Les ennemis attaquaient continuellement l'Empire « sur tous les fronts » - à l'Est le long de sa frontière. anciennes terres la vague écrasante de l'invasion victorieuse des Arabes musulmans déferlait - au milieu des années 640, l'Empire avait déjà perdu presque ou irrémédiablement, à la suite des terribles défaites de la décennie précédente, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, l'Égypte , Cyrénaïque - Troupes arabes envahi les terres d'Arménie, d'Asie Mineure et de Tripolitaine.
En Occident, les vestiges des possessions impériales en Italie furent périodiquement attaqués par les Lombards qui, à la fin du VIe siècle, s'emparèrent de la majeure partie de la péninsule des Apennins et y créèrent leur propre royaume, démembrant ainsi les territoires encore détenus par les troupes impériales. enclaves semi-isolées, dont la défense et l'administration étaient concentrées entre les mains de « l'exarque » - le plus haut représentant militaire et civil de l'Empire en Italie, avec une résidence à Ravenne, qui avait un pouvoir presque impérial sur la population et troupes des territoires qui lui sont subordonnés.
Dans le même temps, les assauts des Lombards sur ces enclaves impériales reprirent périodiquement avec nouvelle force, - ainsi, en 640, ils capturèrent Gênes et, trois ans plus tard, ils infligèrent une lourde défaite aux troupes de l'exarque à Emily, à la suite de laquelle l'Empire perdit un certain nombre de villes et de forteresses. Les derniers vestiges des possessions de l'Empire romain d'Orient en Espagne, qui formaient autrefois la province spéciale de « Espagne », furent perdus encore plus tôt : en 625, ils tombèrent sous les coups écrasants des troupes du roi wisigoth Svintila. (Seules les forteresses individuelles de l'extrême sud de la péninsule, dans la région d'Algésiras moderne, étaient détenues par des garnisons impériales, selon l'archéologie, au moins jusqu'au début du milieu des années 630, mais elles ont ensuite été abandonnées).
Au nord, dans la péninsule balkanique, la situation reste également extrêmement difficile pour l'Empire, bien que son plus terrible ennemi soit ici. Avar Khaganat, après la défaite subie sous les murs de Constantinople en 626, fut extrêmement affaibli, s'effondrant littéralement dans une série de troubles internes et subit défaite après défaite de la part des tribus slaves qui se rebellèrent contre le pouvoir des Avars, et perdit ainsi pendant longtemps la possibilité de combattre avec l'Empire, mais ceci, cependant, n'améliore en rien la situation dans cette région pour les Romains d'Orient.
Au contraire, les tribus slaves, pendant les années de guerres entre le Kaganate et l'Empire, percèrent et détruisirent le Limes du Danube et s'installèrent en grand nombre sur les terres conquises des anciennes provinces impériales de Thrace, d'Illyrie, de Grèce, d'Épire. et la Dalmatie, au cours des années 630 - 640, puis pendant quelque temps « faire la paix » avec Constantinople, puis recommencer les opérations militaires contre elle, détruisant obstinément les forteresses et les villes romaines qui résistaient encore ici et là dans les Balkans - la dernière bastions militaires et autorité civile Empires sur ces terres, occupant simultanément de nouveaux territoires.
De plus, les Slaves, qui se sont installés sur les rives de l'Adriatique et sur les terres grecques à la fin des années 630 et au début des années 640, ont « maîtrisé » la navigation et sont passés à la navigation active. piraterie maritime sur les communications impériales à Aegis, commençant à mener des raids prédateurs à la fois sur les îles et sur les côtes italiennes (où les Lombards en souffraient également).
Cependant, les troubles de l'Empire romain d'Orient étaient loin d'être épuisés - un problème énorme, qui a largement contribué à la déstabilisation interne de l'État, était un conflit très long et grave entre les adeptes du christianisme orthodoxe (« chalcédonien »). et les adeptes de l'ancien églises orientales, qui n'a reconnu les décrets et professé les dogmes doctrinaux que des deux ou trois premiers conciles œcuméniques.
La tentative de l'empereur Héraclius dans les années 630 de réconcilier les belligérants en introduisant et en implantant, lui semblait-il, une doctrine de compromis du monothélitisme (souvent cette activité était menée de manière assez dure et s'accompagnait souvent de violence, comme par exemple le Patriarche Cyrus d'Alexandrie l'a fait en Egypte - s'appuyant sur l'armée impériale, il s'est occupé activement de ses opposants parmi le clergé copte), n'a fait qu'aggraver encore la situation déjà difficile des contradictions religieuses dans l'Empire.
Étant donné que le monothélitisme a été condamné presque unanimement comme une hérésie, tant par les représentants de l'une que de l'autre des parties belligérantes, ce qui a semé les graines de la haine et de la méfiance également à l'égard des activités du gouvernement, et cela a très vite affecté, par exemple, sous la forme de la coopération de nombreux Coptes avec les Arabes, lors de l'invasion de l'Égypte par ces derniers et dans le nombre croissant de sentiments « séparatistes » locaux dans les possessions occidentales de l'Empire.
Des sentiments similaires territoire occidental Les empires n'étaient pas seulement alimentés (quoique dans une mesure significative) par des contradictions avec le « centre » en matière religieuse : du début au milieu des années 640, une « masse critique » de différences culturelles et linguistiques de plus en plus profondes continuait de s'accumuler entre ceux qui avaient finalement basculé vers grec, sous le règne d'Héraclius, qui était à l'Est le centre de l'Empire et devint la « périphérie lointaine » de l'Occident encore majoritairement latinophone.
Dans des conditions d'extrême instabilité de l'appareil d'État, de défaites militaires constantes et de destruction de l'économie tout au long du VIIe siècle, le contrôle de Constantinople sur ses possessions occidentales s'est inévitablement affaibli, ce qui s'est notamment traduit par des problèmes de paiement des salaires réguliers aux unités militaires stationnées en Italie et qui constituaient le pilier du pouvoir de l'Empire dans ces territoires, suscitant ainsi des problèmes de loyauté : les régiments byzantins réguliers, les « numéros », venus ici au milieu du VIe siècle, peu à peu naturalisé dans les Apennins.
Ils ont commencé à se reconstituer, principalement grâce aux indigènes locaux, propriétaires de la ville. Les soldats et les officiers venus de l'Est acquéraient des propriétés en Italie, achetaient et louaient des terres. L'armée acquiert un caractère territorial : des milices (« milices ») se forment - Ravenne, Pentapolitaine, romaine. L'armée perdait de plus en plus en régularité.
Il n'a pas été question de réduire ses qualités de combat ou le nombre de ses troupes (selon certaines sources, leur « personnel répertorié » atteignait 32 000 personnes) - le problème principal est progressivement devenu que, comme toute milice, il s'agissait d'une armée locale, avec ses propres intérêts locaux, souvent de plus en plus en contradiction avec les politiques menées par les autorités lointaines de Constantinople. De plus, conservé au VIIe siècle et unique » mémoire historique« sur l'époque de la « vieille Rome », sur l'époque de la division de l'Empire en Occident et en Orient et la présence à cette époque en Occident de son propre empereur ou « empereur pour l'Occident » continuaient de circuler dans l'esprit des représentants de l'élite locale et plus les choses allaient mal avec le gouvernement central dans la gouvernance et la défense de ses possessions latinophones en Occident, plus ces sentiments s'intensifiaient.
Au fond, cet « état d’esprit » était vrai pour l’Italie, mais il avait aussi une certaine influence sur l’Afrique du Nord impériale de langue latine. En fin de compte, cela ne pouvait que conduire à des tentatives d'usurpation du pouvoir et à des tentatives de restauration de l'Empire romain d'Occident sous une forme ou une autre - ainsi, en 619, l'exarque de Ravenne Eleftherius est devenu une sorte de « pionnier » en la matière, qui s'est proclamé empereur. et se rendit même au couronnement à Rome, mais fut bientôt tué en chemin par ses propres soldats (à cette époque, ils recevaient encore des salaires de l'Empire et, se sentant comme des soldats d'une armée régulière, ils lui étaient pour la plupart fidèles).
Et en 640, le fondateur de la garnison romaine de Maurice, avec l'aide de soldats locaux, tenta de déclencher une rébellion afin de s'emparer du pouvoir dans le ducat romain, et bien que le détachement punitif arrivé de Ravenne parvienne à rétablir l'ordre et le L'instigateur de la rébellion a finalement été exécuté, "la sonnette d'alarme" à ce sujet, qu'en avez-vous gouvernement central L'Empire a déjà eu de gros problèmes avec la loyauté des troupes et de la population de l'Occident (notamment les territoires italiens). [Dans la période suivante, il y eut une usurpation plus « réussie » de l'exarque Olympe, qui dirigea les possessions de l'Empire en Italie indépendamment de Constantinople de 649 à 652.]
La seule partie de l'Empire, plus ou moins relativement calme, au début et au milieu des années 640, était l'Afrique du Nord, conquise aux Vandales sous le règne de l'empereur Justinien, pour la gestion et la défense des provinces dont l'exarque carthaginois était responsable ( les possessions espagnoles de l'empire, avant leurs pertes vers 625, faisaient également légalement partie de l'exarchat carthaginois (« africain ») avec un statut spécial).
Au cours du siècle précédent, ce territoire de l'Empire a également connu de nombreux événements dramatiques, mais cependant, à la fin du VIe siècle, suite aux victoires remportées par les commandants impériaux Jean Troglita et l'exarque Gennady (Ier), sur la frontière berbère. Tribus (« Maures ») entourant les terres de l'exarchat et apparues dans la seconde moitié du Ve siècle par des principautés romano-maures indépendantes, la situation aux frontières des possessions africaines de l'Empire se stabilisa et au début du VIIe Le siècle fut assez calme - les Berbères vaincus - les « Maures » devinrent soit des « fédérés » de l'Empire, soit eurent le statut d'alliés et furent activement parmi eux. L'activité missionnaire chrétienne fut menée avec succès, à tel point que, par exemple , l'ancien Kidamus (l'actuel Ghadamès à la frontière de la Libye et de la Tunisie), situé assez loin des frontières de l'exarchat, où la puissance de l'Empire n'existait plus depuis le IIe siècle. moitié III siècle, au début du VIIe siècle, elle était déjà une ville chrétienne, avec son propre évêque. Parmi les principautés romano-maures, au début du VIIe siècle, arrive au premier plan Altava (Djedar), dirigée par des princes chrétiens de langue latine, descendants d'officiers romains d'origine locale - préposites du limes et qui revendiquaient le pouvoir royal sur à la fois les Maures et les « Romains » locaux », et ayant conquis à un degré ou à un autre toutes les principales principautés romano-maures, de sorte que leur domination s'étendait des régions montagneuses de Numidie à l'est jusqu'à l'ancienne ville de Volubilius, y compris dans les temps modernes. À l'ouest du Maroc, ils se sont engagés sur la voie d'affrontements militaires avec l'exarchat carthaginois. Cependant, après de brutales défaites face aux troupes impériales, les dirigeants d'Altava sont devenus assez
Question 1. Prouver les avantages de la situation géographique de Constantinople. Quelles autres villes de l’empire ont prospéré ?
Répondre. Constantinople était située au carrefour des routes commerciales. Ceux qui naviguaient vers la mer Noire ou retour ne pouvaient pas le contourner. Et les États les plus proches n’étaient pas les seuls à faire du commerce via la mer Noire. Au fil du temps, elle a également échangé par son intermédiaire Rus antique. Également passé par Constantinople route terrestre de l’Europe vers l’Asie et retour. Les marchandises venues de loin de Chine et d’Inde étaient transportées par cette ville. D'autres centres commerciaux fleurissent également dans l'empire : Alexandrie, Antioche. Le principal centre religieux de Jérusalem a également prospéré.
Question 2. Quel pouvoir possédait l'empereur byzantin ?
Répondre. L'empereur avait un pouvoir absolu, qui s'appuyait sur un puissant système de fonctionnaires et une armée.
Question 3. Comment Justinien a-t-il renforcé l'unité du pays ? Qu'est-ce qui a été créé pendant son règne et a été conservé pendant de nombreux siècles ?
Répondre. Réformes.
1) Le grand principe de Justinien était « État unique, une loi, une religion. Par conséquent, il s'est battu contre de nombreux enseignements de l'Église qui différaient de l'orthodoxie et étaient appelés hérésies. La lutte contre eux s'est poursuivie même après Justinien. C'est même une des raisons du succès Conquête arabe- Les troupes ennemies ont été accueillies avec joie et les ont aidées, car les musulmans traitaient bien les personnes de toutes confessions chrétiennes, leur pouvoir s'est avéré meilleur que celui des fonctionnaires orthodoxes.
2) Pour donner un droit unifié à son empire, Justinien a réuni une équipe d'avocats qui ont résumé les nombreux siècles de développement du droit romain. Le résultat de leurs travaux est connu sous le nom de « Code droit civil" Le document a été largement utilisé non seulement à Byzance, mais au fil du temps en Europe pendant plusieurs siècles. Grâce à lui, le fameux droit romain fut préservé et systématisé.
3) Pour renforcer l’orthodoxie, Justinien a construit d’immenses et belles églises. La meilleure et la plus célèbre d’entre elles est la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople. Il existe toujours aujourd'hui, bien que la majeure partie de sa décoration intérieure datant de l'époque de Justinien ait été détruite par les générations suivantes de Byzantins eux-mêmes.
4) Justinien a mené de nombreuses révoltes (par exemple, le soulèvement de Nika) et a pris des mesures pour empêcher les commandants militaires de s'exprimer (très souvent dans l'histoire de Byzance, des généraux, utilisant des armées qui leur étaient fidèles, renversèrent les empereurs). Les résultats de ces actions n’auraient pas dû persister pendant des siècles. Mais à chaque fois, ils ont permis à Justinien de continuer à gouverner, ce qui signifie poursuivre toutes les autres réformes.
Question 4. La tentative de Justinien de restaurer l'Empire romain a-t-elle été couronnée de succès ? Pourquoi?
Répondre. La tentative a échoué. Les troupes byzantines ont capturé de nombreux territoires de l'Empire romain d'Occident, d'autres n'ont pas eu le temps. Et nous ne parlons pas de la Grande-Bretagne ou de la Gaule, que les Romains n'appréciaient pas vraiment, mais de l'Espagne (ils n'ont réussi à restituer qu'une seule de ses côtes), qui était un riche territoire romain. Et surtout, il n’a pas été possible d’organiser une bonne protection de ces terres. Créez un système contre les nouvelles intrusions.
Question 5. Quels peuples ont envahi le territoire de Byzance après la mort de Justinien ?
Répondre. Peuples :
1) Slaves (vers la péninsule balkanique) ;
2) Bulgares (vers la péninsule balkanique) ;
3) Lombards (jusqu'à la péninsule des Apennins) ;
4) Iraniens (dans la partie orientale de l'empire) ;
5) Arabes (ont capturé la plupart des terres byzantines).
Au cours des premiers siècles de notre ère, des Huns sauvages et guerriers se sont installés en Europe. En se déplaçant vers l'ouest, les Huns ont mis en mouvement d'autres peuples qui parcouraient les steppes. Parmi eux se trouvaient les ancêtres des Bulgares, que les chroniqueurs médiévaux appelaient Burgars.
Les chroniqueurs européens, qui ont écrit sur les événements les plus importants de leur époque, considéraient les Huns comme pires ennemis. Et ce n’est pas étonnant.
Les Huns, les architectes de la nouvelle Europe
Le chef des Huns, Attila, infligea à l'Empire romain d'Occident une défaite dont il ne put jamais se remettre et qui cessa bientôt d'exister. Arrivés de l'Est, les Huns s'installent solidement sur les rives du Danube et atteignent le cœur de la future France. Dans leur armée, ils ont conquis l'Europe et d'autres peuples, apparentés ou non aux Huns eux-mêmes. Parmi ces peuples, il y avait des tribus nomades, dont certains chroniqueurs ont écrit qu'elles venaient des Huns, tandis que d'autres affirmaient que ces nomades n'avaient rien à voir avec les Huns. Quoi qu'il en soit, à Byzance, voisine de Rome, ces barbares étaient considérés comme les ennemis les plus impitoyables et les pires.
L'historien lombard Paul le Diacre fut le premier à rendre compte de ces terribles barbares. Selon lui, les complices des Huns auraient tué le roi lombard Agelmund et emmené sa fille en captivité. En fait, le meurtre du roi a été déclenché dans le but d'enlever la malheureuse fille. L'héritier du roi espérait affronter l'ennemi dans un combat loyal, mais quoi qu'il arrive ! Dès que j'ai vu l'armée jeune roi, l'ennemi fit demi-tour et s'enfuit. L'armée royale ne pouvait rivaliser avec les barbares, élevés en selle dès le plus jeune âge... Ce triste événement fut suivi de bien d'autres. Et après la chute du pouvoir d’Attila, les nomades se sont installés sur les rives de la mer Noire. Et si la puissance de Rome a été minée par l’invasion d’Attila, alors la puissance de Byzance a été minée jour après jour par les ignobles raids de ses « serviteurs ».
De plus, au début, les relations entre Byzance et les dirigeants bulgares étaient excellentes.
Les politiciens rusés de Byzance ont pensé à utiliser d'autres nomades dans la lutte contre certains nomades. Lorsque les relations avec les Goths se détériorent, Byzance conclut une alliance avec les dirigeants bulgares. Cependant, les Goths se sont avérés être les meilleurs guerriers. Dans la première bataille, ils ont complètement vaincu les défenseurs byzantins et dans la deuxième bataille, le chef bulgare Buzan est également mort. De toute évidence, l'incapacité totale de « leurs » barbares à résister aux barbares « étrangers » a indigné les Byzantins, et les Bulgares n'ont reçu aucun cadeau ou privilège promis. Mais littéralement immédiatement après la défaite des Goths, ils sont eux-mêmes devenus ennemis de Byzance. Les empereurs byzantins ont même dû construire un mur censé protéger l’empire des raids barbares. Ce camp s'étendait de Silimvria à Derkos, c'est-à-dire de Mer de Marmaraà Cherny, et ce n'est pas pour rien qu'il a reçu le nom de « long », c'est-à-dire long.
Mais le « long mur » n’était pas un obstacle pour les Bulgares. Les Bulgares s'établirent solidement sur les rives du Danube, d'où il leur était très pratique d'attaquer Constantinople. Plusieurs fois, ils vainquirent complètement les troupes byzantines et capturèrent les commandants byzantins. Il est vrai que les Byzantins comprenaient peu l’appartenance ethnique de leurs ennemis. Ils appelaient les barbares, avec lesquels ils concluaient une alliance ou entraient dans un combat mortel, Huns. Mais c'étaient des Bulgares. Et pour être encore plus précis - les kutrigurs.
Les chroniqueurs qui ont écrit sur les peuples que les historiens modernes identifient comme proto-bulgares ne les distinguaient pas des Huns. Pour les Byzantins, tous ceux qui combattaient aux côtés des Huns ou même s'installaient sur les terres laissées par les Huns devenaient eux-mêmes des Huns. La confusion était également due au fait que les Bulgares étaient divisés en deux branches. On s'est concentré le long des rives du Danube, où surgit plus tard Royaume bulgare, et dans la région nord de la mer Noire, et l'autre parcourait les steppes de Mer d'Azov au Caucase et à la région de la Volga. Les historiens modernes pensent que les Proto-bulgares comprenaient en réalité plusieurs peuples apparentés - les Savirs, les Onogurs et les Ougriens. Les chroniqueurs syriens de cette époque étaient plus érudits que les chroniqueurs européens. Ils savaient très bien quels peuples parcouraient les steppes au-delà de la porte de Derbent, par où passaient l'armée des Huns, Onogurs, Ougriens, Savirs, Burgars, Kutrigurs, Avars, Khazars, ainsi que Kulas, Bagrasiks et Abels, dont on ne sait rien aujourd'hui.
Au VIe siècle, les Proto-bulgares ne sont plus confondus avec les Huns. L’historien gothique Jordan appelle ces Bulgares une tribu envoyée « pour nos péchés ». Et Procope de Césarée raconte la légende suivante sur la scission entre les Proto-bulgares. L'un des dirigeants huns installés dans le pays d'Eulysie, dans les steppes de la mer Noire, avait deux fils - Utigur et Kutrigur. Après la mort du souverain, ils se partagèrent les terres de leur père. Les tribus soumises à Utigur ont commencé à s'appeler Utigurs, et celles soumises à Kutrigur - Kutrigurs. Procope les considérait tous deux comme des Huns. Ils avaient la même culture, les mêmes coutumes, la même langue. Les Kutrigurs ont migré vers l'ouest et sont devenus un casse-tête pour Constantinople. Et les Goths, les Tetraxites et les Utigurs occupèrent les terres à l'est du Don. Cette division s'est très probablement produite à la fin du Ve – début du VIe siècle.
Au milieu du VIe siècle, les Kutrigurs concluent une alliance militaire avec les Gépides et attaquent Byzance. L'armée de Kutrigur en Pannonie comptait environ 12 000 personnes et était dirigée par le courageux et habile commandant Hinialon. Les Kutrigurs commencèrent à s'emparer des terres byzantines, l'empereur Justinien dut donc également chercher des alliés. Son choix s'est porté sur les plus proches parents des Kutrigurs - les Utigurs. Justinien a réussi à convaincre les Utigurs que les Kutrigurs ne se comportaient pas comme des parents : tout en capturant un riche butin, ils ne voulaient pas le partager avec leurs compatriotes. Les Utigurs succombèrent à la tromperie et conclurent une alliance avec l'empereur. Ils attaquèrent soudainement les Kutrigurs et ravageèrent leurs terres dans la région de la mer Noire. Les Kutrigur rassemblèrent une nouvelle armée et tentèrent de résister à leurs frères, mais ils étaient trop peu nombreux, les principales forces militaires se trouvaient dans la lointaine Pannonie. Les Utrigurs ont vaincu l'ennemi, capturé des femmes et des enfants et les ont réduits en esclavage. Justinien n'a pas manqué de transmettre la mauvaise nouvelle au chef des Kutrigurs, Hinialon. Le conseil de l'empereur était simple : quitter la Pannonie et rentrer chez lui. De plus, il a promis d'installer les Kutrigurs qui avaient perdu leurs maisons s'ils continuaient à défendre les frontières de son empire. Les Kutrigurs se sont donc installés en Thrace. Les Utigurs n'aimèrent pas beaucoup cela, qui envoyèrent immédiatement des ambassadeurs à Constantinople et commencèrent à négocier les mêmes privilèges que ceux des Kutrigur. C'était d'autant plus pertinent que les Kutrigurs attaquaient continuellement Byzance depuis le territoire de Byzance lui-même ! Envoyés en campagne militaire avec l'armée byzantine, ils commencèrent immédiatement à attaquer ceux qui organisaient ces campagnes. Et l'empereur a dû utiliser encore et encore le meilleur remède contre les Kutrigurs désobéissants - leurs parents et ennemis des Utigurs.
Patrimoine de la Grande Bulgarie
A la fin du siècle, les Kutrigur préféraient Empereur byzantin Avar Khaganate, dont ils sont devenus partie. Et puis, en 632, le Bulgar Khan Kubrat, kutrigur d'origine, réussit à unir ses compatriotes dans un État appelé Grande Bulgarie. Cet État comprenait non seulement les Kutrigurs, mais aussi les Utigurs, les Onogurs et d'autres. peuples apparentés. Les terres de la Grande Bulgarie s'étendaient sur steppes du sud du Don au Caucase. Mais la Grande Bulgarie n’a pas duré longtemps. Après la mort de Khan Kubrat, les terres de la Grande Bulgarie revinrent à ses cinq fils, qui ne voulaient pas partager le pouvoir entre eux. Les voisins Khazars en profitèrent et en 671 la Grande Bulgarie cessa d'exister.
Cependant, les peuples mentionnés dans les chroniques russes étaient issus des cinq enfants de Kubrat. De Batbayan sont venus les soi-disant Bulgares noirs, avec lesquels Byzance a dû se battre et contre lesquels le légendaire prince Igor a fait campagne. Kotrag, qui s'est installé sur la Volga et Kama, a fondé la Volga Bulgarie. À partir de ces tribus de la Volga, des peuples tels que les Tatars et les Tchouvaches se sont ensuite formés. Kuber se rendit en Pannonie, puis en Macédoine. Ses compatriotes ont fusionné avec la population slave locale et se sont assimilés. Alzek emmena sa tribu en Italie, où il s'installa sur les terres du peuple lombard qui l'avait adopté. Mais le deuxième fils de Khan Kubrat, Asparukh, est mieux connu. Il s'installe sur le Danube et crée en 650 le royaume bulgare. Les Slaves et les Thraces vivaient déjà ici. Ils se sont mêlés aux membres de la tribu d'Asparukh. C'est ainsi qu'est né un nouveau peuple : les Bulgares. Et il n'y avait plus d'Utigurs ou de Kutrigurs sur terre...
Dès le début du VIe siècle, à la frontière nord de l'Empire byzantin, le long du Danube inférieur et moyen, commencent les invasions des tribus slaves.
La frontière du Danube a toujours été une frontière particulièrement troublée de l’empire. Nombreux tribus barbares, qui occupaient les terres au nord du Danube et des steppes de la mer Noire, constituaient une menace constante pour Byzance. Cependant vagues destructrices les invasions barbares qui ont balayé l'empire aux IVe-Ve siècles n'ont pas duré longue duréeà l'intérieur de ses limites ou se sont tellement répandus qu'ils ont rapidement disparu sans laisser de trace. Ni les Goths de la mer Noire - nouveaux venus des lointains États baltes, ni les nomades des steppes asiatiques - les Huns n'ont pu rester longtemps sur le territoire de Byzance et, de plus, avoir un impact notable sur le cours de son évolution socio-économique interne. développement.
Les invasions des barbares transdanubiens prennent un caractère différent lorsque les tribus slaves en deviennent la force principale et décisive. Les événements mouvementés qui ont eu lieu à la frontière du Danube dans la première moitié du VIe siècle ont marqué le début d'une longue période d'introduction des Slaves dans l'Empire byzantin.
Les invasions massives et la colonisation d'un certain nombre de régions et de régions byzantines constituaient une étape naturelle dans toute l'histoire antérieure des Slaves.
Au 6ème siècle Slaves à la suite de leur réinstallation progressive des terres qu'ils occupaient aux Ier-IIe siècles. n. e. à l'est de la Vistule (entre mer Baltique et les contreforts nord des Carpates), devinrent les voisins immédiats de Byzance, s'installant fermement sur la rive gauche du Danube. Les contemporains indiquent assez clairement les lieux d'établissement des tribus slaves apparentées aux Sklavins et aux Fourmis qui parlaient la même langue et avaient les mêmes coutumes. Selon Procope, ils occupaient la plupart des terres situées le long de la rive gauche du Danube. Le territoire habité par les Sklavins s'étendait au nord jusqu'à la Vistule, à l'est jusqu'au Dniestr et à l'ouest jusqu'au cours moyen de la Sava. Les Fourmis vivaient à proximité des Sklavins, constituant la branche orientale des tribus slaves installées aux frontières nord de l'Empire byzantin. Apparemment, les Antes peuplaient de manière particulièrement dense les terres de la région nord de la mer Noire - à l'est du Dniestr et dans la région du Dniepr.
La réinstallation des Slaves de leurs habitats d'origine et leur invasion de Byzance étaient dues à la fois facteurs externes- le mouvement de diverses masses ethniques à l'époque de la « grande migration des peuples », et, principalement, le développement de la vie socio-économique des tribus slaves.
La transition des Slaves, grâce à l'émergence de nouveaux outils agricoles, vers les grandes cultures a permis à des familles individuelles de cultiver la terre. Et bien que les terres arables soient apparemment restées la propriété de la communauté au milieu du 1er millénaire, l'émergence de ferme paysanne, qui offrait la possibilité d'utiliser le produit du travail pour l'enrichissement personnel, ainsi que la croissance constante de la population ont créé le besoin d'étendre les terres propices à la culture. Le système sociopolitique des Slaves changea à son tour. Selon Procope, les Sklavins et les Antes ne sont pas gouvernés par une seule personne, mais depuis l'Antiquité, ils vivent sous la domination des gens et, par conséquent, leurs compatriotes partagent à la fois le bonheur et le malheur. Cependant, le témoignage du même Procope et d'autres écrivains byzantins du VIe siècle. permettons de voir que les Slaves avaient une noblesse tribale et qu'un esclavage primitif existait.
Économique et évolution sociale conduit à la formation d'une démocratie militaire parmi les Slaves - cette forme d'organisation politique dans laquelle c'est la guerre qui ouvre la noblesse tribale plus grandes opportunités pour enrichir et renforcer leur pouvoir. Les Slaves (individus et détachements entiers) commencent volontiers à rejoindre les troupes mercenaires. Cependant, le service dans une armée étrangère ne pouvait satisfaire que partiellement leurs besoins croissants ; le désir de maîtriser du nouveau, déjà cultivé terres fertiles, la soif de butin poussa les tribus slaves vers l'Empire byzantin.
En alliance avec d'autres peuples du bassin Danube-mer Noire - les Carpes, les Costoboci, les Roxolani, les Sarmates, les Gépides, les Goths, les Huns - les Slaves, selon toute vraisemblance, ont participé à des raids sur la péninsule balkanique plus tôt, au IIe-Ve siècles. Les chroniqueurs byzantins étaient souvent confus lorsqu'il s'agissait de déterminer l'origine ethnique des nombreux barbares qui attaquèrent l'empire. Ce sont peut-être les Slaves, les « cavaliers gétiens », qui, selon le témoignage du comité Marcellin, dévastèrent la Macédoine et la Thessalie en 517, atteignant les Thermopyles.
Sous votre propre nom Les Slaves furent mentionnés pour la première fois comme ennemis de l’empire par Procope de Césarée. Il rapporte que peu après l'accession au trône de l'empereur Justin, « les Antes..., ayant traversé l'Istra, avec grande armée envahi le territoire romain. » Une armée byzantine dirigée par l'éminent chef militaire Herman fut envoyée contre eux, ce qui infligea une forte défaite aux Antes. Cela a apparemment arrêté leurs raids sur le territoire de l'empire pendant un certain temps. En tout cas, pendant tout le règne ultérieur de Justin, les sources n'enregistrent pas une seule invasion d'Antes et de Sclavènes.
La situation change radicalement sous Justinien. Caractérisant l'état des affaires impériales (pour la période allant de l'accession de Justinien au trône jusqu'au milieu du VIe siècle), Procope écrit avec amertume que « les Huns (Hunno-Bulgares - NDLR), les Sklavins et les Antes attaquent presque chaque année l'Illyrie et toute la Thrace, c'est-à-dire toutes les régions depuis le golfe Ionien (mer Adriatique. - NDLR) jusqu'à la périphérie de Constantinople, y compris la Hellas et la région de Chersonèse [Thrace]...." Un autre contemporain des événements survenus sous Justinien, Jordan, parle également de « l’assaut quotidien et persistant des Bulgares, des Antes et des Sklavins ».
A cette première étape de l'offensive slave, leurs invasions, qui se succédèrent et s'accompagnèrent de terribles dévastations des terres byzantines, ne furent pour autant que des raids de courte durée, après quoi les Slaves, après s'être emparés du butin, retournèrent sur leurs terres de la rive gauche du Danube. La frontière du Danube reste toujours la frontière séparant les possessions byzantines et slaves ; L’empire prend des mesures urgentes pour le protéger et le renforcer.
En 530, Justinien nomma le courageux et énergique Hilvudius, un Slave, à en juger par son nom, comme stratège de la Thrace. Après lui avoir confié la défense de la frontière nord de l'empire, Justinien espérait apparemment que Hilvudiy, qui avait beaucoup progressé dans le service militaire byzantin et connaissait bien les tactiques militaires des Slaves, réussirait mieux dans la lutte contre eux. . Khilvudii a en effet justifié pendant un certain temps les espoirs de Justinien. Il organisa à plusieurs reprises des incursions sur la rive gauche du Danube, « battant et réduisant en esclavage les barbares qui y vivaient ».
Mais trois ans seulement après la mort d'Hilvudiy dans l'une des batailles contre les Slaves, le Danube « devint accessible aux barbares, qui pouvaient le traverser à leur demande et les possessions romaines étaient complètement ouvertes à leur invasion ».
Justinien était clairement conscient du danger qui menaçait l'empire. Il a déclaré directement que « pour arrêter le mouvement des barbares, il faut de la résistance, et en plus une résistance sérieuse ». Dès les premières années de son règne, des travaux grandioses pour renforcer la frontière du Danube ont commencé. Sur toute la rive du fleuve - de Singidun à la mer Noire - la construction de nouvelles forteresses et la restauration d'anciennes forteresses ont été réalisées ; le système défensif se composait de plusieurs lignes de fortifications qui atteignaient les Longs Murs. Procope nomme plusieurs centaines de points fortifiés érigés en Dacie, en Épire, en Thessalie et en Macédoine.
Cependant, toutes ces structures, s'étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres, n'ont pu empêcher les invasions slaves. Empire, dirigeant lourd et guerres sanglantes V Afrique du Nord, l'Italie, l'Espagne, contraintes de maintenir leurs troupes immense espace de l'Euphrate à Gibraltar, fut incapable de doter les forteresses des garnisons nécessaires. Parlant du raid slave en Illyrie (548), Procope déplore que « même de nombreuses fortifications qui étaient ici et qui semblaient fortes dans le passé, les Slaves ont réussi à les prendre, puisque personne ne les défendait… ».
L'attaque généralisée des Slaves sur les terres byzantines fut considérablement affaiblie en raison du manque d'unité entre les Slaves et les Antes. En 540, à la suite d'un conflit entre ces deux plus grandes tribus slaves, une guerre éclata entre elles et les attaques conjointes contre l'empire cessèrent. Les Sklavins s'allièrent avec les Hun-Bulgares et en 540-542, alors que la peste faisait rage à Byzance, ils envahirent trois fois ses frontières. Ils atteignent Constantinople et franchissent le mur extérieur, provoquant une terrible panique dans la capitale. « Rien de tel n'a été vu ou entendu depuis la fondation de la ville », écrit un témoin oculaire de cet événement, Jean d'Éphèse. Cependant, après avoir pillé les environs de Constantinople, les barbares repartirent avec du butin capturé et des prisonniers. Au cours d'une de ces attaques, ils pénétrèrent jusqu'à Chersonèse de Thracie et traversèrent même l'Hellespont jusqu'à Avidos. À peu près à la même époque (entre 540 et 545), les Antes envahirent la Thrace.
Justinien ne tarda pas à profiter des conflits entre les Antes et les Sclaviniens, qui conduisirent à la désunion de leurs actions. En 545, des ambassadeurs furent envoyés aux Antes. Ils annoncèrent l'accord de Justinien pour accorder aux Antes la forteresse de Turris, située sur la rive gauche du bas Danube, et les terres qui l'entourent (très probablement, pour autoriser leur établissement dans cette zone « appartenant à l'origine aux Romains »), et aussi pour payez-leur de grosses sommes d'argent, exigeant en échange qu'ils continuent à respecter la paix avec l'empire et à contrecarrer les raids des Huns-Bulgares.
Les négociations se sont terminées, selon toute vraisemblance, avec succès. Depuis lors, les sources n'ont jamais mentionné les Antes contre Byzance. D'ailleurs, dans les documents contenant le titre complet de Justinien, ce dernier est appelé « Αντιχος » depuis 533, plus d'un demi-siècle plus tard, en 602, les Antes étaient également en relations alliées avec Byzance ;
Désormais, après avoir perdu leur allié le plus proche et naturel, les Slaves attaquent les terres de l'Empire byzantin - à la fois seuls et avec les Hun-Bulgares.
L'assaut des Sklavins sur l'empire s'intensifia sensiblement à la fin des années 40 et surtout dans les années 50 du VIe siècle. En 548, leurs nombreux détachements, traversant le Danube, marchèrent à travers l'Illyrie jusqu'à Epidamnus. Une idée de l'ampleur de cette invasion peut se faire à partir des nouvelles de Proconius (même s'il exagère légèrement le nombre des forces impériales), comme si les Slaves étaient suivis par une armée byzantine forte de 15 000 hommes, mais " ils n’osaient s’approcher de l’ennemi nulle part.
Du milieu du VIe siècle. L'offensive slave contre Byzance entre dans une nouvelle étape, qualitativement différente des invasions précédentes. En 550-551. Une véritable guerre slave-byzantine se joue. Les troupes slaves, agissant selon un plan pré-planifié, mènent des batailles ouvertes avec l'armée byzantine et remportent même la victoire ; ils prennent les forteresses byzantines en siège ; Certains des Slaves qui ont envahi le territoire de l'empire restent sur ses terres pour l'hiver, recevant de nouveaux renforts venus de l'autre côté du Danube et se préparant pour de nouvelles campagnes.
Guerre 550-551 a commencé avec l'invasion slave de l'Illyrie et de la Thrace (printemps 550). Trois mille Slaves traversèrent le Danube et, sans rencontrer de résistance, traversèrent également la Maritsa. Puis ils se sont divisés en deux parties (1 800 et 1 200 personnes). Bien que ces détachements fussent bien inférieurs en force à l'armée byzantine envoyée contre eux, ils réussirent à le vaincre grâce à une attaque surprise. Après avoir remporté la victoire, l'une des troupes slaves entra alors en bataille avec le commandant byzantin Aswad. Malgré le fait que sous son commandement se trouvaient « de nombreux excellents cavaliers..., et les Slaves les mirent en fuite sans trop de difficultés ». Après s'être emparés d'un certain nombre de forteresses byzantines, ils s'emparèrent également de la ville balnéaire de Topir, gardée par une garnison militaire byzantine. « Avant, note Procope, les Slaves n'osaient jamais s'approcher des murs ni descendre dans la plaine (pour une bataille ouverte)... »
À l'été 550, les Slaves traversèrent à nouveau le Danube dans une énorme avalanche et envahirent Byzance. Cette fois, ils apparaissent près de la ville de Naissa (Nish). Comme l'ont montré plus tard les captifs slaves, l'objectif principal de la campagne était de capturer l'une des plus grandes villes de l'empire, qui était également bien fortifiée - Thessalonique. Justinien fut contraint de donner l'ordre à son commandant Herman, qui préparait une armée à Sardika (Serdika) pour une campagne en Italie contre Totila, d'abandonner immédiatement toutes les affaires et de marcher contre les Slaves. Cependant, ces derniers, ayant appris que se dirigeait vers eux Germanus, qui avait infligé une forte défaite aux Antes sous le règne de Justin, et supposant que son armée représentait une force importante, décidèrent d'éviter une collision. Après avoir traversé l'Illyrie, ils entrèrent en Dalmatie. De plus en plus de membres de la tribu les rejoignirent, traversant le Danube sans entrave.
Après avoir passé l'hiver sur le territoire de Byzance, « comme sur leur propre terre, sans crainte de l'ennemi », les Slaves se déversèrent de nouveau en Thrace et en Illyrie au printemps 551. Ils vainquirent l'armée byzantine dans une bataille acharnée et marchèrent jusqu'aux Longs Murs. Cependant, grâce à une attaque inattendue, les Byzantins réussirent à capturer une partie des Slaves et à forcer les autres à battre en retraite.
À l'automne 551, une nouvelle invasion de l'Illyrie s'ensuit. Les chefs de l'armée envoyée par Justinien, comme en 548, n'osèrent pas engager la bataille avec les Slaves. Être resté au sein de l'empire pendant longtemps", ceux qui possédaient un riche butin traversèrent le Danube.
La dernière action des Slaves contre l'empire sous Justinien fut une attaque contre Constantinople en 559, menée en alliance avec les Huns de Kutrigur.
À la fin du règne de Justinien, Byzance se trouvait impuissante face aux invasions slaves ; l’empereur alarmé ne savait pas « comment il pourrait les repousser à l’avenir ». La construction de forteresses dans les Balkans, une nouvelle fois entreprise par Justinien, avait pour but non seulement de repousser les invasions slaves venues de l'autre côté du Danube, mais aussi de contrer les Slaves, qui parvenaient à prendre pied sur les terres byzantines, en les utilisant comme tremplin. pour de nouveaux progrès au plus profond de l'empire : les fortifications de Philippopolis et de Plotinopolis en Thrace furent construites, selon Procope, contre les barbares vivant dans les environs de ces villes ; Dans le même but, la forteresse d'Adina en Mésie a été restaurée, autour de laquelle se sont réfugiés les « Slaves barbares », effectuant des raids sur les terres voisines, ainsi que la forteresse d'Ulmiton, qui a été complètement détruite par les Slaves installés dans son territoire. environs.
L'empire, épuisé par les guerres, n'avait pas les moyens d'organiser une résistance active aux assauts slaves de plus en plus intensifiés. Au cours des dernières années du règne de Justinien, l'armée byzantine, selon le témoignage de son successeur Justin II, était « tellement bouleversée que l'État était livré à des invasions et des raids continus de barbares ».
La population locale de l'empire, particulièrement hétéroclite ethniquement dans les provinces du nord des Balkans, était également un piètre défenseur de sa terre. Vie économique les régions du Danube, qui avaient été soumises à plusieurs reprises aux invasions barbares pendant plusieurs siècles, ont sensiblement disparu dans un certain nombre de régions, et ces régions elles-mêmes se sont dépeuplées. Sous le règne de Justinien, la situation devint encore plus compliquée en raison de l'oppression fiscale croissante. "... Malgré le fait que... toute l'Europe a été pillée par les Huns, les Sklavins et les Antes, que certaines villes ont été entièrement détruites, d'autres ont été complètement pillées au détriment des indemnités monétaires, malgré le fait que les barbares a emmené tout le monde avec eux en captivité, des gens avec tous leurs biens, qu'à la suite de leurs raids presque quotidiens, toutes les régions sont devenues désertes et incultes - malgré tout cela, Justinien n'a néanmoins supprimé les impôts de personne...", déclare Procope avec indignation dans "L'Histoire Secrète". La sévérité des impôts obligeait les habitants soit à quitter complètement l'empire, soit à passer du côté des barbares qui ne connaissaient pas encore formes développées l'oppression de classe et ordre social ce qui, de ce fait, a apporté un soulagement aux masses exploitées État byzantin. Plus tard, en s'installant sur le territoire de l'empire, les barbares ont allégé le fardeau des paiements qui pesaient sur la population locale. Ainsi, selon Jean d'Éphèse, en 584 les Avars et les Slaves pannoniens, s'adressant aux habitants de Mésie, disaient : « Sortez, semez et récoltez, nous ne nous prendrons que la moitié (impôts ou, très probablement, récolte. - Ed. .).»
Le succès des invasions slaves fut également facilité par la lutte des masses contre l'oppression exorbitante de l'État byzantin. Les premiers raids slaves sur Byzance furent précédés et, évidemment, facilités par le soulèvement qui éclata en 512 à Constantinople, qui éclata en 513-515. s'est répandue dans les provinces du nord des Balkans et à laquelle ont participé, avec la population locale, les barbares fédérés. Sous le règne de Justinien et de ses successeurs, la situation était favorable aux invasions slaves en Pannonie et surtout en Thrace, où le mouvement Scamari se développa largement.
L'offensive slave contre Byzance, qui s'intensifiait d'année en année, commença cependant au début des années 60 du VIe siècle. temporairement suspendu par l'apparition de la horde turque des Avars sur le Danube. La diplomatie byzantine, qui pratiquait largement la politique de corruption et d'affrontement des tribus les unes contre les autres, ne manqua pas d'utiliser de nouveaux venus pour contrer les Slaves. À la suite de négociations entre l'ambassade de l'Avar Khakan Bayan et Justinien, qui eurent lieu en 558, un accord fut conclu en vertu duquel les Avars s'obligèrent, sous réserve de recevoir un tribut annuel de Byzance, à protéger leur frontière du Danube des invasions barbares. Les Avars ont vaincu les Huns Utigur et les Huns Kutrigur, qui étaient en guerre les uns contre les autres à cause des machinations de Justinien, puis ont commencé à attaquer les Slaves. Tout d'abord, les raids des Avars, avançant depuis les steppes transcaspiennes le long Côte de la mer Noire au bas Danube, les terres des Antes étaient soumises. « Les dirigeants d’Anta ont été mis en détresse. Les Avars ont pillé et dévasté leurs terres », rapporte Menander Protiktor. Pour racheter leurs compatriotes capturés par les Avars, les Antes leur envoyèrent une ambassade en 560, dirigée par Mezamir. Mezamir s'est comporté au quartier général des Avars de manière très indépendante et avec une grande insolence. Sur les conseils d'un certain Kutrigur, qui convainquit les Avars de se débarrasser de cet homme influent parmi les Antes, Mezamir fut tué. « A partir de ce moment-là, conclut Ménandre, les Avars commencèrent à ravager encore davantage le pays des Antes, et ne cessèrent de le piller et d'asservir ses habitants. »
Sentant leur force, les Avars commencent à imposer des exigences croissantes à Byzance : ils demandent de leur fournir des lieux d'installation et d'augmenter la récompense annuelle pour le maintien de l'union et de la paix. Des désaccords surgissent entre l'empire et les Avars, qui conduisent bientôt à une action militaire ouverte. Les Avars entrèrent en relations alliées avec les Francs, puis, intervenant dans les querelles des Lombards et des Gépides, en alliance avec les premiers, ils vainquirent en 567 les Gépides, qui étaient sous la protection de l'empire, et s'installèrent sur leurs terres. en Pannonie, le long de la Tisza et du Danube moyen. Les tribus slaves vivant dans la plaine pannonienne durent reconnaître le pouvoir suprême des Avars. A partir de ce moment, ils attaquèrent Byzance avec les Avars, prenant une part active à leur lutte contre l'empire.
Les premières nouvelles de telles invasions combinées sont contenues dans le chroniqueur occidental contemporain Jean, abbé du monastère de Biklyari. Il rapporte cela en 576 et 577. Les Avars et les Slaves attaquèrent la Thrace et occupèrent en 579 une partie de la Grèce et de la Pannonie. En 584, selon le témoignage d'un autre contemporain des événements décrits - Evagrius, les Avars (sans aucun doute, avec leurs alliés slaves) capturèrent Singidun, Anchial et. dévasté « toute la Hellas ». Les Slaves qui faisaient partie de l'armée Avar, généralement connus pour leur capacité à traverser les rivières, participèrent à la construction d'un pont sur la Sava en 579 pour réaliser la prise de Sirmium prévue par les Avars ; en 593, les Slaves pannoniens fabriquèrent des navires pour l'Avar Khakan, puis construisirent à partir d'eux un pont sur la Sava.
Dans l'armée Avar (ainsi que dans le Khakanate Avar en général), les Slaves étaient, selon toute vraisemblance, le plus important ethnie: il est significatif qu'en 601, lorsque l'armée byzantine a vaincu les Avars, un détachement slave de 8 000 personnes a été capturé, qui dépassait de loin en nombre les Avars eux-mêmes et les autres barbares qui faisaient partie de l'armée des Khakans.
Cependant, étant donné que les Avars dominaient politiquement les Slaves pannoniens, les auteurs byzantins, lorsqu'ils parlent des attaques des Avars contre l'empire, ne mentionnent souvent pas du tout la participation des Slaves à celles-ci, bien que la présence de ces derniers dans l'armée des Avars ne fasse aucun doute. .
Les Avars ont tenté à plusieurs reprises de soumettre les Slaves qui vivaient sur le bas Danube, mais tous leurs efforts se sont invariablement soldés par un échec. Ménandre dit que Bayan a envoyé une ambassade auprès du leader sklavinien Davrita et de « ceux qui se tenaient à la tête du peuple sklavinien », exigeant qu'ils se soumettent aux Avars et s'engagent à leur rendre hommage. La réponse indépendante, pleine de confiance en sa force, que les Avars reçurent à cette question est bien connue : « Cette personne est-elle née dans le monde et réchauffée par les rayons du soleil qui subjuguerait notre force ? Ce ne sont pas les autres qui sont à nous, mais nous qui sommes habitués à posséder ce qui appartient à autrui. Et nous en serons sûrs tant qu’il y aura des guerres et des épées dans le monde. »
Les Sklavins du bas Danube ont continué à conserver leur indépendance. Ils combattirent à la fois contre Byzance et contre les Avars.
Les invasions sklaviniennes de l'empire reprirent avec une vigueur renouvelée à la fin des années 70 et au début des années 80 du VIe siècle. En 578, 100 000 Sklavins, traversant le Danube, dévastèrent la Thrace et d'autres provinces des Balkans, y compris la Grèce proprement dite - la Hellas. L'empereur Tibère, qui, en raison de la guerre avec la Perse, n'avait pas la possibilité de contrer les invasions slaves par ses propres forces, invita l'Avar Khakan, qui entretenait alors des relations pacifiques avec l'empire, à attaquer les possessions de l'Empire. Les Sklavins. Bayan, « entretenant une inimitié secrète envers les Sklavins... parce qu'ils ne se sont pas soumis à lui », a volontiers accepté la proposition de Tibère. Selon Ménandre, le Khakan s'attendait à trouver pays riche, "puisque les Sklavins ont pillé la terre romaine, alors que leur terre n'a été pillée par aucun autre peuple". Une énorme armée Avar (selon Ménandre - 60 000 cavaliers) a été transportée sur des navires byzantins à travers la Sava, traversée par le territoire de l'empire à l'est jusqu'à un endroit sur le Danube et ici elle a été transportée sur sa rive gauche, où elle a commencé à « incendier immédiatement les villages Sklavins, les ruiner et dévaster leurs champs ».
Les ravages brutaux effectués par les Avars sur les terres des Sklavins n'ont cependant pas conduit à leur soumission au pouvoir des Khakans. Lorsqu'en 579 Bayan essaya, citant la campagne à venir contre les Sklavins, de construire un pont sur la Sava et de capturer un important stratégiquement la ville byzantine de Sirmium, comme motif de cette campagne, il a avancé à Tibère le fait que les Sklavins "ne veulent pas lui payer le tribut annuel établi".
L'attaque des Avars contre les Sklavins, provoquée par l'empire, ne sauva pas Byzance de leurs nouvelles invasions. Au contraire, ils deviennent encore plus redoutables et entrent maintenant dans leur dernière et dernière étape : l'installation massive des Slaves sur son territoire. En 581, les Sklavins firent une campagne réussie dans les terres byzantines, après quoi ils ne revinrent plus au-delà du Danube, mais s'installèrent au sein de l'empire. Une description exceptionnellement précieuse de cette invasion des Sklavins est donnée par Jean d'Éphèse, témoin direct des événements qu'il dépeint. « La troisième année après la mort du tsar Justin et l'avènement du vainqueur Tibère, dit-il, le peuple maudit des Sklavins attaqua. Ils traversèrent rapidement toute la Hellas, la région de Thessalonique [Thessalie ?] et toute la Thrace et conquirent de nombreuses villes et forteresses. Ils les dévastèrent et les brûlèrent, firent des prisonniers et devinrent maîtres de la terre. Ils s'y installèrent en maîtres, comme si c'était le leur, sans crainte. Depuis quatre ans et jusqu'à présent, le roi étant occupé par la guerre contre les Perses et envoyant toutes ses troupes à l'Est, c'est pour cette raison qu'elles se sont répandues sur la terre, s'y sont installées et s'y sont développées maintenant, tant que Dieu le permet. Ils provoquent des ravages, des incendies et capturent des prisonniers, de sorte qu'au mur le plus extérieur, ils capturent tous les troupeaux royaux, plusieurs milliers (de têtes) et autres (butin). Et jusqu'à ce jour, c'est-à-dire jusqu'en 895, ils restent, vivent et restent tranquillement dans les pays des Romains - des gens qui n'osaient pas (avant) apparaître des forêts denses et (des lieux) protégés par des arbres et ne savaient pas quoi armes, sauf deux ou trois lonchidia, c'est-à-dire des fléchettes.
En 584, les Sklavins attaquèrent Thessalonique. Et bien que cette attaque, ainsi que les tentatives ultérieures des Slaves pour s'emparer de la ville, se soient soldées par un échec, le fait que le détachement slave de 5 000 personnes, composé de personnes « expérimentées en matière militaire » et comprenant « toute la fleur choisie des Slaves tribus », décidé pour une telle entreprise est en soi assez révélateur. Les Slaves « n'auraient pas attaqué une telle ville s'ils n'avaient pas senti leur supériorité en force et en courage sur tous ceux qui avaient jamais combattu avec eux », dit-on directement dans les « Miracles de Saint-Pétersbourg ». Démétrius" - un ouvrage hagiographique remarquable de cette époque, dédié à la description des "miracles" que son patron, Démétrius, aurait accomplis lors du siège de la ville par les Slaves, et contenant des données historiques importantes sur les Slaves.
Les vicissitudes de la lutte slave-avar-visayan de cette époque étaient très complexes. En règle générale, les Avars étaient en alliance avec les Slaves pannoniens. Parfois, ces derniers agissaient de manière indépendante, mais avec l'accord du hakan. N'ayant pas réussi à asservir les Sklavins du Bas-Danube, l'Avar Khakan affirma néanmoins, à l'occasion, que Byzance reconnaîtrait leurs terres pour lui. Ce fut par exemple le cas en 594, après la campagne de l’empereur contre les Sklavins : le Khakan réclama sa part du butin, affirmant que l’armée byzantine avait envahi « son pays ». Cependant, non seulement Byzance considérait ces terres slaves comme indépendantes, mais même les proches de Bayan considéraient ses revendications comme « injustes ». Bayan lui-même, si cela lui était bénéfique, dans ses relations avec Byzance partait aussi du fait que les Sklavins du bas Danube étaient indépendants de lui : lorsqu'en 585 les Sklavins, à l'instigation des Khakans, envahirent la Thrace, perçant même Longs murs, la paix entre les Avars et Byzance ne fut pas officiellement rompue, et le Khakan reçut un tribut conditionnel de l'empire, bien que ses machinations fussent connues de la cour de Constantinople.
Une nouvelle invasion des Avars et des Slaves à Byzance suivit à la fin de 585-586, après que l'empereur Maurice eut rejeté la demande des Khakans d'augmenter le tribut que lui payait l'empire. Au cours de cette attaque majeure avar-slave (à l'automne 586), une autre tentative fut faite pour prendre Thessalonique. Une immense armée slave, s'emparant des fortifications environnantes, commença à assiéger la ville. Une description détaillée de ce siège dans « Miracles of St. Démétrius" montre à quel point la technologie militaire des Slaves était avancée à cette époque : ils utilisaient des engins de siège, des béliers, des armes à jet de pierres - tout ce que l'art du siège des villes connaissait à cette époque.
En 587-588, comme en témoignent des sources, notamment la « Chronique monemvasienne » anonyme, probablement rédigée au IXe siècle, les Slaves prennent possession de la Thessalie, de l'Épire, de l'Attique, de l'Eubée et s'installent dans le Péloponnèse, où au cours des deux cents prochaines années Pendant des années, ils vivent de manière totalement indépendante et non subordonnée à l'empereur byzantin.
L'attaque réussie des Slaves sur Byzance à la fin des années 70 et 80 du 6ème siècle. était dans dans une certaine mesure soulagée par le fait que jusqu'en 591, elle mena une guerre difficile de vingt ans avec la Perse. Mais même après la conclusion de la paix, lorsque l'armée byzantine fut transférée de l'Est vers l'Europe, les tentatives persistantes de Maurice pour résister à de nouvelles invasions slaves (l'empereur en prit même d'abord le commandement personnellement - un précédent qui n'avait pas eu lieu depuis l'époque de Théodose I) n'obtint aucun succès significatif.
Maurice a décidé de transférer la lutte contre les Slaves directement sur les terres slaves de la rive gauche du Danube. Au printemps 594, il ordonna à son commandant Priscus de se diriger vers la frontière pour empêcher les Slaves de la franchir. En Basse Mésie, Priscus attaqua le chef slave Ardagast, puis dévasta les terres sous son règne. Allant plus loin, l'armée byzantine envahit les possessions du chef slave Musokia ; Grâce à la trahison du gépide Priscus, qui avait fait défection des Slaves, il réussit à capturer Musokia et à piller son pays. Vouloir consolider réalisations obtenues, Maurice ordonna à Priscus de passer l'hiver sur la rive gauche du Danube. Mais les soldats byzantins, qui avaient récemment remporté des victoires sur les Slaves, se révoltèrent, déclarant que « d'innombrables foules de barbares sont invincibles ».
Sur l'année prochaine Maurice a nommé son frère Peter comme commandant en chef à la place de Priscus. Cependant nouveau voyage a apporté encore moins de résultats. Tandis que Maurice s'efforçait de déplacer la guerre au-delà du Danube, les Slaves poursuivaient leurs attaques sur les terres impériales : dans la région de Marcianople, le détachement avancé de l'armée de Pierre rencontra 600 Slaves, « transportant un gros butin capturé aux Romains. » Sur ordre de Maurice, Pierre dut arrêter complètement sa campagne dans les terres slaves et rester en Thrace : on apprit que « de grandes foules de Slaves préparaient une attaque contre Byzance ». Pierre partit avant de recevoir cet ordre et, rencontrant le chef slave Piragast, le vainquit. Lorsque Pierre revint au camp, les Slaves l'attaquèrent et mirent en fuite l'armée byzantine.
En 602, lors de la reprise des hostilités entre Byzance et les Avars, Maurice, cherchant à protéger l'empire des invasions slaves, ordonna de nouveau à Pierre de s'installer sur les terres slaves. À son tour, le Khakan donne l’ordre à son chef militaire Apsikh « d’exterminer la tribu des Fourmis, alliées des Romains ». Après avoir reçu cet ordre, une partie de l'armée de Khakan (selon toute vraisemblance, des Slaves qui ne voulaient pas se battre contre leurs compatriotes) passa du côté de l'empereur. Mais la campagne contre les Antes a évidemment eu lieu et a conduit à la défaite de cette tribu slave. Désormais, les Fourmis disparaissent à jamais des pages des sources byzantines.
Avec le début de l'automne, Maurice a exigé que Pierre passe l'hiver sur les terres des Slaves sur la rive gauche du Danube. Et encore, comme en 594, les soldats byzantins, se rendant compte de la futilité de combattre « les innombrables barbares qui, comme des vagues, inondaient tout le pays de l'autre côté de l'Istra », se révoltèrent. S'étant dirigés vers Constantinople et l'ayant capturée, ils renversèrent Maurice du trône et proclamèrent empereur le centurion Phocas, à moitié barbare de naissance.
Ce fut le résultat peu glorieux de la tentative de Byzance de mener une lutte active contre les Slaves. L'armée byzantine, qui venait de mettre fin victorieusement à la guerre avec la Perse, la puissance la plus puissante de l'époque, était impuissante à fermer la frontière danubienne de l'empire aux invasions slaves. Même lorsqu’ils gagnaient, les soldats ne se sentaient pas vainqueurs. Ce n’étaient pas les batailles avec des troupes correctement organisées que les soldats byzantins menaient habituellement. De nouveaux sont immédiatement apparus pour remplacer les troupes slaves vaincues. DANS Terre slave au-delà du Danube, chaque habitant était un guerrier, un ennemi de l'empire. Sur son territoire, l'armée byzantine, de par le système même de son organisation, ne pouvait pas non plus toujours compter sur un soutien. population locale. Étant donné que les opérations militaires contre les Slaves étaient généralement menées pendant la saison chaude, l'armée était dissoute pour l'hiver et les soldats devaient s'occuper de leur propre nourriture. « À la fin de l'automne, le général dissout son camp et retourna à Byzance », raconte Théophylacte Simocatta à propos de la campagne de 594. « Les Romains, non occupés service militaire, dispersés dans toute la Thrace, se procurant de la nourriture dans les villages.
Byzance a bien compris les difficultés de la lutte contre les Slaves et la nécessité d'utiliser des tactiques spéciales dans la guerre contre eux. Une section spéciale du Strategikon comprend des conseils sur la meilleure façon de mener des raids à court terme sur leurs villages, avec quelle prudence il faut pénétrer sur leurs terres ; La pseudo-Maurice recommande de piller les villages slaves et de leur retirer des vivres, de répandre de fausses rumeurs, de soudoyer les princes et de les monter les uns contre les autres. « Puisqu'ils (les Slaves - NDLR) ont de nombreux princes (ρηγων) », écrit-il, « et qu'ils ne sont pas d'accord les uns avec les autres, il est avantageux d'en attirer certains à leurs côtés - soit par des promesses, soit par de riches cadeaux, en particulier ceux qui sont à côté de chez nous. » Cependant, à mesure que la conscience des Slaves de leur intégrité ethnique et de leur unité d'objectifs grandit et qu'ils s'unissent davantage, cette politique apporte de moins en moins de succès. Justinien, comme déjà noté, a réussi à séparer les Antes de la lutte commune des Slaves contre l'empire. Ayant perdu le soutien de leurs compatriotes, les Antes, dont les tribus, selon Procope, étaient « innombrables », furent d'abord soumis à des raids dévastateurs puis vaincus par les Avars. Mais déjà à cette époque, à laquelle se rapporte directement l’œuvre de Pseudo-Maurice, on peut voir que les chefs des différentes tribus slaves, malgré le danger, se portent mutuellement secours. Lorsque l'armée byzantine a vaincu Ardagast en 594, Musokiy a immédiatement alloué toute une flottille de bateaux à un seul châssis et de rameurs pour traverser son peuple. Et, bien que les sources ne le disent pas directement, ce sont les guerriers slaves qui, apparemment, ont refusé de participer à la campagne des Avar Khakan contre les Antes en 602.
La guerre civile qui éclata dans l'Empire byzantin après le renversement de l'empereur Maurice et la reprise de la guerre avec la Perse permirent aux Slaves de montrer la voie dans le premier quart du VIIe siècle. offensive de la plus grande ampleur. La portée de leurs invasions s’étend considérablement. Ils acquièrent une flotte de bateaux monochâssis et organisent des expéditions en mer. George Pisida rapporte des vols slaves dans la mer Égée dans les premières années du VIIe siècle, et l'auteur anonyme des « Miracles de Saint-Pierre » Démétrius » dit que les Slaves « détruisirent toute la Thessalie, les îles adjacentes et la Grèce depuis la mer. Les îles des Cyclades, toute l'Achaïe et l'Épire, la majeure partie de l'Illyrie et une partie de l'Asie. Sentant leur force en mer, les Slaves tentèrent à nouveau en 616 de prendre Thessalonique, en l'entourant de terre et de mer. Le siège de Thessalonique est effectué cette fois par des tribus qui ont déjà solidement colonisé le territoire de la Macédoine et les régions byzantines adjacentes : l'auteur des « Miracles de Saint-Pierre ». Démétrius » note que les Slaves se sont approchés de la ville avec leurs familles et « voulaient les y installer après avoir pris la ville ».
Pendant le siège, comme dans d'autres entreprises navales de cette période, une large alliance de tribus slaves, dont les Draguvites, les Sagudats, les Veleiezites, les Vayunits, les Versites et d'autres, s'opposa à l'empire ; A la tête des Slaves assiégeant Thessalonique se trouve leur chef commun, Hatzon.
Après la mort de Hatzon, les Slaves furent contraints de lever le siège de Thessalonique. Mais deux ans plus tard, après avoir obtenu le soutien de l'Avar Khakan, les Slaves macédoniens, ainsi que l'armée amenée par le Khakan (dont une partie importante étaient des Slaves qui étaient sous son autorité suprême), soumirent à nouveau la ville au siège, qui a duré un mois entier.
L'image générale créée à cette époque dans l'empire à la suite des invasions slaves et de leur développement des terres byzantines ressort assez clairement de la motivation avec laquelle les Slaves se sont tournés vers l'Avar Khakan, lui demandant de leur fournir de l'aide. prise de Thessalonique : « Il ne faudrait pas, dirent les ambassadeurs slaves, que lorsque toutes les villes et régions sont dévastées, cette seule ville reste intacte et reçoive des fugitifs du Danube, de la Pannonie, de la Dacie, de la Dardanie et d'autres régions et villes. »
La situation difficile de Byzance était bien connue en Occident : le pape Grégoire Ier écrivait en 600 qu'il était très inquiet de la menace que les Slaves menaçaient contre les Grecs ; Il était particulièrement inquiet du fait qu'ils avaient déjà commencé à se rapprocher de l'Italie via l'Istrie. L'évêque Isidore de Séville note dans sa chronique que « la cinquième année du règne de l'empereur Héraclius, les Slaves prirent la Grèce aux Romains ». D'après un écrivain jacobite du VIIe siècle. Thomas le Presbytre, en 623 les Slaves attaquèrent la Crète et d'autres îles ; Paul le Diacre parle des attaques slaves en 642 sur Italie du Sud.
Finalement, en 626, les Avars et les Slaves s'allièrent avec les Perses et assiégèrent Constantinople. La ville fut assiégée sur terre et sur mer. Pour prendre d'assaut les murs Capitale byzantine de nombreuses armes de siège ont été assemblées. D'innombrables bateaux slaves à un seul bois, arrivant du Danube, sont entrés dans la baie de la Corne d'Or. Cependant, l'issue de ce siège fut déterminée par la supériorité maritime de Byzance. Après la mort de la flotte slave, l'armée avar-slave fut vaincue sur terre et forcée de se retirer de Constantinople.
Les sièges de Constantinople et de Thessalonique, les attaques contre les villes et les îles côtières byzantines ont été menées principalement par les Slaves, solidement installés sur le territoire de l'empire. Ils étaient les plus densément peuplés de Macédoine et de Thrace. À l'ouest de Thessalonique (jusqu'à la ville de Verroi), ainsi que le long de la rivière Vardaru et dans les montagnes des Rhodopes, les Draguvites se sont installés. A l'ouest de Thessalonique, ainsi qu'en Chalcidique et en Thrace, les Sagudates s'installèrent. Les Vayunits se sont installés le long du cours supérieur de la Bystritsa. Au nord-est de Thessalonique, le long de la rivière Mesta, vivait le peuple de Smolensk. Sur la rivière Strymon (Struma), le long de ses cours inférieur et moyen, ils s'étendaient pour atteindre les lacs de l'ouest. Langazy, colonies des Strymoniens (Strumiens) ; Sur les terres adjacentes à Thessalonique par l'est, en Chalcidique, les Rhynhins se sont installés. Dans la région d'Ohrid, des sources indiquent le lieu de résidence des Verzites. En Thessalie, sur la côte autour de Thèbes et de Dimitrias, les Velaesites (Welsites) se sont installés. Dans le Péloponnèse, les pentes du Taygète étaient occupées par les Milings et les Ezérites. Sept tribus slaves inconnues de nom se sont installées sur le territoire de la Mésie. Des tribus slaves dont on ne connaît pas le nom se sont également installées, comme le montrent les données narratives et toponymiques, dans d'autres régions de la Grèce et du Péloponnèse. De nombreux colons slaves sont apparus au VIIe siècle. en Asie Mineure, notamment en Bithynie.
Le fait même du peuplement massif de la Macédoine et de la Thrace par les Slaves à la fin des VIe et VIIe siècles, ainsi que d'autres régions plus lointaines de l'Empire byzantin - Thessalie, Épire, Péloponnèse, ne soulève actuellement aucune objection sérieuse. . De nombreuses preuves incontestables provenant de sources écrites, ainsi que des données toponymiques et archéologiques ne laissent ici aucun doute. Des études linguistiques montrent que même à l'extrême sud de la péninsule balkanique - dans le Péloponnèse - il existait plusieurs centaines de noms de lieux d'origine slave. Auteur super travailà propos du Péloponnèse byzantin, A. Bon note que les données toponymiques indiquent la prédominance de la population slave dans certaines parties du Péloponnèse. P. Lemerle, dont la plume appartient à travail fondamentalà propos de la Macédoine orientale, déclare que « la Macédoine aux VIIe-VIIIe siècles. était plus slave que grec. » Rejetant la tentative de D. Georgakas d'étudier à nouveau le mot σχλαβος et d'interpréter εσδλαβωδη dans phrase célèbre Constantin Porphyrogénète : εσδλαβωδη δε πασα η χωρχχαι γεγονε βαρβαρος (« le pays tout entier devint glorifié et devint barbare ») comme εσχλαβωδη, c'est-à-dire « wa. « Nous sommes esclaves », demande avec humour P. Lemerle qui, sinon les Slaves, étaient alors les maîtres de ces esclaves ? Le terme σχλαβος, comme l'établit finalement F. Delger, ne pouvait être à cette époque qu'un ethnikon.
L'installation des membres de la communauté slave libre sur le territoire de Byzance a renforcé les communautés rurales locales, augmenté le poids de la petite propriété gratuite et accéléré l'élimination des formes d'exploitation esclavagistes. Déjà lors de ses invasions, exposant les villes byzantines au pillage et à la destruction - centres de l'économie esclavagiste et principale place forte système esclave L'État byzantin - en détruisant les palais et les domaines de la noblesse, en exterminant et en emmenant en captivité des familles entières nombre de ses représentants, les Slaves ont contribué à la transition de la population forcée de l'empire - esclaves et colons - vers la position de paysans libres et artisans. Avec la fin des invasions et la dévastation des villes, des villages et des champs qui les accompagnent, les nouveaux colons contribuent grandement à accroître la vitalité de Byzance, augmentant considérablement la couche agricole productive de la population de l'Empire byzantin. Les Slaves, les premiers agriculteurs, continuent de se lancer dans les cultures arables dans les régions impériales qu'ils habitaient : dans « Les Miracles de Saint-Pierre ». Démétrius", on raconte que Thessalonique lors de son siège en 675 et 676. Les Slaves macédoniens achetaient de la nourriture aux Veleyesites et les Draguvites fournissaient la litanie des anciens captifs des Avar Khakan qui émigrèrent de Pannonie en Macédoine (entre 680 et 685)70.
La population agricole slave reconstitue les rangs de la majeure partie des contribuables byzantins et fournit du personnel prêt au combat pour l'armée byzantine. Dans les sources byzantines, il existe des indications très précises selon lesquelles la principale préoccupation de l'empire vis-à-vis des Slaves était d'assurer la perception régulière des impôts et l'accomplissement du service militaire. On sait également que parmi les Slaves que Justinien II a réinstallés de Macédoine vers Asie Mineure, il a formé une armée entière de 30 000 personnes.
Cependant, ce n'est pas immédiatement ni partout que Byzance réussit à faire des nouveaux colons des sujets obéissants. À partir du milieu du VIIe siècle, le gouvernement byzantin mena une longue lutte contre eux, essayant de faire reconnaître son pouvoir suprême- paiement des taxes et ravitaillements des unités militaires. L'empire dut déployer des efforts particulièrement importants pour conquérir la population slave de Macédoine et du Péloponnèse, où se formèrent des régions entières, entièrement peuplées de Slaves et directement appelées « Sclavinia » dans les sources. Dans le Péloponnèse, une telle «Sclavinia» est apparue dans la région de Monemvasia, en Macédoine - dans la région de Thessalonique. En 658, l'empereur Constant II fut contraint de faire une campagne dans la « Sclavinia » macédonienne, à la suite de laquelle une partie des Slaves qui y vivaient furent subjugués.
Cependant, seulement deux décennies après la campagne de Constant II, les Slaves macédoniens s'opposèrent à nouveau à l'empire. Auteur des « Miracles de St. Démétrius » dit que les Slaves qui se sont installés près de Thessalonique n'ont maintenu la paix que pour les apparences, et que le chef des Rinkhins, Pervud, avait de mauvaises intentions contre la ville. Ayant reçu un message à ce sujet, l'empereur ordonna la capture de Perwood. Le chef des Rhynchin, qui se trouvait alors à Thessalonique, fut arrêté et emmené à Constantinople. Ayant appris le sort de Pervud, les Rynhins et les Strymoniens exigeèrent sa libération. Empereur, occupé avec la guerre avec les Arabes et, apparemment, craignant le discours des Slaves, n'osa en même temps pas libérer immédiatement Perwood. Il promit de rendre le chef Rinha à la fin de la guerre. Cependant, Perwood, ne faisant pas confiance aux Grecs, tenta de s'échapper. La tentative échoua et Perwood fut arrêté et exécuté. Ensuite, les Rynhins, les Strymoniens et les Sagudates se sont lancés contre l'empire avec des forces unies. Pendant deux ans (675-676), ils soumirent Thessalonique à un blocus : les Strymoniens opéraient dans les zones adjacentes à la ville sur les côtés est et nord, et les Rynchins et Sagudates - sur les zones ouest et côtières. En 677, les Slaves assiègent Thessalonique et raison inconnue Les Strymoniens refusèrent de participer à cette entreprise, tandis que les Draguvites, au contraire, rejoignirent les assiégeants. Avec les Sagudates, ils approchèrent de Thessalonique par la terre et des Rhynchins par la mer. Ayant perdu beaucoup de leurs dirigeants pendant le siège, les Slaves furent contraints de battre en retraite. Cependant, ils ont continué à attaquer les villages byzantins et, à la chute du même 677, ils ont de nouveau assiégé Thessalonique, mais ont échoué pour la deuxième fois. Trois ans plus tard, les Rynhins, cette fois encore alliés aux Strymoniens, se lancent dans des pillages maritimes le long de l'Hellespont et de la Propontide. Ils organisent des attaques contre les navires byzantins en route vers Constantinople avec de la nourriture, et effectuent des raids sur les îles, emportant avec eux butin et captifs. L'empereur fut finalement contraint d'envoyer une armée contre eux, envoyant coup principal contre les Strymoniens. Ces derniers, ayant occupé des gorges et des places fortifiées, firent appel à l'aide d'autres chefs slaves. La suite de la guerre n’est pas tout à fait claire ; Apparemment, après la bataille qui a eu lieu entre l'armée byzantine et les Slaves macédoniens, un accord a été conclu et des relations pacifiques ont été établies.
Mais bientôt les Slaves macédoniens se révoltèrent à nouveau. En 687-688. L'empereur Justinien II fut confronté à la nécessité de faire une nouvelle fois campagne dans la « Sclavinia » macédonienne afin d'amener les Slaves qui y vivaient à se soumettre à Byzance.
Les efforts de l’empire pour conserver les provinces du nord des Balkans peuplées par les Slaves furent encore moins couronnés de succès. La Mésie fut la première à se détacher de Byzance, où se forma une union de « sept tribus slaves » - une association tribale permanente. Les proto-bulgares d'Asparukh, apparus en Mésie, subjuguèrent les tribus slaves qui faisaient partie de cette union, et formèrent plus tard le noyau de l'État bulgare formé en 681.
Les tribus slaves, que le gouvernement byzantin a réussi à maintenir sous son règne, ont longtemps continué à lutter pour leur indépendance. Au cours des siècles suivants, l'Empire byzantin a dû faire de nombreux efforts pour faire des Slaves installés à l'intérieur de ses frontières ses sujets.
Dès le début du VIe siècle, à la frontière nord de l'Empire byzantin, le long du Danube inférieur et moyen, commencent les invasions des tribus slaves.
Les invasions des barbares transdanubiens prennent un caractère différent lorsque les tribus slaves en deviennent la force principale et décisive. Les événements mouvementés qui ont eu lieu à la frontière du Danube dans la première moitié du VIe siècle ont marqué le début d'une longue période d'introduction des Slaves dans l'Empire byzantin.
Les invasions massives et la colonisation d'un certain nombre de régions et de régions byzantines constituaient une étape naturelle dans toute l'histoire antérieure des Slaves.
La frontière du Danube a toujours été une frontière particulièrement troublée de l’empire. De nombreuses tribus barbares qui occupaient les terres situées au nord du Danube et des steppes de la mer Noire constituaient une menace constante pour Byzance. Cependant, les vagues destructrices d'invasions barbares qui ont balayé l'empire aux IVe-Ve siècles ne sont pas restées longtemps à l'intérieur de ses frontières et ne se sont pas propagées au point qu'elles ont rapidement disparu sans laisser de trace. Ni les Goths de la mer Noire - nouveaux venus des lointains États baltes, ni les nomades des steppes asiatiques - les Huns n'ont pu rester longtemps sur le territoire de Byzance et, de plus, avoir un impact notable sur le cours de son évolution socio-économique interne. développement.
La réinstallation des Slaves de leurs habitats d'origine et leur invasion de Byzance ont été déterminées à la fois par des facteurs externes - le mouvement de diverses masses ethniques à l'époque de la « Grande Migration des Peuples » et, principalement, par le développement de la situation socio-économique. vie économique des tribus slaves.
La transition des Slaves, grâce à l'émergence de nouveaux outils agricoles, vers les grandes cultures a permis à des familles individuelles de cultiver la terre. Et bien que les terres arables soient apparemment restées la propriété de la communauté au milieu du 1er millénaire, l'émergence de l'agriculture paysanne individuelle, qui a permis d'utiliser le produit du travail à des fins d'enrichissement personnel, ainsi que la croissance constante de population, a créé un besoin d’étendre les terres propices à la culture. Le système sociopolitique des Slaves changea à son tour. Selon Procope, les Sklavins et les Antes ne sont pas gouvernés par une seule personne, mais depuis l'Antiquité, ils vivent sous la domination des gens, et donc leurs compatriotes partagent à la fois le bonheur et le malheur 4 . Cependant, le témoignage du même Procope et d'autres écrivains byzantins du VIe siècle. permettons de voir que les Slaves avaient une noblesse tribale et qu'un esclavage primitif existait 5.
L'évolution économique et sociale conduit à la formation d'une démocratie militaire parmi les Slaves - cette forme d'organisation politique dans laquelle c'est la guerre qui ouvre les plus grandes opportunités à la noblesse tribale pour s'enrichir et renforcer son pouvoir. Les Slaves (individus et détachements entiers) commencent volontairement à rejoindre les troupes mercenaires 6. Cependant, le service dans une armée étrangère ne pouvait satisfaire que partiellement leurs besoins croissants ; le désir de maîtriser de nouvelles terres fertiles déjà cultivées, la soif de butin poussa les tribus slaves dans l'Empire byzantin.
En alliance avec d'autres peuples du bassin Danube-mer Noire - les Carpes, les Costoboci, les Roxolani, les Sarmates, les Gépides, les Goths, les Huns - les Slaves, selon toute vraisemblance, ont participé à des raids sur la péninsule balkanique plus tôt, au IIe-Ve siècles. Les chroniqueurs byzantins étaient souvent confus lorsqu'il s'agissait de déterminer l'origine ethnique des nombreux barbares qui attaquèrent l'empire. Ce sont peut-être les Slaves qui étaient les « cavaliers gétiens » qui, selon le témoignage du comité Marcellin, dévastèrent la Macédoine et la Thessalie en 517, atteignant les Thermopyles 7 .
Sous leur propre nom, les Slaves furent mentionnés pour la première fois comme ennemis de l'empire par Procope de Césarée. Il rapporte que peu après l'accession au trône de l'empereur Justin, « les Antes..., après avoir traversé l'Ister, avec une grande armée envahirent le territoire romain » 8. Une armée byzantine dirigée par l'éminent chef militaire Herman fut envoyée contre eux, ce qui infligea une forte défaite aux Antes. Cela a apparemment arrêté leurs raids sur le territoire de l'empire pendant un certain temps. En tout cas, pendant tout le règne ultérieur de Justin, les sources n'enregistrent pas une seule invasion d'Antes et de Sclavènes.
La situation change radicalement sous Justinien. Caractérisant l'état des affaires impériales (pour la période allant de l'accession de Justinien au trône jusqu'au milieu du VIe siècle), Procope écrit avec amertume que « les Huns (Hunno-Bulgares. - Rouge.), les Sklavins et les Antes attaquent presque chaque année l'Illyrie et toute la Thrace, c'est-à-dire toutes les régions du golfe Ionien (mer Adriatique. - Rouge.) jusqu'à la périphérie de Constantinople, y compris la Hellas et la région de Chersonèse [Thrace]...." 9 . Un autre contemporain des événements survenus sous Justinien, Jordan, parle également de « l'assaut quotidien persistant des Bulgares, des Antes et des Sklavins »10.
A cette première étape de l'offensive slave, leurs invasions, qui se succédèrent et s'accompagnèrent de terribles dévastations des terres byzantines, ne furent pour autant que des raids de courte durée, après quoi les Slaves, après s'être emparés du butin, retournèrent sur leurs terres de la rive gauche du Danube. La frontière du Danube reste toujours la frontière séparant les possessions byzantines et slaves ; L’empire prend des mesures urgentes pour le protéger et le renforcer.
En 530, Justinien nomma le courageux et énergique Khilvudiy - à en juger par son nom, un Slave - comme stratège de la Thrace. Après lui avoir confié la défense de la frontière nord de l'empire, Justinien espérait apparemment que Hilvudiy, qui avait beaucoup progressé dans le service militaire byzantin et connaissait bien les tactiques militaires des Slaves, réussirait mieux dans la lutte contre eux. . Khilvudii a en effet justifié pendant un certain temps les espoirs de Justinien. Il organise à plusieurs reprises des incursions sur la rive gauche du Danube, « battant et réduisant en esclavage les barbares qui y vivaient »11.
Mais à peine trois ans après la mort d'Hilvudiy dans l'une des batailles avec les Slaves, le Danube « devint accessible aux barbares, qui pouvaient le traverser à leur demande, et les possessions romaines étaient complètement ouvertes à leur invasion » 12.
Justinien était clairement conscient du danger qui menaçait l'empire. Il a déclaré directement que « pour arrêter le mouvement des barbares, il faut de la résistance, et en plus une résistance sérieuse » 13 . Dès les premières années de son règne, des travaux grandioses pour renforcer la frontière du Danube ont commencé. Sur toute la rive du fleuve - de Singidun à la mer Noire - la construction de nouvelles forteresses et la restauration d'anciennes forteresses ont été réalisées ; le système défensif se composait de plusieurs lignes de fortifications qui atteignaient les Longs Murs. Procope nomme plusieurs centaines de points fortifiés érigés en Dacie, en Épire, en Thessalie et en Macédoine.
Cependant, toutes ces structures, s'étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres, n'ont pu empêcher les invasions slaves. L'Empire, menant des guerres difficiles et sanglantes en Afrique du Nord, en Italie, en Espagne, contraint de maintenir ses troupes dans un vaste espace allant de l'Euphrate à Gibraltar, fut incapable de doter les forteresses des garnisons nécessaires. Parlant du raid slave en Illyrie (548), Procope se plaint que « même de nombreuses fortifications qui étaient ici et qui semblaient fortes dans le passé, les Slaves ont réussi à les prendre, puisque personne ne les défendait... » 14.
L'attaque généralisée des Slaves sur les terres byzantines fut considérablement affaiblie en raison du manque d'unité entre les Slaves et les Antes. En 540, à la suite d'un conflit entre ces deux plus grandes tribus slaves, une guerre éclata entre elles et les attaques conjointes contre l'empire cessèrent. Les Sklavins s'allièrent avec les Hun-Bulgares et en 540-542, alors que la peste faisait rage à Byzance, ils envahirent trois fois ses frontières. Ils atteignent Constantinople et franchissent le mur extérieur, provoquant une terrible panique dans la capitale. « Rien de tel n'a été vu ni entendu depuis la fondation de la ville », écrit un témoin oculaire de cet événement, Jean d'Éphèse 15. Cependant, après avoir pillé les environs de Constantinople, les barbares repartirent avec du butin capturé et des prisonniers. Au cours d'une de ces attaques, ils pénétrèrent jusqu'à Chersonèse de Thracie et traversèrent même l'Hellespont jusqu'à Avidos. À peu près à la même époque (entre 540 et 545), les Antes envahirent la Thrace.
Justinien ne tarda pas à profiter des conflits entre les Antes et les Sclaviniens, qui conduisirent à la désunion de leurs actions. En 545, des ambassadeurs furent envoyés aux Antes. Ils annoncèrent l'accord de Justinien pour accorder aux Antes la forteresse de Turris, située sur la rive gauche du bas Danube, et les terres qui l'entourent (très probablement, pour autoriser leur établissement dans cette zone « appartenant à l'origine aux Romains »), et aussi pour payez-leur de grosses sommes d'argent, exigeant en échange qu'ils continuent à respecter la paix avec l'empire et à contrecarrer les raids des Huns-Bulgares.
Les négociations se sont terminées, selon toute vraisemblance, avec succès. Depuis lors, les sources n'ont jamais mentionné les Antes contre Byzance. D'ailleurs, dans les documents contenant le titre complet de Justinien, ce dernier est appelé « Αντιχος » depuis 533, plus d'un demi-siècle plus tard, en 602, les Antes étaient également en relations alliées avec Byzance 16 ;
Désormais, après avoir perdu leur allié le plus proche et naturel, les Slaves attaquent les terres de l'Empire byzantin - à la fois seuls et avec les Hun-Bulgares.
L'assaut des Sklavins sur l'empire s'intensifia sensiblement à la fin des années 40 et surtout dans les années 50 du VIe siècle. En 548, leurs nombreux détachements, traversant le Danube, marchèrent à travers l'Illyrie jusqu'à Epidamnus. Une idée de l'ampleur de cette invasion peut se faire à partir des nouvelles de Proconius (même s'il exagère quelque peu le nombre des forces impériales), comme si les Slaves étaient suivis par une armée byzantine forte de 15 000 hommes, mais " ils n'osaient s'approcher de l'ennemi nulle part » 17 .
Du milieu du VIe siècle. L'offensive slave contre Byzance entre dans une nouvelle étape, qualitativement différente des invasions précédentes. En 550-551 Une véritable guerre slave-byzantine se joue. Les troupes slaves, agissant selon un plan pré-planifié, mènent des batailles ouvertes avec l'armée byzantine et remportent même la victoire ; ils prennent les forteresses byzantines en siège ; Certains des Slaves qui ont envahi le territoire de l'empire restent sur ses terres pour l'hiver, recevant de nouveaux renforts venus de l'autre côté du Danube et se préparant pour de nouvelles campagnes.
Guerre 550-551 a commencé avec l'invasion slave de l'Illyrie et de la Thrace (printemps 550). Trois mille Slaves traversèrent le Danube et, sans rencontrer de résistance, traversèrent également la Maritsa. Puis ils se sont divisés en deux parties (1 800 et 1 200 personnes). Bien que ces détachements fussent bien inférieurs en force à l'armée byzantine envoyée contre eux, ils réussirent à le vaincre grâce à une attaque surprise. Après avoir remporté la victoire, l'une des troupes slaves entra alors en bataille avec le commandant byzantin Aswad. Malgré le fait que sous son commandement se trouvaient « de nombreux excellents cavaliers..., et les Slaves les mirent en fuite sans trop de difficultés » 18. Après s'être emparés d'un certain nombre de forteresses byzantines, ils s'emparèrent également de la ville balnéaire de Topir, gardée par une garnison militaire byzantine. "Avant", note Procope, "les Slaves n'osaient jamais s'approcher des murs ou descendre dans la plaine (pour une bataille ouverte)..." 19.
À l'été 550, les Slaves traversèrent à nouveau le Danube dans une énorme avalanche et envahirent Byzance. Cette fois, ils apparaissent près de la ville de Naissa (Nish). Comme l'ont montré plus tard les captifs slaves, l'objectif principal de la campagne était de capturer l'une des plus grandes villes de l'empire, également bien fortifiée, Thessalonique. Justinien fut contraint de donner l'ordre à son commandant Herman, qui préparait une armée à Sardika (Serdika) pour une campagne en Italie contre Totila, d'abandonner immédiatement toutes les affaires et de marcher contre les Slaves. Cependant, ces derniers, ayant appris que se dirigeait vers eux Germanus, qui avait infligé une forte défaite aux Antes sous le règne de Justin, et supposant que son armée représentait une force importante, décidèrent d'éviter une collision. Après avoir traversé l'Illyrie, ils entrèrent en Dalmatie. De plus en plus de membres de la tribu les rejoignirent, traversant le Danube sans encombre20.
Après avoir passé l'hiver sur le territoire de Byzance, « comme sur leur propre terre, sans crainte de l'ennemi », les Slaves affluèrent de nouveau en Thrace et en Illyrie au printemps 551. Ils vainquirent l'armée byzantine dans une bataille acharnée et marchèrent jusqu'aux Longs Murs. Cependant, grâce à une attaque inattendue, les Byzantins réussirent à capturer une partie des Slaves et à forcer les autres à battre en retraite.
À l'automne 551, une nouvelle invasion de l'Illyrie s'ensuit. Les chefs de l'armée envoyée par Justinien, comme en 548, n'osèrent pas engager la bataille avec les Slaves. Après être restés longtemps dans l'empire, ils retraversèrent le Danube avec un riche butin.
La dernière action des Slaves contre l'empire sous Justinien fut une attaque contre Constantinople en 559, menée en alliance avec les Huns de Kutrigur 22 .
À la fin du règne de Justinien, Byzance se trouvait impuissante face aux invasions slaves ; l’empereur alarmé ne sait pas « comment il pourrait les repousser à l’avenir »23. La construction de forteresses dans les Balkans, une nouvelle fois entreprise par Justinien, avait pour but non seulement de repousser les invasions slaves venues d'outre-Danube, mais aussi de contrer les Slaves qui avaient réussi à prendre pied sur les terres byzantines, en les utilisant comme base. tremplin pour une avancée ultérieure dans les profondeurs de l'empire : les fortifications de Philippopolis et de Plotinopolis en Thrace furent construites, selon Procope, contre les barbares qui vivaient dans les environs de ces villes ; Dans le même but, la forteresse d'Adina en Mésie a été restaurée, autour de laquelle se sont réfugiés les « Slaves barbares », effectuant des raids sur les terres voisines, ainsi que la forteresse d'Ulmiton, qui a été complètement détruite par les Slaves installés dans son territoire. environs 24.
L'empire, épuisé par les guerres, n'avait pas les moyens d'organiser une résistance active aux assauts slaves de plus en plus intensifiés. Dans les dernières années du règne de Justinien, l'armée byzantine, selon le témoignage de son successeur Justin II, était « tellement bouleversée que l'État était livré à des invasions et des raids continus de barbares »25.
La population locale de l’empire, en particulier celle ethniquement diversifiée des provinces du nord des Balkans, était également de piètres défenseurs de leurs terres. La vie économique des régions du Danube, qui avaient été soumises à plusieurs reprises aux invasions barbares pendant plusieurs siècles, s'est sensiblement éteinte dans un certain nombre de régions, et ces régions elles-mêmes se sont dépeuplées 26 . Sous le règne de Justinien, la situation devint encore plus compliquée en raison de l'oppression fiscale croissante. "... Malgré le fait que... toute l'Europe a été pillée par les Huns, les Sklavins et les Antes, que certaines villes ont été entièrement détruites, d'autres ont été complètement pillées au détriment des indemnités monétaires, malgré le fait que les barbares a emmené tout le monde avec eux en captivité, des gens avec tous leurs biens, qu'à la suite de leurs raids presque quotidiens, toutes les régions sont devenues désertes et incultes - malgré tout cela, Justinien n'a néanmoins supprimé les impôts de personne...", déclare Procope avec indignation dans "L'Histoire Secrète" 27. La sévérité des impôts obligeait les habitants soit à quitter complètement l'empire, soit à se tourner vers les barbares, qui ne connaissaient pas encore les formes développées d'oppression de classe et dont le système social apportait donc un soulagement aux masses exploitées de l'État byzantin. Plus tard, en s'installant sur le territoire de l'empire, les barbares ont allégé le fardeau des paiements qui pesaient sur la population locale. Ainsi, selon Jean d'Éphèse, en 584 les Avars et les Slaves pannoniens, s'adressant aux habitants de Mésie, disaient : « Sortez, semez et récoltez, nous ne nous prendrons que la moitié (les impôts ou, très probablement, la récolte. - Rouge.)" 28 .
Le succès des invasions slaves fut également facilité par la lutte des masses contre l'oppression exorbitante de l'État byzantin. Les premiers raids slaves sur Byzance furent précédés et, évidemment, facilités par le soulèvement qui éclata en 512 à Constantinople, qui éclata en 513-515. s'est répandue dans les provinces du nord des Balkans et à laquelle ont participé, aux côtés de la population locale, les barbares fédérés 29-30. Sous le règne de Justinien et sous ses successeurs, la situation est favorable aux invasions slaves en Pannonie et surtout en Thrace, où le mouvement Scamar se développe largement 31.
L'offensive slave contre Byzance, qui s'intensifiait d'année en année, commença cependant au début des années 60 du VIe siècle. temporairement suspendu par l'apparition de la horde turque des Avars sur le Danube. La diplomatie byzantine, qui pratiquait largement la politique de corruption et d'affrontement des tribus les unes contre les autres, ne manqua pas d'utiliser de nouveaux venus pour contrer les Slaves. À la suite de négociations entre l'ambassade de l'Avar Khakan Bayan et Justinien, qui eurent lieu en 558, un accord fut conclu en vertu duquel les Avars s'obligèrent, sous réserve de recevoir un tribut annuel de Byzance, à protéger leur frontière du Danube des invasions barbares. Les Avars ont vaincu les Huns Utigur et les Huns Kutrigur, qui étaient en guerre les uns contre les autres à cause des machinations de Justinien, puis ont commencé à attaquer les Slaves. Tout d'abord, les terres des Antes ont été soumises aux raids des Avars, se déplaçant des steppes transcaspiennes le long de la côte de la mer Noire jusqu'au bas Danube. « Les dirigeants d’Anta ont été mis en détresse. Les Avars ont pillé et dévasté leurs terres », rapporte Menander Protiktor 32. Pour racheter leurs compatriotes capturés par les Avars, les Antes leur envoyèrent une ambassade en 560, dirigée par Mezamir. Mezamir s'est comporté au quartier général des Avars de manière très indépendante et avec une grande insolence. Sur les conseils d'un certain Kutrigur, qui convainquit les Avars de se débarrasser de cet homme influent parmi les Antes, Mezamir fut tué. « Dès lors, conclut Ménandre, les Avars commencèrent à ravager encore davantage le pays des Antes, et ne cessèrent de le piller et d'asservir les habitants » 33.
Sentant leur force, les Avars commencent à imposer des exigences croissantes à Byzance : ils demandent de leur fournir des lieux d'installation et d'augmenter la récompense annuelle pour le maintien de l'union et de la paix. Des désaccords surgissent entre l'empire et les Avars, qui conduisent bientôt à une action militaire ouverte. Les Avars entrèrent en relations alliées avec les Francs, puis, intervenant dans les querelles des Lombards et des Gépides, en alliance avec les premiers, ils vainquirent en 567 les Gépides, qui étaient sous la protection de l'empire, et s'installèrent sur leurs terres. en Pannonie, le long de la Tisza et du Danube moyen. Les tribus slaves vivant dans la plaine pannonienne durent reconnaître le pouvoir suprême des Avars. A partir de ce moment, ils attaquèrent Byzance avec les Avars, prenant une part active à leur lutte contre l'empire.
Les premières nouvelles de telles invasions combinées sont contenues dans le chroniqueur occidental contemporain Jean, abbé du monastère de Biklyari. Il rapporte cela en 576 et 577. Les Avars et les Slaves attaquèrent la Thrace et occupèrent en 579 une partie de la Grèce et de la Pannonie 34. En 584, selon un autre contemporain des événements décrits - Evagre, les Avars (sans doute, avec leurs alliés slaves) capturèrent Singidun, Anchial et dévastèrent " toute la Hellas » 35. Les Slaves qui faisaient partie de l'armée Avar, généralement connus pour leur capacité à traverser les rivières, participèrent à la construction d'un pont sur la Sava en 579 pour réaliser la prise de Sirmium prévue par les Avars ; en 593, les Slaves pannoniens fabriquèrent des navires pour l'Avar Khakan, puis construisirent à partir d'eux un pont sur la Sava 36.
Dans l'armée Avar (comme en général dans l'Avar Khakanate), les Slaves étaient, selon toute vraisemblance, le groupe ethnique le plus important : il est significatif qu'en 601, lorsque l'armée byzantine battit les Avars, un détachement slave de 8 000 personnes fut capturé, bien supérieur en nombre aux Avars eux-mêmes et aux autres barbares qui étaient dans l'armée de Khakan et aux autres barbares sous son contrôle 37 .
Cependant, étant donné que les Avars dominaient politiquement les Slaves pannoniens, les auteurs byzantins, lorsqu'ils parlent des attaques des Avars contre l'empire, ne mentionnent souvent pas du tout la participation des Slaves à celles-ci, bien que la présence de ces derniers dans l'armée des Avars ne fasse aucun doute. .
Les Avars ont tenté à plusieurs reprises de soumettre les Slaves qui vivaient sur le bas Danube, mais tous leurs efforts se sont invariablement soldés par un échec. Ménandre dit que Bayan a envoyé une ambassade auprès du leader sklavinien Davrita et de « ceux qui se tenaient à la tête du peuple sklavinien », exigeant qu'ils se soumettent aux Avars et s'engagent à leur rendre hommage. La réponse indépendante, pleine de confiance en sa force, que les Avars reçurent à cette question est bien connue : « Cette personne est-elle née dans le monde et réchauffée par les rayons du soleil qui subjuguerait notre force ? Ce ne sont pas les autres qui sont à nous, mais nous qui sommes habitués à posséder ce qui appartient à autrui. Et nous en sommes sûrs tant qu'il y aura la guerre et les épées dans le monde. »38
Les Sklavins du bas Danube ont continué à conserver leur indépendance. Ils combattirent à la fois contre Byzance et contre les Avars.
Les invasions slaves de l'empire ont repris avec une vigueur renouvelée à la fin des années 70 et au début des années 80 du VIe siècle. En 578, 100 000 Sklavins, traversant le Danube, dévastèrent la Thrace et d'autres provinces des Balkans, y compris la Grèce proprement dite - Hellas 39. L'empereur Tibère, qui, en raison de la guerre avec la Perse, n'avait pas la possibilité de contrer les invasions slaves par ses propres forces, invita l'Avar Khakan, qui entretenait alors des relations pacifiques avec l'empire, à attaquer les possessions de l'Empire. Les Sklavins. Bayan, « entretenant une inimitié secrète envers les Sklavins... parce qu'ils ne se sont pas soumis à lui », a volontiers accepté la proposition de Tibère. Selon Ménandre, les Khakans espéraient trouver un pays riche, « puisque les Sklavins ont pillé la terre romaine, alors que leur terre n'a été ravagée par aucun autre peuple ». Une énorme armée Avar (selon Ménandre - 60 000 cavaliers) a été transportée sur des navires byzantins à travers la Sava, traversée par le territoire de l'empire à l'est jusqu'à un endroit sur le Danube et ici elle a été transportée sur sa rive gauche, où elle a commencé à « brûler immédiatement les villages Sklavins, les ruiner et dévaster les champs » 40.
Les ravages brutaux effectués par les Avars sur les terres des Sklavins n'ont cependant pas conduit à leur soumission au pouvoir des Khakans. Lorsqu'en 579 Bayan tenta, invoquant la campagne à venir contre les Sklavins, de construire un pont sur la Sava et de capturer la ville byzantine stratégiquement importante de Sirmium, comme raison de cette campagne, il avança à Tibère le fait que les Sklavins « n'avaient pas vouloir lui rendre le tribut annuel établi" 41.
L'attaque des Avars contre les Sklavins, provoquée par l'empire, ne sauva pas Byzance de leurs nouvelles invasions. Au contraire, ils deviennent encore plus redoutables et entrent maintenant dans leur dernière et dernière étape : l'installation massive des Slaves sur son territoire. En 581, les Sklavins firent une campagne réussie dans les terres byzantines, après quoi ils ne revinrent plus au-delà du Danube, mais s'installèrent au sein de l'empire. Une description exceptionnellement précieuse de cette invasion des Sklavins est donnée par Jean d'Éphèse, témoin direct des événements qu'il dépeint. « La troisième année après la mort du tsar Justin et l'avènement du conquérant Tibère, dit-il, le peuple maudit des Sklavins attaqua. Ils traversèrent rapidement toute la Hellas, la région de Thessalonique [Thessalie ?] et toute la Thrace et conquirent de nombreuses villes et forteresses. Ils les dévastèrent et les brûlèrent, firent des prisonniers et devinrent maîtres de la terre. Ils s'y installèrent en maîtres, comme si c'était le leur, sans crainte. Depuis quatre ans et jusqu'à présent, le roi étant occupé par la guerre contre les Perses et envoyant toutes ses troupes à l'Est, c'est pour cette raison qu'elles se sont répandues sur la terre, s'y sont installées et s'y sont développées maintenant, tant que Dieu le permet. Ils provoquent des ravages, des incendies et capturent des prisonniers, de sorte qu'au mur le plus extérieur, ils capturent tous les troupeaux royaux, plusieurs milliers (de têtes) et autres (butin). Et jusqu'à ce jour, c'est-à-dire jusqu'en 895 42, ils restent, vivent et restent sereinement dans les pays des Romains - des gens qui n'osaient pas (avant) sortir des forêts denses et (des lieux) protégés par des arbres et ne savaient pas que de telles armes, à l’exception de deux ou trois lonchidia, c’est-à-dire des fléchettes » 43.
En 584, les Sklavins attaquèrent Thessalonique. Et bien que cette attaque, ainsi que les tentatives ultérieures des Slaves pour s'emparer de la ville, se soient soldées par un échec, le fait que le détachement slave de 5 000 personnes, composé de personnes « expérimentées en matière militaire » et comprenant « toute la fleur choisie des Slaves tribus », décidé pour une telle entreprise est en soi assez révélateur. Les Slaves « n'auraient pas attaqué une telle ville s'ils n'avaient pas senti leur supériorité en force et en courage sur tous ceux qui avaient jamais combattu avec eux » 44, est-il directement déclaré dans les « Miracles de Saint-Pétersbourg ». Démétrius" - un ouvrage hagiographique remarquable de cette époque, dédié à la description des "miracles" que son patron, Démétrius, aurait accomplis lors du siège de la ville par les Slaves, et contenant des données historiques importantes sur les Slaves.
Les vicissitudes de la lutte slave-avar-visayan de cette époque étaient très complexes. En règle générale, les Avars étaient en alliance avec les Slaves pannoniens. Parfois, ces derniers agissaient de manière indépendante, mais avec l'accord du hakan. N'ayant pas réussi à asservir les Sklavins du Bas-Danube, l'Avar Khakan affirma néanmoins, à l'occasion, que Byzance reconnaîtrait leurs terres pour lui. Ce fut par exemple le cas en 594, après la campagne de l’empereur contre les Sklavins : le Khakan réclama sa part du butin, affirmant que l’armée byzantine avait envahi « son pays ». Cependant, non seulement Byzance considérait ces terres slaves comme indépendantes, mais même les proches de Bayan considéraient ses prétentions sur elles comme « injustes » 45. Bayan lui-même, si cela lui était bénéfique, dans ses relations avec Byzance partait également du fait que les Sklavins du bas Danube étaient indépendants de lui : lorsqu'en 585 les Sklavins, à l'instigation des Khakans, envahirent la Thrace, atteignant le seuil de rentabilité. à travers les Longs Murs, la paix entre les Avars et Byzance ne fut pas officiellement rompue, et le Khakan reçut un tribut conditionnel de l'empire, bien que ses machinations fussent connues de la cour de Constantinople 46 .
Une nouvelle invasion des Avars et des Slaves à Byzance suivit à la fin de 585-586, après que l'empereur Maurice eut rejeté la demande des Khakans d'augmenter le tribut que lui payait l'empire. Au cours de cette attaque majeure avar-slave (à l'automne 586), une autre tentative fut faite pour prendre Thessalonique. Une immense armée slave, s'emparant des fortifications environnantes, commença à assiéger la ville. Une description détaillée de ce siège dans « Miracles of St. Démétrius" montre à quel point la technologie militaire des Slaves était avancée à cette époque : ils utilisaient des engins de siège, des béliers, des armes à jet de pierres - tout ce que l'art du siège des villes connaissait à cette époque.
En 587-588, comme en témoignent des sources, notamment la « Chronique monemvasienne » anonyme, probablement rédigée au IXe siècle. 46a, les Slaves prennent possession de la Thessalie, de l'Épire, de l'Attique, de l'Eubée et s'installent dans le Péloponnèse, où pendant les deux cents années suivantes ils vivent en toute indépendance, sans se soumettre à l'empereur byzantin.
L'attaque réussie des Slaves sur Byzance à la fin des années 70 et 80 du 6ème siècle. fut dans une certaine mesure atténuée par le fait que jusqu'en 591, elle mena une guerre difficile de vingt ans avec la Perse. Mais même après la conclusion de la paix, lorsque l'armée byzantine fut transférée de l'Est vers l'Europe, les tentatives persistantes de Maurice pour résister à de nouvelles invasions slaves (l'empereur en prit même d'abord le commandement personnellement - un précédent qui n'avait pas eu lieu depuis l'époque de Théodose I) n'a donné aucun résultat significatif.
Maurice a décidé de transférer la lutte contre les Slaves directement sur les terres slaves de la rive gauche du Danube. Au printemps 594, il ordonna à son commandant Priscus de se diriger vers la frontière pour empêcher les Slaves de la franchir. En Basse Mésie, Priscus attaqua le chef slave Ardagast, puis dévasta les terres sous son règne. Allant plus loin, l'armée byzantine envahit les possessions du chef slave Musokia ; Grâce à la trahison du gépide Priscus, qui avait fait défection des Slaves, il réussit à capturer Musokia et à piller son pays. Voulant consolider les succès obtenus, Maurice ordonna à Priscus de passer l'hiver sur la rive gauche du Danube. Mais les soldats byzantins, qui avaient récemment remporté des victoires sur les Slaves, se révoltèrent en déclarant que « d’innombrables foules de barbares sont invincibles »47.
L'année suivante, Maurice nomme son frère Peter comme commandant en chef à la place de Priscus. Cependant, la nouvelle campagne a apporté encore moins de résultats. Tandis que Maurice s'efforçait de déplacer la guerre au-delà du Danube, les Slaves poursuivaient leurs attaques sur les terres impériales : dans la région de Marcianople, le détachement avancé de l'armée de Pierre rencontra 600 Slaves, « transportant un gros butin capturé aux Romains » 48. Sur ordre de Maurice, Pierre dut arrêter complètement sa campagne dans les terres slaves et rester en Thrace : on apprit que « de grandes foules de Slaves préparaient une attaque contre Byzance » 49 . Pierre partit avant de recevoir cet ordre et, rencontrant le chef slave Piragast, le vainquit. Lorsque Pierre revint au camp, les Slaves l'attaquèrent et mirent en fuite l'armée byzantine.
En 602, lors de la reprise des hostilités entre Byzance et les Avars, Maurice, cherchant à protéger l'empire des invasions slaves, ordonna de nouveau à Pierre de s'installer sur les terres slaves. A son tour, le Khakan donne l'ordre à son chef militaire Apsikh « d'exterminer la tribu des Fourmis, alliées des Romains » 50 . Après avoir reçu cet ordre, une partie de l'armée de Khakan (selon toute vraisemblance, des Slaves qui ne voulaient pas se battre contre leurs compatriotes) passa du côté de l'empereur. Mais la campagne contre les Antes a évidemment eu lieu et a conduit à la défaite de cette tribu slave. Désormais, les Fourmis disparaissent à jamais des pages des sources byzantines.
Avec le début de l'automne, Maurice a exigé que Pierre passe l'hiver sur les terres des Slaves sur la rive gauche du Danube. Et encore, comme en 594, les soldats byzantins, se rendant compte de l'inutilité de combattre « les innombrables barbares qui, comme des vagues, inondaient tout le pays de l'autre côté de l'Istre » 51, se révoltèrent. S'étant dirigés vers Constantinople et l'ayant capturée, ils renversèrent Maurice du trône et proclamèrent empereur le centurion Phocas, à moitié barbare de naissance.
Ce fut le résultat peu glorieux de la tentative de Byzance de mener une lutte active contre les Slaves. L'armée byzantine, qui venait de mettre fin victorieusement à la guerre avec la Perse, la puissance la plus puissante de l'époque, était impuissante à fermer la frontière danubienne de l'empire aux invasions slaves. Même lorsqu’ils gagnaient, les soldats ne se sentaient pas vainqueurs. Ce n’étaient pas les batailles avec des troupes correctement organisées que les soldats byzantins menaient habituellement. De nouveaux sont immédiatement apparus pour remplacer les troupes slaves vaincues. Dans les terres slaves situées au-delà du Danube, chaque habitant était un guerrier, un ennemi de l'empire. Sur son territoire, l'armée byzantine, de par le système même de son organisation, ne pouvait pas non plus toujours compter sur le soutien de la population locale. Étant donné que les opérations militaires contre les Slaves étaient généralement menées pendant la saison chaude, l'armée était dissoute pour l'hiver et les soldats devaient s'occuper de leur propre nourriture. "À la fin de l'automne, le général dissout son camp et retourna à Byzance", raconte Théophylacte Simokatta à propos de la campagne de 594. "Les Romains, non engagés dans le service militaire, se dispersèrent dans toute la Thrace, se procurant de la nourriture dans les villages". 52.
Byzance a bien compris les difficultés de la lutte contre les Slaves et la nécessité d'utiliser des tactiques spéciales dans la guerre contre eux. Une section spéciale du Strategikon comprend des conseils sur la meilleure façon de mener des raids à court terme sur leurs villages, avec quelle prudence il faut pénétrer sur leurs terres ; La pseudo-Maurice recommande de piller les villages slaves et de leur retirer des vivres, de répandre de fausses rumeurs, de soudoyer les princes et de les monter les uns contre les autres. « Puisqu'ils (les Slaves - NDLR) ont de nombreux princes (ρηγων) », écrit-il, « et qu'ils ne sont pas d'accord les uns avec les autres, il est avantageux d'attirer certains d'entre eux à leurs côtés - soit par des promesses, soit par de riches cadeaux, en particulier ceux qui sont à côté de chez nous » 53. Cependant, à mesure que la conscience des Slaves de leur intégrité ethnique et de leur unité d'objectifs grandit et qu'ils s'unissent davantage, cette politique apporte de moins en moins de succès. Justinien, comme déjà noté, réussit à séparer les Antes de la lutte commune des Slaves contre l'empire 54. Ayant perdu le soutien de leurs compatriotes, les Antes, dont les tribus, selon Procope, étaient « innombrables » 55, furent d'abord soumis à des raids dévastateurs puis vaincus par les Avars. Mais déjà à cette époque, à laquelle se rapporte directement l’œuvre de Pseudo-Maurice, on peut voir que les chefs des différentes tribus slaves, malgré le danger, se portent mutuellement secours. Lorsque l'armée byzantine a vaincu Ardagast en 594, Musokiy a immédiatement alloué toute une flottille de bateaux à un seul châssis et de rameurs pour traverser son peuple. Et, bien que les sources ne le disent pas directement, ce sont les guerriers slaves qui, apparemment, ont refusé de participer à la campagne des Avar Khakan contre les Antes en 602.
La guerre civile qui éclata dans l'Empire byzantin après le renversement de l'empereur Maurice et la reprise de la guerre avec la Perse permirent aux Slaves de montrer la voie dans le premier quart du VIIe siècle. offensive de la plus grande ampleur. La portée de leurs invasions s’étend considérablement. Ils acquièrent une flotte de bateaux monochâssis et organisent des expéditions en mer. George Pisida rapporte des vols slaves dans la mer Égée dans les premières années du VIIe siècle, et l'auteur anonyme des « Miracles de Saint-Pierre » Démétrius » dit que les Slaves « détruisirent toute la Thessalie, les îles adjacentes et la Grèce depuis la mer. Les îles des Cyclades, toute l'Achaïe et l'Épire, la majeure partie de l'Illyrie et une partie de l'Asie" 56. Sentant leur force en mer, les Slaves tentèrent à nouveau en 616 de prendre Thessalonique, en l'entourant de terre et de mer. Le siège de Thessalonique est effectué cette fois par des tribus qui ont déjà solidement colonisé le territoire de la Macédoine et les régions byzantines adjacentes : l'auteur des « Miracles de Saint-Pierre ». Démétrius » note que les Slaves se sont approchés de la ville avec leurs familles et « ont voulu les y installer après avoir pris la ville » 57.
Pendant le siège, comme dans d'autres entreprises navales de cette période, une large alliance de tribus slaves, dont les Draguvites, les Sagudats, les Veleiezites, les Vayunits, les Versites et d'autres, s'opposa à l'empire ; A la tête des Slaves assiégeant Thessalonique se trouve leur chef commun, Hatzon.
Après la mort de Hatzon, les Slaves furent contraints de lever le siège de Thessalonique. Mais deux ans plus tard, après avoir obtenu le soutien de l'Avar Khakan, les Slaves macédoniens, ainsi que l'armée amenée par le Khakan (dont une partie importante étaient des Slaves qui étaient sous son autorité suprême), soumirent à nouveau la ville au siège, qui a duré un mois entier.
L'image générale créée à cette époque dans l'empire à la suite des invasions slaves et de leur développement des terres byzantines ressort assez clairement de la motivation avec laquelle les Slaves se sont tournés vers l'Avar Khakan, lui demandant de leur fournir de l'aide. prise de Thessalonique : « Il ne faudrait pas, disaient les ambassadeurs slaves, que lorsque toutes les villes et régions sont dévastées, cette seule ville reste intacte et reçoive des fugitifs du Danube, de la Pannonie, de la Dacie, de la Dardanie et d'autres régions et villes. » 58 .
La situation difficile de Byzance était bien connue en Occident : le pape Grégoire Ier écrivait en 600 qu'il était très inquiet de la menace que les Slaves menaçaient contre les Grecs ; Il était particulièrement inquiet du fait qu'ils avaient déjà commencé à se rapprocher de l'Italie via l'Istrie 59 . L'évêque Isidore de Séville note dans sa chronique que « la cinquième année du règne de l'empereur Héraclius, les Slaves prirent la Grèce aux Romains » 60. D'après un écrivain jacobite du VIIe siècle. Thomas le Presbytre, en 623 les Slaves attaquèrent la Crète et d'autres îles 61 ; Paul le Diacre parle des attaques slaves en 642 contre l'Italie du Sud 62 .
Finalement, en 626, les Avars et les Slaves s'allièrent avec les Perses et assiégèrent Constantinople. La ville fut assiégée sur terre et sur mer. Pour prendre d’assaut les murs de la capitale byzantine, de nombreuses armes de siège furent assemblées. D'innombrables bateaux slaves à un seul bois, arrivant du Danube, sont entrés dans la baie de la Corne d'Or. Cependant, l'issue de ce siège fut déterminée par la supériorité maritime de Byzance. Après la mort de la flotte slave, l'armée avar-slave fut vaincue sur terre et forcée de se retirer de Constantinople.
Les sièges de Constantinople et de Thessalonique, les attaques contre les villes et les îles côtières byzantines ont été menées principalement par les Slaves, solidement installés sur le territoire de l'empire. Ils étaient les plus densément peuplés de Macédoine et de Thrace. À l'ouest de Thessalonique (jusqu'à la ville de Verroi), ainsi que le long de la rivière Vardaru et dans les montagnes des Rhodopes, les Draguvites se sont installés. A l'ouest de Thessalonique, ainsi qu'en Chalcidique et en Thrace, les Sagudates s'installèrent. Les Vayunits se sont installés le long du cours supérieur de la Bystritsa. Au nord-est de Thessalonique, le long de la rivière Mesta, vivait le peuple de Smolensk. Sur la rivière Strymon (Struma), le long de ses cours inférieur et moyen, ils s'étendaient pour atteindre les lacs de l'ouest. Langazy, colonies des Strymoniens (Strumiens) ; Sur les terres adjacentes à Thessalonique par l'est, en Chalcidique, les Rhynhins se sont installés. Dans la région d'Ohrid, des sources indiquent le lieu de résidence des Verzites. En Thessalie, sur la côte autour de Thèbes et de Dimitrias, les Velaesites (Welsites) se sont installés. Dans le Péloponnèse, les pentes du Taygète étaient occupées par les Milings et les Ezérites. Sept tribus slaves inconnues de nom se sont installées sur le territoire de la Mésie. Des tribus slaves dont on ne connaît pas le nom se sont également installées, comme le montrent les données narratives et toponymiques, dans d'autres régions de la Grèce et du Péloponnèse. De nombreux colons slaves sont apparus au VIIe siècle. en Asie Mineure, notamment en Bithynie.
Le fait même du peuplement massif de la Macédoine et de la Thrace par les Slaves à la fin des VIe et VIIe siècles, ainsi que d'autres régions plus lointaines de l'Empire byzantin - Thessalie, Épire, Péloponnèse, ne soulève actuellement aucune objection sérieuse. . De nombreuses preuves incontestables provenant de sources écrites, ainsi que des données toponymiques et archéologiques ne laissent ici aucun doute. Les études linguistiques montrent que même à l’extrême sud de la péninsule balkanique – dans le Péloponnèse – il existait plusieurs centaines de noms de lieux d’origine slave63. L'auteur d'un vaste ouvrage sur le Péloponnèse byzantin, A. Bon, constate que les données toponymiques indiquent la prédominance de la population slave dans certaines parties du Péloponnèse 64. P. Lemerle, auteur d'un ouvrage fondamental sur la Macédoine orientale, précise que « la Macédoine aux VIIe-VIIIe siècles. était plus slave que grec" 65. Rejetant la tentative de D. Georgakas d'étudier à nouveau le mot σχλαβος et d'interpréter εσδλαβωδη dans la célèbre phrase de Constantin Porphyrogenitus : εσδλαβωδη δε πασα η χωρχχαι γεγον ε βαρβαρος (« le pays tout entier devint glorifié et devint barbare ») 66 comme εσχλαβωδη, c'est-à-dire « était transformés en esclavage » 67, P. Lemerle demande avec humour qui, sinon les Slaves, étaient, dans ce cas, les maîtres de ces esclaves ? 68 Le terme σχλαβος, comme l'a finalement établi F. Delger, ne pouvait être qu'un ethnikon à cette époque 69.
L'installation des membres de la communauté slave libre sur le territoire de Byzance a renforcé les communautés rurales locales, augmenté le poids de la petite propriété gratuite et accéléré l'élimination des formes d'exploitation esclavagistes. Déjà lors de leurs invasions, pillant et détruisant les villes byzantines - centres de l'économie esclavagiste et principal bastion du système esclavagiste de l'État byzantin - brisant les palais et les domaines de la noblesse, exterminant et emmenant en captivité nombre de ses représentants avec des familles, les Slaves ont facilité la transition de la population forcée de l'empire - les esclaves et les colons - vers la position de paysans et artisans libres. Avec la fin des invasions et la dévastation des villes, des villages et des champs qui les accompagnent, les nouveaux colons contribuent grandement à accroître la vitalité de Byzance, augmentant considérablement la couche agricole productive de la population de l'Empire byzantin. Les Slaves, les premiers agriculteurs, continuent de se lancer dans les cultures arables dans les régions impériales qu'ils habitaient : dans « Les Miracles de Saint-Pierre ». Démétrius", on raconte que Thessalonique lors de son siège en 675 et 676. Les Slaves macédoniens achetaient de la nourriture aux Veleyesites et les Draguvites approvisionnaient en nourriture la litanie des anciens captifs de l'Avar Khakan qui se déplaçaient de Pannonie en Macédoine (entre 680 et 685) 70 .
La population agricole slave reconstitue les rangs de la majeure partie des contribuables byzantins et fournit du personnel prêt au combat pour l'armée byzantine. Dans les sources byzantines, il existe des indications très précises selon lesquelles la principale préoccupation de l'empire vis-à-vis des Slaves était d'assurer la perception régulière des impôts et l'accomplissement du service militaire. On sait également qu'à partir des Slaves que Justinien II a réinstallés de Macédoine en Asie Mineure, il a formé une armée entière de 30 000 personnes.
Cependant, ce n'est pas immédiatement ni partout que Byzance réussit à faire des nouveaux colons des sujets obéissants. À partir du milieu du VIIe siècle, le gouvernement byzantin mena une longue lutte contre eux, essayant de faire reconnaître son pouvoir suprême - le paiement des impôts et la fourniture d'unités militaires. L'empire dut déployer des efforts particulièrement importants pour conquérir la population slave de Macédoine et du Péloponnèse, où se formèrent des régions entières, entièrement peuplées de Slaves et directement appelées « Sclavinia » dans les sources. Dans le Péloponnèse, une telle «Sclavinia» est apparue dans la région de Monemvasia, en Macédoine - dans la région de Thessalonique. En 658, l'empereur Constant II fut contraint de faire une campagne dans la « Sclavinia » macédonienne, à la suite de laquelle une partie des Slaves qui y vivaient furent subjugués.
Cependant, seulement deux décennies après la campagne de Constant II, les Slaves macédoniens s'opposèrent à nouveau à l'empire. Auteur des « Miracles de St. Démétrius » dit que les Slaves qui se sont installés près de Thessalonique n'ont maintenu la paix que pour les apparences, et que le chef des Rinkhins, Pervud, avait de mauvaises intentions contre la ville. Ayant reçu un message à ce sujet, l'empereur ordonna la capture de Perwood. Le chef des Rhynchin, qui se trouvait alors à Thessalonique, fut arrêté et emmené à Constantinople. Ayant appris le sort de Pervud, les Rynhins et les Strymoniens exigeèrent sa libération. L'empereur, occupé par la guerre avec les Arabes et, apparemment, craignant le soulèvement des Slaves, n'osa en même temps pas libérer immédiatement Perwood. Il promit de rendre le chef Rinha à la fin de la guerre. Cependant, Perwood, ne faisant pas confiance aux Grecs, tenta de s'échapper. La tentative échoua et Perwood fut arrêté et exécuté. Ensuite, les Rynhins, les Strymoniens et les Sagudates se sont lancés contre l'empire avec des forces unies. Pendant deux ans (675-676), ils soumirent Thessalonique à un blocus : les Strymoniens agissaient dans les zones adjacentes à la ville sur les côtés est et nord, et les Rynchins et Sagudates - sur les zones ouest et côtières. En 677, les Slaves assiègent Thessalonique et, pour une raison inconnue, les Strymoniens refusent de participer à cette entreprise, tandis que les Draguvites, au contraire, rejoignent les assiégeants. Avec les Sagudates, ils se sont approchés de Thessalonique par la terre et les Rhynchins - par la mer. Ayant perdu beaucoup de leurs dirigeants pendant le siège, les Slaves furent contraints de battre en retraite. Cependant, ils ont continué à attaquer les villages byzantins et, à la chute du même 677, ils ont de nouveau assiégé Thessalonique, mais ont échoué pour la deuxième fois. Trois ans plus tard, les Rynhins, cette fois encore alliés aux Strymoniens, se lancent dans des pillages maritimes le long de l'Hellespont et de la Propontide. Ils organisent des attaques contre les navires byzantins en route vers Constantinople avec de la nourriture, et effectuent des raids sur les îles, emportant avec eux butin et captifs. L'empereur fut finalement contraint d'envoyer une armée contre eux, dirigeant le coup principal contre les Strymoniens. Ces derniers, ayant occupé des gorges et des places fortifiées, firent appel à l'aide d'autres chefs slaves. La suite de la guerre n’est pas tout à fait claire ; Apparemment, après la bataille qui a eu lieu entre l'armée byzantine et les Slaves macédoniens, un accord a été conclu et des relations pacifiques ont été établies.
Mais bientôt les Slaves macédoniens se révoltèrent à nouveau. En 687-688. L'empereur Justinien II fut confronté à la nécessité de faire une nouvelle fois campagne dans la « Sclavinia » macédonienne afin d'amener les Slaves qui y vivaient à se soumettre à Byzance.
Les efforts de l’empire pour conserver les provinces du nord des Balkans peuplées par les Slaves furent encore moins couronnés de succès. La Mésie fut la première à se détacher de Byzance, où se forma une union de « sept tribus slaves » - une association tribale permanente. Les proto-bulgares d'Asparukh, apparus en Mésie, subjuguèrent les tribus slaves qui faisaient partie de cette union, et formèrent plus tard le noyau de l'État bulgare formé en 681.
Les tribus slaves, que le gouvernement byzantin a réussi à maintenir sous son règne, ont longtemps continué à lutter pour leur indépendance. Au cours des siècles suivants, l'Empire byzantin a dû faire de nombreux efforts pour faire des Slaves installés à l'intérieur de ses frontières ses sujets.
