - chrétienne, non chrétienne, mais pas toujours antichrétienne (N.I. Tolstoï). Quelque chose de similaire à la « culture populaire » occidentale est apparu, à la différence qu'en Russie kiévienne, elle couvrait presque toute la population, puisqu'il n'y avait pratiquement personne pour appliquer ici le concept « d'élite ».
La culture populaire était basée sur la mythologie, dont nous savons très peu de choses. Nous en savons plus sur l'épopée ancienne - les épopées (le nom correct est « vieux temps ») - les chants épiques folkloriques racontant les défenseurs de la patrie - les héros.
Depuis l'enfance, nous connaissons les images d'Ilya Muromets, Dobrynya Nikitich, Aliocha Popovich, Novgorod Sadko et d'autres. Un certain nombre d'historiens et de philologues du passé et du présent pensent que des faits et des personnages historiques spécifiques se reflètent dans les épopées. Il semble beaucoup plus correct de considérer les épopées comme des phénomènes folkloriques qui reflètent les processus les plus généraux de la vie sociale et politique, et les héros épiques comme combinant différentes couches chronologiques (V.Ya. Propp). La perception de Kievan Rus comme une « période pré-féodale » a permis à I.Ya. Froyanov et Yu. I. Yudin ont attribué les épopées à cette époque et, avec l'aide de l'ethnologie, ont déchiffré un certain nombre d'intrigues épiques. Cependant, la science se méfie également des épopées en tant que monuments enregistrés uniquement à l'époque moderne (I.N. Danilevsky).
Les gens ont également donné naissance à un autre phénomène culturel étonnant : un conte de fées. À travers les œuvres de V.Ya. Propp a établi que « le conte de fées naît de la vie sociale et de ses institutions ». La perception de la Russie kiévienne comme une « période pré-féodale » peut également corriger la perception des contes de fées, définissant plus clairement les limites de la « société pré-classe » à laquelle remonte le conte de fées. Les contes de fées reflètent deux cycles principaux : les initiations et les idées sur la mort.
L'écriture parmi les Slaves de l'Est apparaît sous l'influence de facteurs internes - le processus de formation de cités-États, de volosts, en grande partie identiques aux anciens nomes orientaux et aux anciennes cités-États grecques. Au début du développement de ces formations étatiques préclassiques, les tendances à l’intégration étaient si fortes qu’elles stimulèrent activement la croissance de l’écriture comme l’un des outils des relations intercommunautaires.
L'importance décisive des besoins populaires dans le développement de l'écriture russe ancienne est confirmée par l'histoire de la langue littéraire russe ancienne. Le communautarisme et la démocratie inhérents à l’ancienne société russe étaient de puissants outils d’influence de l’élément populaire sur la langue littéraire. La langue littéraire russe ancienne est entièrement imprégnée de discours familier : on l'entend dans des textes juridiques, des chroniques, dont la plus ancienne est « Le Conte des années passées », dans « La Prière » de Daniil Zatochnik et dans de nombreux autres monuments écrits. Cela résonne également dans la perle de la littérature russe ancienne - "Le conte de la campagne d'Igor", consacré à la campagne du prince Igor de Novgorod-Seversk contre les Polovtsiens en 1187. Il faut cependant noter que certains historiens considèrent ce monument comme un faux du XVIIIe siècle.
Un symbolisme complexe, combinant des caractéristiques chrétiennes et païennes, imprégnait également la « poésie en pierre » - l'architecture. Malheureusement, nous savons peu de choses sur l'architecture préchrétienne des Slaves orientaux - après tout, elle était en bois. Seules les fouilles archéologiques et les descriptions conservées sur les temples des Slaves d'Europe centrale peuvent être utiles ici. Peu de temples en pierre ont survécu. Souvenons-nous de la cathédrale Sainte-Sophie, un merveilleux monument d'architecture et de beaux-arts. Des temples dédiés à Sainte-Sophie ont été construits à Novgorod et Polotsk.
Les maîtres russes, ayant beaucoup emprunté à Byzance, ont développé de manière créative les traditions byzantines. Chaque équipe de construction a utilisé ses propres techniques préférées et, progressivement, chaque territoire a développé sa propre architecture religieuse. Le principal matériau de construction était la brique mince - le socle, et les secrets de la composition du mortier étaient transmis de génération en génération.
Les traits distinctifs du style architectural de Novgorod étaient la sévérité monumentale et la simplicité des formes. Au début du XIIe siècle. L'artel de Maître Pierre a travaillé ici, créant des cathédrales dans les monastères Anthony et Yuryevsky. Ce maître est également crédité de la création de l'église Saint-Nicolas dans la cour de Yaroslav. L'église du Sauveur de Nereditsa, détruite pendant la guerre, était un monument remarquable.
L'architecture du territoire de Rostov-Suzdal avait un caractère différent, où le principal matériau de construction n'était pas un socle, mais du calcaire blanc. Les principales caractéristiques de l'architecture de ce pays se sont formées sous le règne d'Andrei Bogolyubsky. Ensuite, la cathédrale de l'Assomption a été érigée à Vladimir, la Porte Dorée menant à la ville, le château princier de Bogolyubovo et à proximité un chef-d'œuvre - l'église de l'Intercession sur la Nerl. L'architecture de Vladimir-Souzdal se caractérise par l'utilisation de pilastres saillants, d'images en bas-relief de personnes, d'animaux et de plantes. Comme le notent les historiens de l’art, ces temples sont à la fois stricts et élégants. Fin XIIe – début XIIIe siècle. l'architecture devient encore plus magnifique et décorative. Un monument frappant de cette époque est la cathédrale Démétrius de Vladimir, construite sous Vsevolod le Grand Nid. La cathédrale est décorée de sculptures fines et complexes.
Dans la Russie antique, la peinture s'est également répandue - en premier lieu la peinture à fresque sur plâtre humide. Les fresques sont conservées dans la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev. Beaucoup d'entre eux sont consacrés à des sujets du quotidien : la représentation de la famille de Yaroslav le Sage, le combat des mummers, une chasse à l'ours, etc. À l'intérieur de la cathédrale, de magnifiques mosaïques ont également été conservées - des images constituées de minuscules morceaux de smalt. L'une des plus célèbres est l'image de Dmitry Solunsky.
L'icône, image des saints vénérés par l'Église, sur des planches spécialement traitées, s'est également répandue dans la Russie antique. Le monument le plus ancien de la peinture d'icônes survivant est l'icône Vladimir de la Mère de Dieu. Il a été transféré par Andrei Bogolyubsky de Kiev à Vladimir, d'où son nom. Les critiques d'art notent dans cette icône le lyrisme, la douceur et la profondeur des sentiments qui y sont exprimés. Cependant, nos icônes les plus anciennes ne sont probablement pas de l’art russe ancien, mais de l’art byzantin.
Ce principe poétique populaire trouve son développement ultérieur dans l'art de Vladimir-Souzdal. Il est visible dans le plus ancien monument de peinture de chevalet conservé de ce pays - dans la principale « Deesis », probablement exécuté à la fin du XIIe siècle. Dans l'icône, le Christ est présenté entre deux anges, la tête légèrement inclinée vers lui. La magnifique icône « Oranta » appartient également à cette terre.
Les orfèvres russes, utilisant les techniques les plus sophistiquées : filigrane, granulation, émail cloisonné, réalisaient une variété de bijoux - boucles d'oreilles, bagues, colliers, pendentifs, etc.
Nous avons peu d’idées sur la musique russe ancienne. La musique folklorique ne peut apparaître devant nous que dans les artefacts issus de la recherche archéologique. Quant à la musique religieuse, « l'organisation pratique du chant en Rus', la division des chanteurs en deux chœurs » est associée au nom de Théodose de Petchersk. Selon N.D. Uspensky, la musique russe ancienne était émouvante, chaleureuse et lyrique.
Un phénomène qui était au cœur de la culture et de la vision du monde russes anciennes, dans lequel, comme s'ils étaient concentrés, tous les rayons de la vie culturelle de cette époque se rassemblent - la ville. La culture de la Russie kiévienne était véritablement urbaine, tout comme le pays lui-même était appelé le pays des villes. Qu'il suffise de dire que dans The Tale of Bygone Years, le mot « grêle » est utilisé 196 fois et dans la version pleine voix - 53 fois. Dans le même temps, le mot « village » a été utilisé 14 fois.
La ville et les remparts avaient une signification sacrée, qui provenait apparemment de la clôture qui entourait les temples païens slaves. Après l’introduction du christianisme, ce genre d’idée s’est transféré aux sanctuaires chrétiens. Ce n'est pas un hasard si les chercheurs ont noté la coïncidence complète dans le plan de la forme du volume principal de Novgorod Sofia avec le temple de Perunov. Dans le même temps, les portes, c'est-à-dire les brèches dans la frontière qui entourait la ville, acquièrent une signification particulière. C'est pourquoi des églises-portes étaient souvent érigées sur les portes.
Detinets jouait également un rôle sacré - la principale fortification de la ville et le principal sanctuaire de la ville. Le temple était un centre de régulation culturelle, « situé au centre de l’espace social d’une communauté donnée ». C'était le centre religieux de la ville et de toute la ville de Volost - la cité-État.
Tous les monuments écrits étaient associés aux villes. Même les épopées, malgré le fait que l'action se déroule souvent en « champ ouvert », sont un genre purement urbain. Aussi V.M. Miller a écrit : « Les chansons ont été composées là où il y avait une demande, là où le pouls de la vie battait plus fort - dans les villes riches, où la vie était plus libre et plus amusante. »
La culture de la Russie kiévienne, la conscience publique sont des sujets inépuisables. Ils sont et seront étudiés en science. Il est important de noter que la culture de la Russie kiévienne était tout à fait adaptée au système de relations économiques, sociales et politiques qui existait à cette époque. À cet égard, on ne peut ignorer la question de la « vieille nationalité russe ». Dans l’historiographie soviétique, la Russie kiévienne était considérée comme le « berceau de trois peuples frères », et la nationalité russe ancienne était donc une forme de ce « berceau ». Il ne vaut guère la peine d’ironiser sur ces définitions « infantiles », comme cela se fait dans la littérature historique ukrainienne moderne. Il s’agissait d’une recherche d’une réponse à une question importante.
Aujourd’hui, la « vieille nationalité russe » fait l’objet de controverses. Était-elle? Pour l’époque de la chefferie évoquée ci-dessus, le seuil d’appartenance ethnique reflété dans les sources historiques était tout à fait suffisant. Les Slaves de l'Est ont hérité de cette ethnie des temps anciens ; ils n'ont pas perdu l'idée de l'unité panslave. Il y a encore moins de raisons de parler de « vieille nationalité russe » à l’apogée des cités-États. Les concepts de « Kiyan », « Polotsk », « Tchernigov », « Smolny », etc. contiennent des informations sur l'appartenance à un volost-land particulier, et non à un groupe ethnique.
La situation n’est pas sans rappeler l’histoire de la Grèce antique. « Les Grecs n'ont jamais pu dépasser les limites de la cité-État, sauf dans leurs rêves... Ils se sentaient avant tout Athéniens, Thébains ou Spartiates », écrit A. Bonnard, spécialiste de la civilisation grecque. Pourtant, « il n’y avait pas une seule polis grecque qui ne ressente très vivement son appartenance à la communauté hellénique ». En outre, l'ancien Russe, étant un résident de la cité-État, l'ancien système politique russe, sentait qu'il appartenait à la terre russe, ce qui ne peut pas être entendu par un certain État. La colonisation a joué un rôle important parmi les Grecs et les Slaves orientaux, ce qui les a mis en conflit avec d'autres groupes ethniques. Au fil du temps, l’Orthodoxie commence à jouer un certain rôle.
La question de la nationalité en amène une autre, qui est devenue une question très pertinente : à qui es-tu, Kievan Rus ? Ukrainien, russe ou biélorusse ? Je ne veux pas m’attarder sur cette question en détail, car elle est envahie par toutes sortes de canulars et de falsifications. Disons simplement : c'est courant. La Russie kiévienne est « l’antiquité » de l’Europe de l’Est. Nous avons notre propre « antiquité », tout comme l’Europe occidentale a sa propre antiquité. Nous devons comprendre qu’en ce sens, la Russie kiévienne appartient à tous les nouveaux États actuels : la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Elle est notre fierté et notre joie : l'État n'y était pas encore complètement formé, il n'y avait pas de nationalité établie, il n'y avait pas de religion et d'Église établies, mais il y avait une haute culture, de la liberté et beaucoup de choses glorieuses et bonnes.
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE
UNIVERSITÉ D'ÉTAT DE L'OURAL NOMMÉE D'APRÈS A. M. GORKI.
Département d'archéologie, d'ethnologie et de disciplines historiques spéciales.
FACULTÉ D'HISTOIRE
Travaux de cours
FORMATION DE L'ETHNOSE RUSSE ANCIENNE
Étudiant, gr. I-202
Kolmakov Roman Petrovitch
Directeur scientifique
Minenko Nina Adamovna
Ekaterinbourg 2007
Introduction
Chapitre 1. Ethnogenèse des Slaves orientaux
Chapitre 2. Les Slaves orientaux dans le cadre de l'ancien État russe
Conclusion
Liste de la littérature utilisée
Introduction
La Russie occupe une place importante dans l’histoire et la culture mondiale. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer le développement du monde sans Pierre Ier, Pouchkine, Dostoïevski et Joukov. Mais l’histoire du pays ne peut être considérée sans l’histoire de son peuple. Et le peuple russe, ou plutôt l’ancien peuple russe, a certainement joué un rôle majeur dans la formation de l’État russe. L’ancien groupe ethnique russe a joué un rôle tout aussi important dans la formation des peuples biélorusse et ukrainien.
Le but de ce travail est d'envisager la question de l'émergence de l'ethnie russe ancienne et de retracer les processus d'ethnogenèse. Pour l'étude de l'unité de la Russie ancienne, les données les plus importantes sont la linguistique et l'archéologie. Les travaux des linguistes permettent de parler de l'unité linguistique russe ancienne. Cette affirmation ne nie pas la diversité dialectale. Malheureusement, l'image de la division dialectale de la communauté linguistique russe ancienne ne peut être reconstituée à partir de sources écrites. Grâce aux découvertes de lettres en écorce de bouleau, seul le dialecte du Vieux Novgorod est caractérisé de manière assez précise. L'utilisation de données archéologiques dans l'étude des origines et de l'évolution de l'ethnie russe ancienne, compte tenu de tous les résultats obtenus jusqu'à présent par d'autres sciences, semble très prometteuse. Les matériaux archéologiques témoignent de l'unité ethnoculturelle de l'ancienne population russe, qui se manifeste dans l'unité de la vie urbaine et de la vie quotidienne, dans la communauté des rituels funéraires et de la culture quotidienne de la population rurale, dans la convergence de la vie et de la vie quotidienne des ville et campagne, et surtout, dans les mêmes tendances de développement culturel. Ce travail examinera les processus de formation de l’ethnie russe ancienne dans l’État russe ancien des IXe-XIe siècles.
Les travaux sur ce sujet durent depuis longtemps. De nombreux auteurs russes et étrangers se sont penchés sur ce problème. Et il faut dire que parfois leurs conclusions étaient diamétralement opposées. La Rus antique était avant tout un territoire ethnique. Il s'agissait d'une vaste région de la plaine d'Europe de l'Est, habitée par des Slaves qui parlaient initialement une seule langue slave (proto-slave) commune. Le territoire de l'ancienne Russie couvrait aux Xe et XIe siècles toutes les terres qui avaient été développées à cette époque par les Slaves orientaux, y compris celles dans lesquelles ils vivaient interstriés avec les restes des populations locales finnophones, léto-lituaniennes et baltes occidentales. . Il ne fait aucun doute que déjà dans la première moitié du XIe siècle, l'ethnonyme de la communauté ethnolinguistique slave orientale était « Rus ». Dans l'histoire des années passées, les Rus' sont une communauté ethnique qui comprenait l'ensemble de la population slave de la plaine d'Europe de l'Est. L'un des critères d'identification de la Rus' est linguistique : toutes les tribus d'Europe de l'Est ont une seule langue : le russe. Dans le même temps, la Rus antique était également une entité étatique. Le territoire de l'État à la fin des Xe-XIe siècles correspondait principalement au territoire ethnolinguistique, et l'ethnonyme Rus pour les Slaves orientaux des Xe-XIIIe siècles était en même temps un polytonyme.
L'ethnie russe ancienne existait dans le cadre de l'État russe ancien aux Xe et XIIIe siècles.
Parmi les chercheurs russes qui ont été les premiers à aborder ce sujet, on peut à juste titre citer Lomonossov. Au XVIIIe siècle, lorsque les scientifiques allemands ont commencé à tenter d'écrire l'histoire initiale de la Russie et que les premières conclusions sur le peuple russe ont été tirées, Lomonossov a ensuite présenté ses arguments dans lesquels il s'opposait aux conclusions des scientifiques allemands. Mais Lomonossov n’est toujours pas devenu célèbre dans le domaine historique.
Les œuvres de Boris Flor sont bien connues. En particulier, il entra en conflit avec l'académicien Sedov sur le cadre chronologique de la formation de l'ethnie russe ancienne, attribuant son apparition au Moyen Âge. Boris Florya, sur la base de sources écrites, a fait valoir que l'ethnie russe ancienne ne s'était finalement formée qu'au XIIIe siècle.
Sedov n'était pas d'accord avec lui, qui, sur la base de données archéologiques, datait l'apparition de l'ethnie russe ancienne aux IXe et XIe siècles. Sedov, sur la base de données archéologiques, donne une image générale de la colonisation des Slaves orientaux et de la formation du groupe ethnique russe ancien sur leur base.
La base source est extrêmement mal représentée. Il reste peu de sources écrites sur la Russie antique. Les incendies fréquents, les invasions de nomades, les guerres intestines et autres catastrophes laissaient peu d'espoir pour la préservation de ces sources. Cependant, il existe encore des notes d'auteurs étrangers qui parlent de la Russie.
Les écrivains et voyageurs arabes Ibn Fadlan et Ibn Ruste parlent de la période de la phase initiale de la formation de l'ancien État russe et parlent également des marchands russes à l'est. Leurs œuvres sont extrêmement importantes car elles révèlent une image de la vie russe au Xe siècle.
Les sources russes incluent le Conte des années passées, qui entre cependant parfois en conflit avec certaines données d'auteurs étrangers.
Chapitre 1. Ethnogenèse des Slaves orientaux
Les ancêtres des Slaves vivent depuis longtemps en Europe centrale et orientale. Les archéologues pensent que les tribus slaves peuvent être retracées depuis les fouilles jusqu'au milieu du deuxième millénaire avant JC. Les ancêtres des Slaves (dans la littérature scientifique, ils sont appelés Proto-Slaves) se trouveraient parmi les tribus qui habitaient le bassin de l'Odra, de la Vistule et du Dniepr. Dans le bassin du Danube et dans les Balkans, les tribus slaves ne sont apparues qu'au début de notre ère.
La science historique soviétique a reconnu que la formation et le développement des tribus slaves ont eu lieu sur le territoire de l'Europe centrale et orientale. De par leur origine, les Slaves de l'Est sont étroitement liés aux Slaves de l'Ouest et du Sud. Ces trois groupes de peuples apparentés avaient une seule racine.
Au début de notre ère, les tribus slaves étaient connues sous le nom de Venets ou Wends. Veneds, ou « Vento », est sans aucun doute l'ancien nom des Slaves. Les mots de cette racine (dans les temps anciens, y compris le son nasal "e", qui a ensuite commencé à être prononcé comme "ya") ont été conservés pendant plusieurs siècles, dans certains endroits jusqu'à nos jours. Le nom ultérieur de la grande union tribale slave « Vyatichi » remonte à cet ancien ethnonyme commun. Le nom allemand médiéval des régions slaves est Wenland et le nom finlandais moderne de la Russie est Vana. Il faut supposer que l’ethnonyme « Vends » remonte à l’ancienne communauté européenne. De là sont issus les Vénètes du nord de l'Adriatique, ainsi que la tribu celtique des Vénètes de Bretagne, conquise par César lors de ses campagnes en Gaule dans les années 50 du Ier siècle. avant JC e., et les Wends (Venet) - Slaves. Les Wends (Slaves) sont rencontrés pour la première fois dans l'ouvrage encyclopédique « Histoire naturelle », écrit par Pline l'Ancien (23/24-79 après JC). Dans la section consacrée à la description géographique de l'Europe, il rapporte qu'Eningia (une région de l'Europe dont la correspondance n'est pas sur les cartes) « habitée jusqu'à la rivière Visula par des Sarmates, des Wends, des Skyrs... ». Les Skirs sont une tribu d'Allemands, localisée quelque part au nord des Carpates. De toute évidence, leurs voisins (ainsi que les Sarmates) étaient les Wends.
Le lieu de résidence des Wends est indiqué de manière un peu plus précise dans l'ouvrage du géographe et astronome grec Ptolémée, « Guide géographique ». Le scientifique nomme les Wends parmi les « grands peuples » de Sarmatie et relie définitivement les lieux de leurs colonies au bassin de la Vistule. Ptolémée appelle les voisins orientaux des Wends les Galinds et les Sudins - ce sont des tribus baltes occidentales assez connues, localisées dans la zone située entre les fleuves Vistule et Néman. Sur une carte géographique romaine du IIIe siècle. n. e., connus dans la littérature historique sous le nom de « Tables de Pevtinger », les Wends-Sarmates sont désignés au sud de la mer Baltique et au nord des Carpates.
Il y a des raisons de le croire au milieu du 1er millénaire après JC. fait référence à la division des tribus slaves en deux parties : le nord et le sud. Les écrivains du VIe siècle - Jordan, Procope et Maurice - mentionnent les Slaves du sud - Sklavens et Antes, soulignant cependant qu'il s'agit de tribus liées entre elles et aux Wends. Ainsi, Jordan écrit : « … À partir du gisement de la Vistule (Vistule), une tribu peuplée de Vénitiens s'est installée sur des espaces incommensurables. Bien que leurs noms changent désormais selon les différents clans et localités, ils sont encore majoritairement appelés Slaves et Fourmis. Étymologiquement, ces deux noms remontent à l’ancien nom commun de Veneda, ou Vento. Les Antes sont mentionnées à plusieurs reprises dans les ouvrages historiques des VIe et VIIe siècles. Selon la Jordanie, les Antes habitaient les zones situées entre le Dniestr et le Dniepr. En utilisant les écrits de ses prédécesseurs, cet historien éclaire également des événements antérieurs lorsque les Antes étaient en inimitié avec les Goths. Au début, les Antes réussirent à repousser l'attaque de l'armée gothique, mais après un certain temps, le roi gothique Vinitarius vainquit néanmoins les Antes et exécuta leur prince Dieu et 70 anciens.
La direction principale de la colonisation slave dans la première moitié du 1er millénaire après JC. était au nord-ouest. L'installation des Slaves dans les cours supérieurs de la Volga, du Dniepr et de la Dvina occidentale, occupés principalement par des tribus finno-ougriennes, a apparemment conduit à un certain mélange des Slaves avec les peuples finno-ougriens, ce qui s'est également reflété dans la nature des relations culturelles. les monuments.
Après la chute de l'État scythe et l'affaiblissement des Sarmates, les colonies slaves se sont déplacées vers le sud, où une population appartenant à diverses tribus vivait sur une vaste zone allant des rives du Danube jusqu'à la région du Dniepr moyen.
Établissements slaves du milieu et de la seconde moitié du 1er millénaire après JC. au sud, dans les zones de steppe et de forêt-steppe, il s'agissait majoritairement de villages ouverts d'agriculteurs avec des habitations en semi-pirogues en pisé et des fours en pierre. Il existait également de petites « villes » fortifiées où, outre des outils agricoles, étaient découverts des vestiges de la production métallurgique (par exemple des creusets pour la fusion des métaux non ferreux). Les enterrements à cette époque étaient effectués, comme auparavant, en brûlant le cadavre, mais à côté des cimetières sans tumulus, des enterrements de cendres sous des tumulus sont également apparus, et ce aux IXe et Xe siècles. Le rituel de l'enterrement par disposition des cadavres est de plus en plus répandu.
Aux VIe – VIIe siècles. ANNONCE Les tribus slaves du nord et du nord-ouest occupaient toutes les parties orientales et centrales de la Biélorussie moderne, auparavant habitées par des tribus letto-lituaniennes, ainsi que de nouvelles vastes zones dans le cours supérieur du Dniepr et de la Volga. Au nord-est, ils ont également avancé le long de la rivière Lovat jusqu'au lac Ilmen et plus loin jusqu'à Ladoga.
Au cours de la même période, une autre vague de colonisation slave se dirigea vers le sud. Après une lutte acharnée avec Byzance, les Slaves réussirent à occuper la rive droite du Danube et à s'installer dans de vastes zones de la péninsule balkanique. Apparemment vers la seconde moitié du 1er millénaire après JC. fait référence à la division des Slaves en est, ouest et sud, qui a survécu jusqu'à ce jour.
Au milieu et dans la seconde moitié du 1er millénaire après JC. Le développement socio-économique des Slaves a atteint un niveau auquel leur organisation politique dépassait les frontières de la tribu. Dans la lutte contre Byzance, contre l'invasion des Avars et d'autres opposants, des alliances tribales se sont formées, représentant souvent une force militaire importante et recevant généralement les noms des principales tribus qui faisaient partie de cette alliance. Les sources écrites contiennent des informations, par exemple, sur l'union qui a uni les tribus Duleb-Volyn (VIe siècle), sur l'union des tribus carpates des Croates - Tchèques, Vistules et Blancs (VI-VIIe siècles), sur les Serbes-Lusaces. union (VIIe siècle. ). Apparemment, les Russes (ou Dews) étaient une telle union de tribus. Les chercheurs associent ce nom lui-même au nom de la rivière Ros, où vivaient les Dews, à leur ville principale Rodney et au culte du dieu Rod, qui a précédé le culte de Perun. Retour au 6ème siècle. Jordan mentionne « Rosomoni », qui, selon B. A. Rybakov, pourrait signifier « les gens de la tribu Ros ». Jusqu'à la fin du IXe siècle, des références aux Ros, ou Russ, étaient trouvées dans les sources, et à partir du Xe siècle le nom « Rus », « Russe » prédominait déjà. Le territoire de la Rus aux VIe – VIIIe siècles. il y avait, apparemment, une région de forêt-steppe de la région du Dniepr moyen, qui a longtemps été communément appelée la Russie elle-même, même lorsque ce nom s'est répandu dans tout l'État slave oriental.
Certains sites archéologiques suggèrent l'existence d'autres unions tribales slaves orientales. Différents types de tumulus – sépultures familiales avec cadavres brûlés – appartenaient, selon la plupart des chercheurs, à différentes unions tribales. Les soi-disant « longs tumulus » - des tumulus en forme de rempart atteignant 50 mètres de long - sont courants au sud du lac Peipus et dans les cours supérieurs de la Dvina, du Dniepr et de la Volga, c'est-à-dire sur le territoire de Krivichi. On pourrait penser que les tribus qui ont quitté ces monticules (à la fois les Slaves et les Léto-Lituaniens) faisaient partie d'une alliance autrefois vaste, dirigée par les Krivichi. De hauts monticules ronds - « collines », répartis le long des rivières Volkhov et Msta (de Priilmenye jusqu'à Sheksna), appartiennent, selon toute vraisemblance, à une alliance de tribus dirigée par les Slaves. De grands monticules des VIe-Xe siècles, cachant une palissade entière dans le remblai et une boîte grossière avec des urnes contenant les cendres des morts, pourraient appartenir aux Viatichi. Ces monticules se trouvent dans le cours supérieur du Don et dans le cours moyen de l'Oka. Il est possible que les caractéristiques communes trouvées dans les monuments ultérieurs des Radimichi (qui vivaient le long de la rivière Sozha) et des Viatichi s'expliquent par l'existence dans les temps anciens de l'union tribale Radimichi-Vyatichi, qui pourrait en partie inclure des habitants du Nord qui vivaient sur la rives de la Desna, de la Seim, de la Sula et de la Worksla. Ce n'est pas pour rien que le Conte des années passées nous raconte plus tard la légende sur l'origine des Vyatichi et Radimichi de deux frères.
Au sud, entre le Dniestr et le Danube, de la seconde moitié du VIe au début du VIIe siècle. Apparaissent des villages slaves appartenant à l'union tribale Tivertsi.
Au nord et au nord-est jusqu'au lac Ladoga, dans une région forestière dense habitée par des tribus finno-ougriennes, les Krivichi et les Slovènes pénétraient alors en remontant les grands fleuves et leurs affluents.
Au sud et au sud-est, jusqu'aux steppes de la mer Noire, les tribus slaves se déplaçaient en lutte constante avec les nomades. Le processus de progrès, qui a commencé aux VIe et VIIe siècles, s'est déroulé avec plus ou moins de succès. Slaves au 10ème siècle atteint les rives de la mer d'Azov. Selon toute vraisemblance, la base de la principauté ultérieure de Tmutarakan était la population slave, qui a pénétré dans ces lieux à une période beaucoup plus ancienne.
Au milieu du Xe millénaire, la principale occupation des Slaves orientaux était l'agriculture, dont le développement était cependant inégal au sud, dans les zones de steppe et de forêt-steppe et dans les forêts du nord. Dans le sud, la culture de la charrue avait des traditions vieilles de plusieurs siècles. Les découvertes de pièces en fer d'une charrue (plus précisément d'une charrue) remontent aux IIe, IIIe et Ve siècles. L'économie agricole développée des Slaves orientaux de la bande steppique a eu une influence considérable sur leurs voisins dans la seconde moitié du Xe millénaire. Ceci explique, par exemple, l'existence à ce jour des noms slaves de nombreux outils agricoles chez les Moldaves : charrue, sekure (hache - hache), lope, tesle (herminette) et autres.
Dans la zone forestière, ce n'est que vers la fin du Xe millénaire que les grandes cultures sont devenues la forme d'agriculture dominante. Le plus ancien ouvre-fer de cette région a été trouvé à Staraïa Ladoga dans des couches remontant au 8ème siècle. L'agriculture arable, tant labourée que labourée, nécessitait l'utilisation de la force de traction du bétail (chevaux, bœufs) et la fertilisation de la terre. Par conséquent, à côté de l’agriculture, l’élevage bovin a joué un rôle important. Les activités auxiliaires importantes étaient la pêche et la chasse. La transition généralisée des captifs slaves de l'Est vers l'agriculture arable comme activité principale s'est accompagnée de graves changements dans leur système social. L'agriculture arable n'exigeait pas le travail conjoint de grands groupes claniques. Aux VIIIe – Xe siècles. Dans les zones de steppe et de forêt-steppe du sud de la partie européenne de la Russie, il y avait des établissements de la culture dite de Romensk-Borchtchev, que les chercheurs considèrent comme caractéristique de la communauté voisine. Parmi eux se trouvaient de petits villages fortifiés par des remparts, composés de 20 à 30 maisons, hors sol ou quelque peu enfouies dans le sol, et de grands villages dont seule la partie centrale était fortifiée, et la plupart des maisons (jusqu'à 250 au total) étaient situé à l'extérieur de celui-ci. Pas plus de 70 à 80 personnes vivaient dans de petites colonies ; dans les grands villages - parfois plus d'un millier d'habitants. Chaque habitation (16 à 22 m² avec poêle séparé et débarras) possédait ses propres dépendances (grange, caves, remises diverses) et appartenait à une seule famille. Dans certains endroits (par exemple, sur le site de la montagne Blagoveshchenskaya), des bâtiments plus grands ont été découverts, servant peut-être de réunions de membres de la communauté voisine - des frères, qui, selon B. A. Rybakov, étaient accompagnés d'une sorte de rituels religieux.
Les colonies de type Romensky-Borshchevsky ont un caractère très différent des colonies situées au nord, à Staraya Ladoga, où dans les couches du VIIIe siècle, V.I. Ravdonikas a découvert de grandes maisons hors sol taillées dans des rondins d'une taille moyenne de 96 - 100 m² avec un petit porche et un poêle-poêle, situé au centre de l'habitation. Probablement, chacune de ces maisons était habitée par une famille nombreuse (de 15 à 25 personnes) ; La nourriture était préparée au four pour tout le monde et la nourriture était puisée dans les réserves collectives. Les dépendances étaient situées séparément, à côté de l'habitation. Le village de Staraya Ladoga appartenait également à la communauté voisine, dans laquelle les vestiges de la vie tribale étaient encore forts et les habitations appartenaient à des familles encore plus nombreuses. Déjà au IXe siècle, ces maisons étaient ici remplacées par de petites cabanes (16 à 25 m²) avec un poêle dans le coin, comme au sud, les habitations d'une famille relativement petite.
Les conditions naturelles ont contribué à la formation de la population slave orientale dans les zones forestières et steppiques dès le 1er millénaire après JC. e. deux types d'habitat dont les différences se sont ensuite creusées. Dans la zone forestière, dominaient les maisons en rondins hors sol avec un poêle-poêle, dans la steppe - des cabanes en pisé (souvent sur une charpente en bois) quelque peu enfoncées dans le sol avec un poêle en pisé et un sol en terre battue.
Dans le processus d'effondrement des relations patriarcales d'époques assez lointaines, les vestiges de formes sociales plus anciennes décrites dans le Conte des années passées ont été préservés ici et là - le mariage par enlèvement, les restes d'un mariage de groupe, que le chroniqueur a pris pour polygamie, traces de l'avunculat, qui faisait partie de la coutume de nourrir, d'incinérer les morts.
Sur la base d'anciennes unions de tribus slaves, des associations politiques territoriales (principautés) se sont formées. En général, ils ont connu une période développée « semi-patriarcale-semi-féodale », au cours de laquelle, avec l'augmentation des inégalités de propriété, la noblesse locale a émergé, s'emparant progressivement des terres communales et se transformant en propriétaires féodaux. Les chroniques mentionnent également des représentants de cette noblesse - Mal parmi les Drevlyans, Khodotu et son fils parmi les Viatichi. Ils appellent même Mala un prince. Je considérais le légendaire Kiy, le fondateur de Kiev, comme le même prince.
Les territoires des principautés slaves orientales sont décrits dans le Conte des années passées. Certains traits de la vie de leur population (notamment les différences dans les détails du rite funéraire, la robe de mariée des femmes locales) étaient très stables et persistèrent pendant plusieurs siècles même lorsque les règnes eux-mêmes cessèrent d'exister. Grâce à cela, les archéologues ont pu, à partir de données chroniques, clarifier considérablement les limites de ces zones. Au moment de la formation de l'État de Kiev, le territoire slave oriental était un massif unique, s'étendant des rives de la mer Noire au lac Ladoga et des sources du Bug occidental jusqu'au cours moyen de l'Oka et de la Kliazma. La partie sud de ce massif était formée par les territoires des Tivertsy et des Ulich, couvrant les cours moyen et sud du Prut Dniestr et du Bug méridional. Au nord-ouest d'eux, dans les cours supérieurs du Dniestr et du Prut en Transcarpatie, vivaient les Croates blancs. Au nord d'eux, dans le cours supérieur du Bug occidental - les Volyniens, à l'est et au nord-est des Croates blancs, sur les rives du Pripyat, Sluch et Irsha - les Drevlyans, au sud-est des Drevlyans, en le cours moyen du Dniepr, dans la région de Kiev - la clairière, à gauche sur les rives du Dniepr, le long de la Desna et du Seim - les nordistes, au nord d'eux, le long du Sozh - le Radimichi. Les voisins des Radimichi à l'ouest étaient les Dregovichi, qui occupaient les terres le long de la Bérézina et dans le cours supérieur du Neman ; à l'est, les Vyatichi, qui habitaient les parties supérieure et moyenne du bassin d'Oka (y compris la rivière Moscou). ) et le cours supérieur du Don, bordaient les nordistes et Radimichi. Au nord de la rivière Moscou, un vaste territoire dans le cours supérieur de la Volga, du Dniepr et de l'ouest de la Dvina, s'étendant au nord-ouest jusqu'à la rive orientale du lac Peipus, était occupé par les Krivichi. Enfin, au nord et au nord-est du territoire slave, sur Lovat et Volkhov vivaient les Slovènes d'Ilmen.
Au sein des principautés slaves orientales, des divisions plus petites peuvent être retracées à partir de matériaux archéologiques. Ainsi, les tumulus de Krivichi comprennent trois grands groupes de monuments, différant en détails par le rite funéraire - Pskov, Smolensk et Polotsk (le chroniqueur a également identifié un groupe spécial d'habitants de Polotsk parmi les Krivichi). Les groupes de Smolensk et de Polotsk se seraient formés plus tard que celui de Pskov, ce qui permet de penser à la colonisation par les Krivichi, nouveaux venus du sud-ouest, de Prinemania ou de l'interfluve Buzh-Vistule, premiers des Pskov (IVe-VIe siècles). ), puis des terres de Smolensk et de Polotsk. Parmi les monticules Viatitchs, il existe également plusieurs groupes locaux.
Aux IXe et XIe siècles. Le territoire continu de l'ancien État russe de la Terre russe est formé, dont le concept de patrie était très caractéristique des Slaves orientaux de cette époque. Jusqu'à cette époque, la conscience coexistante de la communauté des tribus slaves orientales reposait sur les liens tribaux. Les terres russes occupaient de vastes espaces depuis les affluents gauches de la Vistule jusqu'aux contreforts du Caucase, de Taman et le cours inférieur du Danube jusqu'aux rives du golfe de Finlande et du lac Ladoga. Les nombreuses personnes qui vivaient sur ce territoire s'appelaient elles-mêmes « Rus », adoptant, comme mentionné ci-dessus, une auto-désignation auparavant inhérente uniquement à la population d'une région relativement petite de la région du Dniepr moyen. Ce pays, ainsi que d'autres peuples de l'époque, s'appelaient la Russie. Le territoire de l'ancien État russe comprenait non seulement la population slave orientale, mais également une partie des tribus voisines.
La colonisation des terres non slaves (dans la région de la Volga, dans la région de Ladoga, au nord) s'est d'abord déroulée de manière pacifique. Ces territoires étaient principalement pénétrés par des paysans et des artisans slaves. Les nouveaux colons vivaient même dans des villages non fortifiés, apparemment sans craindre les attaques de la population locale. Les paysans développèrent de nouvelles terres, les artisans approvisionnèrent la région avec leurs produits. Plus tard, les seigneurs féodaux slaves y sont venus avec leurs escouades. Ils érigèrent des forteresses, imposant un tribut à la population slave et non slave de la région, et s'emparèrent des meilleures parcelles de terre.
Au cours du développement économique de ces terres par la population russe, le processus complexe d'influence culturelle mutuelle des Slaves et de la population finno-ougrienne s'est intensifié. De nombreuses tribus « Chud » ont même perdu leur langue et leur culture, mais ont à leur tour influencé la culture matérielle et spirituelle de l’ancien peuple russe.
Au IXe et surtout au Xe siècle. L'auto-désignation commune des Slaves de l'Est s'est manifestée avec beaucoup plus de force et de profondeur dans la diffusion du terme « Rus » sur toutes les terres slaves de l'Est, dans la reconnaissance de l'unité ethnique de tous ceux qui vivent sur ce territoire, dans la conscience de un destin commun et dans la lutte commune pour l'intégrité et l'indépendance de la Russie.
Le remplacement des anciens liens tribaux par de nouveaux liens territoriaux s'est produit progressivement. Ainsi, dans le domaine de l’organisation militaire, on peut retracer la présence de milices indépendantes sous les règnes antiques jusqu’à la fin du Xe siècle. Les milices des Slovènes, Krivichi, Drevlyans, Radimichi, Polyans, Nordistes, Croates, Dulebs, Tiverts (et même des tribus non slaves - Chuds, etc.) ont participé aux campagnes des princes de Kiev. Du début du XIe siècle. Ils ont commencé à être supplantés dans les régions centrales par les milices urbaines des Novgorodiens et des Kiyans (Kievans), bien que l'indépendance militaire des principautés individuelles ait continué d'exister aux Xe et XIe siècles.
Sur la base d'anciens dialectes tribaux apparentés, la langue russe ancienne a été créée, qui présentait des différences dialectales locales. Vers la fin du IXe - début du Xe siècle. Il faut attribuer la formation de la langue écrite russe ancienne et l'apparition des premiers monuments écrits.
La poursuite de l'expansion des territoires de la Rus', le développement de la langue et de la culture russes anciennes allèrent de pair avec le renforcement de la nationalité russe ancienne et l'élimination progressive des vestiges de l'isolement tribal. La séparation des classes de seigneurs féodaux et de paysans et le renforcement de l'État ont également joué ici un rôle important.
Des sources écrites et archéologiques remontant aux IXe, Xe et début du XIe siècles décrivent clairement le processus de formation des classes et la séparation des escouades seniors et juniors.
Aux IXe et XIe siècles. comprennent de grands tumulus, où la plupart des guerriers étaient enterrés, brûlés sur le bûcher avec des armes, divers objets de luxe, parfois avec des esclaves (le plus souvent avec des esclaves), censés servir leur maître dans « l'autre monde », comme ils ont servi dans celui-ci. De tels cimetières étaient situés à proximité des grands centres féodaux de la Russie kiévienne (le plus grand d'entre eux est Gnezdovsky, où se trouvent plus de 2 000 tumulus, près de Smolensk ; Mikhailovsky près de Yaroslavl). À Kiev même, les soldats étaient enterrés selon un rituel différent - ils n'étaient pas brûlés, mais étaient souvent placés avec des femmes et toujours avec des chevaux et des armes dans une maison en rondins (maison) avec un sol et un plafond spécialement enterrés dans le sol. Une étude des armes et d'autres objets trouvés dans les sépultures des guerriers a montré de manière convaincante que l'écrasante majorité des guerriers sont des Slaves. Dans le cimetière de Gnezdovo, seule une petite minorité de sépultures appartiennent aux Normands – les « Varègues ». Ainsi que les sépultures de guerriers au Xe siècle. Il y avait de magnifiques sépultures de nobles féodaux - princes ou boyards. Un noble Slave était brûlé dans un bateau ou un bâtiment spécialement construit - une domovina - avec des esclaves, un esclave, des chevaux et autres animaux domestiques, des armes et de nombreux ustensiles précieux qui lui appartenaient au cours de sa vie. Tout d'abord, un petit monticule a été construit sur le bûcher funéraire, sur lequel un festin funéraire a eu lieu, éventuellement accompagné d'un festin, de compétitions rituelles et de jeux de guerre, et ensuite seulement un grand monticule a été versé.
Le développement économique et politique des Slaves orientaux a naturellement conduit à la création parmi eux, sur une base locale, d'un État féodal dirigé par les princes de Kiev. La conquête varègue, reflétée dans la légende de « l'appel » des Varègues sur la terre de Novgorod et de la prise de Kiev au IXe siècle, n'a pas eu plus, et très probablement moins d'influence sur le développement des Slaves orientaux que sur la population de la France médiévale ou de l'Angleterre. L'affaire se limitait à un changement de dynastie et à la pénétration d'un certain nombre de Normands dans la noblesse. Mais la nouvelle dynastie subit la forte influence de la culture slave et se « russifie » en quelques décennies. Le petit-fils du légendaire fondateur de la dynastie varègue, Rurik, portait un nom purement slave - Sviatoslav, et selon toute vraisemblance, sa manière de s'habiller et son comportement n'étaient pas différents de ceux de n'importe quel représentant de la noblesse slave.
Ainsi, il est tout à fait clair qu'au moment de la formation de l'État russe ancien, sur le territoire des tribus slaves orientales, il existait des caractéristiques ethniques communes à tout ce qui a précédé la formation de la nationalité russe ancienne. Ceci est confirmé par les données archéologiques : une culture matérielle uniforme peut être retracée. En outre, une langue unique s'est développée sur ce territoire, avec des caractéristiques dialectales locales mineures.
Chapitre 2. Les Slaves orientaux dans le cadre de l'ancien État russe
Existence aux X – XI siècles. La communauté ethnolinguistique russe ancienne (slave orientale) est confirmée de manière fiable par des données linguistiques et archéologiques. Au Xe siècle, dans la plaine de l'Europe de l'Est, au sein de la colonie slave, une culture russe ancienne uniforme s'est formée pour remplacer plusieurs cultures reflétant l'ancienne division dialectale-ethnographique de l'ethnie proto-slave. Son développement global a été déterminé par l'émergence d'une vie urbaine avec des activités artisanales en pleine évolution, la formation de la suite militaire et des classes administratives. La population des villes, l'escouade russe et l'administration de l'État étaient constituées de représentants de diverses formations proto-slaves, ce qui a conduit à l'nivellement de leurs caractéristiques dialectales et autres. Les objets de la vie urbaine et les armes deviennent monotones, caractéristiques de l'ensemble des Slaves orientaux.
Ce processus a également affecté les habitants ruraux de la Rus', comme en témoignent les monuments funéraires. Au lieu de différents types de monticules - les types de Korczak et du Haut Oka, les monticules en forme de rempart (longs) des collines de Krivichi et d'Ilmen - les anciens monticules russes se généralisent dans leur structure, leurs rituels et leur direction d'évolution, qui sont de le même type sur tout le territoire de l'ancienne Rus'. Les tumulus des Drevlyans ou Dregovichi deviennent identiques aux cimetières synchrones des Krivichi ou Vyatichi. Les différences tribales (ethnographiques) dans ces monticules ne se manifestent que dans les anneaux inégaux des temples ; le reste des artefacts (bracelets, bagues, boucles d'oreilles, clairs de lune, articles ménagers, etc.) sont de caractère russe général.
Les migrants du Danube ont joué un rôle important dans la consolidation ethnolinguistique de la population slave de l'ancien État russe. L'infiltration de ces dernières se fait sentir dans les matériaux archéologiques d'Europe de l'Est à partir du VIIe siècle. A cette époque, cela touchait principalement les terres du Dniepr.
Cependant, après la défaite de l'Empire de Grande Moravie, de nombreux groupes de Slaves, quittant les terres habitées du Danube, se sont installés dans la plaine d'Europe de l'Est. Cette migration, comme le montrent de nombreuses découvertes d'origine danubienne, est à un degré ou à un autre caractéristique de toutes les régions précédemment développées par les Slaves. Les Slaves du Danube sont devenus la partie la plus active des Slaves orientaux. Parmi eux se trouvaient de nombreux artisans hautement qualifiés. Il y a des raisons d'affirmer que la diffusion rapide de la poterie céramique parmi la population slave d'Europe de l'Est était due à l'infiltration des potiers du Danube dans leur sein. Les artisans du Danube ont donné une impulsion au développement de la bijouterie et peut-être d'autres métiers de l'ancienne Rus'.
Sous l'influence des colons du Danube, la coutume païenne de la crémation des morts, autrefois dominante, s'est développée au Xe siècle. a commencé à être remplacé par des enterrements de cadavres sous les tumulus. Dans la région du Dniepr de Kiev au Xe siècle. les inhumations dominaient déjà les tumulus et les nécropoles slaves, soit un siècle avant l'adoption officielle du christianisme par la Russie. Au nord, dans la zone forestière jusqu'à Ilmen, le processus de changement des rituels a eu lieu dans la seconde moitié du Xe siècle.
Les documents linguistiques indiquent également que les Slaves de la plaine d'Europe de l'Est ont survécu à l'ère russe ancienne commune. Les recherches linguistiques menées par des scientifiques de la fin du XIXe au début du XXe siècle ont conduit à cette conclusion. Leurs résultats ont été résumés par l'éminent philologue slave, dialectologue et historien de la langue russe N. N. Durnovo dans le livre « Introduction à l'histoire de la langue russe », publié en 1927 à Brno.
Cette conclusion découle d'une analyse approfondie des monuments écrits de l'ancienne Rus'. Bien que la plupart d'entre eux, y compris les chroniques, soient rédigés en slave de l'Église, un certain nombre de ces documents décrivent souvent des épisodes dont la langue s'écarte des normes du slave de l'Église et est le vieux russe. Il existe également des monuments écrits en vieux russe. Il s’agit de la « Vérité russe », compilée au XIe siècle. (parvenu jusqu'à nous dans la liste du Xe siècle), de nombreuses lettres, exemptes d'éléments du slave de l'Église, « Le conte de la campagne d'Igor », dont la langue est proche du discours vivant de la population alors urbaine du sud de la Russie '; quelques Vies de Saints.
L'analyse des monuments écrits a permis aux chercheurs d'affirmer que dans l'histoire des langues slaves d'Europe de l'Est, il y eut une période où, dans tout l'espace de peuplement des Slaves de l'Est, de nouveaux phénomènes linguistiques et en même temps certains Proto- Des processus slaves se sont développés.
Un seul espace ethnolinguistique slave oriental n’exclut pas la diversité dialectale. Son image complète ne peut être reconstituée à partir de monuments écrits. À en juger par les matériaux archéologiques, la division dialectale de la communauté russe ancienne était assez profonde et était due à l'installation de groupes tribaux très différents de Slaves dans la plaine d'Europe de l'Est et à leur interaction avec une population hétérogène et ethniquement soustractive.
Les sources historiques parlent assez clairement de l'unité ethnique de la population slave des XIe-XIXe siècles, qui s'est installée dans les espaces de la plaine orientale et s'appelle la Russie. Dans Le Conte des années passées, la Rus' contraste ethnographiquement, linguistiquement et politiquement avec les Polonais, les Grecs byzantins, les Hongrois, les Polovtsiens et d'autres groupes ethniques de cette époque. Sur la base d'une analyse de monuments écrits, A.V. Soloviev a montré que pendant deux siècles (911-1132), le concept de « Rus » et de « terre russe » désignait l'ensemble des Slaves orientaux, tout le pays qu'ils habitaient.
Dans la seconde moitié du XIIe - premier tiers du XIIIe siècle, lorsque la Russie antique s'est divisée en un certain nombre de principautés féodales qui poursuivaient ou tentaient de mener une politique indépendante, l'unité de l'ancien peuple russe a continué à se réaliser : l'ensemble La terre russe s'opposait à des fiefs isolés, souvent en guerre les uns contre les autres. De nombreuses œuvres d'art et épopées de cette époque sont imprégnées de l'idée de l'unité de la Rus'. L'ancienne culture russe, dynamique, poursuit à cette époque son développement progressif sur tout le territoire des Slaves orientaux.
Du milieu du XIIIe siècle. La région slave orientale s'est avérée démembrée politiquement, culturellement et économiquement. Les processus d’intégration précédents ont été suspendus. L'ancienne culture russe, dont le niveau de développement était largement déterminé par les villes dotées d'un artisanat très développé, a cessé de fonctionner. De nombreuses villes de la Russie furent ruinées, tandis que la vie dans d'autres tomba en ruine pendant un certain temps. Dans la situation qui s'est développée dans la seconde moitié des XIIIe et XIVe siècles, le développement ultérieur de processus linguistiques communs dans le vaste espace slave oriental est devenu impossible. Des caractéristiques linguistiques locales sont apparues dans différentes régions et le groupe ethnique russe ancien a cessé d'exister.
La base du développement linguistique des différentes régions des Slaves orientaux n'était pas la différenciation politique, économique et culturelle de la région. La formation des langues individuelles a été davantage déterminée par la situation historique qui s'est déroulée en Europe de l'Est au milieu et dans la seconde moitié du 1er millénaire après JC. e.
On peut affirmer avec certitude que les Biélorusses et leur langue sont le résultat d'une symbiose balto-slave qui a débuté au milieu du 1er millénaire après JC. e., lorsque les premiers groupes de Slaves sont apparus sur l'ancien territoire baltique et ont pris fin aux Xe et XIIe siècles. La majeure partie des Baltes n'ont pas quitté leurs habitats et, à la suite de la slavisation, ont rejoint le groupe ethnique slave. Cette population russe occidentale du Grand-Duché de Lituanie s'est progressivement transformée en groupe ethnique biélorusse.
Les descendants des Antes sont devenus la base de la nation ukrainienne. Cependant, il ne serait pas correct d’élever directement les Ukrainiens parmi eux. Les Antes sont l'un des groupes dialectaux et culturels des Slaves, formés à la fin de l'époque romaine dans les conditions de la symbiose slave-iranienne. Pendant la période de migration des peuples, une partie importante des tribus de fourmis ont migré vers les terres des Balkans-Danube, où elles ont participé à l'ethnogenèse des Serbes et Croates du Danube, des Sorabes poelbiens, des Bulgares, etc. une masse de fourmis s'est déplacée vers la moyenne Volga, où elles ont créé la culture Imenkovo .
Dans la région du Dniepr-Dniester, les descendants directs des Antes étaient les Croates chroniques, Tivertsy et Ulichi. Aux VIIe-IXe siècles. Il y a un certain mélange des Slaves issus de la communauté des Fourmis avec les Slaves du groupe Duleb, et pendant la période de l'État russe ancien, évidemment, sous la pression des nomades des steppes, il y a eu une infiltration des descendants des Fourmis en direction du nord.
L'originalité de la culture des descendants des Antes dans la période russe ancienne se manifeste principalement dans les rituels funéraires - le rituel funéraire kurgan ne s'est pas répandu parmi eux. Les principaux dialectes ukrainiens se sont développés dans cette région.
Le processus de formation de la nationalité russe était plus complexe. En général, les Grands Russes du Nord sont les descendants de ces tribus slaves qui, ayant quitté le groupe wendish de la communauté proto-slave (Povislenie), se sont installées au milieu du 1er millénaire après JC. e. dans les terres forestières de la plaine d'Europe de l'Est. L'histoire de ces colons était mitigée. Les Slaves qui se sont installés dans le Haut Dniepr et en Podvinie, c'est-à-dire dans l'ancienne région baltique, après l'effondrement du vieux peuple russe, sont devenus une partie des Biélorusses émergents. Les zones dialectales distinctes étaient celles de Novgorod, de Pskov et du nord-est de la Russie. Aux Xe - XIIe siècles. il s'agissait de dialectes de la langue russe ancienne, qui plus tard, selon toute vraisemblance, ont acquis une signification indépendante. Tous ces territoires, avant le développement slave, appartenaient à diverses tribus finlandaises, dont l'influence sur la langue russe ancienne était insignifiante.
Le noyau des Grands Russes du Sud était constitué de Slaves revenus de la région de la Moyenne Volga (également descendants d'actes) et installés dans la région située entre le Dniepr et le Don (cultures Volyn, Romny, Borshchev et antiquités d'Oka synchrones avec elles).
Les dialectes du Grand Russe moyen étaient au cœur de la formation de la langue russe, dont le début de la formation remonte vraisemblablement aux Xe et XIIe siècles, lorsqu'il y eut un mélange territorial des Krivichi (futurs Grands Russes du Nord) avec les Viatichi (groupe sud de la Grande Russie). Au fil du temps, l'éventail de la formation des dialectes de la Russie centrale s'est élargi. Moscou y occupait une position centrale. Dans les conditions de la formation d'un État unifié et de la création de la culture de l'État de Moscou, les dialectes de la Russie centrale sont devenus un moment de consolidation dans la formation progressive d'un tout ethno-linguistique unique. L'annexion de Novgorod et de Pskov à Moscou a élargi le territoire de formation du groupe ethnique russe.
L'ancienne nationalité russe est un fait historique. Il répond pleinement aux exigences et aux caractéristiques inhérentes à ce type de communauté historique et ethnique. En même temps, il ne s’agissait pas d’un phénomène historique unique, inhérent aux seuls peuples slaves orientaux. Certains modèles et facteurs déterminent les formes des processus ethniques et l'émergence de sociétés ethnosociales avec leurs caractéristiques obligatoires inhérentes. La science moderne considère la nationalité comme un type particulier de communauté ethnique qui occupe une niche historique entre une tribu et une nation.
La transition de la primitivité à l'État s'est partout accompagnée
transformation ethnique des groupes ethniques précédents et émergence de nationalités formées sur la base de tribus primitives. La nationalité n'est donc pas seulement une communauté ethnique, mais aussi sociale et historique, caractéristique d'un état de société nouveau et supérieur par rapport à l'État primitif (tribal). Toutes les nationalités slaves correspondent au mode de production et aux relations sociales.
Le système politique de la Russie déterminait également la nature de l'État ethnique. Les tribus appartiennent au passé et les nationalités ont pris leur place. Comme toute autre catégorie historique, elle possède ses propres caractéristiques. Les plus importants d'entre eux : la langue, la culture, l'identité ethnique, le territoire. Tout cela était inhérent à la population de la Russie aux IXe et XIIIe siècles.
Diverses sources écrites qui nous sont parvenues (chroniques, œuvres littéraires, inscriptions individuelles) témoignent de la langue commune des Slaves orientaux. C'est un axiome que les langues des peuples slaves orientaux modernes se sont développées sur une base commune du vieux russe.
Les faits individuels qui ne rentrent pas dans ce schéma ne peuvent réfuter toute l'idée de l'existence de la langue russe ancienne. Et dans les terres occidentales de la Russie, malgré la rareté du matériel linguistique qui nous est parvenu, la langue était la même : le vieux russe. Une idée en est donnée par des fragments inclus dans les codes panrusses des chroniques locales de la Russie occidentale. Le discours direct, adéquat à la langue parlée vivante de cette région de la Russie, est particulièrement révélateur.
La langue de la Russie occidentale est également représentée dans des inscriptions sur des verticilles de fuseau, des fragments de poterie, des pierres « Borissov » et « Rogvolodov » et des lettres en écorce de bouleau. Une lettre en écorce de bouleau de Vitebsk, dont le texte a été entièrement conservé, est particulièrement intéressante.
La Russie occupait de vastes étendues de l'Europe de l'Est, et il serait naïf de croire que la langue russe ancienne n'avait pas de dialectes ni de caractéristiques locales. Mais ils ne sont pas allés au-delà des dialectes, dont les langues slaves orientales modernes ne sont pas libres. Les différences linguistiques pourraient également avoir des racines sociales. La langue de l'entourage princier instruit différait de celle des citoyens ordinaires. Cette dernière était différente de la langue du villageois. L'unité de la langue a été réalisée par la population de la Russie et a été soulignée à plusieurs reprises par les chroniqueurs.
L'uniformité est également inhérente à la culture matérielle de la Russie. Il est presque impossible de distinguer la plupart des objets de culture matérielle fabriqués, par exemple à Kiev, d'objets similaires provenant de Novgorod ou de Minsk. Cela prouve de manière convaincante l'existence d'une seule ethnie russe ancienne.
Parmi les caractéristiques d’une nationalité, il convient particulièrement d’inclure la conscience de soi ethnique, le nom de soi et l’idée que les gens se font de leur patrie et de ses espaces géographiques.
C'est la formation d'une conscience de soi ethnique qui achève le processus de formation d'une communauté ethnique. La population slave de la Rus', y compris ses terres occidentales, avait un nom commun (« Rus », « peuple russe », « Rusichi », « Rusyns ») et se reconnaissait comme un seul peuple vivant dans le même espace géographique. La conscience d'une seule patrie a persisté pendant la période de fragmentation féodale de la Russie.
Une identité ethnique commune s'est implantée très tôt et très rapidement en Russie. Déjà les premières sources écrites qui nous sont parvenues en parlent de manière convaincante (voir, par exemple, le « traité de la Rus' avec les Grecs » de 944, conclu avec « tout le peuple de la terre russe »).
Les ethnonymes « Rusin », « Rusich », sans oublier le nom « Russe », étaient en vigueur à l'époque du Grand-Duché de Lituanie et du Commonwealth polono-lituanien. L'imprimeur pionnier biélorusse Francis Skorina (XVIe siècle) est appelé « Rusyn de Polotsk » dans le diplôme qu'il a reçu de l'Université de Padoue. Le nom « Russe » est le nom commun des Slaves de l’Est, un indicateur d’un seul groupe ethnique slave de l’Est, une expression de sa conscience de soi.
La conscience du peuple russe de l’unité de son territoire (et non de l’État), qu’il devait défendre contre les étrangers, s’exprime particulièrement fortement dans « Le récit de la campagne d’Igor » et « Le récit de la destruction de la terre russe ».
Une seule langue, une seule culture, un nom, une identité ethnique commune : voilà comment nous voyons la Russie et sa population. Il s'agit d'une seule ancienne nationalité russe. La conscience d'une origine commune, de racines communes est un trait caractéristique de la mentalité des trois peuples frères slaves orientaux, qu'ils ont porté à travers les siècles et que nous, héritiers de l'ancienne Rus', ne devrions jamais oublier.
Le fait incontestable de l’existence réelle du vieux peuple russe ne signifie pas qu’il n’y a pas d’aspects inexplorés dans cette question.
Dans l'historiographie soviétique, l'idée s'est répandue selon laquelle la formation de la nationalité russe ancienne a eu lieu pendant la période d'existence de l'État russe ancien sur la base de groupes slaves orientaux (« tribus chroniques ») unis au sein d'un seul État. Grâce au renforcement des liens internes (économiques, politiques, culturels), les caractéristiques tribales se sont progressivement nivelées et des traits communs caractéristiques d'une même nationalité se sont établis. L'achèvement du processus de formation de la nationalité a été attribué aux XIe et XIIe siècles. Cette idée, comme il s'avère maintenant, a été générée par l'idée erronée del'autochtonie de la population slave dans tout l'espace de l'ancien État russe. Cela nous a permis de supposer que les Slaves ici sont passés de tribus primaires aux unions tribales et qu'après l'unification des unions, ils ont évolué dans le cadre de l'ancien État russe.
Du point de vue des idées modernes sur le mécanisme de formation ethnique, cette voie de formation de l'ancienne nationalité russe semble paradoxale, soulève des questions et même des doutes. En fait, dans les conditions d'implantation du groupe ethnique slave oriental sur de vastes zones à cette époque historique, où les conditions économiques suffisantes pour une intégration profonde et des contacts intra-ethniques réguliers couvrant l'ensemble du vaste territoire occupé par les Slaves orientaux n'étaient pas encore développées , il est difficile d'imaginer les raisons du nivellement des caractéristiques ethnoculturelles locales et de l'affirmation de traits communs dans la langue, la culture et la conscience de soi, tout ce qui est inhérent à une nationalité. Il est difficile d’être d’accord avec une telle explication lorsque le fait de la formation de la Russie kiévienne est avancé comme principal argument théorique. Après tout, la subordination politique des terres individuelles au prince de Kiev ne pouvait pas devenir le facteur principal de nouveaux processus ethno-éducatifs et de consolidation intra-ethnique. Bien entendu, d’autres facteurs ont contribué aux processus d’intégration. Mais il y a un point théorique très important qui ne nous permet pas d’accepter l’explication traditionnelle du mécanisme de formation du vieux peuple russe.
On sait que le vaste territoire d'implantation d'un groupe ethnique sous la domination d'une économie de subsistance et le faible développement des liens économiques compliquent non seulement les contacts intra-ethniques, mais sont également l'une des raisons de l'émergence de liens culturels et ethniques locaux. caractéristiques. C'est à la suite de la colonisation de vastes zones que la communauté proto-iondo-européenne s'est désintégrée et que la famille des peuples indo-européens est née. Aussi, la sortie des Slaves au-delà des frontières de leur foyer ancestral et leur installation sur un vaste territoire ont conduit à leur division en branches distinctes. Il s'agit d'un schéma général de l'ethnogenèse des peuples. La plupart des scientifiques sont parvenus à la conclusion que de nouveaux groupes ethniques apparaissent et vivent initialement sur une petite zone. Par conséquent, il est difficile d'être d'accord avec les affirmations selon lesquelles la formation de la nationalité russe ancienne a eu lieu sur tout le vaste territoire de la Russie aux XIe et XIIe siècles.
Un autre « facteur destructeur » puissant conduisant à la désintégration des groupes ethniques est l’action du substrat ethnique. Personne ne doute que les Slaves orientaux ont été précédés sur le territoire de leur peuplement par divers peuples non slaves (baltes, finno-ougriens, etc.), avec lesquels les Slaves entretenaient des relations interethniques actives. Cela n'a pas non plus contribué à la consolidation du groupe ethnique slave oriental. Les Slaves ont sans aucun doute subi les effets destructeurs de divers substrats. En d’autres termes, du point de vue du territoire de l’ethnogenèse, l’explication traditionnelle du mécanisme de formation de la nationalité russe ancienne semble vulnérable. D’autres explications sont nécessaires, et elles existent.
Bien entendu, l'histoire des Slaves orientaux s'est développée selon un scénario différent, et les fondements de l'ancienne nation russe ont mûri beaucoup plus tôt et non sur tout le territoire de la future Russie. Le foyer le plus probable de la colonisation slave orientale était une zone relativement petite, comprenant le sud de la Biélorussie et le nord de l'Ukraine, vers le 6ème siècle. Certaines tribus ont migré avec une culture de type pragoise. Ici, une version unique s'est progressivement développée, appelée Korczak. Avant l'arrivée des Slaves, des sites archéologiques similaires à ceux de Bantserov-Kolochiv étaient répandus dans cette région, qui ne dépassaient pas la zone hydronymique baltique et pouvaient donc être corrélés aux tribus baltes.
Dans les complexes archéologiques de Korczak se trouvent des objets appartenant aux monuments mentionnés ou qui leur sont liés par leur origine. Ceci témoigne du mélange des Slaves avec les restes de la population balte locale. Il existe une opinion selon laquelle la population balte était ici relativement rare. Quand aux VIIIe-IXe siècles. sur la base de la culture Korczak, une culture comme celle de Luka Rajkovetska se développera ; les éléments qui pourraient être corrélés aux Baltes n'y seront plus retrouvés.
Par conséquent, au 7ème siècle. L'assimilation des Baltes s'est achevée ici. Les Slaves de cette région, y compris une partie de la population locale, pourraient avoir subi l'influence du substrat baltique, peut-être insignifiante, mais affectant leur nature culturelle et ethnique. Cette circonstance pourrait marquer le début de leur identification en tant que groupe spécial (oriental) de Slaves.
C'est peut-être ici que furent posées les bases de la langue slave orientale.
Ce n'est que sur ce territoire de l'Europe de l'Est que l'hydronymie slave primitive a été préservée. Il n’y en a pas au nord de Pripyat. Là, l'hydronymie slave appartient au type linguistique slave oriental. Nous pouvons en conclure que lorsque les Slaves commencèrent plus tard à s’installer dans toute l’Europe de l’Est, ils ne pouvaient plus être identifiés avec le groupe ethnique slave commun. Il s'agissait d'un groupe de Slaves orientaux issus du premier monde slave avec une culture spécifique et un type de discours spécial (slave oriental). À cet égard, il convient de rappeler l'hypothèse exprimée par A. Shakhmatov sur la formation de la langue slave orientale sur le territoire relativement petit de la Volyn ukrainienne et sur la migration des Slaves orientaux d'ici vers le nord. Cette région, avec le sud de la Biélorussie, peut être considérée comme la patrie ancestrale des Slaves orientaux.
Pendant le séjour des Slaves sur ce territoire, ils ont connu des changements importants : certaines caractéristiques tribales qui auraient pu être présentes lors de la période initiale de migration de leur foyer ancestral ont été nivelées ; les fondements du système de parole slave oriental ont été formés ; leur type inhérent de culture archéologique a pris forme. Il y a des raisons de croire que c'est à cette époque que le nom commun « Rus » leur a été attribué et que la première unification de l'État slave oriental avec la dynastie Kiya a eu lieu. Ainsi, c’est ici que prirent forme les principales caractéristiques du peuple russe ancien.
Dans une qualité ethnique si nouvelle, les Slaves de l'Est aux IXe et Xe siècles. a commencé à peupler les terres au nord de Pripyat, que Konstantin Porphyrogenitus appelle « la Russie extérieure ». Cette migration a probablement commencé après qu’Oleg ait été confirmé à Kiev. Les Slaves se sont installés comme un seul peuple avec une culture établie, qui a longtemps prédéterminé l'unité de l'ancien peuple russe. Les preuves archéologiques de ce processus sont la distribution généralisée de monticules sphériques, avec des incendies de cadavres individuels aux IXe et Xe siècles. et l'émergence des premières villes.
La situation historique a contribué à l'installation rapide et réussie des Slaves de l'Est, puisque cette région était déjà contrôlée par Oleg et ses successeurs.
Les Slaves se distinguaient par un niveau de développement économique et social plus élevé, ce qui contribua également au succès de la colonisation.
La migration relativement tardive des Slaves de l'Est hors de leur patrie ancestrale, en tant que communauté assez monolithique, jette le doute sur l'existence de soi-disant unions tribales parmi ceux qui se sont installés au nord de Pripyat (Krivichi, Dregovichi, Vyatichi, etc.). Les Slaves avaient déjà réussi à dépasser le système tribal et à créer une organisation ethnique et politique plus durable. Cependant, après s'être installée sur de vastes territoires, l'ethnie russe ancienne s'est retrouvée dans une situation difficile. Divers groupes de la population locale non slave ont continué à rester sur ce territoire. Les Baltes de l'Est vivaient sur les terres de la Biélorussie moderne et de la région de Smolensk ; Les peuples finno-ougriens vivaient au nord-est de la Rus' ; au sud - les restes des peuples iraniens et turcs.
Les Slaves n'ont ni exterminé ni déplacé la population locale. Pendant plusieurs siècles, une symbiose s'est opérée ici, accompagnée d'un déplacement progressif des Slaves avec divers peuples non slaves.
L'ethnie slave orientale a subi l'influence de diverses forces. Certains d'entre eux ont contribué à l'établissement de principes communs caractéristiques de la nationalité, tandis que d'autres, au contraire, ont contribué à l'émergence en eux de caractéristiques locales, tant dans la langue que dans la culture.
Malgré la dynamique complexe de développement, l'ethnie russe ancienne s'est retrouvée sous l'influence de forces et de processus d'intégration qui l'ont cimentée et ont créé des conditions favorables non seulement à la préservation, mais aussi à l'approfondissement des principes ethniques communs. L'institution du pouvoir d'État, la dynastie princière unifiée des Rurikovich, a été un facteur puissant de préservation de l'ethnicité et de l'identité ethnique. Les guerres et les campagnes communes contre les ennemis communs, caractéristiques de cette époque, renforcèrent dans une large mesure la solidarité commune et contribuèrent à l'unité du groupe ethnique.
À l'époque de la Russie antique, les liens économiques entre les différentes terres russes se sont sans aucun doute intensifiés. L'Église a joué un rôle énorme dans la formation et la préservation d'une identité ethnique unique. Ayant adopté le christianisme selon le modèle grec, le pays s'est avéré être en quelque sorte une oasis parmi des peuples qui professaient soit une autre religion (païens : nomades au sud, Lituanie et Finno-ougriens au nord et à l'est), soit qui appartenait à une autre confession chrétienne. Cela a formé et soutenu l’idée del’identité du peuple, de sa différence par rapport aux autres. Le sentiment d’appartenance à une foi particulière est un facteur d’unité si fort qu’il remplace souvent l’identité ethnique.
L’Église a grandement influencé la vie politique du pays et façonné l’opinion publique. Il a sanctifié le pouvoir princier, renforcé l'ancien État russe, soutenu délibérément l'idée de l'unité du pays et du peuple et condamné les conflits civils et la division. Les idées d'un seul pays, d'un seul peuple, leurs destinées historiques communes, la responsabilité de son bien-être et de sa sécurité ont grandement contribué à la formation de l'ancienne identité ethnique russe. La diffusion de l'écriture et de l'alphabétisation a préservé l'unité de la langue. Tous ces facteurs ont contribué au renforcement du peuple russe ancien.
Ainsi, les fondations du peuple russe ancien ont été posées aux VIe-XIe siècles. après l'installation d'une partie des Slaves sur le territoire relativement compact du sud de la Biélorussie et du nord de l'Ukraine. S'étant installé d'ici aux IXe et Xe siècles. en tant que peuple, ils ont pu maintenir longtemps leur intégrité dans les conditions de l'ancien État russe, développer l'économie, la culture et renforcer la conscience ethnique.
Dans le même temps, l’ancien peuple russe est tombé dans la zone des forces destructrices : le facteur territorial, les différents substrats ethniques, l’approfondissement de la fragmentation féodale et, plus tard, la démarcation politique. Les Slaves de l'Est se sont retrouvés dans la même situation que les premiers Slaves après leur installation hors de leur patrie ancestrale. Les lois de l’ethnogenèse entrent en jeu. L'évolution de l'ethnie russe ancienne a eu tendance à accumuler des éléments conduisant à une différenciation, ce qui a été la raison de sa division progressive en trois peuples : les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses.
Conclusion
Après avoir terminé ce travail, je pense qu'il est possible de tirer quelques conclusions. Les Slaves ont parcouru un long chemin dans l'ethnogenèse. De plus, certains signes permettant de connaître avec précision l'apparition des Slaves remontent à une période assez ancienne (on peut certainement parler du deuxième quart du 1er millénaire). Les Slaves ont occupé de vastes régions de l’Europe de l’Est, sont entrés en contact avec de nombreux peuples et ont laissé parmi ces peuples un souvenir d’eux-mêmes. Certes, certains auteurs anciens n'ont pas appelé pendant longtemps les Slaves par leur nom, les confondant avec d'autres peuples. Mais on ne peut néanmoins nier l’énorme importance des Slaves pour le destin de l’Europe de l’Est. L'élément slave reste toujours le principal élément dans la plupart des pays d'Europe de l'Est.
La division des Slaves en trois branches n'a pas conduit à la destruction immédiate de leurs caractéristiques ethnoculturelles, mais a bien sûr conduit à la mise en évidence de leurs caractéristiques marquantes. Bien que le développement millénaire de peuples étroitement liés les ait conduits à une telle discorde qu’il n’est désormais plus possible de démêler cet enchevêtrement de contradictions et de revendications mutuelles.
Les Slaves de l'Est ont créé leur propre État plus tard que les autres, mais cela n'indique aucun retard ou sous-développement. Les Slaves de l'Est ont parcouru le chemin de l'État, un chemin difficile d'interaction avec la nature et la population locale, ont lutté contre les nomades et ont prouvé leur droit à exister. Après s'être désintégrée, l'ancienne ethnie russe a donné naissance à trois peuples complètement indépendants, mais extrêmement proches les uns des autres : russe, ukrainien et biélorusse. Aujourd’hui, certains historiens, pas tout à fait compétents et plutôt hautement politisés, tant en Ukraine qu’en Biélorussie, tentent de nier l’ancienne unité russe et tentent de sortir leurs peuples de certaines racines mythiques. En même temps, ils parviennent même à nier leur appartenance au monde slave. Par exemple, en Ukraine, ils ont proposé une version complètement impensable selon laquelle le peuple ukrainien descendrait de certains « ukros ». Bien entendu, une telle approche de l’histoire ne peut apporter aucun aspect positif dans la perception de la réalité. Et il n’est pas surprenant que de telles « versions » se soient répandues précisément à la lumière des sentiments anti-russes, principalement parmi les dirigeants politiques ukrainiens. La construction de tels concepts « historiques » ne peut être durable et ne peut s’expliquer que par l’évolution politique actuelle de ces pays.
Il est difficile de nier l’existence de l’ethnie russe ancienne. La présence de caractéristiques ethniques fondamentales parmi les Slaves orientaux (une langue unique, un espace culturel commun) suggère qu'au moment de la formation de l'ancien État russe, il existait un seul groupe ethnique, bien qu'avec ses propres caractéristiques locales. Le sentiment d'unité a persisté pendant la fragmentation féodale, mais avec l'invasion tatare-mongole, de nouveaux processus de formation ethnique ont été provoqués, qui ont conduit après plusieurs décennies à la division des Slaves orientaux en trois peuples.
Liste des sources et de la littérature utilisée
Sources
1. Guide géographique. Ptolémée.
2. Histoire naturelle. Pline l'Ancien.
3. Notes sur la guerre des Gaules. César
4. À propos de la gestion de l'empire. Constantin Porphyrogénète. M., 1991.
5. Sur l'origine et les actes des Getikas (Getika). Jordan. M., 1960.
6. Le conte des années passées. M., 1950. T. 1.
Littérature
1. Introduction du christianisme en Russie. M., 1987.
2. Vernadski G.V. Rus antique. Tver - M. 1996.
3. Ancienne unité russe : paradoxes de la perception. Sedov V.V. // RIIZh Rodina. 2002.11\12
4. Zabelin I.E. Histoire de la vie russe depuis l'Antiquité. Partie 1. – M., 1908.
5. Zagorulsky E. Sur l'époque et les conditions de formation de la nationalité russe ancienne.
6. Ilovaïsky D.I. Le début de la Russie. M., Smolensk. 1996.
7. Comment Rus' a été baptisé. M., 1989.
8. Kostomarov N.I. République russe. M., Smolensk. 1994.
9. Peuples de la partie européenne de l'URSS. T. 1 / Éd. VIRGINIE. Alexandrova M. : Nauka, 1964.
10. Petrukhin V.Ya. Le début de l'histoire ethnoculturelle de la Russie aux IXe et XIe siècles. Smolensk-M., 1995.
11. Petrukhin V.Ya. Slaves. M1997.
12. Prozorov L.R. Encore une fois sur les débuts de la Russie.//État et société. 1999. N° 3, n° 4.
13. Rybakov B.A. Russie kiévienne et principautés russes des XIIe et XIIIe siècles. M., 1993.
14. Rybakov B.A. Conditions préalables à la formation de l'ancien État russe. Essais sur l'histoire de l'URSS III-IX siècles, M., 1958.
Juste là. P.8
Petrukhin V.Ya. Le début de l'histoire ethnoculturelle de la Russie aux IXe et XIe siècles. Smolensk-M., 1995.
Tutorat
Besoin d'aide pour étudier un sujet ?
Nos spécialistes vous conseilleront ou fourniront des services de tutorat sur des sujets qui vous intéressent.
Soumettez votre candidature en indiquant le sujet dès maintenant pour connaître la possibilité d'obtenir une consultation.
§ 31. Aux IXe-Xe siècles. Les Slaves de l'Est ont développé des centres-villes - Kiev et Novgorod. La lutte entre ces grands centres sur le plan politique, économique et culturel a finalement conduit à la formation d'un seul État russe ancien dirigé par Kiev et à l'émergence du peuple russe ancien.
La communauté linguistique de cette nationalité a été héritée de la communauté linguistique des tribus slaves orientales (ou unions tribales). La présence d'une telle communauté linguistique dans les époques passées était l'une des
facteurs qui ont contribué à l'unification des anciennes tribus des Slaves orientaux en une seule ancienne nation russe.
La formation de la nationalité russe ancienne s'exprimait, entre autres, dans la stabilité accrue de l'unité linguistique - le dialecte d'un certain territoire. À l'ère des formations tribales, une telle stabilité d'unité linguistique n'aurait pas pu exister, car les tribus se déplaçaient constamment, occupant de vastes territoires.
Affectation de certains groupes de la population à certains
territoires s'est traduit par l'extinction progressive d'anciens noms tribaux et par l'apparition de noms d'habitants de certaines régions. Ainsi, les Slovènes ont commencé à être appelés Novgorodiens, Polyanekiyans (de Kiev), Vyatichi-Ryazans, etc.
Cette consolidation de la population sur un certain territoire a conduit à la formation de nouvelles unités territoriales - terres et principautés - unies sous l'autorité de Kiev. De plus, les limites des nouvelles formations ne coïncidaient pas toujours avec les anciennes frontières tribales. Ainsi, d'une part, si le territoire des terres de Novgorod coïncidait généralement avec l'ancien territoire des Slovènes, d'autre part, sur l'ancien territoire d'une tribu Krivichi, les principautés de Smolensk et Polotsk avec des dialectes similaires et le Pskov des principautés différentes d'eux furent formées. Sur le territoire d'une principauté de Rostov-Suzdal se trouvaient les descendants des Slovènes, Krivichi et en partie des Viatichi.
Tout cela ne pouvait que conduire à une redistribution des caractéristiques dialectales, à la formation de nouveaux groupes dialectaux et, par conséquent, à la perte de l'ancienne division dialectale de la langue et à la création d'une nouvelle division dialectale. Cependant, l'unification de toutes les principautés sous la domination de Kiev et la création de l'État de Kiev ont conduit au fait que la communauté des expériences linguistiques des Slaves de l'Est, quelque peu perturbée au cours de l'existence de groupes tribaux individuels, est devenue à nouveau possible. après le 9ème siècle. (cela, par exemple, s'est reflété dans le même sort des personnes réduites au XIIe siècle dans tous les dialectes slaves orientaux), même si, bien sûr, les différences dialectales ont pu non seulement être préservées, mais aussi se développer davantage.
V.X-XI siècles. les différences dialectales se sont progressivement accumulées dans la langue du vieux peuple russe. Dans le sud slave oriental, un changement de [g] à [y] s'est développé, contrairement au nord, au nord-ouest et au nord-est. Dans le nord et le nord-ouest des Slaves de l'Est, la tsokanie est apparue, apparemment sous l'influence des langues finlandaises. Dans l'étroit territoire occidental, les anciennes combinaisons [*tl], [*dl] peuvent avoir été préservées. Toutes ces caractéristiques ont affecté des éléments individuels du système phonétique des dialectes, mais n'ont pas profondément affecté la structure grammaticale, ce qui a permis de préserver l'unité de la langue nationale.
§ 32. Le développement de ce qu'on appelle Kyiv Koine a joué un rôle dans le renforcement de l'unité de la langue russe ancienne.
Kiev est née sur le territoire des Polyans et sa population était à l'origine Polyansk. À propos du dialecte tribal des clairières, occupées aux IXe-Xe siècles. un très petit territoire, et au XIe siècle, ils ont probablement complètement disparu ; Cependant, l'histoire de la terre de Kiev elle-même, comme en témoigne l'archéologie, a été caractérisée par le fait que des populations du nord se sont installées sur ce territoire, avant même la formation de l'État de Kiev. D'ici l'été
Selon les légendes écrites, l'État de Kiev a commencé avec la prise de Kiev par les princes du nord. Par conséquent, comme vous pouvez le constater, la population de Kiev est ethniquement mélangée depuis l'Antiquité : elle comprenait des représentants des tribus du nord et du sud.
Ce mélange s'est intensifié et accru en raison de la reconstitution de la population de Kiev avec de nouveaux arrivants provenant de diverses anciennes régions russes. On pourrait donc penser que la langue parlée à Kiev se distinguait initialement par une grande diversité. Cependant, une fusion particulière de caractéristiques dialectales est progressivement apparue - le Koine, dans lequel certaines caractéristiques étaient d'origine méridionale, tandis que d'autres étaient d'origine septentrionale. Par exemple, dans cette koine, il y avait des mots typiquement russes du sud comme vol, brekhati, lepy (« beau »), et des mots russes du nord comme cheval, veksha, isba (>izba) dans l'ancienne koine kiévienne, particulièrement dialectale. Les caractéristiques ont été aplanies, c'est pourquoi elle a pu devenir une langue qui satisfasse les besoins de Kiev dans ses relations avec toute la Russie, ce qui, sans aucun doute, a renforcé l'unité du peuple russe.
Bien entendu, les dialectes locaux n'ont pas pu être nivelés au cours de cette période, car à cette époque il n'y avait pas encore les conditions historiques qui se posent à l'époque de la formation d'une langue nationale et qui conduisent à la dissolution des dialectes en une seule langue nationale. C'est pourquoi les caractéristiques dialectales ont continué à se développer, et cela s'est révélé le plus clairement dans les territoires très éloignés de Kiev. Cependant, malgré cela, la Koine de Kiev a joué un certain rôle dans le renforcement de l'unité linguistique du peuple russe ancien.
§ 33. La question du développement de la langue russe ancienne à l'époque kiévienne est en outre liée à la question de l'origine de l'écriture et du début du développement de la langue littéraire russe.
La question de l'origine de l'écriture en Russie n'est pas encore entièrement résolue.
Auparavant, on supposait que l'écriture en Rus' était apparue avec l'adoption du christianisme, c'est-à-dire à la fin de 988. Avant cette époque, les Slaves orientaux ne connaissaient pas l'écriture et ne savaient pas écrire. Après le baptême, des livres manuscrits sont apparus en Russie, d'abord dans la vieille langue slave de l'Église, écrits dans l'alphabet inventé par Constantin (Kirill) le philosophe, et apportés ici de Byzance et de Bulgarie. Ensuite, leurs propres livres - en vieux russe - ont commencé à être créés, écrits selon des modèles slaves anciens, et plus tard, les Russes ont commencé à utiliser l'alphabet adopté par les Slaves du Sud dans la correspondance commerciale.
Cependant, ce point de vue contredit de nombreux faits scientifiques et historiques connus auparavant, mais qui n'ont pour l'essentiel pas été pris en compte.
Il y a des raisons de croire que les Slaves orientaux connaissaient l'écriture avant même le baptême de la Russie. On sait que dans la « Vie de Constantin le Philosophe », il y a une indication que Constantin (Kirill),
Arrivé à Korsun (Chersonèse) en 860, il « trouva l'Évangile écrit en lettres russes ». Quant à la nature de ces écrits, les avis des scientifiques diffèrent, et la question n'est pas définitivement résolue. Si nous ne nions pas l'existence de l'écriture en Russie dès le IXe siècle, les chroniques indiquent la même chose à propos des traités entre Russes et Grecs datant du début du Xe siècle (907). écrit d'une manière ou d'une autre, c'est-à-dire en Russie. À cette époque, il aurait déjà dû y avoir de l'écriture. Enfin, des faits tels que l'inscription Gnezdovskaya du 10ème siècle, les lettres en écorce de bouleau de Novgorod des XIe-XIIe siècles, diverses inscriptions du XIe siècle, représentent. écriture quotidienne russe ancienne, dont l'apparition ne peut être liée à la langue slave ancienne.
Ainsi, tous ces faits peuvent indiquer que l'écriture parmi les Slaves orientaux est née bien avant le baptême de la Rus' et que la lettre russe ancienne était alphabétique.
Avec l'émergence, le développement et le renforcement de l'État de Kiev, l'écriture, nécessaire à la correspondance étatique, au développement du commerce et de la culture, s'est développée et améliorée.
Durant cette période commence l'histoire de la langue littéraire russe, dont les problèmes font l'objet d'une étude particulière.
VIEUX PEUPLE RUSSE, formé sur la base des unions tribales des Slaves de l'Est pendant la période de l'ancien État russe. C'est devenu la base des peuples russe, ukrainien et biélorusse. Source : Encyclopédie Patrie... Histoire de la Russie
Rus'... Wikipédia
Il a été formé sur la base des unions tribales des Slaves orientaux. La base des peuples russe, ukrainien et biélorusse. * * * ANCIEN PEUPLE RUSSE LE ANCIEN PEUPLE RUSSE s'est formé sur la base des unions tribales des Slaves de l'Est pendant la période de Kiev... Dictionnaire encyclopédique
Ancienne civilisation russe- Il existe différentes approches pour identifier la période de la civilisation russe ancienne. Certains chercheurs l'ont commencé à partir de la formation de l'ancien État russe au IXe siècle, d'autres du baptême de la Russie en 988, d'autres encore des premières formations étatiques... ... L'homme et la société : culturologie. Dictionnaire-ouvrage de référence
Nationalité- un terme utilisé en russe jusqu'au milieu du XXe siècle. Principalement pour indiquer l'appartenance à un peuple (groupe ethnique) ou certaines de ses qualités. Dans les sciences domestiques, vers le début des années 1950, il a commencé à être utilisé pour désigner... ... Écologie humaine
nationalité- la nationalité, terme largement utilisé dans la science et la pratique sociale soviétiques en relation avec les groupes ethniques qui n'avaient pas leur propre État, y compris sous la forme de républiques fédérées et autonomes au sein de l'URSS. Comparez Cette catégorie comprenait... ... Encyclopédie "Peuples et religions du monde"
Communauté linguistique, territoriale, économique et culturelle historiquement établie qui précède une nation (voir Nation). Le début de la formation de N. remonte à la période de consolidation des unions tribales ; cela s'est exprimé de manière progressive... Grande Encyclopédie Soviétique
nationalité Dictionnaire ethnopsychologique
NATIONALITÉ- un terme utilisé dans la science russe et dans la langue russe pour désigner l'appartenance à un peuple (groupe ethnique). Depuis le début des années 50. il a commencé à être utilisé pour désigner des types de groupes ethniques caractéristiques des premières sociétés de classes et situés dans leur forme... ... Dictionnaire encyclopédique de psychologie et de pédagogie
NATIONALITÉ- un terme désignant l'appartenance à un peuple (voir) ou la présence de certaines de ses qualités. Depuis le début des années 50. de notre siècle est utilisé pour désigner divers. types d'ethnies (voir) qui sont au stade de développement (communauté) entre une tribu (ou une union... ... Encyclopédie sociologique russe
Livres
- Slaves. Ancienne nationalité russe, V.V. Sedov. Ce livre sera produit conformément à votre commande en utilisant la technologie Print-on-Demand.
- Ce volume réimprime deux monographies fondamentales du regretté académicien V.V. Sedov -…
La langue est la base de toute entité ethnique, y compris une nationalité, mais la langue n'est pas la seule caractéristique qui permet de parler d'une entité ethnique donnée comme d'une nationalité. Une nationalité se caractérise non seulement par une langue commune, qui n'élimine en aucun cas les dialectes locaux, mais aussi par un territoire unique, des formes communes de vie économique, une culture commune, matérielle et spirituelle, des traditions, un mode de vie, des caractéristiques mentales communes, le soi-disant « caractère national ». La nationalité se caractérise par un sentiment de conscience nationale et de connaissance de soi.
La nationalité se forme à un certain stade du développement social, à l'ère de la société de classes. La formation des Slaves orientaux en une branche spéciale des Slaves remonte aux VIIe-IXe siècles, c'est-à-dire à l'époque où la langue des Slaves orientaux s'est formée et au début de la formation du vieux russe. les gens doivent être considérés comme les IXe-Xe siècles - l'époque de leur émergence dans
Rus', les relations féodales et la formation de l'ancien État russe.
Aux VIIIe-IXe siècles. dans l'histoire des Slaves orientaux, c'était une époque de décomposition des relations communautaires primitives. De plus, le passage d'un système social - communal primitif, pré-classique, à un autre, plus progressiste, à savoir la société de classe, féodale, était en fin de compte le résultat du développement des forces productives, de l'évolution de la production, qui à son tour était principalement une conséquence du changement et du développement des outils de travail, des instruments de production. 8-9 siècles C'était une époque de changements sérieux dans les outils du travail agricole et de l'agriculture en général. Apparaît une charrue avec une roue et une pointe améliorée, une charrue avec des ouvreurs asymétriques en fer et une ventouse.
Parallèlement au développement des forces productives dans le domaine de la production agricole et à l'amélioration de la technologie agricole, la division sociale du travail et la séparation des activités artisanales et agricoles ont joué un rôle énorme dans la décomposition des relations communautaires primitives.
Le développement de l'artisanat résultant de l'amélioration progressive des techniques de production et de l'émergence de nouveaux outils de travail artisanal, la séparation de l'artisanat des autres types d'activité économique - tout cela a été le plus grand stimulant pour l'effondrement des relations communautaires primitives.
La croissance de l'artisanat et le développement du commerce ont miné les fondements des relations communautaires primitives et ont contribué à l'émergence et au développement des relations féodales. La base de la société féodale – la propriété féodale de la terre – apparaît et se développe. Divers groupes de personnes dépendantes se constituent. Parmi eux se trouvent des esclaves - des serfs, des robes (esclaves), des serviteurs.
Une grande partie de la population rurale était constituée de membres libres de la communauté, soumis uniquement à un tribut. L'hommage s'est transformé en quittance. Parmi la population dépendante, il y avait de nombreux esclaves qui avaient perdu leur liberté en raison de dettes. Ces esclaves apparaissent dans les sources sous le nom de ryadovichi et d'approvisionnement.
Une première société de classes féodale a commencé à se former en Russie. Là où se produisait la division en classes, l’État devait inévitablement surgir. Et c’est apparu. L'État est créé là et quand il existe des conditions pour son émergence sous la forme d'une division de la société en classes. La formation de relations féodales entre les Slaves de l'Est ne pouvait que déterminer la formation d'un premier État féodal. Tel était le cas en Europe de l’Est de l’ancien État russe dont la capitale était Kiev.
La création de l'ancien État russe était avant tout une conséquence des processus qui caractérisaient le développement des forces productives des Slaves orientaux et le changement de leurs rapports de production dominants.
Nous ne savons pas quelle était l'étendue du territoire de la Rus' à cette époque, dans quelle mesure il comprenait les terres slaves orientales, mais il est évident qu'en plus du Dniepr moyen, au centre de Kiev, il se composait d'un certain nombre de régions vaguement reliées entre elles. terres et principautés tribales.
La formation de l’ancien État russe s’achève avec la fusion de Kiev et de Novgorod. Kyiv est devenue la capitale de l’ancien État russe. Cela s'est produit parce que c'était le centre le plus ancien de la culture slave orientale, avec de profondes traditions et liens historiques.
La fin du Xe siècle a été marquée par l'achèvement de l'unification de tous les Slaves orientaux à l'intérieur des frontières de l'État de la Russie kiévienne. Cette unification se produit sous le règne de Vladimir Sviatoslavovitch (980-1015).
En 981, le pays des Viatichi a rejoint l'ancien État russe, même si les traces de son ancienne indépendance sont restées longtemps. Trois ans plus tard, en 984, après la bataille de la rivière Pishchan, le pouvoir de Kiev s'étendit aux Radimichi. Ainsi fut achevée l'unification de tous les Slaves orientaux en un seul État. Les terres russes étaient unies sous le règne de Kiev, « la ville mère de la Russie ». Selon la chronique, l'adoption du christianisme par la Russie remonte à 988. Elle a été très importante, car elle a contribué à la diffusion de l'écriture et de l'alphabétisation, a rapproché la Russie des autres pays chrétiens et a enrichi la culture russe.
La position internationale de la Russie a été renforcée, ce qui a été grandement facilité par l'adoption du christianisme par la Russie. Les liens avec la Bulgarie, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie se sont renforcés. Les relations ont commencé avec la Géorgie et l'Arménie.
Les Russes vivaient en permanence à Constantinople. À leur tour, les Grecs sont venus en Russie. A Kiev, on pouvait rencontrer des Grecs, des Norvégiens, des Anglais, des Irlandais, des Danois, des Bulgares, des Khazars, des Hongrois, des Suédois, des Polonais, des Juifs, des Estoniens.
La nationalité est une formation ethnique caractéristique d'une société de classes. Bien que la communauté linguistique soit décisive pour une nationalité, on ne peut pas se limiter à cette communauté lors de la définition d'une nationalité, en l'occurrence la nationalité russe ancienne.
La nationalité russe ancienne s'est formée à la suite de la fusion de tribus, d'unions tribales et de la population de régions et de terres individuelles des Slaves de l'Est, les « peuples », et a uni l'ensemble du monde slave de l'Est.
Nationalité russe ou grand-russe 14-16 siècles. était une communauté ethnique regroupant seulement une partie, quoique plus importante, des Slaves orientaux. Il s'est formé sur un vaste territoire allant de Pskov à Nijni Novgorod et de la Poméranie jusqu'à la frontière avec le Champ Sauvage. La nationalité russe ancienne était l'ancêtre ethnique des trois nationalités slaves orientales : les Russes ou Grands Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses - et elle s'est développée à la limite de la société primitive et féodale, à l'ère du féodalisme primitif. Les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses se sont constitués en nationalités pendant la période de fort développement des relations féodales.
